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[+5]    #1 07/03/2017 03h54

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Pour changer un peu de sujet, tout en restant sur la "situation économique de la France", je voudrais partager quelques réflexions.

Chaque fois que le taux du chômage est annoncé, je suis frappé par le % très élevé (25% récemment) annoncé pour le chômage des jeunes (15-24 ans). Je me suis donc demandé à quoi ce chiffre correspondait exactement, car il donne l’impression que 25% des 15-24 ans sont chômeurs en France, et je n’arrive pas à y croire (une bonne partie des 15-24 ans fait des études, et il y en a aussi qui ont un emploi).

Il est facile de trouver la définition de ce à quoi ce chiffre correspond :  c’est "la proportion du nombre de chômeurs au sens du BIT dans la population active au sens du BIT", mais il est moins facile de comprendre à quoi ça correspond vraiment.
Après quelques recherches, j’ai mieux compris :
  - Selon INSEE, ce taux de 23.3% de T4/2016 pour les 15-24 ans correspond à 627 000 demandeurs d’emploi.
  - Selon la pyramide des ages, la population française des 15-24 ans est d’un peu moins de 8 millions.

J’en déduis donc une population active (au sens du BIT) de 2.7 millions de personnes 15-24 ans, et qu’il y a :
     - environ 0.6 millions de 15-24 ans demandeurs d’emploi
     - environ 2.1 millions de 15-24 ans avec un emploi
     - environ 5.0 millions de 15-24 ans hors de la population active (dont une bonne partie fait des études)

Donc simplifier en disant qu’en France un jeune sur 4 est demandeur d’emploi déforme la réalité.
(En fait, sur 12 jeunes, 1 est demandeur d’emploi, 3 ont un emploi, 8 sont dans une autre situation)
Il n’en reste pas moins qu’une partie de ces 600k demandeurs d’emploi de 15-24 ans sont sans doute peu formés, donc risquent de se retrouver dans les chômeurs de 25-59 ans plus souvent qu’à leur tour, et qu’il est nécessaire de les former pour que ça n’arrive pas.

Mots-clés : avenir, france, économie


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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[+6]    #2 24/07/2018 09h45

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A Ricklatrick : je partage vos constatations mais il n’y a pas que l’IR.
Il y a aussi et surtout des charges sociales délirantes, on m’objectera que je bénéficie de services en échange; mais en est-on si sûr ?
Cotisations retraite mais pour qu’elle retraite ? Cotisations maladie ? prévoir un an pour un rendez-vous chez l’ophtalmo ( si on en trouve un qui prends de nouveaux clients patients), si votre médicament n’est pas soumis à quota par l’industrie pharmaceutique, ça ira sinon…
Cotisations URSSAF ? Si vous payez des cotisations importantes, c’est que vous n’avez pas besoin de prestations donc c’est à fond perdu.
Et puis, il y a (surtout) des tracasseries administratives venant d’un état aux abois par manque d’argent : harcèlement permanent de la sécu pour prescrire moins, "mieux" ( c’est à dire moins cher) pour substituer plus…Ou de fonctionnaires qui cherchent à créer des problèmes plutôt qu’à les résoudre afin de montrer que l’on a besoin d’eux ( sinon, on les mutera et on ne les remplacera pas)
Dans mon cas perso : sur 12 mois : 1 contrôle d’URSSAF, 2 contrôles de la DGCCRF, 1 contrôle de l’inspection du travail, une visite de la CPAM tous les deux mois, un rappel de mes objectifs de substitution de génériques tous les 15 jours.
Alors oui, je ne travaille plus que 2 ou 3 jours par semaine et je prends une semaine de vacances par mois.
Et vous savez quoi ? Je gagne aussi bien ma vie qu’avant.
Mon sentiment est que plutôt que de parler d’avenir de la France, il vaudrait mieux parler d’avenir des français.
Pour beaucoup, ça va être dur et même très dur car évidemment si les forces vives se mettent à glandouiller, il n’y aura plus grand chose dans la gamelle.
Pour les autres, ils pourront optimiser leurs revenus pour ne plus payer beaucoup d’impôt ( compter 4 à 5000 euros pour une bonne étude chez un cabinet comptable) et se constituer un patrimoine permettant de bien vivre. L’idéal des investisseurs heureux dans le fond.

