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[+4]    #1 08/10/2018 01h24

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Oui, c’est déprimant, et la branche psychiatrique des groupes du type Orpea est pas mal non plus dans le glauque.

Mais il est évident qu’à partir du moment où on laisse nos anciens et nos malades mentaux dans les mains d’entreprises orientées par la recherche du profit, cela ne peut que mal finir…

Pour moi ça illustre la perte de valeurs et l’égoïsme forcené de notre société : les valeurs suprêmes d’aujourd’hui sont le fric et le plaisir hédoniste. Les vieux ne sont ni rentables, ni sexy : il faut donc les cacher dans des mouroirs (ou mieux encore, les supprimer : la campagne médiatique en faveur de l’euthanasie marque le début de la prochaine étape). S’occuper d’eux, c’est perdre un temps précieux pour notre consommation, c’est du temps et de l’argent rendus indisponibles pour notre "développement personnel".

Pour moi il est hors de question que mes parents finissent dans un EHPAD - idem bien sûr pour ceux de ma compagne. Donc dans mon plan patrimonial je prévois des ressources pour garder à domicile (donc chez moi, ou pas loin) jusqu’à 4 personnes âgées. Mon père lui-même a prévu des ressources pour ma mère dans ce scénario. Si besoin j’embaucherai à temps partiel ou plein une assistante médicale. Evidemment ça demande des ressources et c’est une des choses qui dictent mon (gros) effort d’épargne.

Mais je considère que l’absence de ressources n’est pas une excuse pour abandonner nos vieux à une fin indigne : nos anciens, à des époques bien plus démunies, mouraient chez eux, dans la dignité, entourés des leurs. La maîtresse de maison s’en occupait pendant que son mari travaillait aux champs. Perso ça reste mon modèle : je préfère de loin passer pour un gros réac et macho que m’intégrer dans notre société moderne et "féministe" - qui derrière la promotion souriante de l’individualisme et du développement personnel abandonne en silence nos anciens à une fin indigne : la marque irréfutable d’une société barbare.

Dernière modification par Scipion8 (08/10/2018 01h33)

Mots-clés : or gris, orpéa, économie

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[+3]    #2 08/10/2018 10h39

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Bonjour !

Je n’ai pas regardé ce reportage, volontairement. Car j’ai été dégoutté par les annonces promotionnelles de cette émission, qui utilisaient beaucoup d’éléments de manipulation émotionnelle.

Et aussi, suite aux discussions sur un "reportage" précédent, qui laissait apparaître qu’un tout petit aspect de la réalité était mis en exergue, en occultant la majorité des cas normaux.

Pour en revenir aux maisons de retraite, on a déjà la chance d’être dans un pays où elles existent. Avant que mes parents y terminent leur vie, je vais vous expliquer une réalité quotidienne :
- Être en intervention chez un client, à 50 km de chez soi, et recevoir un appel de son père, expliquant que la mère est tombée, et que depuis une heure il n’arrive pas à la relever. Devoir abandonner le travail en cours, faire une heure de route et perdre la journée, quand c’est seulement possible, est stressant.
- Devoir passer tous les jours, pour voir si le gaz n’a pas été laissé ouvert.
- Devoir annuler les vacances, par crainte de laisser les parents isolés.
- Devoir leur faire les courses, deux fois par semaine.
- Devoir prendre les rendez-vous chez le médecin, avec plusieurs semaines de délai (désert médical), les transporter avec un véhicule pas vraiment conçu pour ça.
- Devoir appeler les pompiers à la moindre syncope, attendre leur arrivée, attendre l’arrivée du médecin des pompiers, qui tente de joindre le SAMU durant plus d’une heure, et sans succès ; accompagner le parent aux urgences, et y passer la journée entière sans avoir la moindre information (et je ne parle pas des conséquences professionnelles).
- Devoir laver les draps deux ou trois fois par semaine, à cause de couches mal mises ou qui fuient.
- Plus tard, devoir venir ouvrir la porte au service de repas (quand ça existe), qui trouve porte close.
- Devoir rédiger nombre de courriers d’annulation, à cause de commerciaux sans scrupules, qui vendent des fenêtres inutiles, des portails inutiles, des abonnements  inutiles, des assurances inutiles, des placements inutiles, etc.
- Avoir la crainte de partir en soirée, en week-end, en déplacement professionnel, à cause des risques d’événements pénibles.
- Devoir rapidement aller aider l’infirmière à domicile qui n’arrive pas à lever son patient, ou à lui faire un traitement.
- Devoir faire équiper maison ou appartement, avec des poignées dans les toilettes, des anti-dérapants  dans la salle de bains, des rampes, des verrous de plus grande taille, des téléphones à grandes touches et grands chiffres, etc.

Et tout ça, c’est lorsque les parents ont encore une certaine autonomie. Et à condition d’habiter à proximité.

J’ai été amené à travailler pour six maisons de retraite. Une seule a eu des problèmes de maltraitance. Un établissement public, mais à cause d’une infirmière qui avait une vision très radicale des choses. Autrement dit, un problème de personne, absolument pas généralisable.
Et aussi un établissement a été obligé de fermer : public aussi, mais la commune n’avait pas les moyens de refaire les cuisines et les bâtiments pour les adapter aux nouvelles normes.

Pour les maisons de retraite, oui il existe des abus ou des maltraitances. Mais, dans la grande majorité des cas les personnes âgées sont bien mieux traitées et prises en charge qu’à domicile.

Seulement des reportages tels que ceux dont on nous abreuve sont voyeuristes, exhibitionnistes, orientés. Leur but est de faire de l’audience, donc de l’argent, et non de montrer la vérité.

Je m’étonne du grand nombre de personnes de ce forum qui ne prennent aucun recul face à ce genre d’information, qui réagissent épidermiquement, immédiatement.  Mais peut-être, par similarité, cela explique-t-il aussi certaines réactions du marché boursier ?

Dernière modification par M07 (08/10/2018 10h42)


M07

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[+5]    #3 10/10/2018 18h56

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INTJ

@maxcorporis : je disais qu’une politique de natalité était légitime, pas que celle poursuivie actuellement me paraissait raisonnable !

Pour continuer le café du Commerce, si j’étais Président je supprimerais les allocations familiales au profit d’une majoration du RSA indexée sur les résultats scolaires des enfants, l’allocation rentrée serait supprimée au profit de fournitures gratuites made in France distribuées par l’école, et le RSA vieillesse serait aussi majoré selon le statut des enfants (= bonus s’ils ne sont pas au chômage).

Autrefois une bonne partie des gens veillait à ce que leurs enfants travaillent bien à l’école par pur intérêt personnel : leurs enfants prendraient soin d’eux plus tard et il valait donc mieux qu’ils soient bons à quelque chose. A partir du moment où les allocations sont garanties par le "simple" fait de mettre au monde, et que la retraite ne dépend pas d’une bonne éducation, il n’y a aucun intérêt à élever ses enfants correctement si ce n’est par vertu personnelle. Ca me parait assez naif, et on voit le résultat.

Ah oui et pour être totalement réac, je ferais porter l’uniforme aux enfants pour qu’ils arrêtent d’acheter à prix d’or des survêtements en nylon horribles et de s’insulter de manière classiste à la récré, et puis je leur ferais nettoyer leur école comme au Japon histoire de leur inculquer un peu de civisme.

Votez pour moi ! mouarf.


✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.

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[+3]    #4 29/03/2020 18h48

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Bonjour à tous les IH, dans ce contexte un peu particulier de confinement sous une neige drue qui tombe depuis ce midi…

Actionnaire Orpea de longue date, je me suis amusé à comparer nos 3 ténors cotés français du secteur de la dépendance:
. Orpea, le leader historique
. Korian, qui après sa fusion avec Medica, est au coude à coude avec Orpea
. LNA santé, le plus petit

Mon point de départ était le questionnement suivant: comment se fait-il que LNA, qui est le plus petit des 3 (donc peut-être le plus agile, le plus facile à faire croître…) soit le moins bien valorisé? N’est-ce pas une belle opportunité, qui pourrait justifier un switch au moins partiel de Orpea à LNA?

Le secteur de la Silver Economy:
Je reviens rapidement sur le secteur, qui a pour lui la visibilité à tous les horizons de temps (et son "marché", c’est nous, à plus ou moins long-terme!). C’est un secteur qui devrait être résilient, parmi les plus défensifs. Il présente une croissance quasi-certaine pour les prochaines décennies, il suffit de regarder l’évolution de l’espérance de vie des "boomers" qui arrivent à la retraite aujourd’hui…avec malheureusement pour nous, une espérance de vie en bonne santé qui, elle, ne décolle pas.

De plus, n’entre pas sur ce marché qui veut: les risques sanitaires existent (en ce moment, à moins d’être dans une caverne depuis 3 mois, difficile de l’ignorer!), et les Groupes déjà bien implantés sont censés mieux les maîtriser que certaines petites structures avec un seul établissement. Ce n’est peut être pas le moat du siècle, mais il existe.
Bien sûr il y a à court-terme le risque d’une épidémie corona dans les EHPAD; en fait ce n’est même plus vraiment un risque car cela a commencé dans certaines structure. Je suis bien incapable d’estimer l’impact que cela aura sur nos ténors, mais comme ce risque va toucher de nombreux établissements de santé il devrait être considéré comme systémique et ne pas toucher spécifiquement une enseigne. A moins que celle-ci ne commette des erreurs manifestes, et qu’on ait un mouton noir en portefeuille.

Je vois un risque à plus long-terme pour les entreprises de ce secteur, que j’évalue relativement faible: des Etats qui voudraient davantage maîtriser ce marché,
. soit en le socialisant encore plus, en "voulant faire" davantage à la place du secteur privé. Je ne porte pas de jugement de valeur sur cela, je note simplement qu’en Europe de l’Ouest, les dépenses sociales sont déjà à un niveau tellement haut que je vois mal comment on pourrait encore les augmenter. Mais le monde change, et peut-être que certains évènements en cours vont amener une forte évolution des paradigmes. Je crois cependant que les Etats vont avoir fort à faire pour sauver des pans entiers de l’économie (compagnies aériennes, constructeurs auto…) pour ne pas craindre de les voir se mêler de sociétés prospères, mais sait-on jamais!
. soit en cherchant à faire baisser sa rentabilité: blocages de tarifs par exemple. Ce risque sera maîtrisé à terme (car si le marché perdait de son intérêt, Korian ou Orpea se déploieraient ailleurs et laisseraient nos Etats dispendieux se débrouiller par eux-mêmes) mais pourrait faire plonger la rentabilité des sociétés pendant plusieurs années.

Cette introduction faite, comparons les qualités de nos 3 ténors, sur 5 critères:

Croissance



Sur ce critère, léger avantage à Orpea devant Korian et LNA. La croissance organique de 2020 sera similaire pour les 3 groupes, autour de 4 à 5%. Orpea: 3 pts, Korian: 2 pts, LNA 1 pt…c’est comme à l’Eurovision

Rentabilité



Sur ce critère composé, je place les 3 sociétés à égalité: 2 pts chacun

Solidité financière



Nota:  Orpea posède la moitié de ses murs, LNA a fait le choix contraire (externalisation maximale). Du coup, le capital nécessaire pour LNA est plus faible (ainsi que sa dette) et son ROE bien supérieur… Korian est entre les 2 avec 22% des murs détenus en propre.
Si on retraitait la dette de Korian et Orpea de la propriété immobilière, il est probable que la situation soit plus équilibrée. De ce fait, je place les 3 sociétés à égalité sur ce critère. 2 pts chacun

Diversité géographique

Orpea: Européen à 95% (16 pays en Europe), avec une percée en AdS et un établissement en Chine. 22 pays au total           
Korian: Européen, 6 pays dont France + Allemagne = 73% des capacités               
LNA: Européen, franco-belge…mais très majoritairement en France           

Sur ce critère, léger avantage à Orpea devant Korian. LNA se trouve pour sa part totalement dépendant de la politique sanitaire française (cf mon risque à long-terme). Orpea: 3 pts, Korian: 2 pts, LNA 1 pt

Croissance et robustesse du dividende



Avantage à LNA, devant Orpea. Korian a traversé une période délicate. LNA: 3 pts, Orpea: 2 pts, Korian 1 pt

Conclusion: je conserve Orpea



Les 3 sociétés peuvent sans doute être mises en portefeuille dans une optique long-terme, mais selon moi ORPEA est la meilleure des 3. Cela se reflète bien dans le tableau de valorisation, et je pense que le marché ne s’y trompe pas:


(chiffres ZoneBourse au 27/03/2020 au soir)

Si je devais choisir un second, au cours actuel, je choisirais Korian, qui à mon sens cherche à copier Orpea, et se trouve un peu moins valorisé. Je ne me tournerais vers LNA (dans sa configuration actuelle franco-française) que si elle chutait bien plus bas qu’actuellement.

