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[+3]    #1 16/08/2021 21h53

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Je ne sais pas si c’est sur cette file qu’il est le plus utile de poster cette information (la tumultueuse file sur les effets économiques de la pandémie ayant été fermée), mais au sujet de l’impact transitoire ou plus durable de la pandémie sur l’inflation :

J. Bernstein et E. Tedeschi (avril 2021) voient une hausse transitoire de l’inflation, reflétant 3 facteurs temporaires : (i) des effets de base faisant apparaître une inflation inhabituellement élevée en 2021 en raison la faible activité économique en 2020, (ii) des hausses des coûts de production liées à des dysfonctionnements temporaires des chaînes d’approvisionnement (semiconducteurs, par exemple), et (iii) un rebond massif de la demande pour les biens et services les plus affectés par la pandémie (tourisme etc.). Ces 3 facteurs inflationnistes sont temporaires, mais une fois dissipés, l’inflation devrait converger avec les anticipations d’inflation de long-terme, beaucoup plus stables. Ce rebond temporaire de l’inflation est d’ailleurs typique des fins de pandémie, des périodes de démobilisation post-conflits etc. :

J. Bernstein, E. Tedeschi (avril 2021) a écrit :

We think the likeliest outlook over the next several months is for inflation to rise modestly due to the three temporary factors we discuss above, and to fade back to a lower pace thereafter as actual inflation begins to run more in line with longer-run expectations. Such a transitory rise in inflation would be consistent with some prior episodes in American history coming out of a pandemic or when the labor market has quickly shifted, such as demobilization from wars. We will, however, carefully monitor both actual price changes and inflation expectations for any signs of unexpected price pressures that might arise as America leaves the pandemic behind and enters the next economic expansion.

Une hausse plus persistante de l’inflation nécessiterait une hausse significature des coûts du travail et un "désancrage" des anticipations d’inflation. On n’observe pour l’heure ni l’une, ni l’autre :

F. Budianto, G. Lombardo, B. Mojon et D. Rees (juillet 2021) a écrit :

Inflation has risen in many countries. In conjunction with a rebound in GDP growth and evidence of
significant bottlenecks in some sectors, this has prompted concerns that the low inflation era of recent
decades could be nearing its end.

A closer look at the data reveals that the pickup in inflation can be ascribed largely to base effects,
increases in the prices of a small number of pandemic-affected items and higher energy prices. A
common thread through these causes is that their effect on inflation is likely to be temporary.

A more persistent increase in inflation would likely require a material pickup in labour costs and an
unmooring of inflation expectations. However, wage growth remains contained and the medium-term
inflation expectations of professional forecasters and financial markets show little sign of de-anchoring.
These developments are consistent with medium-term inflation moving towards central bank targets.

En particulier les anticipations d’inflation à moyen/long-terme restent très bien ancrées près des cibles des banques centrales :

L’une des raisons pour lesquelles les hausses de prix ne se traduisent pas par des hausses équivalentes des coûts du travail, c’est l’érosion du pouvoir de négociation des travailleurs (notamment modestes), dans le contexte de la pandémie :

L. Voinea, P. Loungani (août 2021) a écrit :

As income support provided during the pandemic starts to be scaled back, and supply bottlenecks are overcome, we would expect that the strong relationship between inflation and cumulative wage gaps would once again reassert itself. In most OECD countries, the cumulative wage gap is negative and far from closing, suggesting that current inflationary pressures would recede.

The rate at which cumulative wage gaps close in turn depends on a number of factors, notably on workers’ bargaining power, which has eroded over time in many OECD economies (Lombardi et al. 2020). In the early months of the pandemic, it seemed that appreciation of the heroic role played by essential workers (such as health care workers and grocery store cashiers) would lead to a change in norms and consequent improvement in bargaining power and wages. But recent evidence suggests that, like previous major epidemics, Covid-19 will have a disproportionately adverse impact on wage prospects of those in low-income deciles and low educational attainment (Furceri et al. 2020). As Budianto et al. (2021) argue, without a “material pickup” in wage costs, there is unlikely to be a more persistent increase in inflation.

En effet, les pandémies accentuent généralement les inégalités, notamment en affectant les perspectives d’emploi des travailleurs peu qualifiés (alors qu’elles n’ont un impact que temporaire sur celles des travailleurs qualifiés).

D. Furceri, P. Loungani, J. Ostry, P. Pizzuto (mai 2020) a écrit :

There is a growing literature on the likely aggregate consequences of COVID-19 drawing on the experience following past major epidemics. Our work examines the likely distributional effects of such episodes, finding that the effects are similar to those of other types of crises in exacerbating inequality, including by depressing employment prospects for those most vulnerable, such as low-skilled workers (de Haan and Sturm 2017). While governments have acted fast to provide stimulus, as described in Baldwin and di Mauro (2020), our results suggest that in the absence of deliberate and strenuous attempts to protect the most vulnerable segments of society, this pandemic could end up exerting a significant adverse impact on inequality. In fact, our finding that the inequality effect increases with the negative effect of pandemic events on economic activity suggests that, all else equal, the distributional consequences of COVID-19 may be larger than those in previous pandemic episodes.

Ces analyses irriguent évidemment les réflexions des banques centrales sur les perspectives d’inflation, donc sur la conduite de leur politique monétaire. D’où le contraste entre une certaine placidité, chez les banquiers centraux, sur les données d’inflation publiées, et les inquiétudes de certains.

De mon point de vue, jusqu’à preuve du contraire, ces analyses sont fondées et me conduisent à penser que l’inflation en sortie de pandémie sera effectivement temporaire (a fortiori si l’on considère le caractère mutagène tellement pénible de ce virus), et donc que les corrections épisodiques liées aux inquiétudes inflationnistes sont le plus souvent des opportunités d’achat.

Dernière modification par Scipion8 (16/08/2021 21h53)

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[+3]    #2 04/10/2021 12h57

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Il suffira de nous inventer une inflation hors pétrole, gaz, électricité et voilà le tour est joué smile

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[+5]    #3 09/10/2021 11h37

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Une étude publiée cet été dans le “Journal of Portfolio Management” (voir source) a passé en revue le comportement des actifs principaux lors d’épisodes passés de forte inflation:

- Les matières premières ont des rendements positifs pendant les poussées d’inflation, mais cela dépend beaucoup des types de matières premières. Il s’agit d’une classe d’actifs tellement diversifiée que certaines évoluent étroitement avec l’inflation, d’autres moins. Le problème avec les matières premières est qu’à moins d’être un professionnel du secteur, elles doivent être achetées par le biais de contrats à terme (principalement futures), dont les rendements à long terme dépendent souvent davantage de la différence entre les différents prix à terme que de la matière sous-jacente. L’étude du JPM a confirmé la connaissance commune que la meilleure performance historique est observée pour les matières premières. Cependant, il s’agirait d’un investissement spéculatif avant qu’une inflation généralisée et persistante ne se manifeste et les matières premières ne versent aucun dividende.

- Les actions peuvent offrir une certaine protection contre l’inflation du point de vue du financement (parce que les obligations de l’entreprise en matière de dette se réduisent en termes réels) et du point de vue des revenus (les prix des produits peuvent être ajustés à l’inflation). En cas d’inflation extrême, les actions souffrent cependant d’un climat économique moins stable, associé à une faiblesse économique future. Une très forte inflation est donc généralement considérée comme négative pour les actions, car elle augmente les coûts d’emprunt et de production (matériaux, main-d’œuvre) des entreprises. Les entreprises actives dans le secteur énergétique ont vu leur valeur fortement augmenter (+103.4% depuis octobre 2020 pour les sociétés comprises dans le Vanguard Energy ETF). Il ne semble donc pas valoir la peine d’y investir spécifiquement à ce jour, la forte hausse des prix de l’énergie ayant déjà été intégrée le prix des sociétés. Vous  arriveriez probablement déjà trop tard à la fête.

Si les actions souffrent en cas d’inflation extrême, elles offrent toujours une protection acceptable en cas d’inflation limitée. Comme aucun secteur n’offre une couverture parfaite, vous ne devriez pas avoir besoin d’investir dans un ETF sectoriel spécifique avec des coûts supplémentaires. Une obsession de l’inflation ne devrait jamais vous faire sortir de votre zone de tolérance au risque ou vous amenez dans des territoires dangereux.

Historiquement, étant donné que le suivi des tendances offre la protection la plus fiable lors de chocs inflationnistes importants, il ne faut pas anticiper trop tôt en investissant massivement dans des matières premières spéculatives sans dividende ou des TIPS à faible rendement.

Source : The Best Strategies for Inflationary Times, The Journal of Portfolio Management août 2021, 47 (8) 8-37, Henry Neuville, Teun Draaisma, Ben Funnell, Campbell Harvey et Otto van Hemert

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[+19]    #4 01/12/2021 01h44

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Quelques clarifications :

1) La BCE a toujours eu une definition prospective de la stabilité des prix. Car le plus important sur la route, c’est la destination, pas les virages.

Ce qui guide les choix de consommation et d’investissement des agents économiques, ce sont leurs anticipations d’inflation, pas l’inflation courante. Bien sûr, il y a une corrélation entre les 2, mais cette corrélation apparaît avec un effet de moyenne : les anticipations d’inflation de long-terme sont beaucoup mieux corrélées avec l’inflation moyenne sur une période suffisamment longue (quelques années) qu’avec l’inflation courante (= à l’instant t*).

La BCE a toujours défini la stabilité des prix comme un indice harmonisé des prix à la consommation (HICP) croissant modérément sur le moyen terme, et non selon son niveau courant !

Le changement stratégique opéré cette année par la BCE sur sa cible d’inflation porte sur (je simplifie) :
- le fait que la croissance cible à moyen terme du HICP est désormais 2% par an - et non plus "un niveau inférieur à, mais proche de, 2% par an"
- la cible d’inflation de la BCE est désormais clairement symétrique, c’est-à-dire que la BCE ne va pas réagir plus fortement à une déviation de x% au-dessus de sa cible, qu’à une déviation de x% en-dessous de sa cible ; elle va réagir de façon symétrique

Chaque banque centrale a sa propre définition de sa cible d’inflation - pas simplement sur le niveau (2%, ou bien un peu plus ou un peu moins, ou un segment etc.), mais aussi sur sa façon de réagir aux déviations à la cible.

Par exemple, certaines banques centrales (la BoE, par exemple) ont une cible d’inflation plus "automatique", où toute déviation excessive de l’inflation courante par rapport à la cible va automatiquement enclencher une réaction de la banque centrale (par exemple une lettre d’explication au Trésor ou au Parlement).

Ce n’est ni le choix de la BCE, ni celui de la Fed (qui compare une moyenne de l’inflation courante par rapport à sa cible) - pour de très bonnes raisons (par exemple le risque de grosses erreurs de politique monétaire causées par une suréaction à une volatilité transitoire de l’inflation courante).

2) La stabilité des prix a toujours été maintenue dans la zone euro depuis sa création.

J’espère que tous ceux qui traitent les banquiers centraux d’incompétents sont aussi compétents dans leurs boulots respectifs. Les chiffres sont têtus et démentent les âneries et les délires débités par les économistes en herbe sur les réseaux sociaux : depuis l’introduction de l’euro, l’inflation est en moyenne proche de la cible.

Ceux qui ont connu le franc et se plaignent de l’euro ont la mémoire bien courte : ils ont oublié les périodes de forte inflation, les crises de change, fréquentes avec le franc, et sont devenus bien sensibles.

On peut interpréter la hausse récente de l’inflation dans la zone euro de façon négative ou positive :

- on peut décider de s’inquiéter en constatant que c’est la déviation positive la plus forte depuis 2007 ;

- ou bien on peut constater que cela arrive après de longues années de déviations persistantes à la baisse, reflétant de lourdes craintes de déflation, malgré toutes les mesures de la BCE (QE et autres). De ce point de vue la réintroduction d’un risque inflationniste (modéré), contrebalançant le risque déflationniste structurel dans la zone euro (pour des raisons démographiques et autres), peut être vue positivement (cela devrait permettre de mieux ancrer les anticipations d’inflation de long-terme autour de la cible de la BCE).

3) L’inflation actuelle dans la zone euro est largement importée et s’explique par des facteurs temporaires.

Désolé, mais ce n’est pas parce que M. Michu n’est pas content de payer son plein trop cher que la banque centrale va commencer à faire n’importe quoi avec sa politique monétaire. Tout le monde sait que les prix de l’énergie sont cycliques et très volatils. Ils réagissent constamment à des chocs sur la demande, avec une offre qui s’ajuste progressivement (car découvrir, ouvrir ou fermer un puits de pétrole, ça prend un certain temps). Au contraire, la banque centrale a les yeux fixés sur la destination, son mandat : la stabilité des prix à moyen-terme.

