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[+1]    #1 02/04/2013 23h08

Membre (2012)
Top 50 SCPI/OPCI
Réputation :   228  

Bonjour,

Je ne suis pas parti pris mais vous avez oublié un avantage déterminant de l’Allemagne sur les autres pays Européens et surtout sur la France : Le niveau des prix immobilier est très bas et l’est resté, ce qui a permis à la pierre de ne pas trop absorber de capitaux, et tout ce qui n’est pas mis la dedans (capital immobile non productif) est injecté ailleurs (dans "l’économie" par exemple ?). Tandis qu’une pierre qu’elle coute 1000 ou 5000 euros reste une pierre…C’est un avantage déterminant !

Mots-clés : allemagne, économie

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[+2]    #2 04/05/2013 16h42

Membre (2011)
Réputation :   65  

Permettez-moi de mettre un bémol à la glorification actuelle du modèle allemand.

Tous les cinq ans, on nous annonce qu’il y a un modèle économique à suivre : tatchérien puis allemand puis irlandais, même le français (si, si souvenez-vous en, pendant la crise avec Lehman, le très libéral The Economist parlait de la belle résistance du modèle français avec ses stabilisateurs économiques) et  de nouveau le modèle allemand. Tout le monde semble oublier que pendant la crise financière de 2008, l’Allemagne était complètement sur les rotules à cause de sa dépendance aux exportations.

Le problème est que si les autres se mettent à suivre le modèle économique à la mode, le modèle finit par s’épuiser tout seul. Imaginons l’hypothèse d’une amélioration de la compétitivité et d’une montée en gamme des autres pays européens. Cela déboucherait à une saturation du marché à forte valeur ajoutée et donc à des effets positifs très limités au final.

La vraie question que devrait se poser un dirigeant est la suivante : quelle est la meilleure spécialisation économique pour mon pays?

Je me rappelle un de mes professeurs qui suggérait que pour les personnes peu qualifiées, il faudrait créer des emplois protégés de la concurrence internationale autrement dit des emplois de service comme dans le tourisme en France par exemple (qui dispose d’un avantage naturel particulier et durable). Dans ces secteurs, les employés ne sont pas mis en concurrence avec des travailleurs des pays de l’Est ou d’Asie. Et si on veut sauver durablement  les emplois de l’industrie automobile française, il faut faire un changement radical comme le passage rapide au véhicule électrique.
Pour les emplois avec un minimum de qualification, il faut viser le secteurs à valeur ajoutée et fort potentiel de croissance. L’Allemagne effectivement, est bien placée avec son secteur automobile haut de gamme et se machines outils. Mais si nous imitons les Allemands, nous risquons de nous faire mal mutuellement. Et n’oublions pas que ce sont des secteurs cycliques qui verront passer le tourbillon à la prochaine grosse secousse.
Nous avons pas de Silicon Valley en Europe. Je pense qu’avec un peu de volonté politique et quelques moyens, on pourrait reproduire des éléments du modèle californien sur un pays comme la France; l’échelle étant similaire et la concurrence faible en Europe (autrement dit il y a un potentiel à faire un vrai cluster européen sur le territoire français).
Nous avons quelques points forts comme l’aéronautique, le nucléaire, l’agriculture et les produits de luxe mais il faut maintenant viser les forts potentiels de croissance : pharmacie (on est déjà pas mauvais mais on peut encore aller plus loin), nanotechnologies,  énergie, économie numérique, etc.


“prediction is very difficult—especially if it is about the future.” Niels Bohr

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[+1]    #3 04/05/2013 17h54

Membre (2011)
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Petitportefeuille a écrit :

La vraie question que devrait se poser un dirigeant est la suivante : quelle est la meilleure spécialisation économique pour mon pays?

La stratégie de spécialisation (Allemagne aujourd’hui, Italie années 90) est envisageable en management d’entreprise. Mais pour un pays, elle se heurte à la démocratie.

Petitportefeuille a écrit :

pour les personnes peu qualifiées, il faudrait créer des emplois protégés de la concurrence internationale autrement dit des emplois de service

Mais à quel prix, ces emplois protégés?

Petitportefeuille a écrit :

Nous avons pas de Silicon Valley en Europe. Je pense qu’avec un peu de volonté politique et quelques moyens, on pourrait reproduire des éléments du modèle californien sur un pays comme la France

Il me semble que le modèle Silicon Valley ne peut se dissocier d’autres éléments de la structure globale de l’état considéré, par exemple les mentalités : comment inciter, que donner en échange de la création de valeur par les "élites créatives"?

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[+2]    #4 24/05/2013 19h52

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Je pense que ça vaut la peine de lire :

http://www.rue89.com/2013/05/12/succes-allemands-na-rien-a-voir-leurs-efforts-242226 a écrit :

Crise : « Le succès des Allemands n’a rien à voir avec leurs efforts »
Coupes budgétaires, marché du travail plus flexible : pour le journaliste Guillaume Duval, les raisons du redressement économique de l’Allemagne sont ailleurs.