Bonne fin de week-end.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Dernière modification par Eric88450 (29/03/2020 18h53)

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Favoris 1   [+3]    #5 15/02/2021 21h07

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Interview intéressante sur Investir d’Y. Le Masne, DG d’Orpéa (article gratuit, non réservé aux abonnés).


Quelques éléments extraits intéressants que je retiens :

DG d’Orpea a écrit :

Sur un parc de 105.000 lits, nous disposons de 21.000 lits en construction non encore ouverts, qui sont situés à 85% à l’international. Ce réservoir de croissance garantit quatre à cinq ans de progression organique d’environ 3% à 4%.

Cette année, nous allons ouvrir 4.000 lits issus de ce portefeuille, essentiellement au second semestre.
Ces ouvertures marquent une accélération du rythme de plus du double de ce que nous réalisions ces dernières années. Nous avons l’objectif d’ouvrir un établissement par semaine dans les prochaines années.

DG d’Orpéa a écrit :

Nous privilégions toutefois les créations d’établissements car les multiples d’acquisition ont flambé dans le secteur. Ils peuvent atteindre 13 à 15 fois l’Ebitda, soit deux à trois fois le chiffre d’affaires de la cible.

Le développement par création est plus lent, et nécessite quatre à cinq ans entre l’acquisition du terrain, l’obtention des autorisations d’ouverture et la construction de l’établissement. Cependant, il participe à un cercle vertueux beaucoup plus créateur de valeur, et c’est ce qui a forgé le succès d’Orpea et que nous allons encore renforcer pour les années à venir. Au total, la croissance de l’activité, attendue autour de 8% par an, devrait se réaliser de manière équilibrée entre développement organique et acquisitions.

DG d’Orpéa a écrit :

Nous avons été l’un des premiers groupes, en 2020, à demander au conseil d’administration une suspension du dividende. Celui-ci a approuvé à l’unanimité cette proposition, mais ce qui a été une très agréable surprise pour moi a été la ratification à la quasi-unanimité (99 %) de l’assemblée générale. Ce signal fort de solidarité a été particulièrement apprécié, notamment par les gouvernements des pays dans lesquels Orpea est implanté, et par l’ensemble des salariés.

Le groupe étant en train de revenir à une situation normale, il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas de dividende versé en 2021, sachant que nous distribuions habituellement un tiers de nos résultats ces dernières années.

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[+4]    #6 26/01/2022 09h03

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ISTJ

Pour revenir sur du concret,





Objectifs de CA 2021 revus plusieurs fois à la hausse :
- 03/21 : 4155 M€
- 06/21 : 4215 M€
- 03/21 : 4275 M€
Comme celui d’Ebitdar (S2 2021 > S1 2021)

Au cours "plancher" d’hier (50 € environ), ça fait un PE de 14.
Le PE historique est de 27,5 sur 13 ans.

Ma mère est touchée par Alzheimer (à un stade assez peu avancé, heureusement). Quand je vois mon père être parfois (déjà) désemparé, à ce stade, j’imagine ce que cela sera d’ici quelques années.
Je pense que dans beaucoup de foyers, ça doit être la même chose.

Quand je lis "jamais je ne mettrais mes parents en Ephad (chez Orpéa ou ailleurs)", j’espère que ces membres ont bien conscience de ce que peut être une fin de vie compliquée.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.


Parrainages possibles :  Saxobank - Epargnoo - LINXEA - Boursorama (FRVE9093) - Fortuneo (12662218) - Assu prêt Zen'Up - Total Energie (114053388) - Bourse Direct (2019704537)

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[+11]    #7 26/01/2022 11h07

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Quelques remarques :
1) L’avantage d’une grosse couverture médiatique, c’est qu’on peut croiser différents points de vue sur cette affaire. Voici deux réactions de directeurs d’établissements qui méritent d’être lus, à mon humble avis :
Maisons de retraite : "Il y a des maltraitances dans tous les établissements", dénonce le président de l’AD-PA
"Des scandales comme Orpea ternissent l’image de toute une profession" selon un directeur d’Ehpad tarnais

2) Il faut éviter les généralisations hâtives et les avis à l’emporte-pièces. Déjà, il est faux d’opposer privé et public. En fait, il y a trois secteurs : 1) public 2) privé non lucratif (essentiellement associatif + quelques fondations) 3) privé lucratif. Le privé lucratif représente 20 à 25 % des places, selon les sources.

3) ma petite expérience personnelle, c’est que mes parents ont dû être placés en Ehpad. Avec mes frères, nous avons fait une sélection sévère.
- Le premier écrémage s’est fait sur les critères : telle localisation, un jardin etc.
- le second écrémage s’est fait sur les avis internet (en tenant compte bien sûr que certains avis, notamment sur le privé lucratif, sont bidonnés). Je peux vous dire que les pires avis, je les ai lus sur quelques établissements du secteur public. "Un mouroir". "Les équipes n’en ont rien à foutre, elles rigolent dans la salle de pause pendant que les résidents sont en détresse", "ça pue la pisse dès la porte d’entrée", etc. Et ça n’est pas forcément lié à la vétusté des bâtiments : l’un de ces établissements à la réputation catastrophique venait d’être construit en 2016 ! C’est sans doute le résultat du manque de personnel + une gestion laxiste. Pour équilibrer, certains des meilleurs avis sont aussi sur du secteur public. Malheureusement, dans ce cas, l’établissement est presque toujours réservé aux habitants de la communauté de communes et la liste d’attente est longue. De même, les meilleurs établissements privés non lucratifs ont des listes d’attente longues comme le bras.
- ensuite, nous avons visité une bonne dizaine d’établissements. Dont du Korian (pas d’Orpea, donc désolé de ne rien pouvoir apporter sur le sujet). Franchement, les meilleurs ehpad que j’ai vus, c’est chez Korian ! L’un en particulier m’a fait forte impression. On m’a proposé spontanément de visiter l’unité Alzheimer (c’est le seul établissement qui l’a fait ! Il faut être sacrément sûr de son coup pour proposer cela à un visiteur !). Super équipements (Snoezelen et compagnie), soignants aux petits soins. Bon, les gens sont dans un état qui fait peur, mais ils sont vraiment bien accompagnés. A comparer, un autre établissement avait certes un "sensorium", mais l’équipement sensoriel se limitait à un tas de cerceaux et un tas de bâtons de gymnastique. Ca ne suffit pas de donner des grands noms à des piècecs, il faut avoir un vrai équipement et le personnel pour l’assurer. Chez Korian, c’est aussi le seul endroit où j’ai vu 3 animations par jour 7 jours sur 7. Dans les autres, il y a toujours une bonne raison pour réduire le nombre des animations. Pour autant, c’est presque toujours moins du tiers des résidents qui participent aux animations, car encore faut-il en être capable et en avoir envie. La plupart des résidents sont trop diminués pour cela.
Franchement, de ce que j’ai vu, dans les 3 catégories (public, privé non lucratif, privé lucratif), il y a des établissements qui sont bons et d’autres qui sont moins bons. Au final, alors qu’on était presque résigné à aller sur le secteur privé lucratif, deux places se sont libérés dans un établissement associatif qui est vraiment très bien (mais qu’on avait exclu car on nous avait dit "on ne pourra pas accueillir vos parents ensemble car il est quasiment impossible que deux chambres se libèrent d’un coup"). Il y a donc aussi une part de hasard dans le choix d’un établissement !

- il faut une certaine taille d’Ehpad, pour avoir le personnel nécessaire. On a visité des établissements à 40-50 résidents. On y entend des choses du genre "on a une ergothérapeute à 80 % mais pas de psychologue ou psychomotricienne. Sur un établissement de cette taille, on a a dû choisir. L’animation, c’est un mi-temps : une animatrice à 30 %, les aide-soignantes à 10 % et la secrétaire à 10 %". Impression qu’ils font avec des bouts de ficelle ! L’impression que j’en ai eu, c’est que les établissements avec plus de 80 résidents ont davantage le personnel adéquat et sont mieux organisés. Alors que j’avais un apriori favorable aux petits établissements, mes visites et discussions m’ont fait changer d’avis.

Autres réflexions :
4) les gens qui disent "jamais je ne mettrais mes parents en Ehpad", c’est facile de penser comme ça. Le besoin n’apparaît que progressivement.
Il y a 4 à 5 ans, la maison de mes parents, qu’ils aimaient et où ils ont toujours vécu, était devenue une prison hostile et dangereuse : escaliers (ma mère ne pouvait plus sortir, littéralement prise au piège de sa propre maison), trop grande à entretenir, etc. D’où résidence pour personnes âgées autonomes. Ils s’y sont beaucoup plus. Mais quand, malgré le passage quotidien de l’infirmière et de l’aide ménagère, ça ne suffit plus, il faut trouver une autre solution. Une fois, ma mère est tombée à 20h30. Problème, il n’y a plus de personnel dans la résidence à cette heure-là et il n’y en aura pas avant le lendemain matin. Mon père est parti dans les couloirs, sans doute avec l’idée de chercher de l’aide. Problème, il est revenu sans aide. Il aurait pu appeler au téléphone (numéros marqués partout), il aurait pu aller voir d’autres résidents plus dégourdis… Mais il ne savait plus faire ! On ne mesure pas bien les conséquences de la dégradation des facultés cognitives. Appeler à l’aide, c’est simple, non ? Pas pour mon père.
Par chance, j’étais là ce soir. Sinon, ma mère aurait probablement passé la nuit par terre. Et si elle s’était blessée en tombant ? Et si elle s’était vidée de son sang pendant que mon père tournait en rond, totalement désemparé ?
Je passe sur d’autres anecdotes sinistres, mais qui prouvent amplement que mes parents étaient en danger mortel, dans une résidence pour personnes âgées autonomes, alors qu’ils ne sont plus autonomes depuis longtemps (GIR 3 !). C’est d’ailleurs l’infirmière libérale qui s’occupe d’eux tous les jours et qui avait intérêt à ce que ça continue (y compris la fierté que j’avais sentie de contribuer à maintenir les gens à domicile et à leur éviter d’être placés trop tôt en Ehpad), qui m’a dit "là ça devient dangereux, là ce n’est plus possible".

5) dans un documentaire sur le sujet, il y a deux-trois ans environ, un soignant disait : "on s’occupe de gens très diminués, on a peu de temps… on devient maltraitant sans le vouloir, sans même en avoir conscience". Il faut visiter des Ehpad pour se rendre compte de l’ampleur du problème. Un résident qui crie régulièrement "au secours !". Comment savoir s’il a vraiment un problème, alors qu’il lance ce cri 200 fois par jour ? Un autre qui appelle sa maman. Beaucoup de gens sont immobiles dans un fauteuil roulant, ils ne peuvent plus s’exprimer par la voix par suite d’un AVC ou autre, donc peut-être qu’ils souffrent en silence, ils n’ont pas le moyen de l’exprimer. Certains sont carrément grabataires, immobiles. Ces personnes sont extrêmement fragiles, ce sont des "écorchés vifs". Il est vraiment difficile de s’occuper de telles personnes en permanence de façon parfaitement bienveillante et parfaitement respectueuse de leurs souffrances et limitations. Il faudrait deux fois plus de personnel pour s’occuper des résidents parfaitement.