Une politique monétaire qui réagirait automatiquement aux prix de l’énergie, comme certains semblent l’exiger ici, serait extrêmement volatile, illisible et imprédictible pour les ménages et les entreprises : nul ne serait capable d’avoir la moindre idée du taux directeur dans 1 ans, dans 6 mois, et même dans 1 mois. Cela détruirait simplement de l’activité économique, en décourageant l’emprunt (puisque tous les agents économiques, emprunteurs ou prêteurs, devraient intégrer à leurs calculs de TRI un grande prime d’incertitude). Au contraire, une banque centrale moderne doit opérer en transparence et de la façon la plus prédictible possible, et en évitant de créer une incertitude supplémentaire pénalisante pour l’activité économique.

Aujourd’hui, l’inflation dans la zone euro est essentiellement importée, alors que l’inflation domestique est très proche de la cible de la BCE.

De même, l’inflation "core", i.e. débarrassée de ses composantes les plus volatiles et cycliques, reste faible dans la zone euro (autour de 1%) - situation très différente de ce qu’on observe actuellement aux USA.

4) Les anticipations d’inflation sont très bien ancrées autour de la cible d’inflation des banques centrales.

Il n’y a pas de contradiction entre les marchés (= qui agrègent tous ceux qui ont de l’argent en jeu) et les banques centrales : les uns comme les autres anticipent un retour (plus ou moins rapide) de l’inflation à un niveau proche de la cible.

Bien sûr, ni les banques centrales, ni les marchés ne sont infaillibles. Par exemple, les projections des banques centrales à moyen-terme sont naturellement ancrées par leur cible d’inflation (l’inverse serait surprenant). Mais aucune raison a priori de faire plus confiance à l’expertise inflationniste de M. Michu, docteur ès pleins de gasoil et paquets de pâtes. (En passant : M. Michu, comme tous ceux qui s’expriment ici, bref tout le monde, participe, sans en avoir conscience, aux marchés financiers, par leurs choix d’investissement.)

Les banques centrales regardent surtout l’ancrage des anticipations d’inflation de long-terme. La Fed regarde notamment l’inflation anticipée à 5 ans dans 5 ans (c’est-à-dire actuellement sur la période 2026-2031), telle qu’on peut la déduire des obligations indexées sur l’inflation ou des swaps d’inflation). Elle est actuellement à 2,2%, très proche de la cible de la Fed :

En zone euro, les anticipations d’inflation de long-terme sont (enfin !) revenues au niveau de la cible de la BCE, ou restent un peu en-dessous, selon les mesures que l’on regarde.

La BCE regarde non seulement les anticipations d’inflation moyennes, mais aussi la distribution de ces anticipations. On constate que le risque déflationniste a largement disparu à un horizon de 5 ans (ce qui est une bonne nouvelle, dans la mesure où ces anticipations s’auto-réalisent), alors que le risque d’une inflation au-dessus de 2%, quasi-inexistant juste avant la pandémie, est revenu. La situation optimale, c’est un équilibre entre les risques déflationniste et inflationniste, et une anticipation bien ancrée autour de la cible de la banque centrale.

5) L’incertitude sur les taux directeurs futurs de la BCE a (légèrement) augmenté, ce qui est une très bonne nouvelle pour la zone euro : l’espoir d’échapper à un scénario déflationniste à la japonaise.

Les options sur contrats Euribor montrent que les marchés pricent désormais de possibles hausses de taux par la BCE à un horizon de 2 ans… mais regardez l’échelle des ordonnées sur ces graphiques : il s’agit de taux toujours négatifs, même dans le scénario le plus optimiste (ou le plus inflationniste, selon la façon de voir).


6) La monnaie (et la politique économique, plus généralement) vise à soutenir l’activité économique - pas à la conservation des rentes, et encore moins à récompenser l’oisiveté.

La monnaie est un instrument au service de l’activité économique. Ce sont le travail, la prise de risque, l’initiative, la créativité, qui créent de la valeur, aux niveaux individuel et collectif - quand l’oisiveté du rentier n’en crée aucune. Si nous vivions dans une société dominée entièrement par une classe de rentiers, la banque centrale aurait une cible d’inflation de 0% (voire négative, comme certains le proposent).

Mais voilà, nous vivons en démocratie, et tous les pays démocratiques ont décidé, pour des raisons à la fois économiques et politiques, d’établir des cibles d’inflation positives, en général autour de 2% pour les pays développés. La banque centrale a un mandat légal (voire constitutionnel, dans la zone euro), de tout faire (whatever it takes) pour atteindre cette cible. Les intérêts catégoriels (en l’occurrence ceux des rentiers) sont très, très secondaires par rapport à ce mandat démocratique.

Le rentier intelligent saura s’adapter à ce contexte sans se plaindre, en investissant dans des actifs productifs délivrant une performance de long-terme bien meilleure que l’inflation - par exemple un panier diversifié d’actions (un ETF Monde, par exemple).

7) Chacun devrait aligner ses portefeuilles avec ses convictions, plutôt que de se plaindre ; ainsi la supériorité supposée des experts en herbe se verrait récompensée ou punie avec le temps.

Aujourd’hui, les marchés font largement confiance aux grandes banques centrales (Fed, BCE) pour maintenir des prix stables à moyen/long-terme, en cohérence leurs cibles d’inflation.

Pour un investisseur individuel convaincu que les banques centrales vont échouer, cela représente une opportunité en or (sans jeu de mot) : cela signifie que tous les hedges anti-inflationnistes (or, obligations indexées sur l’inflation etc.) sont probablement sous-évalués. Pour s’enrichir, il suffit donc d’en acheter massivement. Pourquoi ne pas le faire, plutôt que de se plaindre sans cesse ? Chacun devrait faire preuve de cohérence intellectuelle, et aligner son patrimoine avec ses convictions. S’ils ne le font pas, c’est que, sans doute, ces convictions manquent de profondeur, et dureront, peut-être, ce que vivent les roses, l’espace d’un matin. En bref, des convictions bien transitoires.

Les miennes n’ont pas changé. Pour ma part, je considère que l’or apporte une diversification et une petite couverture contre une inflation excessive dans mon portefeuille. Je détiens de l’or sous forme d’ETF et de minières, avec une allocation dans mon portefeuille en cohérence avec ma probabilité perçue d’émergence d’un risque hyper-inflationniste dans mes zones de vie (USA, Europe) et sur mon horizon de vie (40 ans) : 1%. (Car il ne faut jamais dire jamais, et que des bouleversements politiques majeurs dans nos sociétés démocratiques et libérales, ce qu’à Dieu ne plaise, pourraient évidemment compliquer le travail des banques centrales.)

PS : Les graphiques de la BCE sont tirés de ces 2 présentations récentes par 2 membres du Directoire de la BCE, l’Allemande Isabel Schnabel et l’Italien Fabio Panetta. En lisant ces présentations et les discours associés, vous distinguerez aisément des différences entre une "colombe" (Panetta) et un "faucon" (Schnabel) - avec des arguments légitimes des 2 côtés. Perso, je suis proche des "colombes", mais la vérité se situe sans doute quelque part entre les 2 - pas dans les outrances de ceux qui, sur ce sujet comme sur d’autres, font plus confiance à leurs "intuitions" simplificatrices qu’aux avis plus mesurés des experts. Car l’expert, ce n’est pas celui qui est infaillible (ça, c’est Dieu) ; c’est celui qui comprend la complexité du monde, l’impossibilité de l’infaillibilité, l’imperfection des solutions, et la nécessité des compromis.

Dernière modification par Scipion8 (01/12/2021 02h32)

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Favoris 1   [+7]    #5 01/12/2021 14h55

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Scipion8 a écrit :

Blabla

Un fourre-tout où l’on admet que l’on ne sait rien, mais on en tire de grands enseignements sur le rentier, la démocratie, la stupidité de Mme Michu et le génie des experts…

Comme si les vrais dindons de la farce actuelle étaient les rentiers.
Aujourd’hui un riche qui a quelques millions en valeurs mobilières liquides, il les nantit à sa banque pour emprunter dessus. Il évite ainsi la plus-value sur ses gains latents (judicieusement obtenus grâce aux politiques des banques centrales). Le taux de ce type d’emprunt c’est moins de 1% du découvert tiré.
Il emprunte à des taux bien inférieurs à l’inflation, donc vos fables sur le travail créateur et le rentier oisif…

Celui qui souffre actuellement c’est le retraité modeste dont la pension est grignotée par l’inflation, le travailleur pauvre qui n’a aucun bien, ces millions de jeunes gens en Europe du sud et de l’Ouest qui sont obligés de vivre chez leurs parents ou dans des surfaces minuscules ou très loin de leur travail car le prix de l’immobilier est devenu totalement déconnecté des revenus du travail et dont la seule épargne est une épargne de sécurité sur un livret A à 0.5%/an.
Derrière vos beaux graphiques qui ne mesurent que ce qu’il a été décidé qu’ils mesureraient, il y a des personnes qui ont des difficultés à cause de l’incurie des banques centrales.

Quant à vos sornettes sur la démocratie, j’espère que vous vous rendez compte que vous vous contredisez vous-même…
Si le mandat des banquiers centraux était soumis à un contrôle démocratique par un vote au suffrage universel, au vu des équilibres démographiques, il parait certain que les cibles d’inflation seraient effectivement de 0% pour ne pas toucher à la maigre épargne des retraités plus ou moins modestes qui forment la majorité de la population occidentale.
Bref, dans un processus démocratique, la situation serait inversée, vous seriez sur le forum à dire qu’il faut 2% d’inflation tandis qu’un autre énergumène, en poste dans une banque centrale occidentale, viendrait montrer qu’il faut 0% d’inflation avec ses graphiques, tout en traitant ceux qui le critiquent de Mme Michu et en se jetant des fleurs smile

Dernière modification par ProfesseurShadoko (01/12/2021 15h01)

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[+8]    #6 01/12/2021 17h10

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@ProfesseurShadoko : Vous vous permettez de donner des leçons avec arrogance, du haut de votre inexpérience, à des bataillons d’économistes bardés de PhD, qui ont étudié ces sujets en long, en large et en travers (bien plus que moi). Comme vous êtes jeune étudiant, j’ai envie de vous dire : « passez votre doctorat d’abord » (ce qui fait sens, après tout vous êtes un professeur).

Aucune banque centrale au monde ne cible une inflation de 0%. Aucune. Pas une seule : ni la BCE (2%), ni la Fed (2%), ni la BoJ (2%), ni la Banque du Canada (2%, entre 1% et 3%), ni la BoE (2%), ni la RBA (2-3%), ni la Riksbank (2%), ni la BNS (moins de 2 %), ni la RBI (2-6%) etc. Toutes emploient des bataillons d’économistes brillants, mieux formés que vous. Comment l’expliquez-vous ? Tous ces pays sont des dictatures ? Etes-vous omniscient et infaillible ou pouvez-vous envisagez que, peut-être, par inexpérience, vous êtes dans l’erreur ?

Sur la justification du niveau de la cible de 2%, la BCE cite :

1) Le besoin de fournir une marge de manœuvre suffisante face au risque de déflation (compte tenu de la difficulté bien plus grande pour la banque centrale de combattre une déflation qui s’enracine qu’une inflation excessive) ;

2) Le besoin de maintenir une marge de sécurité suffisante compte tenu des différences sur les niveaux d’inflation entre les pays de la zone ;

3) La prise en compte du risque d’un léger biais positif dans la mesure officielle de l’inflation (HICP) par rapport à l’inflation réelle.

Je cite aussi l’explication de la Bank of England sur le niveau de sa cible d’inflation (aussi 2%), car l’effort de pédagogie et de communication non-technique est à saluer :

Bank of England a écrit :

To keep inflation low and stable, the Government sets us an inflation target of 2%. This helps everyone plan for the future.

If inflation is too high or it moves around a lot, it’s hard for businesses to set the right prices and for people to plan their spending.

But if inflation is too low, or negative, then some people may put off spending because they expect prices to fall. Although lower prices sounds like a good thing, if everybody reduced their spending then companies could fail and people might lose their jobs.

Par ailleurs vous n’êtes pas cohérent : vous vous plaignez de l’inflation en citant les difficultés des jeunes ménages pour acheter des logements, mais le resserrement monétaire que vous appelez de vos vœux, s’il était prématuré, compliquerait beaucoup l’accès des ménages au crédit et à l’achat immobilier.

Quant à votre critique de mes « beaux graphiques qui ne mesurent que ce qu’il a été décidé qu’ils mesureraient », franchement je ne sais qu’en penser : vous êtes étudiant en quoi ? en théologie, en ésotérisme ? Moi je suis ingénieur et banquier central, aveyronnais de surcroît, donc je me contente de regarder les faits. Si vous vivez dans une réalité parallèle où les faits n’existent plus, forcément on aura du mal à tomber d’accord.