Dernière modification par toufou (24/07/2018 09h46)

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[+8]    #3 06/12/2018 09h13

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Perso je vois dans le mouvement des Gilets Jaunes avant tout l’expression d’une crise politique, même s’il y a aussi un problème économique :

1) Le problème économique, c’est à mon sens bien sûr la pression fiscale, énorme en France. Elle n’a cessé d’augmenter, particulièrement sous Hollande. Depuis Sarkozy, aucun effort n’a été fait pour réduire les dépenses publiques. La décentralisation s’est soldée par une sphère publique encore plus obèse. Les Français écrasés d’impôts voient leurs dirigeants politiques vivre confortablement : à l’échelle des dépenses publiques totales, ce sont des dépenses symboliques - mais insupportables. On voit des dépenses somptuaires pour le decorum de l’Etat, pour des choses franchement pas nécessaires de la part d’un Etat qui se mêle de tout et n’importe quoi. Le mouvement des Gilets Jaunes aura au moins pour grand bénéfice de révéler de la façon la plus nette le ras-le-bol fiscal des Français, ce qui devrait rendre tout gouvernement futur plus prudent dans le gaspillage de l’argent public. L’Etat doit se recentrer sur l’essentiel. Il y a quand même une grande incohérence dans l’attitude de beaucoup de Français, qui se plaignent à raison d’une charge fiscale excessive, inégalée dans le monde, mais dans le même temps votent, élection après élection, pour des socialistes ou assimilés, dont la dépense publique est l’alpha et l’omega.

2) La crise politique, c’est le résultat d’un défaut de représentation d’un part croissante de Français dans la sphère politique :

- Dans une démocratie qui fonctionne bien, le pouvoir tient compte des résultats, des préoccupations exprimées par le vote. A quel niveau dans les votes faudra-t-il voir l’extrême-droite avant que la demande d’une maîtrise de l’immigration soit prise en compte ? En France, on a pris l’habitude de traiter 20% du corps électoral comme des pestiférés, dont on décide a priori que leur opinion ne compte pas. On peut désormais élargir ce raisonnement à la gauche façon Mélenchon - qu’on peut critiquer mais dont les électeurs expriment un désir légitime de justice sociale. C’est 40-45% de l’électorat (davantage si on compte beaucoup d’abstentionnistes dégoûtés du fonctionnement de notre démocratie) qui est royalement méprisé par l’élite au pouvoir, en toute bonne conscience. Ce sont aussi les moins favorisés économiquement, les perdants de la mondialisation. Et ils ne devraient pas être en colère ?

- De la part de M. Macron, c’est une stratégie délibérée d’antagoniser, de mépriser et de provoquer ces électorats, parce que M. Macron souhaite avoir un monopole sur l’électorat "raisonnable" et qu’il est beaucoup plus confortable pour lui d’avoir Mme Le Pen ou M. Mélenchon comme adversaire au 2nd tour que des opposants moins extrêmes. Dans le même temps, M. Macron achète les ralliements des opposants par des maroquins ministériels, pour affaiblir l’opposition modérée. Le résultat de cette stratégie cynique se voit dans la colère du peuple et dans la violence dans les rues. Et le résultat politique, ce sera un 2nd tour Le Pen / Mélenchon.

- Le dysfonctionnement de notre démocratie se constate aussi dans celui de la justice : l’ouverture en 5e vitesse, et avec un timing et une communication remarquables, de procédures judiciaires contre tout opposant s’approchant du pouvoir, au moment des campagnes électorales, avant de les enterrer aussi vite une fois les opposants éliminés ; l’indulgence judiciaire infaillible pour les manquements éthiques du clan au pouvoir, qui permet à untel d’accéder aux plus hautes fonctions malgré des tripatouillages immobiliers ou des omissions fiscales, à une autre d’organiser d’onéreuses sauteries aux frais de Marianne, dans l’espoir d’un maroquin ministériel, à un autre, parangon de vertu, de financer son parti de façon douteuse ; un Garde des Sceaux qui communique via Telegram des informations judiciaires confidentielles à un ami politique… Les décisions judiciaires ne comptent plus (toutes ces affaires finissent enterrées), le secret judiciaire n’est plus respecté ; seul compte le timing, la communication et l’utilisation politique des ouvertures de procédure judiciaire. Cette stratégie, de la part du clan au pouvoir, permet de décrédibiliser les opposants les plus dangereux, mais à terme les Français ne sont pas dupes et toute la classe politique perd sa crédibilité, et surtout toute autorité morale.