Pourquoi la France a-t-elle décroché par rapport à l’Allemagne, en termes de compétitivité, de croissance et d’emploi ?
On attribue généralement le succès allemand aux réformes engagées en 2000 par le chancelier SPD Gerhard Schröder, dans son « agenda 2010 » : flexibilisation du marché du travail et coupes claires dans les dépenses publiques. C’est cet effort, auquel se refuseraient les Français, qui serait payé de retour aujourd’hui.

Le journaliste d’Alternatives Economiques Guillaume Duval vient de signer chez Seuil un livre très éclairant sur l’Allemagne, « Made in Germany », dans lequel il remet frontalement en question ce diagnostic.
Rue89 : Tu as la conviction que le succès allemand n’a rien n’a voir avec les réformes engagées par Schröder. Explique-nous.

Guillaume Duval : Avec Schröder, c’est la première fois que la gauche arrive vraiment au pouvoir en 140 ans. Il engage des réformes importantes, notamment sur le marché du travail, et il exerce une pression importante sur les dépenses publiques.

Mais le succès actuel des Allemands n’a rien à voir avec ces efforts qu’ils se sont imposés. De telles réformes, importantes, ont même plutôt à mes yeux fragilisé les points forts traditionnels de l’économie allemande.

Sur le coup d’abord, la politique de Schröder s’est traduite par un recul très significatif du pouvoir d’achat des salariés, qui commencent tout juste à s’en remettre, et par un recul de l’emploi : quand Schröder quitte le pouvoir en 2005, il y a 5 millions de chômeurs. Par ailleurs, alors qu’il y avait autrefois moins d’inégalités et de pauvreté qu’en France, il y en a plus aujourd’hui.

Certains considèrent que ces inégalités et cette pauvreté ont été le prix à payer pour le redressement allemand. Je ne pense pas que ce dernier ait quoi que ce soit à voir avec les réformes Schröder. Selon moi, il est dû à trois facteurs qui préexistaient avant la crise, et à trois autres qui ont joué un rôle pendant la crise.

1. Trois atouts : la démographie, l’Europe de l’Est, les biens d’équipement

Commençons par les trois facteurs hors-crise.

L’Allemagne d’abord, a paradoxalement bénéficié de son déclin démographique. Les Français considèrent que c’est très bien d’avoir plein de gamins, plein de jeunes, que c’est une richesse pour l’avenir du pays. C’est sans doute vrai, mais dans l’immédiat, cela coûte très cher. Quand on a des enfants, il faut les loger, les nourrir, les éduquer, leur payer des téléphones portables…

Autant de dépenses privées et publiques en plus que les Allemands n’ont pas eu à dépenser. C’est une des raisons pour lesquelles les dépenses publiques ont été plus faibles et c’est une des raisons qui ont facilité la modération salariale : quand on n’a pas de gamins, on peut tolérer plus facilement une austérité salariale prolongée.

La démographie a surtout favorisé le maintien de prix immobiliers très modérés. Ils n’ont pas bougé depuis quinze ans, et commencent juste à le faire depuis deux ou trois ans. En France, les prix ont été multipliés par 2,5 dans le même temps. Cela se comprend : la France a gagné 5 millions d’habitants depuis le début des années 2000, quand l’Allemagne en a perdu 500 000.

Résultat : alors que l’immobilier neuf valait en France 3 800 euros du m2 en 2011, il valait en Allemagne seulement 1 300 euros du m2 la même année. On est dans un rapport de un à trois. Cela explique pourquoi les Allemands ont pu accepter une austérité salariale prolongée.

La démographie en France et en Allemagne (Olivier Berruryer/LesCrises.fr)

Deuxième point, les conséquences de la chute du Mur. Les Allemands ont l’habitude de se plaindre du coût que la réunification a représenté. Mais l’Allemagne a été au bout du compte la grande gagnante de la chute du mur, car elle a réintégré très rapidement et très fortement les pays d’Europe centrale et orientale à son système productif.

Avant, le pays à bas coût qui fournissait l’industrie allemande, c’était plutôt la France. Maintenant, ce sont la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne… La différence, c’est que le coût du travail dans ces pays est cinq fois moindre qu’en France. L’Allemagne, en réorientant sa sous-traitance vers ces pays, a obtenu un gain de compétitivité-coût phénoménal pour son industrie.

La France n’aurait-elle pas pu faire de même ?

Délocaliser sans perdre sa base productive nationale n’est pas si simple. Ce qui est intéressant, dans le cas allemand, c’est de comprendre pourquoi cela s’est bien passé. La réponse à cette question est liée à la codétermination, un des trucs auxquels Schröder n’a heureusement pas touché. Il a fallu négocier tout ce processus avec les syndicats allemands, qui ont, dans les grandes entreprises, beaucoup plus de pouvoir que les syndicats français. Les comités d’entreprise ont un droit de veto sur toutes les grandes décisions et il y a, dans les conseils d’administration, une moitié de représentants des salariés. Ils ont donc négocié étroitement ces délocalisations et n’ont pas dit, comme Tchuruk [ex-patron d’Alcatel, ndlr], « on va faire des entreprises sans usines ».