@IH : Effectivement, je mêle des opinions et des faits – c’est-à-dire que j’essaie autant que possible d’étayer mes opinions par des faits. Je ne savais que c’était problématique, mais vous tombez peut-être dans la tentation du « yakafocon », qui fait plus de clics et de likes sur les réseaux sociaux que de longs messages argumentés.

En tout cas, sur ce sujet vos interventions ne sont pas étayées par des faits, et il va falloir être plus clair : que reprochez-vous exactement à la BCE ? En moyenne sur longue période l’inflation dans la zone euro est légèrement inférieure à la cible – donc quel est votre souci ?

- Si c’est un souci avec le niveau de la cible, cf. ma réponse à l’étudiant Shadoko ci-dessus.

- Si c’est un souci avec la volatilité de l’inflation autour de la cible, c’est une interrogation déjà plus légitime : les banques centrales (et au sein de chaque banque centrale, les banquiers centraux) ont des niveaux variables de tolérance à la volatilité de l’inflation autour de la cible. Par exemple la BoE doit s’expliquer dès que la cible sort d’un range entre 1% et 3% - ce qui n’est pas le cas de la BCE. Cela dit, un observateur attentif notera que certains banquiers centraux de la BCE commencent à tirer la sonnette d’alarme dès que l’inflation s’écarte un peu trop de la cible (par exemple actuellement les « faucons » au Conseil des Gouverneurs, comme les Allemands).

A nouveau : l’Eurosystème (BCE + banques centrales nationales) emploie des bataillons d’économistes brillants (tous avec des PhD et bien mieux formés que moi sur ces sujets, je ne suis qu’un opérationnel avec 2 Masters : je travaillais dans la salle des machines du paquebot pendant que ces météorologues experts conseillent le capitaine du navire sur la route à suivre pour éviter les 2 tempêtes – l’inflation excessive et la déflation). Ils analysent l’inflation sous tous les angles (mais vraiment tous : par exemple certains se spécialisent sur la transmission des prix de l’énergie à l’inflation sous-jacente, d’autres sur la transmission des prix aux salaires etc.).

Toutes ces informations et analyses remontent aux décideurs, qui décident de façon très réfléchie, après des débats longs et étayés par des faits. Ces décideurs ont des parcours professionnels variables (économistes, juristes, secteur privé etc.) et de niveaux de sensibilité variable au risque inflationnistes (faucons vs colombes, Allemands vs Italiens etc.). Le rôle du Président de la BCE, c’est de faire la synthèse de toutes ces opinions et de réunir le plus large consensus possible sur la trajectoire appropriée de politique monétaire.

C’est donc vraiment faux de croire que Mme Lagarde déciderait toute seule « au feeling ». Et le tout se fait sous le contrôle du Parlement européen et avec un haut niveau de transparence, avec une conférence de presse après chaque décision du Conseil des Gouverneurs, et des informations très abondantes sur le site de la BCE, comme celles que j’ai fournies dans mon précédent message, et que manifestement vous n’avez jamais fait l’effort de regarder avant de critiquer.

C’est bien normal que chacun ait son opinion personnelle sur l’inflation – en revanche, insulter des agents du service public qui font leur travail honnêtement n’est pas correct.

Par ailleurs, ça me dépasse que vous et d’autres vous plaigniez des prix des actifs qui montent : c’est trop facile de s’enrichir, c’est ça ? A titre personnel, je vois ça comme une opportunité – c’est la première fois que je vois des gens se plaindre du fait qu’ils s’enrichissent trop vite, ça me dépasse complètement – sans doute ma simplicité paysanne aveyronnaise.

Nul n’oblige les gens à participer aux bulles d’actifs : les banques centrales ont répété à l’envi les risques des bulles spéculatives comme celle des cryptos. Nous vivons dans des sociétés libérales : si des gens veulent y participer pour y perdre leur épargne plus tard, c’est leur entière responsabilité. Cette manie d’accuser autrui pour ses propres turpitudes est vraiment une maladie contemporaine.

Enfin, c’est le rôle de l’Etat, et non celui de la banque centrale, d’assurer que le niveau d’inégalité économique corresponde aux préférences de la société. En l’occurrence, en France nous avons l’un des systèmes les plus redistributifs au monde. Contrairement à ce que disent les gazettes et contrairement à vos assertions une nouvelle fois non étayées, il n’y a pas en France d’aggravation des inégalités économiques : les indices de Gini sont remarquablement stables dans notre pays sur longue durée, à la fois sur les revenus / niveaux de vie (cf. graphique ci-dessous) et sur les patrimoines (0,65 sur le patrimoine brut hors reste, soit au milieu du range très étroit dans lequel cet indice évolue en France depuis plus de 20 ans, 0,64-0,66). La différence entre mes opinions et les vôtres, c’est que les miennes sont étayées par des faits, et pas par une aversion difficilement cachée envers les « experts ».

@Galessin : Le taux d’intérêt naturel d’une économie, qui est exogène à la banque centrale et dépend de l’environnement démographique, politique, institutionnel, économique, technologique etc., peut être négatif (c’est par exemple sans doute le cas du Japon) : cela n’a rien d’une anomalie. En Europe, le taux d’intérêt naturel décroît depuis des siècles, et est désormais sans doute proche de zéro (voire légèrement négatif – on ne peut pas l’observer, seulement l’estimer).

Si le taux sans risque défini par la banque centrale dévie trop fortement du taux d’intérêt naturel de l’économie, une instabilité monétaire sera la conséquence : inflation excessive si le taux de la banque centrale est trop inférieur au taux naturel ; déflation si le taux de la banque centrale est trop supérieur au taux naturel.

Une fois que le taux naturel a atteint zéro, voire un niveau négatif, la banque centrale n’a d’autre choix, son taux directeur ayant atteint sa borne inférieure (zero lower bound), que de mettre en œuvre une politique monétaire non-conventionnelle, notamment le QE, qui permet d’aplatir toute la courbe des taux (et non pas seulement les taux courts comme la politique monétaire conventionnelle). Sans QE par la BCE depuis 2015, il n’y a guère de doute que la zone euro serait tombée en déflation, à l’image du Japon dans les années 2000. Avec les effets économiques et sociaux que l’on connaît bien : perte de compétitivité, stagnation économique, « génération perdue », crise sociale etc.

@Kihv : Effectivement, les activités caritatives ne sont pas prises en compte dans le PIB, alors qu’elles créent bien de la « valeur » (au sens économique de « l’utilité », du bien-être, même s’il n’a pas de traduction monétaire immédiate). C’est l’une des limites du PIB.

Le mandat de la banque centrale ce n’est pas de maximiser le bonheur dans la société, son mandat est beaucoup plus restreint : assurer la stabilité de la monnaie (l’Etat a évidemment un mandat bien plus large, qui comprend notamment un cadre légal protecteur et fiscalement favorable pour les activités caritatives). Le meilleur service qu’une banque centrale puisse rendre à la société, c’est de respecter strictement son mandat légal et de tout mettre en œuvre pour assurer la stabilité de la monnaie, sur le long-terme.

@Vbvaleur : Je ne crois pas du tout que les Allemands aient envie de sortir de l’euro, ils auraient beaucoup à y perdre économiquement, et ils sont par ailleurs majoritairement des Européens plus sincères que nous, en moyenne (pour des raisons historiques).

Mais je vous rejoins sur le fait que les Allemands sont très attentifs au risque inflationniste, ce qui assure la qualité des échanges contradictoires au Conseil des Gouverneurs de la BCE, et a priori, la qualité des décisions de politique monétaire. Les Allemands, comme c’est normal pour la 1ere puissance économique de la zone, ont en effet une très grande influence à la BCE et sur la BCE, et contribuent à toutes ses décisions. M. Draghi (avec l’appui d’une majorité du Conseil) a pu prendre quelques décisions cruciales avec lesquelles ils étaient en désaccord, mais c’est vraiment l’exception, pas du tout la norme à la BCE.

@Double6 : Oui, vous avez raison, la probabilité d’occurrence d’un risque n’est pas un paramètre suffisant pour décider de la calibration de la stratégie de couverture de ce risque.

Si l’on raisonne de façon « assurantielle » (ce qui me semble la bonne façon pour décider de la calibration d’une couverture anti-inflation, comme l’allocation or, par exemple), alors il faut considérer non seulement la probabilité d’occurrence du risque, mais aussi la perte occasionnée par la matérialisation de ce risque – qui dépend de la composition du patrimoine/portefeuille.

Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, il faudra sans doute avoir une allocation or plus élevée pour un patrimoine financier fortement exposé en obligations (non indexées sur l’inflation, et fortement exposées au risque inflationniste) que pour un patrimoine davantage exposé en actions (particulièrement en actions d’entreprises avec un bon pricing power, donc capables de répercuter une hausse des prix de leurs intrants sur leurs clients).

Une autre façon de raisonner que j’utilise personnellement, c’est une interprétation « sociale » du patrimoine : je compare mon portefeuille boursier à la capitalisation boursière mondiale (ou bien mon patrimoine net à l’ensemble des actifs dans le monde) ; cela me donne une « part de marché » x%. J’applique ce pourcentage x% à la masse globale de l’or dans le monde pour avoir une idée de mon allocation cible sur l’or. Ainsi, si je me trompe dans ma vision macro et que le système des devises fiat s’effondre, un retour à un système métallique or n’affecterait pas trop ma position sociale (telle qu’elle est reflétée par mon patrimoine).

Dernière modification par Scipion8 (01/12/2021 19h24)

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[+4]    #7 02/12/2021 21h18

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@Doubletrouble : Oui, les agents économiques, selon leurs conditions économiques et patrimoniales particulières, selon leur psychologie propre et leur histoire nationale ou familiale, ont des niveaux variables de sensibilité à l’inflation.

Mais la banque centrale est au service de la société dans son ensemble : elle n’est pas dans une tour d’ivoire, aveugle aux effets de ses décisions sur la vie des citoyens. C’est exactement le contraire : la banque centrale évalue non seulement les effets de ses mesures sur son objectif principal - l’évolution des prix à la consommation - mais elle est évidemment aussi attentive à leurs effets sur les conditions de vie, l’emploi (s’agissant de la Fed, le plein emploi est même un objectif explicite, ce qui lui présente actuellement un défi puisque l’inflation est élevée mais l’emploi n’est pas à son potentiel), les éventuels effets secondaires sur les prix des actifs (par exemple l’immobilier), ainsi que les éventuels effets redistributifs (= les risques d’aggravation des inégalités économiques).

Pour évaluer l’effet de ses mesures, la BCE commence typiquement par regarder leur impact sur les taux de financement de l’économie, à différentes maturités :

Ce graphique montre les effets des principales mesures de la BCE : (i) une baisse du taux directeur, (ii) la communication sur le niveau futur des taux (forward guidance), (iii) une baisse du taux de la facilité de dépôts (DFR, deposit facility rate - actuellement à un taux négatif de -0,50%), et (iv) le QE (APP, asset purchase program). Au passage : on voit que ces différentes mesures ont des effets différenciés sur la courbe des taux, ce qui permet à la BCE d’estimer le "cocktail" optimal de ces mesures pour obtenir l’effet qu’elle souhaite sur l’ensemble de la courbe de taux.

Le QE a ainsi un impact important sur la courbe des taux, particulièrement dans sa formule étendue lors de la pandémie :

D’où l’importance pour les banques centrales d’avoir une approche graduelle de la réduction de leur QE (tapering), afin d’éviter un resserrement brutal des conditions monétaires qui pénaliserait l’activité économique.

On peut ensuite estimer l’impact des différentes mesures sur l’inflation et la croissance du PIB. On voit par exemple qu’il faut des volumes massifs de QE pour avoir un impact significatif sur l’inflation (cf. les difficultés pour la BoJ de sortir le Japon de la déflation, une fois qu’elle s’était enracinée). Vous voyez au passage que la BCE ne se contente pas des évaluations de ses propres économistes ; elle fait une méta-analyse des analyses publiées :

(TLTRO = Targeted Longer-Term Refinancing Operations, opérations de refinancement ciblées de (très) long-terme, une autre mesure non-conventionnelle de la BCE)

Ensuite on évalue l’impact des mesures de politique monétaire sur le marché du travail : pas seulement l’impact agrégé, mais l’impact différencié selon les catégories de revenus. Par exemple ici en Finlande, on voit que c’est l’emploi des catégories les plus pauvres qui a le plus bénéficié du QE :

Cet impact positif sur l’emploi des catégories les plus modestes, aussi observé dans les autres pays de la zone euro, se traduit évidemment par une hausse des revenus des plus modestes :

Donc avant de mettre fin au QE, il faut être sûr que la pression inflationniste est de nature structurelle et non transitoire, car un resserrement monétaire prématuré se traduirait par des pertes d’emplois pénalisant d’abord les plus modestes.