6) concernant l’"animation" au sens large, et le soutien psychologique au sens large, la famille a un grand rôle. Par ailleurs, la famille peut aussi avoir un rôle de contrôle sur ce qui se passe dans l’établissement : s’il y a des visites tous les jours, la direction comme les soignants sont scrutés et cela peut prévenir des dérives (même si, une partie des réclamations des familles sont sans doute injustes, car il est si facile de critiquer quand on ne voit que la partie émergée de l’iceberg, et puis, râler contre le service pour se dire qu’on fait tout que pour que ses parents soient bien soignés, ça donne bonne conscience à peu de frais).

Or, le personnel des Ehpad me dit que beaucoup de familles ne viennent jamais. il me dit que les visites ont énormément diminué depuis 2 ans, avec la covid, même quand elles ont pourtant été autorisées à nouveau. Or, deux ans avec très peu de visites, c’est très long. C’est une sorte d’abandon affectif qui contribue au déclin cognitif et à un état dépressif. Si l’on pousse un coup de gueule contre les Ehpad parfois maltraitants, où est le coup de gueule contre les familles "abandonnantes" ? L’histoire des Ehpad c’est aussi l’histoire d’un grand abandon  des personnes âgées. Je ne m’exclus pas du lot. Parfois, le soir, je n’ai pas envie d’appeler mes parents au téléphone. Parfois, le week-end, j’ai envie de faire autre chose que d’aller les voir. Quant au reste de la famille (frère et soeur de mes parents, cousins, neveux etc), quant aux amis, ils ont bien été mis au courant du déménagement de mes parents, mais je n’ai pas l’impression qu’ils se soient précipités pour leur rendre visite… Il faut dire qu’un Ehpad n’est pas un endroit où l’on va de gaieté de cœur. Cette question du maintien du lien affectif, cette question du maintien des visites et des relations, c’est une responsabilité à la fois individuelle et collective qu’il ne faut pas manquer de mettre en question, en parallèle de la mise en question du système des Ehpad.

7) fondamentalement, le privé lucratif, ça veut dire que 10 % environ du prix que vous payez va aux actionnaires. Si vous voulez le récupérer, devenez actionnaire en même temps que vous entrez à l’Ehpad, vous récupérerez vos sous. J’ai vraiment eu l’impression que les Ehpad des différentes catégories n’étaient pas si différents que cela, si ce n’est que les Ehpad lucratifs sont 10-15 % plus chers à niveau équivalent.
Les Ehpad lucratifs ne sont pas deux fois plus chers ! Il n’y a pas un enrichissement monstrueux des entreprises qui les gèrent. Les Ehpad associatifs, qui ne font pas de bénéfice, nous montrent le coût d’un ehpad raisonnablement bien géré, et ce coût est élevé, forcément, du fait de la quantité de personnel nécessaire. D’après ce que j’ai vu les Ehpad lucratifs sont 10-15 % plus chers, à niveau équivalent. C’est la part qui va dans la poche des actionnaires (principalement), et sans doute un peu aussi dans la poche des directeurs et cadres supérieurs du groupe qui sont probablement un peu mieux payés dans le privé lucratif que dans le public et le privé non lucratif. L’argent ne s’évapore pas et les profits ne sont pas monstrueux. Globalement, on sait où va l’argent : à 85-90 %, dans le service vraiment délivré aux résidents ; et à 10-15 %, dans le bénéfice distribué aux actionnaires et aux dirigeants. Bien sûr, ce que je dis là est une idée assez grossière, qui ne peut pas être exacte sur chaque détail, mais qui possède une part de vérité.
Une grosse différence, c’est que les ehpad privés lucratifs ont un bon budget marketing. Ils vous remettent un beau dossier en papier glacé, vous rappellent régulièrement pour savoir où vous en êtes de votre choix… Chaque ehpad vous appelle une fois par semaine en moyenne + des mails…. Les autres (privé non lucratifs ou public) ne font pas cela : si on vous remet un papier, ça va être une mauvaise photocopie noir et blanc, et si vous voulez savoir où en est votre demande, c’est à vous d’appeler ! Du coup, j’étais content de pouvoir, dans Viatrajectoire, accepter l’offre de l’ehpad associatif, car ça a fermé automatiquement les demandes envers tous les autres établissements, et ils ont enfin cessé de m’appeler !

Dernière modification par Bernard2K (26/01/2022 12h05)


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[+3]    #8 28/01/2022 10h08

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Au-delà de l’émotion légitime, et légitimé par le fait que chacun d’entre nous a ou aura affaire plus ou moins directement à ce type d’établissement, il me semble :

- ce livre que je n’ai pas lu, jette en pâture, comme c’est devenu une habitude sur tous les sujets de société, une entreprise. Parfois c’est une personnalité qui coupable ou innocente de s’en remettra jamais.

- contrairement à des investigations complètes, qui ont donné lieu à des révélations importantes… "panama papers" par exemple, on aurait là si j’ai bien compris une compilation de témoignages, dont je ne mets en aucune façon en doute la véracité.
Sauf que, ayant travaillé dans une grande boîte, je me sens capable de citer plus de 500 anecdotes pour prouver que c’était l’enfer… et d’en citer autant pour prouver que c’était une boite humaine.
C’est un peu comme ces témoignages soit-disant pour "savoir ce qu’en pensent les français" et où deux ou trois personnes livrent leurs opinions. Valeur individuelle forte, véracité et image de la réalité collective à peu près nulle.

- l’auteur sous couvert de révélations chocs, a créé un buzz. Les gens qui sont directement touchés (soit via un proche) résidents ou y travaillant, reconnaissent à l’évidence certains travers. Et c’est normal. Cela en fait-il un système qui rançonne et broie aveuglément résidents et soignants ?

- comme l’a noté IH, l’opinion publique n’accepte pas que le B to C gagne de l’argent, et c’est plus sensible dans ce domaine.

On en touche ce qui pour moi sont les deux problématiques de fond :
- Immédiate d’abord : l’argent… qui finance ? Jusqu’où ? Je veux bien qu’Orpéa et consorts se fassent "un pognon de dingue" mais une fois l’idéologie derrière nous ces questions demeurent.
- Plus profonde et intime ensuite : la mort et la période moyennement sympa qui la précède souvent, et comment on les ré intègre psychologiquement d’abord puis concrètement dans nos vies. Je sais que Macron a dit qu’il en ferait une loi ou je ne sais quoi… et on peut se faire plaisir en tombant sur lui et son inaction, mais objectivement sommes-nous prêts à mener ces réflexions ?
Je le rappelle que ce soit le public ou le privé qui finance, in fine ce sont nos poches qui seront sollicitées.


"Il ne faut pas voir les héros de la coulisse. Quand ils coïncident un moment avec leur légende c'est déjà beaucoup."

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[+4]    #9 29/01/2022 17h16

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Pour mettre les choses au point après avoir vu les points de réputation de mon contradicteur.

Si je suis intervenu sur cette file, c’est que je cumule une expertise sur l’organisation des soins en EHPAD y compris sur le terrain, une connaissance de l’intérieur de la direction d’un groupe d’EHPAD et une longue expérience boursière. Assez rare comme cumul, je pense. Mais je ne connais pas tous les EHPAD de France, seulement une cinquantaine dans différentes régions, privés non lucratifs, privés lucratifs et publics.
Je pensais que donner mon avis sur les conséquences de la parution d’un livre à charge à propos des soins en établissement sur la capitalisation boursière d’ORPEA pouvait intéresser les lecteurs ici.

Je n’interviens pas pour faire monter le cours d’ORPEA, la position que j’ai prise hier représente 0,1% de mon patrimoine. Et je ne suis pas naïf.

Je me suis laissé aller à défendre la réputation des personnels qui travaillent en établissement, c’était hors sujet, je m’en excuse. Je laisse donc tous ceux qui veulent s’indigner facilement sur le fonctionnement des établissements le faire. Je ne doute pas qu’ils feraient bien mieux.

Pour me résumer et me répéter, mon expérience du traitement des réclamations, soit en interne que ce soit au niveau de l’EHPAD ou de la direction d’un groupe, soit au niveau de l’ARS, réclamations généralement infondées après instruction, mon expérience des récriminations des soignants qui s’apaisent après une simple explication, tout cela a tendance à me faire penser que les témoignages de ce livre, aussi efficaces qu’ils soient pour l’indignation des lecteurs, feront juste lever un sourcil aux autorités sanitaires.
Ceci est mon point de vue, seulement le mien, qui explique mon achat de cette valeur après qu’elle ait perdu 50%.

Cela n’enlève rien au fait que l’avidité financière de KORIAN et d’ORPEA est très détestable quand il s’agit de pourvoir aux besoin de personnes âgées, mais cela aussi est hors sujet puisque cela était déjà dans les cours avant la parution du livre.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Dernière modification par Semirentier (29/01/2022 17h19)

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[+4]    #10 03/02/2022 21h05

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Franchement, si toute cette polémique n’était pas liée à des personnes en souffrance, elle me ferait mourir de rire !
Qui ignorait ces dérives, à part les bisounours ?
Il y a déjà eu de l’agitation autour de Korian il y a quelques années.
Toute personne ayant eu des proches pris en charge dans des établissements sanitaires ou médico-sociaux, publics ou privés, ne peut ignorer les petites économies mesquines faites sur le dos des patients/résidents.
Orpéa avait un taux de satisfaction de plus de 95 %, et voilà qu’avec une poignée de cas signalés par un journaliste (qui gagne de l’argent aussi dans cette affaire, me semble-t-il), on a l’impression de parler de la brebis galeuse du secteur, du mal absolu… je suis absolument certain que c’est partout pareil, et ceux qui jouent un rebond technique du secteur via Korian me surprennent : si rebond il y a, c’est sur Orpéa qu’il sera le plus fort.
Je peux citer un tas de mésaventures vécues par des proches à l’hôpital public, tout aussi mesquin (ex. pas un seul fruit ni légume frais en une semaine de nourriture Sodexo, pas de kiné pendant 1 mois alors que c’était indispensable à la rééducation, etc…).
Le taux de marge des EHPAD privés est autour de 5 %, rien de scandaleux. Le public fait peut-être 0 ce qui est en apparence plus moral, mais au passage il rémunère des labos et fabricants de matériel médical (souvent pas français et avec des marges stratosphériques), des entreprises de construction (sur fond de clientélisme), des fournisseurs de malbouffe privés (cf. paragraphe précédent), des entreprises de blanchisserie (dont une bien connue dans le SBF 120), etc. Au final, la part de l’argent versé aux hôpitaux publics finissant dans la poche d’actionnaires ou de dirigeants sans scrupules est à peu de chose près identique à celle de l’argent versé à Orpéa.

Bref, malgré tout ce brassage de vent, le titre n’a pas battu son point bas depuis vendredi dernier, et l’achat devient tentant, même s’il vaut peut-être mieux se retenir jusqu’à la fin de la surenchère de campagne électorale…

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.


« Celui qui croit en une croissance exponentielle dans un monde fini est fou, ou économiste. »

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[+5]    #11 04/02/2022 09h21

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Lausm a écrit :

Après je suis surpris de la réticence à entendre le produit de la recherche de ce journaliste.
Déjà, qu’il soit payé pour son job, me semble normal, non ? Quelqu’un ici veut bosser gratis ?
Après que veut dire "quelques témoignages ?". Il me semble qu’il en a recueilli 250, c’est pas la petite vingtaine !

Mon intervention va porter sur la forme et je ne remets pas en cause la problématique et la réalité des difficultés du métier que vous rappelez si bien au cours de vos interventions. Je ne suis pas non plus investi dans ce secteur où les autorité publiques ont un pouvoir de nuisance démesuré au regard du risque que je suis prêt à accepter.