La France l’a fait un tout petit peu, avec Dacia-Renault, en Roumanie. Mais on n’a pas su le faire à grande échelle. On en discute maintenant avec le Maroc : Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, parle de « colocalisation ». Mais on n’en est pas du tout au même stade que les Allemands, et c’est un inconvénient majeur pour l’industrie française.

Passons au troisième facteur hors-crise

Le troisième facteur est bien connu, mais il a joué à fond pendant les années 2000 : c’est la spécialisation de l’Allemagne dans les biens d’équipement – les machines. Celle spécialisation a correspondu à l’explosion de la nouvelle demande des pays émergents. L’Allemagne, c’est 18% des emplois européens, mais 33% des emplois dans les biens d’équipement européens.

Source : « Made in Germany »

Mais la France est aussi championne dans certains secteurs, je pense aux biens de luxe, qui rencontrent aussi une forte demande dans les pays émergents, avec l’apparition d’une classe bourgeoise…

C’est vrai. Mais les volumes concernés n’ont rien à voir. Quand la Chine devient l’usine du monde, ce sont des machines allemandes qui sont implantées partout. Idem au Brésil et en Inde… Quand Renault construit une usine à Tanger, ce sont aussi des machines allemandes qui l’équipent. Les nouveaux riches achètent des sacs Vuitton, c’est vrai, mais ils achètent aussi surtout des grosses voitures, et des Mercedes ou des BMW, pas des Peugeot ou des Renault.

Donc, on voit bien que ces trois facteurs puissants – démographie, sous-traitance en Europe centrale et spécialisation – n’ont rien à voir avec les réformes Schröder.

2. La flexibilité à la Schröder n’a pas été utilisée
Les atouts constatés pendant la crise, quels sont-ils ?

Les Allemands ont profité de trois éléments. Le premier, c’est que les réformes Schröder n’ont pas fonctionné du tout ! Schröder était un admirateur de Blair et Clinton, il voulait rapprocher le marché du travail du marché anglo-saxon, il voulait que ce soit plus facile d’embaucher et de licencier, etc. Le fait est que le marché du travail n’a pas été du tout flexible dans la crise.

L’Allemagne a connu une récession de 5% en 2009, contre seulement 2,9% en France. Pourtant, nous avons perdu 350 000 emplois et eux, zéro. Ils ont joué à plein sur la flexibilité interne, le chômage partiel, sur les accords dans les entreprises, etc. Ils n’ont pas utilisé les possibilités offertes par les réformes Schröder pour licencier en cas de crise.

Cela a beaucoup aidé l’économie allemande, en maintenant la demande. Les gens n’avaient pas peur de se retrouver au chômage et donc ont continué à consommer. Et l’industrie allemande a pu redémarrer très vite quand les commandes sont revenues : la main-d’œuvre était là, prête à reprendre la production.

Deuxième avantage : l’Allemagne a bénéficié de taux d’intérêt extrêmement bas depuis 2009.

La France aussi…

Oui, mais dans des proportions un peu plus faibles quand même. La crise des dettes souveraines en Europe a été une bonne affaire pour l’Etat allemand. Si les taux étaient restés aux niveaux de 2008, l’administration aurait dépensé 70 milliards d’euros de plus en paiement d’intérêts.

Les Allemands pleurent beaucoup sur l’aide apportée aux Grecs, aux Irlandais, aux Portugais, etc. Mais pour l’instant, si on fait le compte, ils sont d’un côté engagés à hauteur de 55 milliards d’euros vers ces pays et ils ont économisé du fait de cette crise 70 milliards d’euros de l’autre ! D’autant que ces 55 milliards d’euros ne sont pas des dons, mais des prêts qui rapportent 4% d’intérêts…

Ceux qui auraient des raisons de se plaindre, ce sont les Italiens. Ils sont engagés à hauteur de 41 milliards d’euros, mais eux, ils empruntent à 6% pour prêter à 4%… Les Allemands, eux, empruntent à quasiment zéro. Même si une partie de cet argent ne sera pas remboursée.

L’Etat allemand n’est pas le seul à avoir profité des taux d’intérêt très bas : les entreprises et les ménages aussi.

L’Allemagne a surtout profité de la seule bonne nouvelle qui a accompagné cette crise de la zone euro, à savoir la baisse sensible de l’euro par rapport au dollar.

Ce qui a « nettoyé » l’industrie européenne, à l’exception de l’industrie allemande, dans les années 2000, c’est d’abord la montée de l’euro par rapport au dollar : il est passé de 0,9 à 1,6 en 2008. En 2000, le coût d’un salarié de l’industrie française était de 14% inférieur à celui d’un salarié de l’industrie américaine ; il était de 17% supérieur en 2010 ! Idem avec les Japonais ou même les Coréens. L’industrie française en a énormément souffert, comme l’industrie italienne ou espagnole.

