Les machines et l'IA commencent à détruire même les jobs qualifiés !

Je pense que grugru a mis en relief la difficulté essentielle, c’est-à-dire l’anticipation (excessive ou non) des réactions de la population. On peut comprendre (difficilement) une mort accidentelle due à une défaillance humaine, mais une mort due à une erreur robotique choquerait sans doute plus, pour des raisons juridico-psychologiques (nécessité de trouver un responsable) et culturelles (renvoi à des romans de science-fiction).

Que statistiquement la mort due à une erreur de l’IA soit beaucoup moins fréquente ne change rien à ce problème.

Double6, le 19/01/2024 a écrit :

La médecine n’est pas qu’une affaire de diagnostic.
L’IA est intéressante pour gérer des arbres décisionnels en fonction des recommandations en vigueur ( une aide au diagnostic), éventuellement pour mettre en place et/ou  adapter des traitements (avec un risque médico légal qui fait qu’il faut de toute façon un superviseur), pour gérer de l’imagerie sur des points très précis (en majorant le risque de sur diagnostic qui est un vrai problème), une aide sur des gestes techniques.

Ca c’est ce qu’on nous vend ! Si c’était comme ça, j’applaudis des deux mains.

Mais j’ai subi le système médical français l’année dernière. Tout le monde se renvoie la patate chaude, et tout le monde se fiche de l’anamnèse. L’objectif est de multiplier les actes, pas d’écouter et de soigner les gens…

Le summum : après une électromyographie, un neurologue a dit que j’avais le nerf sciatique en souffrance et que je devais me reposer et arrêter toute activité physique (je vous dis pas dans quel état mental j’étais en sortant du RDV de 15 minutes), tandis que trois semaines plus tard, une autre électromyographie et un autre neurologue, qui m’a cette fois consacré 30 minutes, a dit que mon nerf sciatique était complètement guéri et que je pouvais/devais faire du sport !

A la fin j’ai envoyé tout ce bon monde se faire voir, et finalement, le temps a fait son oeuvre. Mais si c’était à refaire, j’ai du mal à voir comment une IA pourrait faire pire que l’errance médicale et les contradictions que j’ai subies.

De toute façon, comme il y a pénurie de médecins et que les gens vivent de + en + vieux et en mauvaise santé, ce n’est pas que l’IA va remplacer les médecins, mais que l’IA sera de toute façon nécessaire pour compenser le manque de médecins !

InvestisseurHeureux a écrit :

…

La durée de la consultation ainsi que le nombre de lignes des comptes rendus ont rarement à voir avec la pertinence de la prise en charge (c’est même plutôt inversement proportionnel bien souvent).

Je ne pense pas qu’il y ait de corporatisme sur ces questions, tout le monde espère pouvoir se décharger du dépistage, du choix du meilleur traitement selon le diagnostic le plus fiable  (selon l’âge, les facteurs de risques, les pathologies associées, la génétique, les médications en cours, les éléments extraits du bilan biologique etc) et sait que bientôt ce sera possible au moins en partie (ouf).
Le rôle de la médecine c’est de s’intéresser aux petits pourcentages qui ne rentrent pas dans les cases, qui n’évoluent pas comme prévu, qui nécessitent une prise de décision; pas aux 90% qui sont là pour encombrer les prises en charge et qui ne nécessitent rien ou pas grand chose (d’où l’essor des « médecines douces » ou parallèles dans un monde consumériste).

L’histoire des cs neuro montre que les examens sont opérateurs dépendants, matériel dépendant et qu’ils peuvent aussi être variables dans le temps; les deux neuros peuvent avoir tous tors ou raison sans qu’il soit forcément simple de les départager, les choses peuvent être indécidables et gouvernées par le hasard, on peut donner un avis sans en être certain, deux individus avec des pathologies similaires peuvent répondre différemment à un traitement, avoir une évolution différente avec une même prise en charge etc etc. Il faut parfois du temps pour juger de la pertinence d’une conduite à tenir ou d’une autre avec au départ une proposition indécidable.

Je prends un exemple réel et très simple pour l’IA:

- patiente arrivant aux urgences avec douleur thoracique, bilan ECG et bio évocateur d’embolie pulmonaire , prescription scanner pulmonaire et echodoppler veineux : RAS scanner mais thrombose sur l’écho sur une jambe : l’IA va traiter par anticoagulant, la patiente sort un peu perturbée grille un feu et meurt d’un hématome cérébral.
Le médecin : le médecin va se dire : bizarre vient pour douleur thoracique mais rien au scan et un autre diagnostic (fortuit) qui semble en rapport dans la belle histoire mais bizarre : sur quel matériel est fait le scan (question plus vraiment pertinente aujourd’hui), qui a interprété l’examen ? Qui a fait l’écho ( avec le nom et la prose du compte rendu ça donne déjà une bonne idée de la chose), thrombose très distale, peut être ancienne passée inaperçue, compte rendu avec « évoquant une éventuelle bla bla bla) : pour moi pas de traitement à revoir éventuellement à J7.