En revanche, on ne peut pas dire que le travail de ce journaliste est de la recherche. Il faut quand même rappeler ce que c’est. C’est un travail de journaliste (sans jugement de valeur) d’investigation et de témoignage rapportés et soigneusement sélectionnés pour faire passer son message. Il ne s’agit pas d’un travail rigoureux de recherche et malheureusement plein de biais d’interprétation. Si on ne prend que les témoignages des mécontents, forcement le tableau va être très noir (je peux faire le même exercice dans mon milieu professionnel, je peux vous dire que ça va dénoncer grave sans pour autant refléter une réalité beaucoup plus nuancée). L’auteur maîtrise parfaitement les techniques et la psychologie de la communication, le message est formaté pour être percutant, pour faire passer un message militant et être accessible au plus grand nombre.

Au contraire, l’aspect financier est indissociable du contenu, car 125000 impressions, même s’il ne gagne que quelques euros par bouquin ça fait une coquette somme à la fin (encore en fois je ne juge pas, chacun est libre de gagner sa vie comme il l’entend). Il ne faut pas se mentir, ce n’est pas juste un lanceur d’alerte désintéressé, mais surtout un vendeur de papier qui a tout intérêt à faire parler de lui. C’est là où il y a clairement un conflit d’intérêt dans la démarche, où le rationnel doit reprendre le dessus avec une réelle enquête indépendante et non influencée par cette hystérie collective en pleine campagne électorale.

Dernière modification par PimPamPoum (04/02/2022 09h23)

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[+7]    #12 04/02/2022 11h24

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rasmussen, le 03/02/2022 a écrit :

Qui ignorait ces dérives, à part les bisounours ?

Qui ignore le fonctionnement de l’esprit humain, à part vous ?

On se tient à l’écart de ce qui est contraignant et déplaisant. Donc, on ne s’intéresse aux Ehpad que si on est vraiment obligé. Donc, seulement une faible partie de la population sait ce qui se passe dans les Ehpad.

Vous direz "mais tout le monde a été concerné par un proche". Deux réponses :
- déjà, on n’a pas forcément un proche qui a séjourné à l’Ehpad. Mes grand-parents sont morts soit chez eux, soit à l’hôpital, sans jamais passer par l’Ehpad. Pour sortir de mon expérience personnelle et pour objectiver : d’après les statistiques officielles, l’Ehpad n’est le dernier lieu de vie que de 25 % des personnes. Autrement dit, le Français moyen a 3 chances sur 4 de ne jamais entrer à l’Ehpad. Si l’on compte les plus de 75 ans, c’est 35 % ; autrement dit, si on dépasse 75 ans, on a alors 1 chance sur 3 de finir à l’Ehpad ce qui veut dire qu’on a encore 2 chances sur 3 de l’éviter.
- deuxièmement, même quand on a un proche qui entre en Ehpad, seules une ou deux personnes s’en occupent vraiment ; les enfants, en général. Quand on en parle autour de soi, une bonne proportion des gens de 50 ans et plus disent "oui, je connais, je m’en suis occupé pour mes parents". Mais si vous interrogez des 20-30 ans, ils répondent la plupart du temps "oui, mon grand-parent ou arrière grand-parent est allé à l’Ehpad, mais je n’ai suivi cela que de loin car c’est ma mère qui s’en est occupé (ou ma grand-mère si c’est l’arrière-grand père). Bref, c’est l’enfant de la personne concernée qui s’est tapé tout le boulot, et les plus jeunes et les moins proches de la famille se sont bien gardés d’approfondir ce truc, en se disant : "il y a déjà une personne qui s’en occupe, pas la peine de s’y mettre à plusieurs".

Faites un quizz : quel pourcentage de la population sait ce qu’est le GIR ? Plus difficile : quel pourcentage de la population connaît le fonctionnement tarifaire des Ehpad ? Partie hébergement, partie dépendance, reste à charge ou ticket modérateur… est-ce que la lingerie est comprise dans l’hébergement ou est-ce qu’elle est en sus ?
Moi, j’avoue : il y a 5 ans j’ignorais encore ce qu’est un GIR. Il y a un an, j’ignorais encore les subtilités des tarifs d’Ehpad.

Alors, oui, n’en déplaisent aux gens qui prétendent tout connaître : la plupart des gens ignore ce qui se passe dans les Ehpad. Même s’ils ont un proche qui y a été placé, ils ont laissé les plus proches parents (généralement les enfants, eux-mêmes déjà assez âgés) gérer cela. Dans le meilleur des cas, ils lui ont rendu visite quelques fois parce qu’ils faut bien, en pinçant le nez et en évitant de trop regarder l’envers du décor.

D’ailleurs, même quand ce n’est pas déplaisant, on ne cherche pas forcément à savoir comment les choses fonctionnent autour de nous. Vous utilisez du bois, mais avez-vous visité une scierie ? Votre logement comporte du carrelage, mais savez-vous comment on fabrique du carrelage ? Vous mangez du pain, mais savez-vous vraiment comment il est fabriqué ? Et les salariés de la scierie, de l’usine de carrelage, et du boulanger, sont-ils toujours bien traités ? Tout autour de soi, on consomme des produits et des services sans vraiment savoir comment c’est fabriqué, quelles sont les conditions de travail, etc.

Au total : il faut quand même être très ignorant du fonctionnement de l’esprit humain pour s’étonner que la majorité de la population ignore comment fonctionnent vraiment les Ehpad.

Dernière modification par Bernard2K (04/02/2022 11h49)


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Favoris 1   [+6]    #13 04/02/2022 17h36

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Range19 a écrit :

Lausm a écrit :

Après tous les groupes privés sont concernés.

Je crains que l’erreur serait de considérer que ce serait mieux dans le privé (dont l’associatif ).
Ce type de faits concerne tout le secteur du sanitaire et du médico social.
Plus généralement : partout ou on affiche de super sentiments, on doit s’inquiéter.
Pour ma part, j’attribue une lourde responsabilités aux personnels pour les avoir beaucoup fréquenté, observé et subi.
Le cynisme et/ou la négligence et/ou et l’ambition et/ou le manque d’empathie etc etc ne sont pas l’apanage des dirigeants.
L’omerta lâche est la règle pur de temps en temps hurler avec les loups… ça désincrimine.

Pour avoir bossé en Ehpad en différents endroits, en tous milieux, public, privé, privé associatif, je ne peux pas vous laisser dire cela.
Les milieux de soins ne se caractérisent pas par un fonctionnement d’indépendance libérale qui est la culture majoritaire des intervenants de ce forum.
Ils se caractérisent par un fonctionnement pyramidal hiérarchique strict, où il n’est pas question d’ambition mais d’accomplir la tâche qui est assignée selon les modalités indiquées par la direction et avec les moyens qu’elle fournit. D’ailleurs personne ne cherche à endosser les responsabilités qui ne sont pas les siennes !

S’il y a donc des dérives, et cela ne concerne pas que les ehpad mais tous les établissements de soins, elles sont directement la conséquence de la volonté de ne rien voir de la direction.
J’ai pu bosser dans une MAS où un jour une aide soignante a dénoncé un comportement maltraitant ponctuel qu’a eu une autre de ses collègues sur un patient, la direction a réagi en deux deux. Elle a été bienveillante avec l’agent concernée, car elle était aux prises d’une situation personnelle difficile. Mais elle fut quand même suspendue. Ça n’a pas mis trois jours à réagir. Ça s’est fait en 24h.

Tous les établissements les plus déconnants que j’aie pu expérimenter professionnellement, l’étaient soit par une absence royale de présence de la direction (genre quand la direction gère deux ou plus établissements et ne sont pas physiquement présents et passent tous les trente six), ou clairement parlant quand leurs objectifs étaient dominés par les directives venues d’en haut, et pas par le bien-être des résidents en priorité. Ceci plutôt pour le privé.
Et quand je dis tous les établissements privés, je parle du privé lucratif.
Le privé associatif arrive à maintenir une certaine qualité.

Hormis Orpea j’ai expérimenté le troisième grand groupe français qui est non côté, ça a fini par l’éviction de la directrice quand elle a fini par soulever tout un pan du personnel contre elle en virant le type de l’hôtellerie et en y mettant son mec à la place. Oui, des fois la corruption humaine s’exprime de façon pas très subtile mais aller croire qu’elle n’existe pas c’est bien naïf. Mais c’était déconnant à plein de niveaux. Sauf pour la compta, je pense.

Je lis beaucoup de réactions à charge contre un ouvrage qui serait lui-même à charge. Je ne l’ai pas lu mais hier j’ai gratté un peu sur le net ce qu’il en ressortait. Et malheureusement ce qu’il en ressort d’éléments factuels correspond à ce que j’ai pu vivre chez Orpea.
Libre à chacun de penser que c’est du pipeau. Moi je sais d’où je le pense et rien ne me fera changer d’avis.

Par exemple les directeurs missionnés pour faire le ménage des employés gênants. Clairement celui que j’ai connu devait faire cela. Les collègues n’étaient pas dupes.
J’ai entendu des récits directs de la façon dont ils les humiliait dans son bureau, c’était juste affligeant.
Ou alors il demandait à une telle de produire une attestation disant que telle autre avait oublié deux piles sur le boîtier d’alarme du 3e étage pour pouvoir démolir cette dernière. C’était que des choses comme ça, de diviser pour régner, de promettre récompense à une et sanction à autre. Un délice de management dans la bienveillance et bientraitance ! Sans uneconce de perversité !

Une aide soignante qui voulait partir ailleurs, il a saboté son projet en téléphonant là où elle voulait partir et en la discréditant. Pour montrer qui avait le pouvoir.
Un jour, j’ai eu la naïveté de parler à l’assistante de direction d’un outil de travail que les filles du ménage regrettaient. Mon dieu qu’avais-je fait là ! Dans le quart d’heure il est venu me prendre sous son bras pour me parler des anciennes et des syndiquées, et que la pression allait monter (c’était les élections syndicales), etc, et me les discréditer…. Ce jour-là j’ai compris que le boulot et sa qualité n’était pas son problème, mais le contrôle, le pouvoir et la politique interne. Et que son assistante faisait bien son taf de chien de garde. Et qu’il voulait que je choisisse un camp. Sauf que j’ai un seul camp, celui du travail bien fait dans le respect de tous.

Il allait sonner dans une chambre et chronometrait le temps que quelqu’un mettait à répondre. Et quand un agent arrivait, elle en prenait plein la gueule parce que c’était trop long. Mais pas une seconde il se demandait si elle était coincée dans une chambre en train de finir de changer quelqu’un, de manutentionner quelqu’un, bref, des choses qu’on ne peut interrompre surtout avec en plus une grosse charge de travail.
Par contre un jour de l’an où je bossais, il manquait une aide soignante à un étage, ça posait un problème pour la distribution des médicaments que je ne pouvais honorer partout seul. Réponse magistrale du directeur : "qu’est ce que vous voulez que j’y fasse ?" Ça c’est du management où j’y connais rien.

En tous cas déjà, il faut savoir que le turn over de la direction c’etait un changement tous les ans et demie. Si avec ça vous faites une politique d’établissement dans la continuité vous m’en reparlerez.
Cecn’est sûrement pas pour rien que l’auteur de ce livre a pu recevoir autant de témoignages d’anciens managers !

Tous les établissements où j’ai travaillé qui fonctionnent le mieux, sont ceux où la direction est stable depuis longtemps. Donc qui connaissent leur personnel. Qui traitent avec eux et traitent les conflits, mettent les mains dans le cambouis. Ça n’empêche pas les problèmes inhérents à la nature humaine, par contre ça en réduit grandement l’impact et la chronicisation.