- Le dysfonctionnement de notre démocratie se voit aussi dans celui des médias : une grande part de journalistes devenus militants politiques, à la solde exclusive du clan au pouvoir - donc représentant une base sociologique extrêmement étroite (en un mot, les bobos). L’élection présidentielle 2017 était à mon sens entièrement "scriptée" (comme on dit d’un jeu vidéo où le joueur perd la main au profit de trop longues séquences scénarisées). Un modèle de fabrique du consentement : les Français voulaient du changement après un quinquennat de chômage massif et d’attentats meurtriers ; ils ont eu droit au poulain et bras droit du président sortant, qui derrière le coup de jeune optique continue la même politique désastreuse, au seul profit de la même base sociologique extrêmement étroite. M. Macron paie aussi aujourd’hui les circonstances artificielles, et plus que douteuses, de son accession au pouvoir.

- A tout cela, M. Macron a ajouté sa touche personnelle d’arrogance et de mépris de classe. Dans sa communication, M. Macron mêle "en même temps" la bonne conscience, la supériorité morale, du socialiste, et l’arrogance naturelle du bourgeois, qui invite le chômeur à traverser la rue. Le mélange des 2 est désastreux et antagonise une large part de la société, qui à raison ne se sent pas représentée. Comme si cela ne suffisait pas, M. Macron nous inflige régulièrement, de façon absolument superflue, l’expression de son ego surdimensionné : quelle mouche le pique pour parler de "Jupiter", de "verticalité", de "corps du roi", face à un peuple notoirement (et glorieusement) rebelle, révolutionnaire et libre ? Je crains que M. Macron, fondamentalement, ne comprenne pas ce qu’est la France : il s’est arrêté à Jeanne d’Arc et à Louis XIV sans comprendre que la Révolution et l’exécution du Roi ont été aussi des actes fondateurs pour la Nation française (et non de regrettables accidents de l’Histoire comme il semble le penser). Il ferait bien de réviser son Histoire de France avant que le peuple ne lui donne un cours de rappel.

Au-delà du nombre de manifestants, le soutien exprimé par l’opinion pour les Gilets Jaunes démontre un mécontentement très fort de la société contre les dysfonctionnements de notre démocratie, dont M. Macron est devenu l’expression détestable. Le défaut de représentation politique affecte immanquablement le consentement à l’impôt. Perso, je considère que le pouvoir actuel s’est entièrement décrédibilisé, et que, pour ne pas perdre 3,5 ans de plus après un quinquennat Hollande désastreux, le mieux serait de passer la main et de confier au peuple le choix de nouveaux représentants.

Désolé pour le post très politique, mais limiter le débat à l’ISF (dont il est maintenant probable à mon sens qu’il soit rétabli après les prochaines élections) est à mon sens réducteur.

Dernière modification par Scipion8 (06/12/2018 09h18)

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[+13]    #4 06/12/2018 13h19

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Bon, j’ai l’impression qu’avec tous les +1 récoltés par Scipion, mon message va tomber comme un cheveu sur la soupe, mais tant pis, je compte sur l’ouverture d’esprit des participants de ce forum. Je ne retrace pas mon roman familial, mais j’ai plus qu’une vague idée de ce que peut être le désespoir des espaces ruraux (surendettement d’exploitant agricole par exemple).

Peut-on écrire encore un message à teneur (modestement) politique sans qu’il comporte les mots "Jupiter", "mépris de classe", "petit peuple", "à la solde de", "bobos"? En général je m’arrête à la lecture d’un article comportant l’un de ces mots, car cela annonce le simplisme et en tout cas l’impossibilité d’y répondre sans être aussitôt taxé justement de "jupitérien", "méprisant", "bobo", "à la solde de Micron/Macrotte/Macaron" ou je ne sais quel sobriquet de haute volée.