L’industrie allemande, elle, a survécu, un exploit extraordinaire lié aux trois facteurs que j’ai évoqués tout à l’heure. Et elle profite maintenant de la baisse de l’euro, qui est revenu de 1,6 à 1,3 dollar.

L’excédent extérieur allemand était de 170 milliards d’euros en 2007, mais il était fait aux trois quarts dans la zone euro ; il était de 180 milliards l’an dernier, mais aux trois quarts hors zone euro. Grâce à la baisse de l’euro, on le voit, l’Allemagne a gagné davantage d’exportations supplémentaires en dehors de la zone euro qu’elle n’en a perdu, du fait de la crise, à l’intérieur de la zone.

3. Pourquoi les dépenses publiques allemandes sont moins élevées

Quel bilan ferais-tu des réformes de Schröder ? Elles ont été neutres ? Négatives ?

Avec la pression qu’il a exercée sur les dépenses publiques, il a fait prendre un retard important à l’Allemagne sur des questions essentielles : la mise en place de crèches ou d’écoles, par exemple. Merkel essaye aujourd’hui de rattraper ce retard. Surtout, l’investissement public a souffert. L’Allemagne est un des seuls pays de l’OCDE à connaître un désinvestissement public : cela signifie, concrètement, que l’investissement ne compense pas l’usure des infrastructures existantes. Ce ne sont pas des politiques que l’on peut mener durablement. C’est un vrai problème pour le pays.

Quand on compare les dépenses publiques françaises et allemandes, on observe un écart de 8 points de PIB. Pourtant, on n’a pas l’impression d’une énorme différence en termes de prestation…

Plusieurs raisons expliquent la différence :

    la question démographique, d’abord, que j’ai déjà évoquée ;
    on dépense par ailleurs plus pour le chômage en France qu’en Allemagne, parce qu’on a plus de chômeurs ;
    ensuite, l’Allemagne est un pays fédéral, géographiquement plus équilibré : chez nous, les dépenses publiques servent beaucoup à compenser l’écart entre les déserts français et les zones productives ;
    sur les dépenses de santé, il est probable qu’il y ait moins de gaspillage en Allemagne : la France est l’un des pays qui dépensent le plus pour la santé.

Le point sur lequel les Allemands protègent moins leur population que nous, ce sont les retraites. Ils commencent d’ailleurs à s’inquiéter des conséquences des réformes qu’ils ont faites. Ils ont stabilisé leurs dépenses de retraites, malgré une poussée du nombre de retraités, et ils entendent poursuivre cette stabilisation. Cela va se traduire par une paupérisation massive des vieux.

Les dépenses publiques en France et en Allemagne (OCDE/Sénat)

La ministre des Affaires sociales a publié un rapport en septembre dernier qui établit qu’un salarié qui gagne aujourd’hui 2 500 euros touchera en 2030 une retraite de 688 euros. Soit le niveau du minimum vieillesse en Allemagne ! C’est un autre sérieux problème à venir.

Il y a actuellement des grèves salariales dans la métallurgie en Allemagne. On évoque par ailleurs l’idée d’un salaire minimum… As-tu l’impression que cela bouge un peu ?

Oui, cela bouge, mais le risque c’est que ce mouvement soit déjà terminé. Les Allemands commencent à en avoir marre des petits boulots mal payés : il y a 3 millions de personnes qui travaillent pour moins de 6 euros de l’heure.

Par ailleurs, un consensus se dessine sur l’idée de salaire minimum, même s’il y a des divergences sur les modalités : le SPD veut un salaire minimum national uniforme, les chrétiens-démocrates préfèreraient un salaire minimum fixé au niveau des Länder ou des branches. Dans l’industrie, le syndicat IG Metall demande des augmentations de salaires importantes. Idem dans les services…

Le problème, c’est que la crise de la zone euro est en train d’atteindre l’Allemagne. Les perspectives économiques pour cette année ne sont pas très souriantes : à peine meilleures que pour la France. Le risque est donc que les Allemands se remettent à se serrer la ceinture et à refaire de l’austérité.

Les Allemands sont-ils responsable de la crise en Europe ?

La situation est tragique de ce point de vue. Le comportement des Allemands et de leurs dirigeants est parfaitement compréhensible. Ils ont beaucoup souffert avec Schröder, en termes de pouvoir d’achat et d’emploi. Ils se disent – à tort selon moi – que c’est grâce à cela qu’ils s’en sortent moins mal que les autres. Dans ce contexte, ils considèrent évidemment qu’ils ne peuvent aider les autres que si ceux-ci font les même efforts qu’eux – pour leur bien. Mais si cette attitude est compréhensible, elle est parfaitement suicidaire sur le plan européen.