Pour finir avec Orpea, le dernier jour où j’y ai bossé, le soir je faisais les transmissions dans le bureau, et le directeur s’est pointé dans l’encadrement de la porte, accompagné de deux costards cravates à sa gauche et sa droite, et me toise en me disant d’un air faussement sympathique mais chargé d’intentions non dites "il paraît que vous avez des choses à me dire, vous viendrez me voir dans mon bureau".
Il est vrai que j’entendais tellement de discours des agents avec qui je travaillais sur son attitude relationnelle envers elles, que j’étais peiné et outré, et j’ai dû en parler à la mauvaise personne.
Le fait est que j’étais super angoissé, car il créait une réelle tension qui faisait peur à tout le monde. Il jouait beaucoup de sa stature physique pour faire de l’intimidation.
Jusqu’alors je n’en avais pas été l’objet, mais là je le devenais et ça n’avait plus la même saveur.
Le lendemain matin quand j’ai vu combien j’étais mal, j’ai appelé le médecin, et je me suis fait arrêter. Et j’ai négocié la rupture immédiate de mon contrat avec l’agence d’intérim.
Quelques semaines plus tard, plusieurs agents, des "anciennes et syndiquées", sont venues chez moi, recueillir mon témoignage écrit pour appuyer leur plainte collective . Je leur ai donné bien volontiers.
Je tiens à préciser que ces personnes avec qui j’ai travaillé, travaillaient bien. Pas parfaites, mais de bonne volonté. Je voyais qu’elles étaient marquées par l’habitude de changements constants de direction, et en fait, après avoir passé plusieurs semaines à me faire accepter et les apprivoiser, on a su trouver comment bien travailler ensemble, ça marchait bien.
Après mon départ, il y a eu plus d’une vingtaine d’arrêts maladie, une vraie hécatombe, où un agent non diplômé présent depuis un peu plus d’un an se retrouvait à driver trois nouvelles en même temps… Bref, un travail dans des conditions qui assurent une qualité certaine !

Là c’est Orpea, sinon j’en ai d’autres à vous raconter d’ailleurs, mais c’est quand même l’un des pires que j’ai vécu, c’était il y a plus de quinze ans.
J’ai longuement hésité par peur que ce que je raconte publiquement me tombe dessus, mais là, vu certaines réactions ici, et l’infléchissement de l’opinion publique, je peux me le permettre.
Mais il n’est pas normal d’avoir peur, quinze ans après, de simplement raconter ce qu’on a pu vivre.
À écrire cela maintenant je réalise cela.

Après vous en ferez ce que vous voudrez, je n’ai rien à défendre, ni même intérêt à démolir qui que ce soit.
Mais c’est la réalité que j’ai vécue (et encore tout n’y est pas), et c’est uniquement de cela dont je parle.
Et je ne souhaite à personne de vivre ce genre de choses. Il est temps d’écouter ce que les soignants ont à dire car ils se taisent pour juste pouvoir continuer à vivre tranquille sans prendre trop de coups.
Alors vous m’excuserez de considérer que certains avis manquent cruellement de la saveur de l’expérience, de l’odeur de pisse, des cris répétés des déments attachés à leur fauteuil pendant des heures, du mal de dos à manutentionner des mamies de 90 kgs seul, des pansements d’escarre qui coulent partout, des familles qui vous sollicitent pour parfois mieux chercher un coupable parce qu’en fait ils s’en veulent obscurément d’être absents et de refuser de voir en face la réalité du vieillissement de leur parent.
Le tout pour moins de 1600 euros net (heureusement l’intérim ça paye bien mieux !).

PS: ces trois dernières années, j’ai travaillé dans 6 ehpad (3 publics, 2 privés associatifs, 1 privé lucratif), Orpea il y a 15 ans, 1MAS, 1IME, 1 IEM, 1 FAM, 1 centre de bilan de santé.
Dès fois qu’on croie que je manque de largeur de vision (la liste est très réduite si on élargit à 20 ans).

2e PS: en raison de tout ce que je raconte ci-dessus, je n’ai jamais réussi à acheter une action Orpea. J’aurais eu l’impression de participer à un investissement non éthique. Ce n’est pourtant pas faute de penser que ça aurait pu bien me rapporter !

Dernière modification par Lausm (04/02/2022 23h09)

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[+8]    #14 11/02/2022 01h29

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Scandale Orpea : la solution est-elle de nationaliser les Ehpad ?

Dans l’EHPAD du sénat, c’est mieux que 2 biscottes au petit déjeuner


Dif tor heh smusma

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[+5]    #15 27/03/2022 11h22

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A lire aussi dans le JDD des éléments du rapport suite à l’inspection de l’EHPAD de Neuilly sur Seine. Il est décrit des difficultés à recruter du personnel soignant, ce qui entraîne turn-over, difficultés de planning, difficultés à mise en place d’une organisation efficace. Pas étonnant que ce soit difficile de trouver des aide-soignants à Neuilly… Il est noté aussi que le médecin coordonnateur ne reçoit pas beaucoup d’aide des référents médicaux du siège (mais hors des groupes d’EHPAD, il n’y a pas de référents au siège…), que les prises en compte des fausses routes sont imparfaites, etc.
J’ai lu aussi ce qu’il y a dans la presse sur les inspections de l’IGAS et la réponse d’ORPEA.
Au total, au vu mon expérience de gériatre et de directeur médical d’un groupe d’EHPAD, je ne crois pas que mettre aux manettes de l’établissement de Neuilly les fonctionnaires de l’ARS donnerait vraiment de meilleurs résultats.
Pour les marges arrières, il n’y a pas que les groupes à but lucratif qui le pratique.
Donc, je reste sur mon impression de départ: la prise en soins parfaite en EHPAD est très très difficile; il faut une bonne organisation, des soignants bien formés, un contrôle constant (mais d’autres ici disent qu’il faut laisser les soignants sans contrôle car seuls ceux du terrain savent…). Et ce qui est pénible, c’est que quand tout commence à aller à peu près bien à force d’efforts, la tendance naturelle est que la qualité redégringole et il faut à nouveau tout reprendre.
Il faut ajouter le poids des normes et des recommandations. Il est strictement impossible de faire fonctionner un EHPAD ne serait-ce qu’une demi-heure en respectant toute la règlementation. Et on en rajoute tous les jours (exemple: un défibrillateur est maintenant obligatoire dans tous les établissements alors que c’est stupide, mais cela donne bonne conscience).
Les familles ne voient pas les vraies fautes commises par le personnel ou les médecins traitants mais les réclamations non justifiées sont nombreuses.

Il est donc facile d’écrire un livre à charge. Il est pénible d’entendre tous les bien-pensants s’indigner à bon compte.

Il n’empêche aussi, comme je l’ai dit à chacune de mes interventions, qu’il est notoire que la gestion financière des groupes privés est trop serrée et qu’ils se comportent comme des radins lorsqu’il s’agit de sortir des sous pour améliorer la qualité de vie des résidents. On peut penser que ça va quand même s’améliorer de ce point de vue après tout ce pataquès.

Mais de scandale, il n’y a pas. Il y a juste la vieillesse et la mort et des gens qui font à peu près ce qu’ils peuvent, des gens souvent imparfaits, comme partout.

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[+3]    #16 28/03/2022 12h37

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J’ai vraiment l’impression d’écrire dans le vide.

J’ai écrit qu’une étude (que j’ai lue mais dont je n’ai nulle envie de passer 3 heures à la retrouver) a démontré que l’utilisation d’un défibrillateur chez une personne très âgée poly-pathologique diminue ses chances de survie car elle gêne les autres manoeuvres de réanimation (Etude en milieu gériatrique hospitalier).
Autant un arrêt cardiaque sur un terrain de sport a de fortes chances d’être due à une fibrillation ventriculaire et le défibrillateur est efficace, autant chez un résident d’EHPAD ce n’est pas ce mécanisme qui déclenche une mort subite (hémorragie cérébrale, embolie pulmonaire, rupture d’anévrysme abdominal, obstruction des voies respiratoires par fausse route, infarctus massif sur un coeur fatigué donc arrêt cardiaque sans qu’un défibrillateur automatique trouve une raison de se déclencher…).
Toutes les autres raisons que j’ai données étaient en prime.

Et pour la demande de RadioInvest (demande hors sujet sur la forme d’une injonction qui à mes yeux justifiait un -1) qui m’accuse ensuite de ne pas avoir répondu sur l’intérêt pour les salariés et les visiteurs, un défibrillateur est considéré "rentable" à partir de 300 personnes dans un ERP (j’ai donné la source). Donc pour la vingtaine de salariés le matin, la douzaine de salariés et la dizaine de visiteurs l’après-midi, les 2 salariés la nuit, on est très loin de ce chiffre.

Et j’ajouterai un dernier argument à la quinzaine que j’ai déjà donnés pour ceux qui se sont donné la peine de les comprendre: la signalétique indiquant la présence du défibrillateur étant obligatoire, je trouve détestable que dans un EHPAD, qui devrait être un lieu de vie le plus proche de "comme chez soi", des panneaux rappellent en permanence qu’on peut mourir subitement à n’importe quel instant.

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[+8]    #17 28/03/2022 15h11

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Bon.
Effectivement (réponse à Kabal), est-ce un sujet de fond ou pas ?
Comme j’ai dit, on s’enlise dans des discussions périphériques, car en fait que voit-on ?
Ayant été diplômé infirmier en 1997, et fait le mémoire de 3e année sur les soins palliatifs, j’ai une petite sensibilité sur le sujet, et mon constat réitéré est qu’on se prend la tête sur la présence ou pas d’une machine électrique avec deux fers à repasser, alors que le vrai sujet est vraiment mais vraiment ailleurs: comment on donne des conditions de vie décentes à des personnes âgées et potentiellement dépendantes (parce qu’Ehpad ne signifie pas forcément dépendance totale sur tous les plans)?
Semirentier résume très bien la situation, je suis d’accord avec son constat.
D’ailleurs cette floraison des défibrillateurs partout ok, mais il faut: faire un arrêt cardiaque pas trop loin, et avoir quelqu’un qui maîtrise un minimum la technique. Quand on n’y connaît rien et en situation de crise, avec l’émotion qui va avec, peut-on lire un protocole et faire les gestes correctement ?
Déjà ayant eu formation en premier secours, je trouve ça difficile, alors pour le citoyen lambda !…

Mais ce sont les techno-réponses aux problèmes du monde moderne: des outils technologiques.
La machine comme résolution de tout.
Peu importe de faire une vraie prévention des risques cardio-vasculaires, on a une machine.

Machinisation, protocoles, paperasses, contrôles de tout par tout le monde, c’est justement ce que les soignants ne supportent plus dans tout ça : ça prend un temps monstrueux qui n’est pas du temps de présence auprès du patient.
Par contre on remplit le cahier des charges, les normes légales, on coche toutes les cases du contrôle qualité.
Mais le patient en bénéficie-t-il vraiment ? C’est ça la question à se poser.
Bon, subjectivement j’ai bien ma réponse.

Mais si j’utilise la vision qu’on nous insufflait en soins palliatifs, on est loin de la logique d’accompagnement.
On est dans la logique de prévention de risques, qui en fait devient la logique de prévention des risques légaux encourus par les établissements, et leurs gestionnaires. Où le besoin du résident n’est pas au centre du processus depuis longtemps.
C’est une question de vision, et on a choisi une vision à base de process, de technologie, d’items comptables et de normes, sauf que l’humain échappe largement à cela.

Un défibrillateur c’est super, mais j’ ai eu à faire à un médecin qui m’a prescrit une bactério urinaire à une patiente… C’était invasif, elle était certes en infection mais aussi clairement en fin de vie. Il ne s’est occupé que du symptôme, et j’ai fait un soin maltraitant pour elle comme pour moi.
Elle est morte deux jours après.
Où est le "prendre soin"? (vous m’excuserez de ne pas parler américain en parlant de "care", on a dans notre culture des termes, images, tout un savoir faire et un discours, dont ces néologismes servent à effacer la mémoire de l’existant en faisant croire qu’on peut réinventer l’eau chaude, pour en fait mieux ne rien changer).