La BCE analyse les autres effets secondaires possibles de ses mesures, par exemple :

- leur impact sur les prix immobiliers (sur la base de modèles) :

- le risque de prolifération de firmes "zombies" non-profitables, ne survivant que grâce aux taux bas :

- la distribution des patrimoines des ménages : on voit encore que l’effet positif de reprise de l’emploi pour les ménages pauvres est proportionnellement plus important que l’effet de richesse (via l’augmentation des prix des actifs) pour les ménages riches.

Bref, c’est juste complètement faux de dire que la banque centrale serait aveugle et séparée des réalités de la société, alors qu’elle est précisément à son service, et que beaucoup de ressources sont consacrées à évaluer tous les effets des mesures de politique monétaire, sous tous les angles.

Et quand on regarde les faits, on constate que les intuitions et les yakafokon assénés avec certitude, et sans le moindre travail, par les M. Michu sont généralement à côté de la plaque. C’est ce qui justifie d’ailleurs l’indépendance de la banque centrale, qui rend compte aux pouvoirs démocratiquement élus, mais opère à l’abri (autant que possible) des injonctions démagogiques.

S’agissant de la perspective de l’investisseur particulier, perso je rejoins entièrement l’opinion de Warren Buffett (même si par déformation professionnelle je passe trop de temps sur la macro) :

Forming macro opinions or listening to the macro or market predictions of others is a waste of time. Indeed, it is dangerous because it may blur your vision of the facts that are truly important.

Cela dit, si une petite inflation transitoire fait perdre le sommeil à un investisseur particulier, c’est bien normal qu’il envisage de calibrer sa protection anti-inflation (or, obligations indexées sur l’inflation etc.) à hauteur de son angoisse. 1% (comme c’est mon cas), 3%, 5%, ou 10% du patrimoine financier, c’est une question de subjectivité personnelle. Au-delà, je pense que c’est une erreur, en raison du coût d’opportunité important de la détention de ces hedges.

PS : Sources des graphiques :
- Assessing the efficacy, efficiency and potential side effects of the ECB’s monetary policy instruments since 2014
- Employment and the conduct of monetary policy in the euro area
- Quantitative easing did not increase inequality in the euro area

Dernière modification par Scipion8 (02/12/2021 21h21)

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[+7]    #8 10/12/2021 17h38

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Réveiller par le poste de IH je viens de voir qu’il y avait eu beaucoup d’activité sur cette file et plein de poste intéressant ou j’aurais aimé répondre. Mais comme il est un peu tard, que je n’ai pas beaucoup de temps et que c’est des sujet un peu HS, je vais aborder que les principaux

Scipion j’adore vos commentaires et vos explications sur les raisonnent des soutient de la politique monétaire actuelle. Cependant j’aimerais vous faire une critique qui risque de ne pas plaire. Dans ce commentaire et dans d’autre dans le passé vous commentez la même erreur que vous reprochiez aux théorie alternative sur le COVID et le vaccin. Vous affirmez sur un sujet où vous n’avez aucune expertise des opinions allant à l’encontre du consensus actuel chez les spécialistes de ce domaine en prenant un fait, une statistique ou une étude qui va dans votre sens (et qui est relayé par des journaux réputé par leur désinformation sur le domaine). Et dans votre cas c’est d’autant plus dommageable que la désinformation se fait au milieux de commentaire sur des sujets où vous avez une expertise, ce qui a tendance à brouiller un peu les choses.
Par exemple vous affirmer ici (et dans d’autre commentaire) que les inégalité baisse, alors que tous les chercheur (pas seulement pikety), institution et association qui étudie la question disent qu’elles augmentent. Pour affirmer cela vous vous appuyer sur la baisse de l’indice de gini. C’est un argument relayé par des médias réputé pour leur peu de qualité sur les science social (mais de bonne qualité dans d’autre domaine) comme le point.

Cependant un simple passage sur Wikipédia permet de comprendre que les créateurs de l’indice de gini eux même disent que leur indice ne permet pas de mesurer les inégalités. Ou plus précisément il permet de mesurer une composante des inégalités et non les inégalités.
Si on simplifie l’indice de gini permet de mesurer le pourcentage de la population dans la classe moyenne et la dispersion au sein de la classe moyenne. Si la moitié des ouvriers au SMIC monte en grade et rejoint la classe moyenne alors l’indice de gini va indiquer une baisse des inégalités. Mais si le salaire des patrons explose ou que le nombre de millionnaire double alors l’indice de gini ne va quasiment pas bouger. L’indice de gini mesure essentiellement ce qui se passe au milieux de la société et non ce qui se passe au bord. Il ignore ce qui arrive au 10% les plus riche et au 10% les plus pauvre. Ou plutôt ce qui arrive au 80% restant a beaucoup plus de poids dans l’indice. Ce que montre l’indice de gini c’est que ses dernières année le niveau de vie et le patrimoine des cadres s’est rapproché de celui des employés de base ou que la classe moyenne s’est agrandit au détriment des autres classes. C’est une information intéressante mais quand on parle de hausse des inégalités on parle plutôt de la concentration du capital productif entre quelques mains et de la hausse des rémunérations des ultra-compétents (PDG, ingénieur en IA,…)
Si on fait une analogie avec un domaine que vous connaissez bien dire que les évolutions de l’indice de gini mesurent les évolutions des inégalités c’est comme de dire que l’évolution des prix du pétrole permet de mesurer l’inflation. Le prix du pétrole est un prix important mais ça n’est qu’un prix parmi plein d’autre. L’indice de Gini ne mesure qu’une composante parmi d’autre des inégalités.

Sinon en vrac j’ai vue des gens cité la théorie d’adam smith sur l’origine de la monnaie (d’abord le troc, ensuite l’or, ensuite la dette). Cette théorie est très séduisante mais elle a 200 ans et depuis nos connaissances sur le domaine ont évolué. Les archéologues se sont demandé quand la monnaie et l’utilisation de l’or était apparue et comment se passait la vie dans les civilisations postérieures. Et les anthropologues ont été étudié des civilisations dite primitives. Ils s’attendaient à faire des observation conforme à la théorie de Smith mais à leur grande surprise elle était complétement fausse.
Les dettes et les taux d’intérêt sont apparus bien avant la monnaie ou l’utilisation de l’or. En fait l’utilisation de la monnaie a été imposé par les monarque des premiers grands empires grec, perse, chinois et indien afin d’administrer des royaumes d’une taille jamais vue avant et imposer leur volonté à des paysans qui ne savait même pas qu’ils avaient un nouveau roi. Ce n’est pas quelque chose qui a émergé naturellement des marchés et d’un besoin de commercer. Aucune civilisation primitive ou antique n’a utilisé le troc un jour de sa vie. L’idée même d’un concept aussi peu pratique que le troc paraissait absurde au civilisation primitive rencontré. Si vous voulez en savoir plus il parait que « Dette : 5000 ans d’histoire » est un bon résumé des études sur le sujet même si l’auteur s’égare parfois à y défendre ses idées très à gauche (je ne l’ai pas lu personnellement mais on me la toujours chaudement recommandé autant pour la perspective de gauche que pour l’exposé scientifique)

Je vais terminer en abordant un sujet un peu plus politique et subjectif :
Vous avez beaucoup parlé de démocratie sans jamais définir ce qu’est la démocratie et pourquoi ce serait désirable. D’après le classement d’Aristote d’où est tiré la définition du mot démocratie (qui sera celle par défaut du mot démocratie jusqu’à la révolution française et donc celle qu’on en tête rousseau, voltaire et les députés du tiers état en 1789) il y a 3 type de régime :
•    La monarchie qui regroupe tous les régimes ou les décisions sont prise par une seul personne (éventuellement conseillé par une assemblé)
•    L’oligarchie ou les décisions sont prise par une minorité
•    La démocratie ou les décisions sont prise par tous

A l’époque le mot démocratie est synonyme de démocratie direct. Ce n’est qu’à partir de la révolution que le sens courant du mot démocratie va changer. Certaines personnes pensaient que la démocratie directe était le régime le plus justes mais que s’il était applicable dans une ville grecque de quelque millier d’habitant ayant des esclaves, il était impossible dans un pays de plusieurs millions d’habitant sans esclaves.
Pour résoudre ce problème ils vont inventer la démocratie représentative. Le pouvoir n’est pas entre les mains du peuple mais entre les mains d’une oligarchie. Cette oligarchie est choisie de maniéré à ce que ses décisions soient le plus proche possible de celles que l’on aurait pris en démocratie direct. Pour l’instant tout est logique et tout fait consensus mais au moment de choisir comment faire concrètement il va y avoir des dissensions. Dissension qui ne vont pas être aidé par le fait qu’il y a des gens très hostile à la démocratie et qui vont se faire passer pour démocrates.
Mais en gros, le résultat c’est que l’on a les partisans de la démocratie qui veulent que le pouvoir soit entre les main d’un panel de citoyen représentatif idéologiquement qui change régulièrement et dont les actes sont publics et reporté par la presse. En gros un parlement élues à la proportionnel renouvelé à date régulière. C’est ce qu’aujourd’hui on appelle le parlementarisme et qui est le modèle dominant en Europe de l’ouest (Allemagne, Espagne, suède, Angleterre,..). Avec les connaissances de 1789 cela pouvait être considéré comme un régime démocratique mais avec les connaissances actuelles sur comment les gens vote et comment fonctionne l’accès au média et au poste à responsabilité dans les parties on obtient un système qui se comporte de la même manière que le régime défendu par les libéraux de l’époque : une ploutocratie ou démocratie censitaire ou seul les riches ont le droit de voter et d’être élue(mais pas du tout comme une démocratie direct). Pour remédier à ses problèmes des propositions comme tirer au sort les assemblés ont été proposé par les rares personnes encore partisane de la démocratie direct mais qui la juge inapplicable.

Et dans ses personnes je ne compte pas Etienne chouard qui maintenant défend le deuxième grand type de régime issu de la révolution française : la démocratie plébiscitaire aussi appelé bonapartisme, régime autoritaire ou Gaullisme. C’est le régime de la Turquie d’Erdogan de la Russie de poutine et de la France depuis le coup d’état militaire de 1958. Dans ce régime le pouvoir est concentré entre les main de la personne ayant la base électorale la plus large (souvent cette base est inférieure à 40% de la population). Le parlement est entièrement sous le control du dirigeant (ou n’a aucun pouvoir) et n’a jamais vocation à être représentatif de quoi que ce soit si ce n’est des soutient du dirigeant. On garde les symbole d’une démocratie ou d’un régime parlementarisme mais on a un fonctionnement monarchique (d’après la définition d’Aristote).

Edit : je rajoute que si à partir de la révolution on a plein de régime qui s’appelle démocratie+ adjectif c’est parfois pour signaler que le régime défendu est une  adaptation du concept de démocratie direct au réalité d’un pays de puiseur millions d’habitant (un compromis entre démocratie direct et centralisation). Mais c’est souvent juste un enrobage marketing pour faire croire que l’on est démocrate. A l’époque les partisans la démocratie censitaire ou plébiscitaire n’était pas des partisans de la démocratie direct. Même si elle avait été possible il n’en aurait pas voulut. Mais ils voulaient les voie et le consentement des partisans de la démocratie.

Dernière modification par DecroissanceNoire (10/12/2021 17h51)

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Favoris 1   [+14]    #9 11/12/2021 23h12

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@DecroissanceNoire : Je reconnais bien volontiers que je n’ai pas d’expertise particulière en matière d’inégalités. En revanche, je sais lire des tableaux statistiques - sans doute mieux que beaucoup de spécialistes de "sciences sociales" (expression qui personnellement m’a toujours semblé douteuse, mais bon j’ai un biais d’ingénieur).

S’il y a des experts en France sur la mesure des inégalités, il ne s’agit ni de M. Piketty (qui fait surtout de la politique et a des livres à vendre), ni de tous ceux qui en font un business alimentaire (on gagne toujours mieux sa vie en dramatisant les problèmes qu’en disant la vérité) : il s’agit de l’INSEE - je suis un consommateur avide de leurs productions, comme cette édition 2021 des Revenus et patrimoine des ménages : eux ne font pas de politique, ils ne touchent pas des subventions pour récompense de discours alarmistes et larmoyants, ce sont comme moi des fonctionnaires qui font honnêtement leur travail, ils se contentent de compiler les données et d’en fournir objectivement des éléments d’interprétation.