La politique Schröder aurait pu avoir des effets bien pires si, à l’époque, les Allemands n’avait pas été les seuls à l’appliquer : heureusement qu’il y avait les autres pays européens, y compris les Italiens, les Espagnols ou les Grecs, pour s’endetter et acheter les produits allemands…

Si tout le monde applique cette politique – ce qui est en train de se passer –, la demande chute, le chômage explose et personne n’arrive à se désendetter dans un contexte de récession. Et le risque aujourd’hui, est que cette situation mène à l’explosion de l’euro et de la construction européenne.

Elle est, en tout cas, contraire aux intérêts de l’économie allemande : une zone euro en récession, ce sont en effet des débouchés en moins pour l’industrie. Et cela ne peut pas non plus être dans l’intérêt des épargnants.

La situation conforte toutefois le leadership politique des Allemands…

C’est plus un emmerdement pour eux qu’autre chose. Ils ont le leadership, mais ils ne savent pas quoi en faire. Ils sont comme une poule qui aurait trouvé un couteau. Ils ne savent pas comment exercer ce leadership, notamment parce qu’ils sont embarrassés par les traces de leur dernier leadership. C’est une partie du problème d’aujourd’hui : une partie des Allemands pensent qu’ils auraient moins de problèmes s’ils sortaient de l’euro.

A cela s’ajoute un problème Merkel personnel. C’est quelqu’un qui est entré dans l’Union européenne à 35 ans [après avoir vécu en Allemagne de l’Est, ndlr]. Elle n’a découvert l’Europe occidentale qu’à travers des voyages officiels et des sommets internationaux. Elle ne comprend rien à ce qui se passe en Europe.

Il semble pourtant qu’ils commencent à prendre conscience que l’austérité ne fonctionne pas : en témoigne le délai accordé il y a quelques jours à la France pour atteindre les 3% de déficit public…

Dans une partie des élites, il y a une prise de conscience de l’impopularité de l’Allemagne. Tant que c’était chez les Grecs ou les Espagnols, c’était supportable, mais le développement d’un sentiment anti-allemand en France a été un choc. C’est, je pense, ce qui les a décidés à mettre les pouces et à faire des concessions.

Est-ce que la crise européenne ne pourrait pas se résoudre en laissant des chômeurs grecs ou espagnols aller travailler en Allemagne, pays qui a une industrie solide et qui est victime d’une implosion démographique ?

La tentation existe, mais je pense que cela ne peut pas marcher. Je connais bien la théorie : une zone monétaire est optimale si la main-d’œuvre peut bouger d’une région à l’autre de cette zone.

Mais le problème, c’est que la Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal sont déjà en situation de crise démographique. Ils ont peu de jeunes. Si les jeunes qualifiés partent pour l’Allemagne, cela veut dire qu’il ne se passera plus rien pendant 50 ans dans ces pays-là. On aura créé le Mezzogiorno puissance dix… L’Europe ne pourra survivre à une telle situation que si les Allemands acceptent de payer pour entretenir les gens qui seront restés en Grèce, en Italie, en Espagne ou au Portugal. On n’en prend pas le chemin…

Ne peut-on pas imaginer que l’industrie allemande fasse avec ces pays ce qu’elle a fait avec la Pologne, la Slovaquie ou la République tchèque ?

La culture industrielle n’est pas forcément la même en Allemagne et en Grèce et je vois mal les industriels italiens accepter facilement de passer sous la coupe d’entreprises allemandes. Avec l’Espagne, la question peut se poser davantage. Ils le font déjà dans l’automobile.

Angela Merkel semble vouloir favoriser l’activité des femmes, par la création de crèches par exemple : ce serait une autre façon de réduire les conséquences du déclin démographique sur le marché du travail.

Oui, sur le terrain de la place des femmes dans l’économie, elle joue un rôle moteur. Schröder lui-même avait favorisé l’arrivée des femmes sur le marché du travail, mais sous des formes très inégalitaires, par le développement de temps très partiels.

Un Allemand travaille autant qu’un Français chaque semaine. Mais si un homme allemand travaille une heure de plus qu’un homme français, une femme allemande travaille trois heures de moins qu’une femme française. Et l’Allemagne est l’un des pays où les écarts de salaires sont les plus importants.

4. Ce qu’il faudrait importer du système allemand en France
Si l’on avait à importer quelques éléments du système allemand, quels devraient-ils être ? J’en vois trois :

    le premier, c’est la décentralisation du pays. L’Allemagne est un pays plus équilibré : on trouve des entreprises qui exportent dans la moindre vallée perdue, ce qui n’est pas le cas chez nous. Mais c’est l’élément le plus difficile à importer. Un changement institutionnel, qui passerait par l’augmentation des budgets des régions, ne suffirait pas ;

    deuxième chose dont on pourrait s’inspirer, c’est leur intérêt pour l’écologie. C’est l’avenir qu’ils préparent ! Ils ont fait plus d’efforts sur l’efficacité énergétique et sont plus avancés sur les technologie. Nous ne devons pas louper les différents coches qui se présentent ;

    la dernière chose à importer, la plus importante à mon avis, c’est la gouvernance des entreprises, et notamment la codétermination. On avait une occasion unique d’avancer sur ce terrain avec la loi sur l’emploi et l’accord national interprofessionnel, mais on est en train de la rater.