Je suis donc un peu surpris de les trouver sous le clavier de Scipion8, dont la teneur du message, impeccablement écrit et présenté (ce qui n’est pas le cas de ceux auxquels je faisais allusion plus haut), ne laisse pas que de m’étonner.

Scipion8 a écrit :

1) Le problème économique, c’est à mon sens bien sûr la pression fiscale, énorme en France. Elle n’a cessé d’augmenter, particulièrement sous Hollande. Depuis Sarkozy, aucun effort n’a été fait pour réduire les dépenses publiques. La décentralisation s’est soldée par une sphère publique encore plus obèse.

D’accord avec vous sur la pression fiscale! Mais les "gilets jaunes" réclament aussi des postes, des maternités, des médiathèques partout et soutiennent leurs élus locaux sur ce point. Comment répondre à des injonctions contradictoires (moins d’impôts - plus d’hôpitaux)?

Scipion8 a écrit :

Les Français écrasés d’impôts voient leurs dirigeants politiques vivre confortablement : à l’échelle des dépenses publiques totales, ce sont des dépenses symboliques - mais insupportables.

Les différentes lois sur le cumul des mandats et sur la réduction des indemnités gouvernementales font que le train de vie du personnel politique a baissé: rien à voir avec un J. Chirac par exemple (je ne parle pas des à côtés). Pour autant la perception de la population est toujours aussi négative, et le restera quoi qu’on fasse (du reste J. Chirac est paradoxalement perçu comme éminemment sympathique et proche du "peuple").

On disait auparavant que l’autre grand problème était le manque de renouvellement de la classe politique, mais on voit que même de jeunes gens ou des personnalités issues de la société civiles sont couverts du même opprobre.

Je crois que désormais la représentation de l’homme politique comme un satrape vivant grassement est bien enracinée, quelle que soit la vérité de l’assertion, de même par exemple qu’un avocat est nécessairement cousu d’or, ce qui ne correspond plus du tout à la réalité de la profession. Je suis moi aussi heurté par la lecture hebdomadaire (depuis 25 ans) du "Canard enchaîné" qui révèle tel ou tel arrangement permettant le versement d’une rémunération considérable, mais je me demande vraiment si légiférer changerait quoi que ce soit: les jeunes députés macroniens gagnaient plus ailleurs, ne donnent pas (encore?) dans la multiplication de jetons de présence qui augmentent les traitements mais sont déjà honnis.

Le problème, que vous percevez bien, est que le coût est symbolique, mais que pour bon nombre d’électeurs (y compris cultivés, titulaires d’un doctorat), supprimer le Sénat et diminuer par deux les indemnités des élus suffiraient à régler tous les problèmes. Il y a là un malentendu à la source de beaucoup d’incompréhensions dans le débat actuel.

Scipion8 a écrit :

On voit des dépenses somptuaires pour le decorum de l’Etat, pour des choses franchement pas nécessaires de la part d’un Etat qui se mêle de tout et n’importe quoi. Le mouvement des Gilets Jaunes aura au moins pour grand bénéfice de révéler de la façon la plus nette le ras-le-bol fiscal des Français, ce qui devrait rendre tout gouvernement futur plus prudent dans le gaspillage de l’argent public. L’Etat doit se recentrer sur l’essentiel. Il y a quand même une grande incohérence dans l’attitude de beaucoup de Français, qui se plaignent à raison d’une charge fiscale excessive, inégalée dans le monde, mais dans le même temps votent, élection après élection, pour des socialistes ou assimilés, dont la dépense publique est l’alpha et l’omega.

Si ce mouvement révélait une prise de conscience, je serais d’accord, mais j’ai surtout l’impression qu’il conforte l’illusion que tout sera finançable en taxant "les 1%"; cela avait fait le succès de Fr. Hollande et cela permet à des gens gagnant 3/4000 euros par mois de se présenter en toute bonne conscience comme des gens modestes ou de la classe moyenne. C’est une trouvaille politique en tout cas.