Je suis bien d’accord avec vous sur les limitations de l’indice de Gini : c’est un indicateur synthétique d’inégalité d’une distribution ; son caractère synthétique est sa force autant que son insuffisance : des distributions très différentes peuvent avoir un même indice de Gini. C’est pour cela que l’INSEE le complémente systématiquement par d’autres indicateurs, comme des rapports interdéciles, des parts dans les masses de niveau de vie (ou de patrimoine) détenues, et d’autres ratios calculés sur ces masses.

Que trouve-t-on dans cette dernière étude de l’INSEE ?

1) Non seulement l’indice de Gini sur le niveau de vie (= revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation) est stable sur longue période, mais c’est aussi essentiellement le cas des autres indicateurs d’inégalité (sur certains, on voit une légère tendance à l’avantage du premier décile de la distribution, mais cette tedance s’est stabilisée depuis 10 ans).


2) La France est moins inégalitaire que le reste de l’UE - d’ailleurs plus nettement encore sur les rapports interdéciles et comparaison des masses de niveaux de vie que sur l’indice de Gini :

A fortiori la France est évidemment bien moins inégalitaire que les USA :

3) La redistribution par l’Etat a un effet très important sur la réduction des inégalités en France (d’ailleurs un effet assez stable au fil du temps, ce qui relativise l’importance sur ce plan des alternances politiques) :

4) Le taux de pauvreté (calculé sur la base du nombre de personnes sous un seuil de 50% ou 60% du niveau de vie médian) est assez stable sur longue période :

5) L’intensité de pauvreté (= l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté) est elle aussi stable sur longue période (à nouveau grâce à l’effort de redistribution) :

6) Les indicateurs matériels (et non monétaires) de pauvreté sont également stables (on parle de grande pauvreté "quand elle affecte pluisieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible) :

7) En moyenne, les ménages français se sont massivement enrichis ces 20 dernières années (en partie grâce à l’appréciation des biens immobiliers - dont je reconnais bien volontiers qu’elle a évidemment différencié selon la situation des ménages) : presque 4 années de revenus disponibles nets gagnées en 20 ans !

8) Des indicateurs complémentaires sur la situation des ménages montrent que la part de ceux qui arrivent à épargner tend à augmenter ces dernières années, alors que la part de ceux qui s’endettent ou puisent dans leurs réserves baisse (effet sans doute largement dû à la pandémie et aux confinements, certes) :

9) Il est toujours possible en France de grimper les déciles de la distribution du patrimoine net, même quand on part d’en bas : difficile néanmoins d’en dire plus sans données sur longue durée et sans comparaison internationale :

Perso, si je mets bout à bout l’ensemble de ces éléments, ma conclusion est claire :
1) Il n’y a pas d’aggravation des inégalités en France depuis 20-30 ans - la plupart des indicateurs sont stables.
2) La redistribution opérée par l’Etat réduit considérablement le niveau d’inégalité.
3) La France est moins inégalitaire que la plupart des autres pays européens et occidentaux.
4) Les ménages français se sont considérablement enrichis depuis 20 ans.


A mon avis, ce qui disent le contraire malgré l’évidence des chiffres ont quelque chose à vendre ou à gagner : des livres, des subventions publiques, une vertu plus apparente, une visibilité médiatique, des points aux élections… Tout cela, cher DecroissanceNoire, représente des biais bien plus dangereux que les insuffisances de l’indice de Gini.

Dernière modification par Scipion8 (11/12/2021 23h35)

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Favoris 2   [+3]    #10 12/12/2021 08h33

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Pour compléter les analyses précédentes 

voir notamment mon message datant de 2010 sur l’équilibre inflation/déflation, qui me semble toujours valide, complété par celui-ci qui discute de l’impact déflationniste du vieillissement démographique, de la mondialisation, et du progrès technique, et  celui-là sur ce qu’ajoute la crise Covid-19

où j’ai identifié différents facteurs déflationnistes qu’on "subit" depuis des décennies (démographie, mondialisation, progrès technique, etc.), je pense qu’il serait utile d’évaluer (voire quantifier) l’impact potentiel de quelques plus récents facteurs inflationnistes (je ne prend pas en compte l’impact des perturbations dues au Covid-19, qui devraient être transitoires) :

   [A] la transition énergétique (nécessaire en raison du changement climatique,  plus que par l’épuisement prochain de certaines ressources) (sans oublier que d’autres conséquences du changement climatique pourraient être inflationnistes);

   [b] l’émergence de monopoles de fait (les GAFAM, mais pas que, par exemple bien plus de matières premières semblent contrôlées par un tout petit nombre d’acteurs);

   [C] la concentration des compétences les plus recherchées parmi un pourcentage plus réduit de "talents" (quand avant, la tendance semblait être à avoir de plus en plus de personnes suffisamment formées pour ces jobs).

EDIT: On pourrait même en ajouter un 4ème, suggéré par IH :
   [D] démondialisation et augmentation des salaires dans les pays émergents

Je suis bien incapable d’en évaluer l’impact, et si c’est de nature à changer l’équilibre inflation/déflation.

Sinon, pour référence, et pour ceux qui voient (ou pas) dans les choix des banques centrales la source d’une future inflation, je vous suggère de relire la discussion commencée il y a une décennie Quantitative Easing : inflation, hyper-inflation ou déflation ?.
Et, pour prendre un peu de recul sur l’inflation, et comment s’en protéger, il y a diverses discussions du forum à relire : Placement anti-inflation et sans risque de perte en capital ? ou Inflation des coûts des matériaux de construction ? ou Fonds Euros et inflation : les fonds Euros protègent-ils de l’inflation ? et Inflation INSEE vs inflation réelle vs inflation perçue ou La ruine du rentier : êtes-vous protégé ? ou Le rentier et la déflation : impact d’une déflation sur la rente ? ou Placement en corrélation avec les taux d’inflation ou déflation ? et Une inflation durable ou non, telle est la question !  (et même Inflation et baisse des prix de l’immobilier : est-ce possible ? ).


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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Favoris 1   [+12]    #11 05/02/2022 18h28

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Certains ici sont plus enclins à la critique stérile qu’à la proposition constructive…

1) Aucune prévision macroéconomique - pas plus celles de la banque centrale que celles des meilleurs économistes - n’est parfaite. Evidemment les banques centrales font de leur mieux pour prévoir l’évolution du PIB et de l’inflation. Dans un contexte de pandémie sans précédent, j’imagine que ce n’est pas très facile. Sur le long-terme, les banques centrales visent surtout à produire des prévisions macroéconomiques sans biais, c’est-à-dire que la moyenne arithmétique de leurs prévisions doit être proche de zéro sur longue durée.

S’agissant du pétrole (j’y reviendrai), comme chacun sait la prévision est extrêmement difficile, et les banques centrales se reposent généralement sur les prévisions du marché (les futures).

Et surtout : si vous avez une capacité de prévision économique supérieure, tirez en avantage sur les marchés au lieu de chouiner ! C’est quand même incroyable de voir que ceux qui prévoient une flambée inflationniste n’en tirent pas avantage : tous les produits financiers sont librement à votre entière disposition : obligations indexées sur l’inflation, futures sur le pétrole et autres matières premières, or etc. C’est la responsabilité de chaque investisseur - pas de la banque centrale ! - d’aligner son patrimoine ou portefeuille avec ses convictions ou ses craintes.

2) Cela peut sembler incroyable mais l’influence de la BCE sur les prix du pétrole est proche de zéro. Une fois pour toutes : ce n’est pas le job d’une banque centrale de réguler les prix du pétrole. Si vous souffrez des prix à la pompe, n’accusez pas la banque centrale ou l’Etat - qui n’y peuvent absolument rien - mais envoyez plutôt vos doléances au secrétariat de l’OPEP à Vienne ; on ne sait jamais, une poussée d’humanisme pourrait les conduire à augmenter leur production.

Actuellement la poussée inflationniste est largement due aux prix de l’énergie - qui sont presque entièrement exogènes aux pouvoirs publics en Europe. Il faut que les petits génies qui critiquent la BCE m’expliquent en quoi un resserrement de la politique monétaire de la BCE ferait baisser significativement les prix de l’énergie.

3) Que proposez-vous CONCRETEMENT ? C’est très bien de critiquer, mais à un moment donné il faut expliquer clairement ce que vous proposez. Un resserrement monétaire en pleine pandémie, c’est ça votre bonne idée ? Quels en seraient les effets ? (1) Aucun effet (strictement zéro) sur les prix de l’énergie + (2) un impact défavorable sur les entreprises et sur les ménages qui ont besoin de s’endetter (par exemple pour acheter une résidence principale). En quoi il s’agirait d’une bonne idée, vous m’expliquez ?

4) Ne pas sur-réagir à la volatilité de l’inflation courante due aux prix de l’énergie et autres facteurs exogènes volatils (matières premières, alimentation), c’est le B.A.BA du banquier central. L’inflation courante est volatile, c’est comme ça, il faut l’accepter une fois pour toutes - car elle intègre des composantes exogènes très volatiles.

Aujourd’hui comme hier, cette volatilité de l’inflation courante ne remet pas en cause l’ancrage des anticipations d’inflation, c’est-à-dire la stabilité de la monnaie, dont la banque centrale est la gardienne. Aujourd’hui les anticipations d’inflation dans la zone euro sont solidement ancrées près de la cible de la BCE. En moyenne de long-terme depuis la création de la zone euro l’inflation est INFERIEURE à la cible de la BCE (1,6% vs 2%) : c’est ça la réalité des chiffres.

5) Ce sont les anticipations d’inflation, et non l’inflation courante, qui déterminent si une monnaie est stable ou pas. L’apprenti rentier sur ce forum doit tenir compte de l’inflation future pour calculer si son patrimoine l’autorise à prendre une retraite anticipée (par exemple). Pour ce calcul, vous ne le verrez pas prendre les derniers chiffres de l’inflation courante (très volatile), mais 2%, le plus souvent. Pourquoi ? Parce que les anticipations d’inflation des agents économiques sont ancrées à ce niveau - la cible de la BCE - pas par l’opération du Saint-Esprit, mais parce qu’il y a une banque centrale crédible qui fait le job. C’est ça la mission de la BCE - ce n’est pas de creuser des puits de pétrole.

6) Bien sûr il y a un lien entre l’inflation observée et les anticipations d’inflation : on observe que les agents économiques font une moyenne de l’inflation courante sur les dernières années, et forment ainsi leurs anticipations d’inflation pour le futur. C’est ce qui justifie l’attention de la banque centrale sur l’inflation courante : si elle dévie trop, et pendant trop longtemps, de sa cible (2%), alors ces déviations pourraient finir par déstabiliser les anticipations d’inflation. Aujourd’hui, ce n’est clairement pas le cas, ni en Europe ni aux USA, mais les banques centrales sont attentives à l’ampleur et à la durée de ces déviations. C’est ce qui justifie le resserrement monétaire par la Bank of England (j’y reviendrai) et les hausses de taux annoncées par la Fed.

7) Une réaction trop précoce à une poussée transitoire d’inflation due aux prix du pétrole a déjà causé une erreur de politique monétaire en zone euro dans le passé. Si vous voulez savoir à quoi ressemble une erreur de politique monétaire (le graphique du haut montre l’inflation HICP dans la zone euro, le graphique du bas le taux directeur de la BCE) :

L’erreur de politique monétaire se manifeste quand la banque centrale change son taux directeur dans un sens avant de devoir rebrousser chemin quelques mois après. C’est l’obsession du banquier central d’éviter ce genre d’erreurs, et j’imagine que beaucoup à la BCE réfléchissent à ce précédent malheureux.

En 2011, sur fond de forte reprise économique mondiale après une récession majeure (la crise systémique mondiale de 2007-2009), les prix du pétrole avaient flambé, suscitant comme aujourd’hui une poussée inflationniste. Comme aujourd’hui, la presse, les pouvoirs politiques, les apprentis experts sur les forums, se disaient "mais que fait la BCE ?". Comme aujourd’hui, ceux qui au sein de la zone euro ont une forte aversion à l’inflation (notamment les Allemands, j’y reviendrai) poussaient fortement pour un resserrement monétaire - malgré la crise de la dette souveraine dans la zone euro qui avait commencé en Grèce en 2010 avant de se propager au Portugal et à l’Irlande en 2011 (puis à l’Espagne et à l’Italie en 2012). Tout cela a conduit la BCE à augmenter son taux directeur (2 fois), avant de devoir faire rapidement et massivement machine arrière car la crise de la dette souveraine ne cessait de s’aggraver. On peut dire a posteriori que c’était une grosse erreur de politique monétaire (moi je le disais à l’époque).