Par ailleurs, il y a un élément important de la gouvernance des entreprises dont on pourrait s’inspirer. En Allemagne, il n’y a pas de PDG : il y a un président du directoire et un président du conseil de surveillance. Ces deux chefs doivent s’entendre pour les grands tournants stratégiques. Ainsi, si un jour un président du directoire qui dirige une compagnie vendant de l’eau et des services publics locaux s’ennuie, qu’il ne trouve pas cela rigolo et qu’il veut acheter une major d’Hollywood et avoir un appartement à New York, eh bien il ne pourra rien faire de tout cela [allusion à Jean-Marie Messier, ex-patron de Vivendi, ndlr].

A travers ce système et à travers le pouvoir donné aux salariés, il y a dans les entreprises allemandes des systèmes de contre-pouvoirs que nous ne connaissons pas dans notre pays


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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[+1]    #5 19/11/2013 09h23

Membre (2011)
Top 50 Finance/Économie
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Yihk, vous devriez savoir que des salaires aussi bas sont cantonnés à des secteurs voir des cas bien spécifiques, notamment la reprise de travail par des chômeurs de très longue durée, dans le cadre d’une réinsertion accompagnée. En faire une généralité est totalement caricatural, c’est de la mauvaise propagande.

C’est dans le secteur des services non qualifiés qu’on trouve des rémunérations brutes de l’ordre de 5,50 euros de l’heure en moyenne et ce sont des salaires qui sont évidemment complétés par des subsides au niveau fédéral.

Les salaires moyens dans l’industrie sont de l’ordre de 35 euros de l’heure, soit à peu près le niveau français. Et c’est l’industrie qui est la force principale de l’économie allemande, vous le savez très bien.

Ce sont deux choix différents, pour résumer très grossièrement : en Allemagne le quasi plein-emploi, avec des salaires bas dans certains secteurs non-qualifiés, complétés par des aides fédérales ; ou en France, une subvention par le chômage des secteurs non-viables avec un SMIC.

Personnellement, ayant vécu dans les deux pays pendant des années, je préfère infiniment des gens intégrés dans la société par un travail même faiblement rémunéré à cause notamment des bénéfices indirects que sont les rapports sociaux plus riches qui en découlent, l’estime de soi, le maintien du capital humain etc.

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[+1]    #6 29/11/2013 17h17

Membre (2013)
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placementapapa31 a écrit :

Et bien sûr, c’est la FED, elle, qui est le vrai?

La vérité n’est pas de ce monde !

Plaisanterie à part, la politique de la fed me laisse dubitatif… et je ne porte pas de jugement sur l’efficacité des différences de contenu des politiques monétaires et économiques BCE / FED.

C’est la façon de gérer de la crise, (ou plutôt de ne pas la gérer) que je fustige.  On a laissé planer le doute au lieu de rétablir la confiance par un discourt clair et cohérent; "on dit ce qu’on et on fait ce qu’on dit. C’est la base. A lieu de cela, on a enchainé des sommets qui ont sapé la crédibilité de notre gouvernance au point de laisser penser que la zone euro pouvait disparaitre. In finé, les mesure ont été prises mais comme on les a prise en décalage, de manière éparse et laborieuse.

Le temps qu’on a perdu, le doute qu’on a semé, la contagion qu’on a favorisé font qu’en définitif, on a compliqué et favoriser la montée du chômage.

Sur le "cassage de croissance", rajouter de l’austérité sur de l’austerité c’était une stupidité. Et aujourd’hui on laisse du temps… Sauf qu’entre temps on a brisé des vies. Et pourquoi ?

Le modèle néo libéral a trouvé (par erreur de calcul) enfin une étude empirique qui justifie leur thèse en deux siècle ! J’en ai "bouffé" des modélisations micro et macro des néolibéraux a en avoir des indigestions. Et c’est une duperie, on a habillé de modèle mathématique des inepties en créant le fameux modèle de concurrence pure et parfaite pour leur donner une pseudo rigueur scientifique… Pour résumer, comme ca ne marche pas sur la planète terre testons sur mars et ca validera notre modèle sur terre.

Et quand je vois des gens qui sortent leur conclusion en alignant 3 chiffres bidons sur 2 trimestres et affirme avec la grande assurance habituelle les même thèses (comme a chaque crise) et les mêmes remèdes qui ont démontré leur inefficacité… et bien ca me fait bondir. Bref.

Sur l’allemagne, car après tout c’est le sujet. On peut leur dire un grand merci car ils ont apporté la crédibilité et la solidité financière en plus de faire des chèques (tout comme la France avec une différence c’est qu’ils sont un peu mieux provisionnés!). Sauf qu’in finé, qu’est ce qu’on en retient en Grèce en brulant des drapeaux nazis ? Un niet, de l’égoisme alors que les allemands c’est tout l’inverse ! C’est vraiment dommage car le rêve européen à du plomb dans l’aile auprès des opinions publiques au nord comme au sud.