Scipion8 a écrit :

2) La crise politique, c’est le résultat d’un défaut de représentation d’un part croissante de Français dans la sphère politique :

- Dans une démocratie qui fonctionne bien, le pouvoir tient compte des résultats, des préoccupations exprimées par le vote. A quel niveau dans les votes faudra-t-il voir l’extrême-droite avant que la demande d’une maîtrise de l’immigration soit prise en compte ? En France, on a pris l’habitude de traiter 20% du corps électoral comme des pestiférés, dont on décide a priori que leur opinion ne compte pas. On peut désormais élargir ce raisonnement à la gauche façon Mélenchon - qu’on peut critiquer mais dont les électeurs expriment un désir légitime de justice sociale. C’est 40-45% de l’électorat (davantage si on compte beaucoup d’abstentionnistes dégoûtés du fonctionnement de notre démocratie) qui est royalement méprisé par l’élite au pouvoir, en toute bonne conscience. Ce sont aussi les moins favorisés économiquement, les perdants de la mondialisation. Et ils ne devraient pas être en colère ?

Comment concilier les 20% de M. Le Pen et les 20% de M. Mélenchon (j’arrondis) dans l’élaboration d’une politique migratoire? Je serais vraiment favorable à ce qu’il y ait une sorte de "carré magique" comme en Suisse, réunissant différents partis, mais le système français l’empêche complètement. Fr. Hollande, qui n’avait pas fait mieux que E. Macron au premier tour, a été accusé d’avoir trahi son programme en l’élargissant au centre; N. Sarkozy a été voué aux Gémonies pour avoir repris certains thèmes au Front national: je pense donc que le problème n’est pas seulement là.

Scipion8 a écrit :

- De la part de M. Macron, c’est une stratégie délibérée d’antagoniser, de mépriser et de provoquer ces électorats, parce que M. Macron souhaite avoir un monopole sur l’électorat "raisonnable" et qu’il est beaucoup plus confortable pour lui d’avoir Mme Le Pen ou M. Mélenchon comme adversaire au 2nd tour que des opposants moins extrêmes. Dans le même temps, M. Macron achète les ralliements des opposants par des maroquins ministériels, pour affaiblir l’opposition modérée. Le résultat de cette stratégie cynique se voit dans la colère du peuple et dans la violence dans les rues. Et le résultat politique, ce sera un 2nd tour Le Pen / Mélenchon.

Évidemment, les médias n’ont aucun rôle dans ce phénomène de polarisation? Ni la personnalité de M. Wauquiez par exemple (il me semble assez peu attirant pour les avis modérés)? Y a-t-il eu un E. Macron aux États-Unis, en Italie, en Espagne, en Allemagne même à présent pour expliquer semblable polarisation de l’électorat?

Je crains surtout que le charivari médiatique soit néfaste aux politiques de longue haleine; le même phénomène se produira sans doute avec le prochain président.

Scipion8 a écrit :

- Le dysfonctionnement de notre démocratie se constate aussi dans celui de la justice : l’ouverture en 5e vitesse, et avec un timing et une communication remarquables, de procédures judiciaires contre tout opposant s’approchant du pouvoir, au moment des campagnes électorales, avant de les enterrer aussi vite une fois les opposants éliminés ; l’indulgence judiciaire infaillible pour les manquements éthiques du clan au pouvoir, qui permet à untel d’accéder aux plus hautes fonctions malgré des tripatouillages immobiliers ou des omissions fiscales, à une autre d’organiser d’onéreuses sauteries aux frais de Marianne, dans l’espoir d’un maroquin ministériel, à un autre, parangon de vertu, de financer son parti de façon douteuse ; un Garde des Sceaux qui communique via Telegram des informations judiciaires confidentielles à un ami politique… Les décisions judiciaires ne comptent plus (toutes ces affaires finissent enterrées), le secret judiciaire n’est plus respecté ; seul compte le timing, la communication et l’utilisation politique des ouvertures de procédure judiciaire. Cette stratégie, de la part du clan au pouvoir, permet de décrédibiliser les opposants les plus dangereux, mais à terme les Français ne sont pas dupes et toute la classe politique perd sa crédibilité, et surtout toute autorité morale.

En gros, vous considérez que les juges sont aux ordres de M. Macron (ou du "clan ou pouvoir"? Lequel car M. Urvoas était socialiste?). Je pense que la violation du secret judiciaire prévaut maintenant dans tous les cas. Connaissez-vous des magistrats personnellement? Cela vous amènerait peut-être à nuancer votre vision de la magistrature comme une sorte d’organisme dotée d’un seul cerveau auquel tous les membres obéiraient immédiatement.