C’est donc une question de vision.
Quand le personnel est trop occupé à devoir cocher les cases dans le logiciel disant que le boulot est fait, que les transmissions sont faites sur ordi et non plus oralement, quand on supprime le lien social physique, on génère plein de "trous de transmission des vraies informations importantes", car justement l’objet du travail n’est plus le patient et ses besoins, mais l’institution, ses normes et qu’elle rentre dans les cases des contraintes légales.
On peut bien sûr dire que ces normes sont pour garantir le bien-être du patient. Mais si elles retirent le temps de présence qui est là où peuvent se voir les vrais problèmes des patients (et à mon sens ce temps a une valeur préventive bien plus importante qu’un défibrillateur-une aide soignante qui passe toutes les deux heures dans une chambre la nuit c’est mieux pour empêcher quelqu’un de gésir par terre plus de 6h suite à une chute, exemple parmi tant d’autres), sont-elles pertinentes notamment quant à leur mode d’application ?

Ça reste une question posée, mais si on parle de contrôler l’activité, le meilleur contrôle n’est pas tant des normes et de la technologie, que de la (vraie) présence humaine.
À mon très humble avis.

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[+7]    #18 18/05/2022 17h41

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Bonjour,

tout cela en dit assez long sur la crédibilité des structures de contrôle externe :

- contrôle sanitaire : ARS
- contrôle financier : IGAS
- validation des comptes : CAC (Saint-Honoré BK&K + Deloitte & Associés) - Validation des comptes 2020 le 10 mai 2021
- surveillance de la structure capitalistique d’une société de premier plan : AMF.

Bravo à tous.

Pour les deux premiers, comme disait Coluche : Rigolez pas, c’est avec votre pognon.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Dernière modification par Asinus (18/05/2022 18h02)


Asinus ad lapidem non bis offendit eundem

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[+5]    #19 18/05/2022 19h55

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Asinus a écrit :

- contrôle sanitaire : ARS
- contrôle financier : IGAS
- validation des comptes : CAC (Saint-Honoré BK&K + Deloitte & Associés) - Validation des comptes 2020 le 10 mai 2021
- surveillance de la structure capitalistique d’une société de premier plan : AMF.

Et vous pouvez ajouter que la société était très prisée par les fonds ESG, car elle était dans le top des classements sur les critères :



Et même une boite familiale comme Peugeot Invest était (est toujours) un actionnaire à long terme du groupe !

Tout le monde s’est fait berner ?!

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[+4]    #20 19/05/2022 11h01

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Ils achètent au prix X et revendent à Orpea à X+marge mais ensuite c’est la centrale Suisse qui recevait les ristournes.

On est en plein BEPS :

- La filiale Suisse achète un produit 1 euro et le revends 3 euros à Orpea : trop flagrant et la fraude au prix de transfert est trop visible

- La filiale Suisse achète un produit 2,5 euro et le revends 3 euros à Orpea : la marge est raisonnable mais ensuite le fournisseur rembourse indirectement 1,5 euros à la filiale Suisse sous forme de prestations plus ou moins fictives.

Dans les 2 cas, le but est le même : garder les 2 euros de différence dans la filiale Suisse pour profiter d’une fiscalité allégée et aussi pouvoir rémunérer "grassement" certains cadres dirigeants.

BEPS : des obligations renforcées de justification des prix de transfert - PHAN Experts
Prix de transfert en fiscalité internationale - expert comptable Paris - notaire Paris : ETUDES FISCALES INTERNATIONALES
Pénalisation du droit fiscal et transparence : les prix de transfert dans le viseur

D’autres pratiques interrogent. Dans un contrat que la cellule investigation de Radio France s’est également procuré, la centrale Kaufor exige auprès d’un des leaders des grossistes alimentaires, la société française Pomona (qui vend des poissons, des viandes, des fruits et des surgelés), une ristourne “inconditionnelle, forfaitaire, définitive et annuelle de 250 000 euros sur trois ans”, soit la durée du contrat (2017-2019). La centrale suisse demande également à son fournisseur de financer une enquête de satisfaction auprès de ses affiliés (d’une valeur de 300 000 euros). D’autres prestations, appelées “obligations spécifiques”, “analyse de la performance des produits”, ou encore “plan de développement des produits” sont facturées à Pomona aux taux cumulés de près de 20% de son chiffre d’affaires hors taxes.


Parrain Interactive Brokers ( par MP ) - Déclaration fiscale IBKR Degiro Trade Republic  - Parrain Qonto ( par MP ) -- La bible des obligations

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[+7 / -2]    #21 30/05/2022 21h27

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Ce soir un article (payant) dans le Monde sur les frasques de la direction du groupe : espionnite aiguë, mouvements financiers suspects, surfacturation de boîtes de consulting, le partenaire italien qui sent le soufre

Après ces premières découvertes, Mme Lussato missionne une société spécialisée dans les investigations financières, TD International, pour en savoir davantage sur Roberto Tribuno. Quelques semaines plus tard, le 9 juin 2017, elle écrit au directeur financier, Sébastien Mesnard, pour lui demander d’agir : « L’audit interne alerte la direction financière sur cette situation de conflits d’intérêts : Roberto Tribuno est consultant externe pour Orpea et a la possibilité de signer des virements de trésorerie au nom d’Orpea… Les pouvoirs bancaires doivent être immédiatement retirés à Roberto Tribuno sur l’ensemble des entités italiennes contrôlées par Orpea. »

*la directrice compliance virée au bout de quelques mois après s’être rendue compte de ça…

L’opacité des montages financiers a intrigué jusqu’aux Etats-Unis. Un important fonds d’investissement américain envisageait, ces dernières années, de prendre une position sur Orpea, qui était, à l’époque, l’une des sociétés françaises les plus réputées du secteur de la dépendance. Ce fonds a alors chargé un cabinet de conseil en stratégie d’examiner le dossier. En 2021, une investigation financière poussée est menée durant des mois. Et de nombreux signaux d’alerte retentissent…

Les enquêteurs constatent ainsi, dans plusieurs pays, des différences entre le nombre d’établissements Orpea existant et celui déclaré dans les rapports financiers du groupe. Au Portugal, le groupe revendique 11 établissements sur son site Internet local, alors qu’il en annonce 37 dans son rapport annuel. En République tchèque 16, alors qu’il en revendique quatre de plus dans ses déclarations. En Italie, 30 établissements sont répertoriés dans les rapports annuels, tandis que 40 sont mentionnés sur le site Internet du groupe et 21 sur le site italien. Ce tableau est d’autant plus troublant que certains cadres dirigeants ont pu occuper des postes dans ces filiales, combiner ainsi plusieurs salaires, voire se placer en situation de conflits d’intérêts. Mais l’élément qui achève de convaincre le fonds américain de garder ses distances concerne une filiale d’Orpea en Italie. Avant son acquisition par le groupe, cette société appartenait, selon le rapport remis au fonds américain, à une chaîne actionnariale ayant des liens historiques avec la Mafia calabraise.

Ca plus une autre affaire de filiale russe dont l’un  des actionnaires est un fonds russe louche actuellement sanctionné par les USA et l’UE.

Le ponpon :

A la direction générale d’Orpea, certains se sont interrogés sur les raisons de l’investissement du groupe à Moscou, en 2018. Le projet a connu des hauts et des bas, des coups d’arrêt inexpliqués et des reprises tout aussi surprenantes. Les doutes étaient si forts que des enquêtes ont été lancées à l’insu du DG, Yves Le Masne. En 2019, alors que Orpea Rus LLC est déjà créé depuis plusieurs mois, une société d’intelligence économique est missionnée pour en savoir plus. Quelques mois plus tard, celle-ci rend un rapport explosif, dévoilant notamment un épisode déroutant, concernant ce même Yves Le Masne. Selon des documents que Le Monde a pu consulter, ce dernier aurait été arrêté, le 22 mars 2016, dans une boîte de nuit moscovite, avant d’être placé en garde à vue. Il aurait alors été mis en cause pour proxénétisme et trafic de stupéfiants. Est-il tombé dans un piège, comme cela peut arriver en Russie ? Sollicité par Le Monde, Yves Le Masne conteste avoir été arrêté à Moscou et poursuivi pour de tels chefs d’accusation, et considère que « de telles allégations fausses sont graves et diffamatoires ».

Et l’apothéose de l’article :

Russie, Italie, Luxembourg… L’heure des comptes a sonné pour la direction générale d’Orpea. Le nouveau PDG, Philippe Charrier, reçoit quasiment chaque semaine de nouveaux rapports. Certains ont été commandés à sa demande après la publication des Fossoyeurs. D’autres l’avaient été il y a des années, sur ordre de membres de l’état-major, qui avaient pris l’habitude d’enquêter les uns sur les autres. Résultat : des milliers de pages susceptibles, aujourd’hui, de contribuer à leur chute commune.

Depuis son entrée en fonctions, le 31 janvier, M. Charrier a été saisi par l’ampleur des révélations et n’a eu d’autre choix que de porter plainte au nom du groupe, sans quoi il mettait en jeu sa responsabilité pénale au moment où les « dossiers » sortent peu à peu. Une certitude : dans les rapports dont Le Monde a eu connaissance figurent les noms de presque tous les membres du « top management », qui contestent les accusations pesant sur eux. Contactée, l’actuelle direction générale reconnaît, par courriel, l’existence de ces documents commandés par l’ancienne direction, mais affirme n’en avoir pris connaissance qu’au début de l’année 2022. Elle révèle que « ces différents rapports ont été communiqués au parquet de Nanterre en soutien de la plainte déposée par Orpea ».

Le reste de l’article est à l’avenant. Je pourrais littéralement copier coller la totalité de l’article, ce qui serait du vol. Je vous recommande de le lire, c’est édifiant.

Je pense que l’analogie avec S30 n’était pas déméritée.

Le "flux de nouvelles" sur le titre risque d’être bien poisseux ces prochains mois…

edit : si j’ai bien compris la logique, les cadres du groupe se sont montés des dossiers les uns contre les autres à l’aide de barbouzes et de consultants. et tout ça est entrain de remonter lentement à la surface.

edit 2 : je vire un paragraphe de copier coller pour ne pas citer trop extensivement l’article.

Dernière modification par FXB67 (31/05/2022 21h09)

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[+4]    #22 03/06/2022 19h21

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Que dire?
Le biais est-il seulement de mon côté?
Quand je lis des gens ici avoir écrit que les critiques concernant la gestion Orpea ou les Ehpad est biaisée, et voir l’évolution de la situation depuis deux mois et plus, j’ai juste le sentiment que les évènements ont parlé de façon largement plus criante que mes dires.

Orpea est le seul établissement qui m’a contacté en direct par téléphone pour m’embaucher pas plus tard qu’en Février, alors que je suis sans emploi depuis mars 2021. Ca en dit long sur l’état patent de manque criant de volonté des soignants d’aller y travailler (ce qui au passage en dit aussi beaucoup sur les conditions de rémunérations et la qualité du milieu de travail).
Après, biais pour biais, quand on sait ce qu’il se passe de l’intérieur, on peut aussi se faire une idée de la qualité du travail, du management, etc…Après tout, des gens comme Peter Lynch prônaient une approche basée sur la rumeur au sujet des boîtes dans lesquels on investit. Elles ne sont pas toujours mensongères.
Pour ma part, éthiquement je n’ai jamais réussi à investir dans une telle entreprise, ayant vu comment on traite le personnel, et les résidents (c’est le seul endroit où j’ai fui le poste de travail sur un arrêt maladie face aux menaces de harcèlement du directeur)…D’ailleurs, lorsque j’en suis parti, ils étaient face à des procès dans de multiples établissements, car le harcèlement moral sur le personnel était légion dans plusieurs établissements.
J’aurais pu pourtant m’enrichir facilement, ayant lorgné le titre en 2005.
Mais je maintiens mon point de vue, biais pour biais.
N’est-ce pas un biais que de ne vouloir considérer que l’aspect brutalement et uniquement comptable?