Dernière modification par alexsince1978 (29/11/2013 18h32)

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[+1]    #7 29/11/2013 21h48

Membre (2013)
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"Je ne partage pas vos respectables convictions car je n’arrive pas à comprendre comment des gens qui ont vécu la guerre de 14/18 ont pu avoir envie de recommencer ?"

La misère, l’humiliation, les "réparations" de guerre, l’ignorance, la haine? Facile de juger devant son écran par un beau soir de 2013.


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[+1]    #8 30/11/2013 03h47

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yihk a écrit :

J’ai vu je ne sais plus où, que le budget militaire Grecque était du même niveau que celui d’Israel ! Une importante partie de ces dépenses était l’achat de matériel. Quand la crise a éclaté la troikat (dominée par l’allemagne) a d’abord demandé de réduire les dépenses … sociales et de personnel, pas les dépenses militaires.

Non, les budgets ne sont pas du tout équivalents ! En 2010, 1er USA, 2e Chine, 3e France, 4e GB, …, 7e Allemagne, …, 16e Israël, …., 21e Grèce (avec un budget presque 2 fois moins élevé qu’Israël)

Liste des pays par dépenses militaires ? Wikipédia

Vous vous demandez pourquoi l’Allemagne (et la France) n’ont pas demandé a ce que la Grèce réduise d’un coup ses dépenses militaires?

1/ Qui d’après vous construit le char Léopard? Les sous-marins d’attaque type 209/214? Qui fait parti du consortium NHI (NH90)
2/ Qui d’après vous construit les cougars/super puma, dauphins, mirage 2000, les bâtiments type FREMM, consortium NHI la encore, etc…

Si vous n’avez pas trouvé tout seul, la réponse a la question 1/ est l’Allemagne, et pour la 2/ c’est la France…

Donc oui, les états européens (car l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et d’autres sont concernés) ne leurs ont pas demandés de réduire drastiquement leurs budgets, mais d’abord d’honorer leurs commandes en échanges de "rallonges" de prêts supplémentaires de l’UE. Car dites-vous que ces commandes font vivre des dizaines de milliers de personnes en Europe…

Mais ils font tout de même des efforts (Effectif et % de le population active)
2005 : 135 000 : 3,1 %
2007 : 134 000 : 3,0 %
2009 : 133 000 : 2,9 %
2010 : 128 000 : 2,8 %
2011 : 124 000 : 2,7 %

Dépenses militaires
2009 : 7 311 millions d’euros : 3,1 % du PIB
2010 : 6 683 millions d’euros : 2,9 % du PIB
2011 : 4 622 millions d’euros : 2,1 % du PIB

Dernière modification par jeamb (30/11/2013 03h53)

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[+4]    #9 02/12/2013 14h29

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yihk a écrit :

Rappel : C’est les allemands qui ont ELUS les nazis.

Yihk, vous accumulez exagérations volontaires, méconnaissance crasse de l’Histoire et propos qu’on ne saurait qualifier autrement que de germanophobes sous leur forme la plus détestable.

Élection présidentielle allemande de 1932 ? Wikipédia

Je veux bien risquer un bannissement si ça peut mettre vos diatribes en perspective.

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[+1]    #10 09/04/2020 13h52

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placementapapa31 a écrit :

Ce document me semble très intéressant :

Seuls quelques irréductibles croient encore que la BCE s’inspire des politiques souhaitées par l’Allemagne ou de la Bundesbank.

Qu’en pensez-vous?

Le cadre (les traités européens) reste très marqué par l’idéologie politique de la Bundesbank que c’est difficile de s’en détacher. Ne perdons pas de vue quelques éléments:
-Interdiction absolue du financement des États par la BCE (unique au monde). La BCE n’est donc pas le prêteur de la dernière chance. Que se passera-t-il si (quand ?) des économies se mettront à décroître durablement et que la dette, même à taux d’intérêt nul, ne pourra pas raisonnablement être remboursée ?
-Impossibilité intellectuelle de prioriser autre chose que le contrôle de l’inflation: toute mesure d’assouplissement monétaire est immédiatement regardée comme inflationniste. Il fut un temps où l’on considérait le taux de chômage comme un facteur. On pourrait imaginer un facteur environnemental, mais certainement pas dans le contexte actuel.
-Le statut quo est très favorable à l’Allemagne (leader économique en Europe) car elle entretien des excédents commerciaux monstrueux grâce à l’euro et en partie au dépens de ses partenaires et voisins.

Je conseille cette vidéo (et la suivante) d’Heureka à ce sujet.


u/HJP

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[+1]    #11 20/07/2022 15h20

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Je ne veux pas reporter le débat de la guerre en Ukraine sur cette file alors qu’on vient de le chasser d’une autre.

Je souhaite quand même inviter tout le monde à prendre connaissance de la tribune du chancelier Scholz dans le FAZ.