J’invite tous ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur ticket de caisse à réfléchir un peu. Le contexte actuel présente beaucoup de similarités avec 2011 : fort rebond économique mondial, flambée des prix de l’énergie suscitant une inflation transitoire, dette publique massive après une récession douloureuse. Ce n’est dans l’intérêt de personne qu’un resserrement monétaire trop précoce, alors que le virus est toujours là, ressuscite des tensions sur la dette souveraine, par exemple. La tâche de la BCE n’est donc pas si facile que le proclament les experts en yakafokon du forum : il lui faut analyser le caractère transitoire ou plus durable de l’inflation, le rôle exact des facteurs exogènes, la transmission aux salaires, les risques pour la stabilité financière, pour le marché du travail, pour la dette publique etc. Perso la prudence attentive de Mme Lagarde me semble tout à fait justifiée dans ce contexte.

8) Même si c’est évident, je le précise parce que manifestement certains semblent l’ignorer : des taux d’intérêt plus élevés, ça représente des projets en moins pour les entreprises et les ménages, donc du chômage, donc des morts. En fait on peut calculer approximativement combien de personnes une hausse de taux de 25 points de base va tuer. La mortalité augmente avec le chômage (pbs cardiaques, psychologiques, suicides etc.).

Donc il ne faut monter les taux que quand c’est nécessaire pour préserver la stabilité monétaire (l’objectif et le mandat constitutionnel de la banque centrale) - pas pour faire plaisir aux apprentis banquiers centraux des forums. Et peut-être que c’est bientôt le cas aux USA et en Europe : la déviation de l’inflation courante par rapport à la cible est telle que ça justifie de réfléchir à un resserrement monétaire, même si la pandémie n’est pas encore finie.

9) Une différence importante entre aujourd’hui et 2011, c’est le QE de la BCE : la BCE dispose donc de 2 outils pour resserrer graduellement sa politique monétaire - le taux directeur et le portefeuille de QE (en réduisant progressivement sa taille). Cela sera intéressant d’observer dans quel ordre elle procède - et là encore cela n’a rien de simple, contrairement aux yakafokon des donneurs de leçons.

10) Au sein de la zone euro, une inflation dépassant temporairement de la cible de la BCE est favorable à la France. L’inflation a des effets redistributifs, au sein d’une société, comme au sein de la zone euro.

Imaginons une société constituée d’une cigale et d’une fourmi, avec un seul bien de consommation, des graines, et une devise, l’euro. Au début 1 graine vaut 1 euro. La cigale et la fourmi trouvent/produisent 2 graines par an chacune. La fourmi en consomme 1 et en épargne 1, qu’elle convertit en 1 euro sonnant et trébuchant sur le marché des graines. La cigale en consomme 2 et voudrait bien en consommer une 3e. Pour ce faire elle demande un prêt d’1 euro à la fourmi, qui y consent. Le patrimoine de la fourmi en fin d’année, c’est donc un prêt d’1 euro (équivalent à 1 graine) à la cigale. Le patrimoine de la cigale, c’est un emprunt d’1 euro (équivalent à 1 graine) auprès de la fourmi. Donc en termes réels, la fourmi est riche de l’équivalent de 6 mois de recherche de graines, et la cigale a une dette équivalent à 6 mois de recherche de graines.

Soudain une pandémie trouble la recherche des graines, et fait s’envoler le prix des graines sur le marché international des graines. Désormais 1 graine coûte 2 euros. En termes réels, le patrimoine de la fourmi ne représente plus qu’une demi-graine soit 3 mois de recherche de graines, alors que la dette de la cigale s’est allégée de façon symétrique.

Au cas où ça ne serait pas clair : dans la zone euro, la cigale, c’est nous (la France) ! En termes macroniens, on appelle ça le "quoi qu’il en coûte". Du point de vue de la dette publique française, la situation optimale ce sont (1) des taux d’intérêt faibles et (2) une inflation dépassant un peu la cible de la BCE (sans compromettre la stabilité monétaire). C’est EXACTEMENT la situation actuelle, d’autant plus que l’inflation chez nous est inférieure à celle de nos voisins. Notamment nos voisins allemands (les fourmis) qui peuvent avoir le sentiment légitime que nous sommes en train de leur faire les poches. D’où la pression exercée par la Bundesbank et les autres "fourmis" pour un resserrement monétaire par la BCE…

11) Je ne dis pas que c’est ce que vise implicitement Mme Lagarde ou la BCE, mais historiquement une inflation légèrement surélevée de façon durable a été très efficace pour réduire la charge réelle de la dette publique après des chocs majeurs (par exemple la Seconde Guerre Mondiale au Royaume-Uni). A mon sens, il serait pertinent d’essayer de rapprocher graduellement la moyenne de long-terme de l’inflation dans la zone euro (1,6% depuis 1999) de la cible de la zone euro (2%).

12) Les banques centrales ont des définitions variables de leur cible d’inflation, ce qui conduit à des fonctions de réaction différentes face à des chocs (inflationnistes ou déflationnistes). Si le niveau de la cible est le même (2%) pour la Fed, la BoE et la BCE, l’implémentation de cette cible est différente :

- la Bank of England doit apporter une explication écrite au Trésor et au Parlement quand l’inflation courante dévie trop de sa cible de 2%, c’est-à-dire dès qu’elle tombe (même temporairement) sous 1% ou dépasse 3%. Cela explique que la BoE soit plus prompte à réagir que la BCE à des chocs inflationnistes transitoires ;

- la Fed fait une moyenne de l’inflation courante sur une fenêtre glissante (average inflation targeting) et détermine ainsi si l’inflation dévie excessivement de sa cible ;

- la BCE a une marge de manoeuvre plus grande, elle ne s’engage pas à intervenir si l’inflation courante ou la moyenne de l’inflation courante sur une fenêtre glissante dévie trop de sa cible.

Il y a tout une littérature sur la définition "optimale" des cibles d’inflation des banques centrales, et des débats sans fin sur le sujet entre praticiens. Un point important que je soulignerais, c’est que la définition optimale de la cible n’est pas forcément la même pour tous les pays. Cela dépend de multiples paramètres, comme la "contamination" (rapide ou lente) des anticipations d’inflation par l’inflation courante, le degré d’indépendance et de crédibilité de la banque centrale etc. La BCE est sans doute, pour des raisons institutionnelles, l’une des banques centrales les plus indépendantes au monde, ce qui justifie à mes yeux une plus grande marge de manoeuvre et une cible d’inflation moins spécifique (mais certains de mes collègues ne seraient pas d’accord avec moi sur ce point).

Dernière modification par Scipion8 (05/02/2022 18h45)

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[+7]    #12 11/02/2022 12h57

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InvestisseurHeureux, le 06/02/2022 a écrit :

Ce qui m’intéresse, c’est comment je mène ma barque dans le contexte ambiant, quelles sources d’information je dois prioriser, quels éventuels ajustements je dois faire en terme d’investissement, pour ne pas m’appauvrir et continuer à vivre la vie que je mène le + longtemps possible.

Pour le moment, ma conclusion est que les communications verbales des dirigeants des banques centrales résumées par la médiasphère ne doivent pas être ma source d’information privilégiée sur les anticipations inflationnistes…

Hier, chiffre d’inflation US : +7,5% sur an vs un consensus de 7,3% !

Quand Scipion nous montre des graphiques de consensus d’inflation à cinq ans dans cinq ans, je rigole !

Le marché ne sait même pas prédire à un mois près, alors dans quelques années.

Personnellement, je ne fais pas des messages de trois pages sur les forums, ni ne récupère 20 points de réputation par message, mais j’avais déjà écrit dans deux newsletters il y a + de 6 mois que l’inflation était le sujet, et que c’était pas le COVID :

IH, juillet 2021 a écrit :

Si vous pensez que la question économique numéro 1 actuellement est le COVID, je pense que vous vous trompez.

Bon an, mal an, l’économie s’est adaptée au COVID. Il y a des gagnants et des perdants, mais dans l’ensemble, ça fonctionne à présent, dans nos pays occidentaux en tout cas.

De mon point de vue, le point de vigilance numéro 1 est l’inflation.

Pourquoi ?

Parce que le niveau d’inflation futur et sa temporalité vont conditionner les actions des banquiers centraux, qui sont devenues déterminantes dans la valorisation des actifs financiers et immobiliers.

Or, l’inflation augmente. En Europe, "officiellement" on est toujours autour de 2%. Aux USA on est à 5,5%. Outch! Mais dans les deux zones l’inflation est sous-estimée, notamment car la composante immobilière est sous-représentée.

Source : Une inflation durable ou non, telle est la question !

Un mois plus tard, dans une autre newsletter, qui n’a suscité aucun commentaire, je donnais quatre scenarios.

Pas de bol, c’est le mauvais [pour nous investisseurs] qui pourrait être en train de se réaliser…

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[+5]    #13 02/03/2022 23h03

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Vide.

Dernière modification par TyrionLannister (29/03/2024 00h55)


A Lannister always pays his debt.

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Favoris 1   [+2]    #14 11/03/2022 10h51

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InvestisseurHeureux, le 10/03/2022 a écrit :

Pour archivage, fin 2024 je ressortirai le message :

Prévision BCE a écrit :

L’inflation annuelle devrait atteindre 5,1 % en 2022, 2,1 % en 2023 et 1,9 % en 2024 contre respectivement 3,2%, 1,8% et 1,8% auparavant.

La visualisation graphique de ces mêmes chiffres est intéressante, avec l’inflation sur longue période ainsi que les projections de septembre de la BCE.

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[+5 / -2]    #15 17/03/2022 07h44

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Helmuth Von Powell, le gouverneur de la banque centrale somnolait légèrement dans son fauteuil cet après-midi-là, le repas à base de choucroute avait été copieux.

Des bruits de conversation provenant de l’autre pièce le tirèrent de sa rêverie, sa femme de ménage discutait avec une autre personne, il fût intrigué et s’approcha.

La conversation portait sur le prix de l’essence et le coût de la vie.
Il retourna vers son fauteuil, en pensant : » Pfffff, les gens râlent à tout propos, ceci ne me concerne pas, le coût de la vie, le prix de l’essence, qu’y puis je ?

Il s’assit à nouveau en se rappelant une théorie farfelue  qu’il avait vu circuler sur le web reliant par on ne sait quel moyen, se dit-il, le pouvoir d’achat et les taux d’intêrets….absurde……

Il se rendormit paisiblement, après avoir toutefois augmenté, à l’aide de sa télécommande, les taux de 0,25 à 0,5 pts. A tout hasard se dit-il…..

Helmuth rêvait déjà lorsque sur son écrant de tv dont le son était coupé, défila un reportage sur le prix moyen des maisons dans le pays, le journaliste  signalait qu’en 2 ans les prix étaient passés de 320 K à 420K.

Median Sales Price of Houses Sold for the United States (MSPUS) | FRED | St. Louis Fed

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[+4]    #16 20/03/2022 13h06

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Dans un monde idéal, pour se protéger de l’inflation, je conseillerai à mes enfants :

- De tout faire pour exercer une profession indispensable à la société et très rémunératrice avec la possibilité d’augmenter leur rémunération en restant systématiquement au-dessus de l’inflation moyenne.
Idéalement, pouvoir exercer cette profession depuis n’importe quel endroit sur le globe.

- De s’endetter le plus vite possible dans un monde de taux bas et prix élevés des actifs afin de sécuriser leur immobilier d’usage par l’achat de leur résidence principale.

Ainsi, ils limitent leur exposition à l’inflation domestique.

- De réaliser des investissements locatifs à visée résidentielle (selon leurs capacités d’endettement) dans des villes où la tension immobilière est forte, idéalement des capitales mondiales (Paris, Londres, NY) afin que ces biens constituent des réserves de valeurs libellés dans d’autres devises que l’euro qui pourront toujours intéressés une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat.

- D’optimiser au maximum leur résidence principale pour tendre vers l’autonomie énergétique et limiter les coûts sur les postes de dépenses indispensables (chauffage, électricité) en étant propriétaire de terrains agricole et forestiers adjacents.

Ainsi, ils limitent leur exposition à l’inflation importée.

- D’investir dans le capital de bigs caps mondiales dont le chiffre d’affaires est réparti sur l’ensemble des continents, à pricing power démontré et moat étendu et durable, dans une stratégie buy and hold avec un mix ETF larges et titres vifs. Le tout en diversifiant les supports afin de ne pas être dépendants d’un seul intermédiaire bancaire ou financier.

- De maintenir un équilibre familial car on avance plus sereinement en couple que tout seul face à l’augmentation du coût de la vie.


"Il faut de la mesure en toutes choses" Horace.