Scipion8 a écrit :

- Le dysfonctionnement de notre démocratie se voit aussi dans celui des médias : une grande part de journalistes devenus militants politiques, à la solde exclusive du clan au pouvoir - donc représentant une base sociologique extrêmement étroite (en un mot, les bobos). L’élection présidentielle 2017 était à mon sens entièrement "scriptée" (comme on dit d’un jeu vidéo où le joueur perd la main au profit de trop longues séquences scénarisées). Un modèle de fabrique du consentement : les Français voulaient du changement après un quinquennat de chômage massif et d’attentats meurtriers ; ils ont eu droit au poulain et bras droit du président sortant, qui derrière le coup de jeune optique continue la même politique désastreuse, au seul profit de la même base sociologique extrêmement étroite. M. Macron paie aussi aujourd’hui les circonstances artificielles, et plus que douteuses, de son accession au pouvoir.

Je crois que vous vous trompez lourdement sur l’orientation des médias: les résultats des élections "blanches" organisées à chaque élection nationale dans les écoles de journalisme et les instituts de sciences politiques montrent une domination écrasante des candidats et des partis anti-libéraux de gauche et d’extrême gauche.

D’une manière générale je suis abasourdi qu’on soutienne ou qu’on excuse un mouvement violent qui se réclame de la liberté en entravant la liberté de circulation, en obligeant les passants à crier des slogans hostiles à E. Macron, à signer des demandes de démission. Je suis stupéfait qu’on pense sincèrement que ce mouvement puisse aboutir à des prises de décision raisonnables.

Je pense que la situation actuelle résulte pour une bonne part de la stratégie de la tension mise en œuvre consciemment ou non par plusieurs forces politiques et consistant à "pourrir" le gouvernement en le poussant à la faute à force de manifestations, blocages, etc. Il suffit de travailler dans une université pour se rendre compte clairement de la tactique mise en œuvre par certains syndicats étudiants à cet égard (et parfois enseignants). Je concède cependant volontiers que le mouvement des "Gilets jaunes" est d’une tout autre nature; mais il prospère sur un fond de tension généralisée.

Quant à "l’avenir de la France", je pense que nous avions là une dernière chance de sortir du marasme; à présent, cela me paraît compromis, ne serait-ce que par la dégradation spectaculaire de notre image à l’étranger. Une plaisanterie disait que la France était devenue la télé-réalité de la Suisse; en ayant vu une émission spéciale consacrée au "Gilets jaunes" dont la plupart des invités étaient des vieux briscards de l’opposition, et connaissant assez bien le système politique de ce pays voisin, je comprends cette boutade.

J’ai laissé la fin du message de Scipion: mais les petites phrases répétées à l’envi par les journalistes sont un poison pour la politique: elles font passer au dernier plan les problèmes de fond et n’expliquent rien, sont reprises comme une scie et font écran à toute discussion raisonnable.

Dernière modification par Cornelius (06/12/2018 14h38)

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[+5]    #5 06/12/2018 16h07

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Cornelius a écrit :

Mais les "gilets jaunes" réclament aussi des postes, des maternités, des médiathèques partout et soutiennent leurs élus locaux sur ce point. Comment répondre à des injonctions contradictoires (moins d’impôts - plus d’hôpitaux)?

C’est possible. 2 principes simples :
1) définir les priorités et abandonner le superflu
2) écouter les demandes du peuple

Perso (et sans préjuger de l’opinion majoritaire), il me semble plus important que les hôpitaux publics soient suffisamment équipés en lits, que d’ériger un plug anal géant sur la place Vendôme, aux frais de Marianne. Vous voyez, rien de bien compliqué.

Le seul problème c’est que la catégorie sociologique représentée en permanence au pouvoir a des préférences souvent éloignées, en matière de dépenses publiques, de celles du peuple. On retombe sur le problème de représentation politique, indissociable du consentement à l’impôt.