La grande différence entre Orpea et Nestlé et Lockheed, c’est que Nestlé et Lockheed, vendent des produits concrets, mesurables, quantifiables.
Orpea vend une prestation concernant à la fois un hébergement, l’hotellerie,et les services de soins concernant la dépendance. La dépendance ne concerne pas seulement les personnes hébergées dans les établissements, mais aussi les familles autour pour qui l’intégration dans ces établissements est souvent le signe qu’elles ont touché une limite à prendre en charge leur parent. Ces familles sont aussi dépendantes, et je peux vous dire pour l’avoir vu, que certains directeurs le savent parfaitement.
Et que la question de fond qui se pose est savoir si les résidents bénéficient d’un service convenable pour le prix qu’ils paient.

Vous parlez de l’intéressement: les salariés sont pas payés dans les grilles salariales les plus favorables, je ne crois pas qu’ils soient bénéficiaires de rémunérations en action autant que le seront les dirigeants, bref on pourrait se poser la question de la participation aux bénéfices des employés. Personne n’en parle vraiment. Certaines boîtes incluent leurs salariés dans les gains. Orpea le fait-il?
En tant qu’infirmier, Orpea a été un des employeurs (nombreux) que j’ai eux qui m’a payé le plus mal.

Ce que j’ai constaté depuis que j’ai connu Orpea depuis 15 ans, c’est juste un turn over permanent des salariés. On a la même chez DomusVi qui n’est pas coté, mais j’y ai vécu il y a trois ans les mêmes genre de conditions dégradées de travail: manque de personnel, personnel mal payé, donc nombreux arrêts maladies, et toutes les dégradations à l’actif de la qualité de travail qui vont avec cela. Quand on paye mal son personnel, faut pas attendre qu’il donne plus. D’ailleurs quand on bosse en sous nombre avec un turn over permanent, on ne peut juste pas bien travailler, même avec les meilleures volontés du monde. Car la plupart des personnes que j’ai vues travailler, étaient loin d’être de mauvaise volonté. Mais la pénibilité de ce travail, couplé à des conditions dégradées, usent phyquement et psychiquement ces employés. On parle peu de cela, mais c’est un vrai problème.

Alors je veux bien être biaisé, simplement j’ai pu être témoin en première place, et pas que dans cet Ehpad, mais dans de multiples autres, et avec toujours les mêmes conséquences liées aux mêmes causes, de l’impact humain que génère une gestion où les critères comptables semblent passer par dessus des critères humains: c’est toujours les personnes les plus vulnérables et dépendantes qui en souffrent.
Et là on ne vend pas des produits alimentaires, ni des armes, ni du service digital, mais une prestation dont le but premier est quand même, ainsi que dit sur leur site internet:  "une offre globale de services et de soins pour prendre en charge les personnes fragiles et en perte d’autonomie."
Donc il s’agit de prendre en charge des personnes en perte d’autonomie, donc vulnérables. Pas d’en faire des clients captifs et des sources pérennes de rémunération: on peut faire du business, mais avec un échange équitable entre la rémunération et le service rendu. Ce qui est dans le cas d’Orpea, fort discutable. Et aussi difficilement mesurable en chiffres.
Dans ce modèle dont comme je disais, les familles aussi sont dépendantes à cause du manque cruel d’offre, la réaction est majoritairement de peu se plaindre des services rendus: quand le rapport de force est en votre défaveur, et bien vous vous inclinez et vous subissez, les repas non donnés aux personnes incapables de manger par elles-mêmes faute d’assez de personnel, le change fait pas très souvent, pas assez souvent, car idem (mais pas grave, les infirmières feront les pansements d’escarres, les produits de soins seront payés par la sécu), les chutes liées au manque de surveillance possible (toujours par manque de personnel), avec donc les fractures du col du fémur allant avec, la perte d’autonomie plus rapide, etc….tout ceci étant un (tout) petit échantillon des possibilités offertes par une gestion dégradée.

Que penser aussi des bricolages comptables sur le temps de présence obligatoire qu’Orpea a fait, avec le quota en temps de présence de médecins coordinateurs? On légitime clairement de la prise en charge au rabais.
On ne parlera pas des bricolages contractuels concernant le nombre de soignants. Sur ce point-là je ne leur jetterai pas la pierre: s’il n’y en a pas assez, c’est difficile d’en avoir plus. Par contre leur façon de les traiter, de les rémunérer, ne donne pas envie d’y aller. Le peu que j’y ai travaillé, le directeur, arrivé après moi, au bout de deux mois de présence, m’avait confié clairement son but de taper sur les anciennes et syndiquées. Je crois que ma réticence à suivre son "orientation" avait pesé dans sa velléité à vouloir me tomber dessus qui m’a fait fuir. Clairement c’était potentiellement fort violent. Et les anciennes et syndiquées, avec tout mes biais de professionnels, que j’assume, étaient les personnes sur qui je pouvais le plus compter au travail, car elles avaient un truc que la direction n’avait pas: l’expérience du soin au quotidien aux résidents et la connaissance du terrain et de l’outil de travail. Je comptais beaucoup sur elles.

Donc éthique de côté, pourquoi pas. Pour analyser à froid des bilans comptables, soit.

Mais quand il s’agit d’une activité concernant directement la prise en charge du soin à l’autre, donc au bien-être physique et psychique d’êtres humains sensibles, clairement il est impossible de contourner les questions éthiques, et l’actualité Orpea pointe clairement cette problématique. On peut ne pas vouloir s’emmerder avec cela, mon expérience de terrain qui est aussi mon biais (assumé), me fait penser que faire fi de ce point, c’est s’exposer à voir revenir par la fenètre les problèmes qu’on fait partir par la porte.
Cela dit, j’ai effectivement des scrupules moraux, qui me mènent à ne pas être capable d’investir ni dans l’armement, ni dans le tabac, ni dans les pharmaceutiques (dont je pense que l’approche voulant de la rentabilité crée beaucoup de problématiques dans l’approvisionnement en médicaments dans nombres d’établissements, qui se trouvent en rupture régulières de stocks des médicaments considérés non rentables, de plus en plus), ni dans les boîtes dont le management pense plus à ses profits qu’au bien-être de ses salariés. Mon portefeuille ne s’en porte pas mal du tout d’ailleurs. Je persiste à croire qu’on peut être éthique et gagnant à l’être, mais je conçois que ma vision ne soit pas à la mode du tout.

Après concernant le (non-)alignement des intérêts de la direction avec celui des employés, effectivement on est loin d’être sur un modèle où le management partage ses intérêts avec ses employés. Et c’est fort dommage en fait. Ca pourrait faire aller beaucoup mieux ce genre d’établissement.
D’ailleurs, je viens de voir que de nombreuses grèves sont en cours aujourd’hui dans plusieurs établissements. On se demandera pourquoi!
Et Orpea vient de se découvrir une vocation en ouvrant des candidatures à son comité éthique. Si c’est pareil que le pseudo-syndicat qui avait été créé pour squeezer la CGT, on va faire de la cosm-éthique, probablement.

Si on parle d’argent public, je réitère mes questions sur l’absence de vision, de prévention, de repérage des dysfonctionnements, alors que légalement ont fleuri nombre d’instances de contrôles, de commissions ad hoc, sur tous les tableaux, financiers, sanitaires…Vous trouvez normal que malgré cela, personne n’ait jamais rien vu, et qu’il faille qu’un journaliste fasse pèter le scandale au grand jour par un ouvrage pour que d’un coup on découvre qu’il faille règler certains problèmes?
On a un nombre incroyable d’organismes de contrôle, mais rien, nada, nitz, alors qu’en fait la situation est incroyablement frauduleuse et catastrophique depuis des années! Le tout pour un coût conséquent.

Alors c’est peut-être mon biais, mais ayant travaillé en 2004 chez Orpea, travaillant depuis 1997 (et donc insider du système de santé depuis 1994), je peux vous assurer, puisqu’ayant été mobile tout au long de ma carrière, rien des conditions de travail ne se sont améliorées structurellement. Nulle part. Les mêmes problématiques perdurent, elles sont juste noyéees sous des flots croissants de procédures administratives de contrôles destinées à montrer qu’on fait semblant de bien travailler, sachant que le temps passé devant l’ordi pour coter ses actes, c’est du temps en moins face aux patients, et que cette charge administrative augmente en temps sans moyen alloué en plus. Le turn over des soignants et des résidents permet que rien ne change, au final, les uns et les autres finissant toujours par partir, les problématiques elles, restant.
Et ayant travaillé en Suisse, pays où l’on donne les moyens de faire ce que l’on dit, je peux effectivement avoir pu voir ce qu’était un système de soin qui fonctionne. En France, on n’a pas les moyens de faire ce que l’on dit, mais on doit faire semblant pour maintenir le mythe et l’image de notre prestige passé, du temps où l’on était censé être le meilleur système de santé du monde. Sauf que c’était avant.

Donc biais pour biais, ce que je vois c’est que mon intuition d’un modèle pourri, en 2005, s’est juste avérée vraie 18 ans après. J’aurais pu gagner de l’argent avec, mais je préfère largement en gagner autrement.
Et peut-être aussi que ce qu’on appelle biais, est aussi une expérience, et une vision d’éléments qu’un rapport comptable ne fera jamais apparaître.

Et cela ne retire rien mon opinion conclusive de mon dernier post, qu’acheter Orpea au vu du tableau entier de cette entreprise, c’est de la spéculation, et pas de l’investissement. A moins d’aimer la surprise de sensations fortes.
Acheter des actifs bradés quand la structure est pourrie partout autour, est-ce vraiment de l’investissement dans la valeur?

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[+4]    #23 27/10/2022 06h17

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Pour le fun, je viens de contacter le service relations investisseurs d’Orpea…

Bonjour,

actionnaire (petit porteur) d’Orpea de longue date (depuis 2013), je me permet de prendre contact avec votre service pour vous témoigner de mon étonnement (et de ma colère) face aux événements de ces derniers jours.

Le 20 octobre 2022, le Revenu met en ligne une interview de M. Laurent Guillot (administrateur et directeur général) accordée à ce magazine, je cite « quelques jours avant l’agitation boursière de ce 19 octobre avec près de 10% du capital échangé ».
M. Guillot annonçait alors durant cette interview, je cite, « il est inutile de renégocier nos dettes à l’avance ».
Laurent Guillot, Orpea? : «Il est inutile de renégocier nos dettes à l?avance» | Le Revenu

Le 24 octobre 2022, l’AMF demande, de sa propre initiative (et non celle d’Orpea, selon les dires d’un employé de l’AMF contacté le 24.10), une suspension de cotation pour Orpea (sans détailler précisément le motif, hormis l’attente d’un communiqué le 26 octobre).
L’AMF demande la suspension des instruments financiers de la société ORPEA | AMF
https://live.euronext.com/en/listview/n … Id=5268290

Le 26 octobre 2022, à 6h30, Orpea publie le communiqué « tant attendu ». M. Guillot y annonce, je cite « la renégociation de la dette avec les créanciers financiers ».
Etonnant car, 7 jours auparavant (environ), M. Guillot avait déclaré que c’était inutile… 
https://www.orpea-corp.com/images/orpea … _a48c5.pdf

Dans ces conditions, il me parait bien difficile d’accorder à M. Guillot un quelconque crédit !

Il sera encore plus difficile (pour ma part) d’accorder du capital à la société dans ces conditions (vu qu’Orpea demandera à ses actionnaires de participer à une augmentation de capital).