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[+4]    #17 21/03/2022 10h47

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Le scénario "années 70" est celui qui vient en premier à l’esprit et il y est souvent fait référence donc je ne reviendrai pas dessus. Les scenarii d’hyperinflation du type République de Weimar ou Zimbabwe aussi… que j’espère ne jamais connaître… parce qu’alors il sera préférable de consulter un forum de survivalistes plutôt que d’investisseurs smile.

L’histoire montre que d’autres scenarii sont possibles, en tout cas au moins un qui est le scénario "années 40" (aux USA). Ce scénario s’est traduit par des poussées d’inflation fortes qui n’ont pas jugulées par des hausses des taux d’intérêt de la FED. Sans doute parce que l’économie US était très endettée, évidemment comme conséquence de la 2e guerre mondiale. A contrario, le niveau d’endettement dans les années 70 était assez contenu.



La situation actuelle me semble avoir pas mal de similitudes avec ce scénario "années 40" compte tenu du niveau d’endettement actuel colossal des économies développées. En effet, celui-ci atteint justement des niveaux jamais connus hors situation de guerre, en tout cas pour l’endettement des Etats.

Et il est intéressant de voir qu’historiquement au moins une fois nous nous sommes retrouvés dans un contexte macroéconomique dans lequel la banque centrale n’a pas "pu" ou pas "voulu" remonter ses taux malgré une inflation très forte. Dit autrement, la corrélation entre inflation et taux est loin d’être aussi robuste qu’on peur l’imaginer à la seule lecture du scénario "années 70".

Cela peut invalider certains raisonnements si la hausse des taux n’est finalement pas automatique : par exemple le fait que le cash détenu par des entreprises serait mieux rémunéré ou le fait qu’il faille s’endetter le plus vite possible (non limitatif, je reprends ce que j’ai pu lire précédemment).



Ce point de vue d’une analyste américaine qui expose en détail la situation économique des années 40-70 et fait le parallèle avec la décennie actuelle est disponible ici.

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[+6]    #18 22/03/2022 16h10

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Bonjour à tous,

Green, le 21/03/2022 a écrit :

Concerto a écrit :

Les matières premières reviennent souvent comme solution pour se protéger contre l’inflation mais je ne vois pas beaucoup de mise en pratique. Le secteur semble mal-aimé. Il faut dire que c’est compliqué et coûteux de s’exposer via des contrats futures.

Bonjour,

Il n’est ni difficile, ni particulièrement coûteux (à l’exception notable de l’exposition aux coûts de rollovers sur le long terme), d’investir dans les matières premières via des futures.

@Green: Ce que vous dites est incorrect, la maitrise des futures et des rolls (= du roulage) est au contraire très difficile. Ce n’est pas un acquis pour la vaste majorité des particuliers (je doute que l’on puisse même affirmer que 0.1% de ceux-ci soit conscients des risques), et il est à noter que c’est justement parce que c’est très complexe que les multinationales type ABCCD (ADM, Bunge, Cargill, Cofco, Dreyfus) dans les matières agricoles et les majors dans le pétrole et dans l’énergie possèdent des entités de trading.

Attention, il faut être bien conscient des risques et les maitriser avant de traiter sur ces marchés :

- risque de base (risque de décorrélation entre le marché du hedge et le marché du sous-jacent, comme cela s’est produit de manière extravagante sur le marché du coton en 2009 en envoyant les numéros 2 et 3 mondiaux au tapis en quelques semaines, et comme cela se produit régulièrement - plusieurs fois par mois - sur d’autres marchés),
- risque de structure (variation du contango ou de la backwardation) et maitrise des rolls (roulage de position d’une maturité à l’autre avant l’expiration),
- risque de liquidité pendant le roulage de la position (il n’y a guère plus que quelques traders spécialistes et des petits porteurs qui se font coincer dans les jours qui précèdent l’expiration d’une maturité, la majorité des acteurs étant sortis bien avant)

Par ailleurs, ce que vous citez comme une "exception notable sur le long-terme" n’est pas une exception, et ce n’est pas non plus à long-terme que cela se joue. Le variation de structure se forme tous les jours sur les marchés, c’est d’ailleurs cela que les traders traitent avec des spreads, et non pas le "flat price" (le prix de la matière à un instant t). La variation de structure peut vous coûter une fortune (ou vous rapporter beaucoup) à très court terme (parfois dans la journée, cf. le marché du diesel ces dernières semaines) et elle n’est pas simple à anticiper (sauf si vous avez des dizaines d’analystes, des centaines de milliers d’euros par tête à consacrer à des abonnements à des flux de données et des actifs qui produisent ou consomment ces ressources pour vous couvrir des risques).

Si l’on souhaite se "hedger" contre l’inflation à travers le marché des matières premières sur ses besoins en matières premières, il faudrait au minimum calculer son exposition par poste (diesel/essence, blé, huiles agricoles, …) et donc calculer la quantité de hedge à placer sur les marchés. Je pense que même en faisant cela, vous prendriez des risques dont vous n’êtes pas conscient ; vous couvrir en vendant du pétrole n’a pas de relation directe avec le prix que vous allez payer à la pompe par exemple.

Par ailleurs, investir dans ces marchés aujourd’hui revient plus à un trade qu’à un hedge contre l’inflation ; l’inflation étant déjà aggravée par la hausse drastique des matières premières, hedger votre position revient à prendre une position pour vous couvrir d’une nouvelle hausse, c’est à dire à fixer le prix au prix auquel il est aujourd’hui. Et si d’aventure vous souhaitiez "investir" pour profiter de l’inflation au lieu de vous hedger, vous seriez de toutes manières exposé aux même risques.

Il n’est donc pas souhaitable de recommander ce genre de trade à des non-professionnels.

Amicalement,
Ursule

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Favoris 3   [+2]    #19 23/03/2022 18h07

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Bonjour à tous,

Jaylis a écrit :

Existe t’il des ETF tout bêtement synthétiques qui reproduisent le cours du Brent comme on peut le voir affiché sur la plupart des sites.
(Alors effectivement c’est souvent des contrats futures que l’on voit affiché).

@Jaylis: Oui, il en existe une multitude, mais je vous mets en garde contre leur utilisation. Vous en trouverez chez votre broker habituel. Notamment, pour rester dans le sujet de la discussion, le rapport entre le prix du Brent et l’inflation qui vous touchera, et spécifiquement vous, me semble très difficile à établir.

Voici quelques points à garder en mémoire avant de vous lancer :

- Ce sur quoi vous pariez quand vous investissez sur le Brent ; pour vouloir reproduire le cours du Brent, il faut déjà s’intéresser à ce qu’il représente. Je vous suggère de lire ce post pour plus de détails. En résumé, le Brent ne représente pas une réalité physique particulière du marché mondial de pétrole, mais seulement le hedge imparfait (parce que perturbé par de multiples acteurs non-pétroliers) d’un panier de qualités de pétrole brut extraites en Europe. Vous pourriez tout à fait choisir d’investir dans le WTI par exemple. Ou bien dans le diesel ou l’essence. Quelles sont vos motivations pour l’investissement dans l’indice Brent ? Quelle est la raison qui vous pousse à prendre le pari que le Brent sera une bonne couverture contre l’inflation ?

- L’effet de la structure du marché sur l’indice ; dans la majorité des cas dans les matières premières, mais également sur le Vix par exemple, un indice est une représentation du marché futures ou options. C’est à dire qu’il subit les mêmes pressions de marché, et entre autres, celle de la structure. La structure est la "forme" que prend la courbe qui représente le prix de chaque maturité. Pour faire court, la maturité est (+/-) la date de livraison physique des contrats futures (ou de settlement des options). Si le pétrole brut est valorisé par le marché à 110 USD en mars, 105 USD en avril et 100 USD en mai, c’est qu’il anticipe une baisse de la tension offre/demande dans le futur. La courbe est descendante, ce qu’on appelle une backwardaton. A l’inverse, lorsque la courbe est montante, on parle de contango.

Un indice n’étant qu’une représentation à un instant t, il essaye le plus souvent de prendre en considération la structure dans son prix. Or, si vous souhaitez investir aujourd’hui dans un indice représentant un marché en backwardation, l’indice baissera avec le temps toutes choses égales par ailleurs (mêmes conditions de marché, même tension offre/demande). C’est à dire que si vous investissez dans un marché en backardation en achetant l’indice, un marché physique stable et sans volatilité ne vous garantira pas un mouvement nul sur le prix de l’indice. Et c’est normal ; le marché anticipe une baisse des prix, et votre indice représente l’ensemble de la courbe. Une fois que la livraison de mars sera passée, elle sortira du spectre de calcul de votre indice, qui be représentera plus que les maturités suivantes. Même chose pour avril, mai… Ce que cela signifie, c’est qu’il faut être convaincu que le marché montera plus que l’effet de la backwardation pour gagner.

- Le cours du pétrole est largement manipulé par l’OPEP et les différents pays producteurs. Les traders de pétrole eux-mêmes évitent de trader le "flat price" ou "prix outright", c’est à dire le prix du pétrole tel qu’on le voit à la télévision (par exemple 118 UD en ce moment). Et pour cause ; aucun trader et peu de majors sont au courant des délibérations de l’OPEP. Vous auriez beau avoir une analyste fondamentale parfaite à l’instant t, une réunion de l’OPEP peut vous faire sortir les pieds devant en faisant bouger la production de manière drastique. Nul ne peut anticiper ces variations de prix (sauf si vous aviez à tout hasard un oncle qui assiste aux réunions de l’OPEP en direct et une immunité totale aux délits d’initié). Traiter de cet indice, c’est donc un trade géopolitique, ce que je vous recommanderai bien de ne pas trop tenter (sauf en connaissance de cause).

On s’éloigne du sujet de l’inflation, je vous suggère de migrer sur une autre file si vous souhaitez plus d’informations à ce sujet. Celle-ci, citée plus haut me semble plus appropriée.

Amicalement,
Ursule

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[+3]    #20 30/03/2022 17h45

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Bonjour à tous,

@Concerto : Je vous réponds uniquement en ce qui concerne l’énergie et sur des principes généraux. Je ne connais pas le détail puisque je n’ai pas tiré l’analyse poste par poste (dans le cadre de mes fonctions, la partie "retail" n’était pas pertinente).

Concerto a écrit :

Les chiffres d’inflation à fin mars sont en train de tomber en Europe (même si cela m’étonne que des chiffres sortent aussi tôt, des estimations éventuellement révisées plus tard ?) :
- 7,3% en Allemagne (source)
- 9,8% en Espagne (source)

On ne sera évidemment pas sur ces niveaux en France (pour rappel on était à 3,6% à fin février selon l’INSEE).

Et je me demande ce qui explique l’écart. Est-ce uniquement liés aux prix de l’énergie et aux dispositifs de "boucliers" qui ont été mis en place en France ? Si certains se sont penchés moins superficiellement que moi sur la question, cela m’intéresse !

D’une part, je suis sceptique sur l’impact d’un "bouclier" sur l’inflation (s’endetter pour subventionner l’énergie auprès des ménages ne me semble certainement pas déflationniste), et d’autre part, tous les pays ont mis en place des mesures à ce sujet. Du moins, c’est ce qui a été affirmé, malgré le fait qu’il ne me semble pas que cela lutte contre l’inflation, mais seulement contre une partie de ses impacts, de manière limitée dans le temps et en ciblant certaines tranches de population.

Voici deux raisons (parmi d’autres) pour  expliquer les écarts de l’inflation (au delà de raisons plus générales sur l’état du pays et sa gestion) :

1. Le poids des différentes énergies dans le panier des consommateurs selon les pays.

En ce qui concerne l’impact des prix de l’énergie sur l’inflation, il est nécessairement dépendant de la consommation de ladite énergie par le pays étudié. Vous trouverez ci-dessous le mix énergétique (en 2019) des 27 pays :



Prenons les extrêmes pour illustrer le propos : Le Luxembourg et l’Islande (l’Islande ne fait pas partie du graphique mais tire son énergie à plus de 80% de la géothermie). Vous pouvez constater que les ménages Luxembourgeois comptent sur le pétrole et le gaz pour plus de 80% de leurs besoins. De leur côté, les ménages Islandais n’en utilisent pas du tout puisqu’ils produise l’essentiel de leur énergie par géothermie (cela aide d’être assis sur un volcan).

Prenons maintenant la situation dans laquelle l’Europe se trouve ; les prix du pétrole se sont envolés, (à fortiori le diesel, pour les raisons que ce message et les suivants expliquent), et avec eux les prix du gaz. L’impact d’une hausse de 10% des prix du diesel et du gaz serait de 6.2% sur le Luxembourg, et de 0% (modulo quelques effets de bord) sur l’Islande. Par ailleurs, lorsqu’une restriction de la disponibilité du gaz et du pétrole se fait sentir, il existe des effets de bord puissants qui font s’apprécier ceux du charbon.