Une IA aura du mal à faire ça parce qu’elle est programmée dès son berceau (aujourd’hui) pour que les jolies histoires soient les plus probables.
Elle y arrivera sans doute mais a un moment il faut une décision et cette décision nécessite une responsabilité et un choix, pas pour demain pour l’IA.
En admettant qu’on lui donne le choix et la responsabilité il sera très facile d’orienter les choix par des contraintes budgétaires, de se dégager des responsabilités sous couvert de certitudes scientifiques etc, pas sûr que les gens l’acceptent facilement.

Évidemment mais le cerveau est beaucoup plus fort que les calculs pour ce qui est de l’indécidable et le monde est peuplé de propositions indécidables (anglicisme) et non calculables. Quelques millions d’années d’évolution (qui n’ont pas eu besoin de savoir distinguer 10 de 13) dans un un environnement hostile (pas Netflix sur un canapé) n’ont pas abouti à un mode de fonctionnement calqué sur ce qu’est l’IA c’est pas pour rien.
Je pense qu’en médecine aussi bien qu’ailleurs l’IA est attendue avec impatience (car le travail est fastidieux et répétitif sans cela c’est une vraie aide) de là à en faire l’alpha et l’oméga il y a une marge, il n’est pas possible d’effectuer des calculs qui nécessitent plus de mémoire que d’atomes dans l’univers et c’est ces calculs qui nous intéressent, heureusement on a autre chose moins efficace mais plus performant notre cerveau.
Les médecins ne rêvent pas que de chiffre d’affaire, je ne vois personne autour de moi qui réfléchisse comme ça, ils n’ont pas tendance à multiplier les examens c’est faux, « abattage » vrai pour une partie mais je ne vois personne agir par cupidité, je vois juste autour de moi des gens qui essaient de maintenir un niveau de vie (les plus pauvres bientôt de l’union Européenne et dans les derniers au niveau des pays développés) et rarement au détriment des patients.
Ce qui devrait interpeller c’est plutôt pourquoi la médecine en arrive là plutôt que habituez vous a ça.

Dernière modification par Double6 (20/01/2024 17h32)

Vous enfoncez des portes ouvertes ….

Je suis curieux de savoir comment vous imaginez la médecine du futur ? Surtout la consultation du futur.

Dernière modification par Kabal (20/01/2024 18h39)

Voici une définition intéressante - ou point de vue - d’un des meilleurs - si ce n’est le meilleur - ingénieurs de la F1 :

Alors est-ce que l’IA va aussi impacter la F1 ? C’est déjà le cas pour certaines équipes dans l’établissement de stratégies de course. Mais peut-on aller plus loin, du côté de la technique voire de la conception ?

C’est Adrian Newey, le consultant technique de Red Bull Technology, qui tente une réponse.

"Ce sera le cas à un moment donné, l’IA sera en F1 un peu partout, mais il est beaucoup plus difficile de déterminer avec précision le calendrier. L’IA est un terme à la mode, mais il s’agit en réalité d’une extension de « l’apprentissage automatique » avec un peu d’Internet, et cela existe depuis des lustres."

"Nous utilisons des optimiseurs d’analyse de contraintes depuis des années [FEA ou analyse par éléments finis] mais l’humain semble finalement toujours meilleur que l’optimiseur. Ce sont de bons outils mais ils ne remplacent absolument pas l’humain."

Formule 1 | L’intelligence artificielle arrivera en F1 selon Newey mais…

Ca me rassure, je fais partie des ultra-sceptiques, pour ne pas dire non-croyants de ce qui revèle plus des croyances populaires qu’autre chose.
Ca ne va pas si vite, pas lieu de s’inquiéter en tout cas.

Une courte vidéo présentant quelques domaines que l’IA va révolutionner.

Cette vidéo a été entièrement créée (script, visuels, voix) à partir de la phrase suivante :

Create a short video explaining why the AI will revolutionize our world.

Alors bien sûr ce n’est pas parfait mais pour quelque chose qui m’a pris littéralement 30 secondes et qui n’était même pas envisageable il y a 1 an, je trouve cela impressionnant.

D’ailleurs un exemple mentionné dans cette vidéo est l’usage fait par Khan academy pour accompagner l’apprentissage. Qu’est-ce que j’aurais aimé bénéficier d’un tel outil pendant mes études ! Je vous invite à écouter Sal Khan, son fondateur en dire plus à ce sujet : How AI could Save (Not destroyed) education.

Tous les chatbots à qui j’ai eu affaire répondent de la mer*d, sauf si c’est une question basique dont la réponse est déjà dans la FAQ.

Pour bypasser ces dummy robots, il faut souvent taper "je veux parler à un humain" ou les insulter.