Les choses sont claires et il ne pense pas au confort de ces concitoyens avant celui de son pays. A bon entendeur…

Je ne pense pas non plus qu’on puisse l’accuser de « nous vendre un narratique » ni d’être manipulé par les Etats-Unis.

Je suis complètement en phase avec lui. (Mais ça tout le monde s’en fout 😀)


Le train de la vie ne s'arrête jamais deux fois à la même gare.

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[+1]    #12 20/07/2022 18h01

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Gastbeitrag des Kanzlers in der FAZ | Bundesregierung

Elle est disponible sur le site du gouvernement allemand

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[+1]    #13 05/04/2023 13h46

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A l’été/automne 2022, les Cassandre nous expliquaient que l’Allemagne était arrivée à la limite:

Handelsblatt a écrit :

Le compteur de l’économie allemande est dans le rouge. Sur sa une du 23 septembre, Handelsblatt liste les problèmes auxquels sont confrontées les entreprises du pays : “Crise énergétique, risque de récession, mécontentement politique.” Pour le titre économique, “le pays arrive à la limite” de ce qu’il peut supporter – comme l’est le manomètre à gaz qu’il affiche sur sa première page.

L’appareil, coiffé d’un bonnet aux couleurs de l’Allemagne et d’un badge “Nucléaire, non merci”, donne à voir le découragement du secteur industriel allemand. “L’incertitude à l’approche de l’hiver suscite le même degré d’inquiétude dans toutes les entreprises, de la boulangerie à la fonderie”, explique le journal de Düsseldorf dans une longue enquête.

Printemps 2023, on parle maintenant de croissance modérée:

Pour l’année en cours, Les cinq principaux instituts (Ifo, IfW, IWH, RWI et DIW) s’attendent à une croissance de 0,3% de l’économie allemande, contre une contraction de 0,4% prévue à l’automne.

A la même époque, on  nous parlait régulièrement de la fin de l’euro parce que la parité euro/dollar était tombée sous le seuil symbolique de 1.

Dernière modification par Alpins (05/04/2023 13h49)

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[+1]    #14 12/04/2023 14h40

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Je fais partie des Cassandre qui se sont trompées et je dois dire que je suis étonné de cette résilience de la croissance attendue (allemande mais plus largement européenne) quand on voit notamment :

- Le prix du gaz naturel qui, s’il s’est normalisé en 2023, reste très au-delà de ce qu’il est aux US c’est-à-dire près de 6 fois plus cher. Plus personne n’en parle parce qu’il n’y a pas eu de rationnement sur les quantités cet hiver (grâce à un hiver clément peut-être) et parce que les prix sont moins extravagants mais je me demande comment les industriels font pour absorber ce gros choc défavorable et continu de compétitivité ?



- Les faillites d’entreprises qui sont en train de s’envoler au niveau de l’UE depuis 2015, date à laquelle la mesure a été mise en place, après plusieurs années très calmes et deux années sous perfusion de prêts bon marché : cela ne devrait-il pas se traduire au final par une croissance en berne ?



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[+1]    #15 12/04/2023 15h40

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Arrêtons cette histoire de gaz pas cher car :
- le gaz est une ressource mondiale : si les prix sont bas aux US alors les opérateurs vont chercher à exporter pour toucher $12 plutôt que $2.
=> https://about.bnef.com/blog/us-to-see-d … -capacity/

- de nombreux pays avancés sont pauvres en ressources naturelles : Suisse, Japon, Taiwan, Corée du Sud, etc.
Si la croissance et l’avancée technologique reposait sur le pétrole, la Russie serait un mastodonte économique.


Dirige un cabinet de CGP - triple compétence France / Suisse / UK

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[+1]    #16 12/04/2023 21h09

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Pour faire des arbitrages entre les Etats-Unis et l’Europe, il faut disposer de terminaux de liquéfaction, dont la construction prend environ 4 ans (après l’obtention des autorisations), ainsi que de méthaniers (les premières livraisons disponibles sont pour 2027). Il n’est donc pas possible d’avoir une réaction rapide à des écarts de prix ; lorsque les acteurs de marché pensent que cet écart de prix va durer dans le temps, de nouveaux projets sont décidés (aux Etats-Unis ou ailleurs) et ils seront disponibles au moins 4 ans plus tard.

Par ailleurs, le coût correspondant à la liquéfaction, au transport et à la regazéification du gaz est de l’ordre de 4 $ / MMBtu, pour un engagement d’environ 20 ans. Il y a donc un différentiel de prix "intrinsèque" entre les pays producteurs et les pays importateurs, qui peut éventuellement se réduire au coût marginal (moins de 2 $/ MMBtu) en cas de surplus de gaz.

Ces coûts de "transport", très importants par rapport à ceux du pétrole par exemple, expliquent qu’il y a historiquement peu de surcapacités, des prix par région et des pics de prix très marqués lors de tensions sur l’approvisionnement (ex: 2011 / suites de Fukushima).

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