Si l’on observe la France, l’Allemagne et l’Espagne maintenant :
- La France repose à 48% sur les produits pétroliers, le gaz et le charbon ;
- L’Allemagne à 77.9% ;
- L’Espagne à 74.1%.

Une hausse de 10% des prix de ces matières aurait un impact 77.9/48 = 62% plus important sur l’Allemagne et 74.1/48 = 54% sur l’Espagne par rapport à la France.

En d’autres termes, si l’impact d’une hausse de l’énergie (également répartie entre le pétrole, le gaz et le charbon (purement théorique) et si le % de l’énergie dans le panier du consommateur était le même dans ces pays (ce qui est purement théorique également, mais utile pour notre raisonnement)) était de 3% d’inflation en France, il serait d’environ 4.6% en Espagne et 4.86% en Allemagne. Gardons en mémoire que ce dernier paragraphe est un exercice très approximatif et théorique destiné à illustrer mon propos et donner un ordre de grandeur.

2. Le poids de l’énergie en général dans le panier du consommateur.

On sait donc qu’une hausse des prix du pétrole, du gaz et du charbon a un impact très différent sur chacun des pays en fonction de son mix énergétique. Mais il existe une problématique encore plus générale puisque l’impact sur l’inflation dépend également de la manière dont l’inflation est calculée, c’est à dire du panier moyen déterminé par la méthodologie propre à chaque pays reflétant au mieux les dépenses de ses administrés.

- Pour l’Allemagne, comme vous l’avez vu dans votre article, il s’agit de Destatis, l’organe statistique Allemand. Celui-ci indique dans son communiqué le % de l’énergie dans son panier moyen : 10.4%.
- Pour l’Espagne, je n’ai pas trouvé l’information sur le site de l’INE, qui semble grouper les loyers, l’eau et l’énergie dans la même tranche. Ceci étant dit, au vu du mix énergétique semblable à celui de l’Allemagne vu le pouvoir d’achat moins fort des Espagnols alors que les prix de vente de l’énergie restent identiques quelque soit le client/pays, je pense qu’il s’agit d’un poids plus important encore que pour l’Allemagne.
- Pour la France, d’après l’INSEE, il s’agissait de 5.7% des dépenses pour un ménage Français.

Les périmètres ne sont pas identiques d’un pays à l’autre et il faut rester prudent sur la précision des chiffres, mais pour donner une idée : une hausse générale des prix de l’énergie aura un impact 10.4/5.7 = 1.8x plus élevé sur le consommateur Allemand qu’il n’en a sur le consommateur Français (dont le portefeuille remercie le nucléaire au passage).

Il existe une multitude d’autres facteurs expliquant l’inflation, mais au titre de l’énergie, il semble qu’une des explications simples repose sur 1/ la différence de mix énergétique et 2/ la proportion de l’énergie dans le panier du consommateur (liée à la richesse par tête du pays dans lequel on vit). L’énergie n’est pas un fardeau pour tout le monde, et à fortiori la France fait partie des pays dans lequel l’énergie est bon marché.

Amicalement,
Ursule

Dernière modification par Ursule (30/03/2022 22h56)

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[+3]    #21 12/04/2022 14h53

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Tentative de mise en perspective de la situation actuelle :

   1- On a eu plusieurs décennies avec une inflation faible (et même une crainte de déflation), accompagnée d’une baisse progressive des taux d’intérêts (jusqu’à devenir négatifs), et un chômage endémique, sur fond de mondialisation; Pas mal de monde s’attendait à ce qu’un jour, les taux remontent. Moins de monde anticipait que le chômage serait bien moins un problème, ou que la mondialisation reculerait. 

   2- A présent, l’inflation semble repartir (un peu ou beaucoup, temporairement ou pour longtemps, selon le sentiment de chacun) sous l’effet de plusieurs facteurs qui ont rompu l’équilibre qui régnait au niveau de l’économie, en particulier : stop&go liés à la crise du Covid, hausse des prix de l’énergie, guerre en Ukraine et sanctions vs Russie (et les pénuries associées), freinage de la mondialisation (conséquence structurelle du Covid, entre autres), rareté des "talents" (qui pourrait alimenter une boucle salaires-prix), besoin de réagir au changement climatique (qui fait évoluer la valeur de pas mal de choses).

   3- On ignore encore si (et quand) l’économie va retrouver un nouvel équilibre, tenant compte du contexte modifié (y compris en payant au juste prix les "talents" dont elle a besoin et qui se font rares), et donc si l’inflation va largement se calmer, dans quelque mois/années. Tant qu’un tel équilibre n’est pas retrouvé, on peut considérer être en situation de crise (avec ses aberrations, temporaires, et peut-être que payer un chauffeur 110k$/an en est une), pendant laquelle, si certains acteurs arrivent à s’adapter vite, voire à tirer avantage du changement, d’autres (nombreux !) en subissent les inconvénients sans en percevoir de fruits, et voient donc leur vie devenir bien plus difficile (même si les états providences s’efforcent de limiter ceci).

    4- On ignore aussi le poids des forces de rappel qui tentent de ramener à la situation antérieure (taux bas, inflation faible, etc.), mais elles existent, même si actuellement elles ne semblent pas dominantes, mais il ne faut pas les négliger.

    5- Il serait paradoxal de se plaindre de ce changement, quand hier on se lamentait du fait que le chômage semblait un mal invincible (et mortifère pour la cohérence sociale), et qu’aujourd’hui les entreprises peinent à recruter, et que la problématique n’est plus de disposer d’offres d’emplois en nombre suffisants (au point d’être tenté de créer des "jobs" plus ou moins bidons), mais plutôt de disposer de candidats correctement formés en nombre suffisants.

    6- Les valeurs relatives du capital accumulé et de la force de travail formée semblent susceptibles de changer pas mal (et ce n’est pas le fait de tel ou tel homme politique, mais celui du contexte mondial) : La situation sans inflation et avec fort chômage, même avec des taux très bas, était plutôt confortable pour les "rentiers", et plutôt angoissante pour ceux qui n’avaient que leur force de travail pour vivre. La situation avec inflation (plus ou moins forte/durable) et avec un certain plein emploi (au moins pour les personnes formées, ou formables), pourrait être bien moins confortable pour les "rentiers" (sauf, pendant un temps, pour ceux qui avaient mis en place des emprunts à long terme à taux d’intérêt fixe bas, et investi les fonds concernés de manière à générer des flux que le changement de contexte ne menace pas), et plus confortable pour ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre.

Pour en revenir à la question du titre de cette discussion ("inflation : comment s’en protéger ?"), je vois deux types de stratégies :
     a) valoriser sa force de travail (dont la valeur vs celle du capital, devrait augmenter);
     b) avoir mis en place des emprunts long à taux fixes, et avoir investi ces fonds (tout comme les fonds propres qu’on possédait) de manière à générer durablement des flux peu menacés par l’inflation.


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Favoris 3   [+1]    #22 09/06/2022 22h18

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Pour ma part j’ai fait mon choix, j’ai initié des positions short sur les obligations EU sur des ETF. Je vois bien arriver comme certains la nouvelle crise de la zone euro.

Attendons l’hiver, si nous n’avons pas assez de gaz en stock et que le conflit en Ukraine persiste je ne suis pas persuadé que l’union sacrée derrière Zelenski perdure. Avec les différents baisses de taxe et autres subventions, on est pas encore prêt à mettre un frein à notre endettement. N’oublions pas non plus que l’Europe n’est pas un producteur de matière premières donc le déficit de la balance commerciale risque de s’accentuer avec les augmentations des MP.

Tout ça pour dire je suis bearish sur l’euro. J’achète donc avec la marge IB depuis plusieurs semaines des ETF pour profiter de la hausse des taux à moyen terme.

Petit récapitulatif des ETF short Bond UCITS. Bizarrement aucun sur la France. Si vous en trouvez d’autres je suis preneur.

Lyxor short bond Italy 2x

Je regrette de ne pas avoir découvert son existence avant… Solactive BTP ce n’est pas très parlant pour moi, levier 2x, TER 0.4%

DWS short bond Eurozone 7-10y 1X
sans levier TER 0.15%

Lyxor Bund 1x

Pour ce qui est du reste, les actions à long terme sont le meilleur hedge contre l’inflation donc je compte bien resté 100% investi tout en diversifiant plus mes investissements futurs

On connaît déjà plus le Bund, le 10 ans allemand. TER 0.2%

Lyxor Bund X2

Le même avec levier. Bizarrement TER 0.2% idem que dans levier!

[url=
Lyxor 10Y US Treasury Daily (-2x) Inverse UCITS ETF - Acc | DSUS LN

]10Y US X2[/url]

Le seul tracker UCITS que j’ai trouvé pour les obligations US

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[+5]    #23 24/06/2022 15h27

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Lyn Alden a publié sa newsletter (gratuite) de juin 2022, consacrée à l’inflation :
June 2022 Newsletter: Demand Destruction

Je la résume autant que faire se peut (même si je conseille de la lire), car c’est très long…

1) Les banques centrales, particulièrement la BCE, ont très peu de marges de manœuvre pour faire baisser l’inflation.

2) Quand bien même les hausses de taux provoqueraient une récession, et donc une réduction de la demande, et donc une baisse de l’inflation, l’inflation reprendra en même temps que la reprise économique qui suivra.

3) Dans un monde globalisé et avec des puissances "émergentes" de + en + importantes (Chine, Inde…), l’inflation liée aux matières premières est particulièrement difficile à réduire, puisque les pays occidentaux ne "contrôlent" pas la demande de ses pays, qui va croissante.

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Favoris 2   [+2]    #24 04/08/2022 16h35

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Pour ceux qui veulent des points de vue argumentés sur l’inflation, loin des banalités de la médiasphère :

- Une présentation datée de mi-juillet, de Pershing Square (Bill Ackman) :
Monetary Policy in a Stagflationary Environment

42 diapositives, dont la dernière :



- Le dernier commentaire trimestriel d’Horizon Kinetics :
Unwinding of a 40-Year Disinflationary cycle (int. rates, debt/money supply, structural oil supply shortage)

16 pages consacrées à l’inflation sur les 27.

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[+7 / -1]    #25 21/03/2023 18h22

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A mon avis :

   1) si les actions des banques centrales ont une influence (hé oui : elle ont bien un impact, imaginez qu’il n’y ait pas de banque centrale, serait-on dans la même situation ?), et que les prévisions à 5 ans des banquiers centraux sont plus pertinentes que le hasard, ça ne signifie pas pour autant que l’inflation va se caler en quelques semaines sur ce que les banques centrales souhaitent, ni que les prévisions seront complètement exacte avec une grande précision. L’inflation est le résultat des actions d’une multitude d’acteurs économiques, chacun ayant sa part d’influence, et ceux qui ont le plus d’influence, et finissent presque toujours par avoir le dernier mot (même si ça peut leur prendre un peu de temps, car vouloir aller plus vite aurait souvent des impacts peu souhaitables), ce sont bien les banques centrales.

   2) il ne faut pas demander un contrôle immédiat et très fin, ni jeter le bébé avec l’eau du bain, en prétendant que les banques centrales n’ont aucune influence et se contentent de constater ce qui se passe.

Je lis, sur divers sujets, de plus en plus (y compris sur ce forum, et sous la plume de personne généralement raisonnables, même sous la plume de notre hôte d’ailleurs) des raisonnements qui me semblent absurdes (et le fait que plus de monde tienne un raisonnement donné n’est pas ce qui le rend plus correct).
Pas mal de monde semble avoir besoin de certitudes (alors que les vrais experts doutent souvent), nient la complexité du monde, n’acceptent pas que des solutions ’’parfaites’’ (si seulement ça existait…) ne soient pas mises en oeuvre immédiatement au point de vilipender les élites qui ne les imposent pas (en réclamant que soit pris le temps nécessaire pour convaincre chacun que ça allait marcher, car sinon ce serait ’brutal’, mais immédiatement quand même, quelle ironie), et accepte de plus en plus difficilement qu’on lui mette des contraintes (oubliant que le monde n’est que des contraintes dont il faut s’accommoder).
Il ne sert hélas pas à grand chose d’argumenter (donc je m’abstiens de +en+ ) avec quelqu’un dont l’opinion est faite et qui est certain, avant tout échange, d’avoir raison (mais oublie que son raisonnement est bancal, et de prendre le minimum de distance pour s’en apercevoir). On a beau démontrer que tel affirmation est erronée, on retrouve 5 ou 10 message plus loin sur le forum un autre message qui répète cette affirmation, sans plus d’argument que 10 messages avant  (un exemple ici, qui recommence où on en était .


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