Il me semble d’ailleurs que la déclaration de M. Guillot pourrait apparaître comme « inexacte, imprécise et trompeuse » (pour reprendre les termes de l’article 632-1 de l’AMF) :

Article 632-1
Toute personne doit s’abstenir de communiquer, ou de diffuser sciemment, des informations, quel que soit le support utilisé, qui donnent ou sont susceptibles de donner des indications inexactes, imprécises ou trompeuses sur des instruments financiers (Arrêté du 5 juin 2014) « ou sur des produits de base », y compris en répandant des rumeurs ou en diffusant des informations inexactes ou trompeuses, alors que cette personne savait ou aurait dû savoir que les informations étaient inexactes ou trompeuses.
https://www.amf-france.org/fr/eli/fr/aa … 0615/notes

Vous conviendrez, j’espère, que tout cela peut paraître bien étrange… voir même peut-être légèrement malhonnête.

Par ailleurs, replaçons-nous début octobre…

Le lundi 03 octobre 2022, JP Morgan Chase franchit à la hausse la barre des 5% du capital.
Ce fonds détient alors 6,53% du capital d’Orpea. Il a donc dû acheter une position de 1,50% environ au cours de 10,68 € (environ).
https://bdif.amf-france.org/back/api/v1 … 61D2CA.pdf

Le mercredi 19 octobre (soit quelques jours après l’interview de M. Guillot qui sera publiée par le Revenu le 20 octobre), JP Morgan vend l’intégralité de sa position.
Il a donc vendu ses actions à un cours compris entre 13,24 et 18,88 €.
https://bdif.amf-france.org/back/api/v1 … B8B7E7.pdf

Comment voulez-vous ne pas être suspicieux ?

Comment ne pas soupçonner JP Morgan d’avoir obtenu cette information (la renégociation de la dette) - par je ne sais quel moyen - avant les petits porteurs ?
     
Dans l’attente de vos éclaircissements, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

--

Et pour le fun (bis), envoi d’un message à l’AMF.

Bonjour,

actionnaire (petit porteur) d’Orpea de longue date (depuis 2013), je me permet de prendre contact avec vos services pour vous témoigner de mon étonnement face aux événements de ces derniers jours.

Le 20 octobre 2022, le Revenu met en ligne une interview de M. Laurent Guillot (administrateur et directeur général) accordée à ce magazine, je cite « quelques jours avant l’agitation boursière de ce 19 octobre avec près de 10% du capital échangé ».
Il annonçait alors, je cite, « il est inutile de renégocier nos dettes à l’avance ».

Laurent Guillot, Orpea? : «Il est inutile de renégocier nos dettes à l?avance» | Le Revenu

Le 24 octobre 2022, l’AMF demande, de sa propre initiative, une suspension de cotation pour Orpea (sans détailler précisément le motif, hormis l’attente d’un communiqué le 26 octobre).
L’AMF demande la suspension des instruments financiers de la société ORPEA | AMF
https://live.euronext.com/en/listview/n … Id=5268290

Le 26 octobre 2022, à 6h30, Orpea publie le communiqué « tant attendu ». M. Guillot y annonce, je cite « la renégociation de la dette avec les créanciers financiers ».
Etonnant car, 7 jours auparavant (environ), M. Guillot avait déclaré que c’était inutile… 
https://www.orpea-corp.com/images/orpea … _a48c5.pdf

M. Guillot vient d’annoncer l’inverse de sa déclaration 7 jours auparavant…
Cette déclaration ne pourrait-elle pas apparaître comme « inexacte, imprécise et trompeuse » pour reprendre les termes de l’article 632-1 de l’AMF :

Article 632-1
Toute personne doit s’abstenir de communiquer, ou de diffuser sciemment, des informations, quel que soit le support utilisé, qui donnent ou sont susceptibles de donner des indications inexactes, imprécises ou trompeuses sur des instruments financiers (Arrêté du 5 juin 2014) « ou sur des produits de base », y compris en répandant des rumeurs ou en diffusant des informations inexactes ou trompeuses, alors que cette personne savait ou aurait dû savoir que les informations étaient inexactes ou trompeuses.
https://www.amf-france.org/fr/eli/fr/aa … 0615/notes

Par ailleurs, replaçons-nous début octobre…
Le lundi 03 octobre 2022, JP Morgan Chase franchit à la hausse la barre des 5% du capital.
Ce fonds détient alors 6,53% du capital d’Orpea. Il a donc dû acheter une position de 1,50% environ au cours de 10,68 € (environ).
https://bdif.amf-france.org/back/api/v1 … 61D2CA.pdf

Le mercredi 19 octobre (soit quelques jours après l’interview de M. Guillot qui sera publiée par le Revenu le 20 octobre), JP Morgan vend l’intégralité de sa position.
Il a donc vendu ses actions à un cours compris entre 13,24 et 18,88 €.
https://bdif.amf-france.org/back/api/v1 … B8B7E7.pdf

Difficile de ne pas être suspicieux ? Comment ne pas soupçonner JP Morgan d’avoir obtenu cette information (la renégociation de la dette) - par je ne sais quel moyen - avant les petits porteurs ?
     
Dans l’attente de vos éclaircissements, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

--

Je publierai leurs réponses (si j’en reçois une) ;-)

--

EDIT : réception d’un réponse (automatique) de l’AMF

Madame, Monsieur,

Nous vous remercions de votre message qui a attiré toute notre attention et a été transmis au service compétent de l’AMF.
Compte-tenu des règles de secret professionnel auxquelles est assujettie l’AMF, nous ne pourrons pas vous informer des suites données à cette transmission.
Toutefois, afin de compléter notre analyse, nous pourrons être amenés à vous recontacter pour d’éventuelles informations complémentaires.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos sincères salutations.

AMF Epargne info service
Autorité des marchés financiers (AMF)
17, place de la Bourse 75082 Paris cedex 2
Tél. : (+33 1) 53.45.62.00
Permanence téléphonique : du lundi au vendredi de 9h00 à 12h30 et de 13h30 à 17h00

Trop bien :-)

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Dernière modification par maxicool (27/10/2022 06h27)


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Favoris 1   [+5]    #24 28/10/2022 08h37

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Concernant la prise de position des 2 investisseurs cités ci-dessus

Par courrier reçu le 27 octobre 2022, le concert composé des sociétés Nextstone Capital et Mat Immo Beaune a déclaré avoir franchi en hausse, le 26 octobre 2022, le seuil de 5% du capital de la société ORPEA et détenir 3 570 621 actions ORPEA représentant autant de droits de vote, soit 5,52% du capital et 4,60% des droits de vote de cette société, réparties comme suit :

                              Actions       %        capital            droits de vote %
Nextstone Capital     1 970 621   3,05     1 970 621       2,54
Mat Immo Beaune    1 600 000   2,47     1 600 000       2,06
Total concert            3 570 621   5,52     3 570 621       4,60

Ce franchissement de seuil résulte d’accords préliminaires (lesquels ont fait l’objet d’un mémorandum of understanding en date du 26 octobre 2022) conclus par les déclarants, aux termes desquels ils déclarent agir de concert vis-à-vis de la société ORPEA. Un résumé des principales clauses de ces accords fera l’objet d’une publication ultérieure dans le cadre des dispositions de l’article L. 233-11 du code de commerce.

Au titre de l’article L. 233-9 I, 4° bis du code de commerce et de l’article 223-14 V du règlement général, le concert a précisé détenir :
- 996 256 actions ORPEA (prises en compte dans la détention par assimilation visée ci-dessus) résultant de la détention de 6 contrats « accumulateur » à dénouement physique et portant sur autant d’actions ORPEA, exerçables entre le 8 décembre 2022 et le 15 mars 2024, à des prix unitaires par action compris entre 13,03 € et 18,61 €
- 508 120 actions ORPEA (prises en compte dans la détention par assimilation visée ci-dessus) résultant de la détention d’une position vendeuse au titre de 8 contrats « put » à dénouement physique et portant sur autant d’actions ORPEA, exerçables entre le 18 août 2023 et le 13 septembre 2024, à des prix unitaires par action compris
entre 12,82 € et 19 €40

SOURCE

Ils ne possèdent donc pas "réellement" autant d’actions.
- Détention réelle : 3 570 621 - 996 256 - 508 120 = 2 066 245 actions = 3% du capital environ
- Contrats à terme : 996 256 + 508 120 = 1 504 376 actions

Pour les contrats accumulateur et put, je ne comprends pas non plus le fonctionnement, je ne suis pas du tout familier avec les options ;-).

--

A mon avis, je pense qu’Orpea va vendre son immobilier à des sociétés foncières (ou aux deux nouveaux gros actionnaires qui flairent le bon coup ?) et va devenir locataire.
La société récupérera ainsi du cash, mais pas assez pour le remboursement de la dette. Elle réalisera donc aussi une AK, c’est certain. Tout cela sera peut-être annoncé le 15 novembre.

EDIT : quelle dilution pour la future AK ?

Dette totale : 8,3 milliards

(1) Vente du patrimoine immobilier

Valeur du patrimoine immobilier : 8 milliards environ
Décôte à la vente - 25% = 6 milliards
Orpea possède environ 50% de ce patrimoine -> on récupère 3 milliards.
Il reste 5,3 milliards de dettes (en imaginant la vente totale du patrimoine, ce qui ne sera pas aussi simple que ça à réaliser).

(2) Augmentation de capital
   
Capitalisation actuelle : 540 millions €
Titres en circulation : 64,6 millions
Cours actuel : 8,20 €

Maximum 4,3 milliards.
Allez, au pif, on table sur 2,5 milliards (on en sait rien)
Il reste 5,3 - 2,5 = 2,8 milliards de dettes
La dette est donc divisée par 3, le reste est renégocié avec les partenaires financiers.

> AK à 8 € (ça risque d’être moins ! C’est presque sûr)
> 2,5 milliards / 8 € = création de 312 millions d’actions supplémentaires   
> Passage de 64,6 à 377,1 millions d’actions en circulation
> Dilution x5,83

Et j’ai pris les meilleures conditions : vente totale de l’immobilier + AK à 8€ !

(3) Perspectives pour Orpea ?

Des charges en hausse (loyers à payer, inflation sur les salaires…)
Une "surveillance" rapprochée sur la "qualité" des soins = charges +++
Une rentabilité qui sera fortement entamée

(4) Pour le petit actionnaire que je suis (MEMENTO)

- Que j’ai pu être bête de revenir sur ce dossier après la publication du livre !
- Règle 1 : éviter de rentrer sur des dossiers où l’incertitude est grande (car la bourse déteste ça)
- Règle 2 : éviter les sociétés très endettées (au moindre grain de sable, c’est la bérézina)
- Règle 3 : éviter les sociétés où les shorts sont importants (un PP se fera forcément plumé)


Moralité : j’ai voulu jouer au plus malin, j’ai perdu… Ca me servira de leçon (j’espère).

Je n’ai plus confiance dans la direction d’Orpea :
> voir plus haut le revirement de situation de M. Guillot (sur la renégociation de la dette)
> aucune réponse du service relations investisseurs (la société se fiche des PP)
> pas envie de remettre au pot (AK) dans ces conditions

Vente de ma position ce matin.
PRU 63 euros >> MV 87% >> perte de 5500 € environ.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Dernière modification par maxicool (28/10/2022 10h21)


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[+4]    #25 02/02/2023 10h37

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INTJ

Il faut relire la file de discussion sur ce cas d’école à de nombreux titres.

Société avec un narratif fort (économie des seniors, tournée vers l’avenir, blablabla), des critères ESG au top, des institutionnels au capital.

MAIS

Un énorme endettement, et un fondateur qui a tout liquidé en 2020.

Vu l’effet de levier, il suffit de quelques difficultés pour que le bateau coule pour les actionnaires, même si probablement l’actif patrimonial est positif.

Il s’était passé la même chose pour Intu Properties (et CBL Properties et Washington Prime Group…) : on a des actifs en face de la dette, mais impossible de liquider une partie de ces actifs dans un contexte difficile pour faire rouler la dette + covenants non respectés = faillite pour les actionnaires.

MORALITE

Attention aux sociétés très endettées !

Ne pas faire confiance aux institutionnels.

Si le management vend, il y a peut-être un loup…

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