Perso, en libéral (modéré) et surtout en réaliste (reconnaissant la contrainte budgétaire), je considère que :
(i) l’Etat devrait s’abstenir d’intervenir dans tout domaine où les initiatives privées sont suffisamment efficaces,
(ii) toute dépense anti-redistributive devrait être éliminée (un exemple : les subventions aux théâtres parisiens bénéficient à une catégorie sociologique privilégiée, qui n’a pas besoin de ces subventions pour aller au théâtre),
(iii) la fonction publique devrait être soumise à des objectifs de performance (ça commence à être le cas) et de "rentabilité" des services rendus,
(iv) les écarts de rémunération / conditions de travail / statuts entre secteurs public et privé devraient être minimisés, pour des postes comparables.

La France n’est pas libérale, mais, comme le Canada, la Suède, les Pays-Bas (des pays qui ont comme la France des ambitions sociales), elle devra le devenir, dans une certaine mesure, de façon forcée, en raison de l’épuisement fiscal. Il faut réduire la dépense publique en redéfinissant les priorités, puis les impôts. Ce n’est pas M. Macron, qui s’est déjà mis à dos 80% de la population par ses enfantillages, qui fera cet effort de réforme.

Cornelius a écrit :

Les différentes lois sur le cumul des mandats et sur la réduction des indemnités gouvernementales font que le train de vie du personnel politique a baissé. (…) les jeunes députés macroniens gagnaient plus ailleurs, ne donnent pas (encore?) dans la multiplication de jetons de présence qui augmentent les traitements mais sont déjà honnis.

Le problème fondamental est d’envisager la politique comme une profession, un moyen de s’élever financièrement et socialement. Cela ne devrait pas être le cas. Un engagement politique suppose un sacrifice personnel et financier temporaire (pendant la durée du mandat), qui est acceptable quand on est passionné par l’intérêt général. Perso, je serais très favorable à aligner la rémunération des élus sur le salaire médian. Voilà qui satisferait sans doute les Gilets Jaunes. Et je ne m’inquiète pas : nous aurions toujours suffisamment de candidats aux élections pour pourvoir les postes.

Je crains que la réforme constitutionnelle envisagée par M. Macron (portant notamment sur la réduction du nombre de parlementaires) ne soit désormais mort-née - comme le reste de ses projets. Il reste à M. Macron la voie du référendum, mais je doute qu’il ait ce courage.

Cornelius a écrit :

Comment concilier les 20% de M. Le Pen et les 20% de M. Mélenchon (j’arrondis) dans l’élaboration d’une politique migratoire?

Les sondages sur le sujet sont d’une constance et d’une netteté remarquables, année après année. Les politiques publiques sont à l’inverse de ces souhaits exprimés très majoritairement par les Français. Est-ce normal, est-ce sain en démocratie ? M. Macron philosophe sans rire sur le caractère inévitable et souhaitable des migrations dans un monde globalisé, se délectant sans doute de voir monter le FN.  Là encore, un référendum pour trancher définitivement cette question est peut-être une option souhaitable (en bon gaulliste, j’y suis toujours favorable, sur les sujets compliqués : le peuple a toujours raison).

Cornelius a écrit :

Évidemment, les médias n’ont aucun rôle dans ce phénomène de polarisation? Ni la personnalité de M. Wauquiez par exemple (il me semble assez peu attirant pour les avis modérés)? Y a-t-il eu un E. Macron aux États-Unis, en Italie, en Espagne, en Allemagne même à présent pour expliquer semblable polarisation de l’électorat?

Je note que M. Wauquiez, M. Fillon, M. Sarkozy, M. Chirac, M. Balladur, M. Barre, M. Giscard d’Estaing, M. Pompidou, De Gaulle (je pourrais continuer à remonter dans le temps) ont tous, sans exception, été décrits comme des "réactionnaires", des "fascistes", des périls pour la démocratie, en leur temps : c’est-à-dire à l’approche des élections. Toujours par une presse supposément neutre mais en fait très ancrée idéologiquement. Il me semble que leur pratique du pouvoir a été différente. Il me semble important de distinguer le discours médiatique de la réalité. J’espère que les oppositions crédibles, à gauche et à droite, échapperont au piège macroniste ("moi ou le chaos") et proposeront des projets crédibles aux prochaines élections.

En France, la presse est partisane : elle choisit son favori - clairement Macron, en 2017 - et les concurrents doivent résister aux lazzis, aux boules puantes et aux insultes. La presse est partisane et c’est son bon droit ; perso je commence à tiquer quand la source des boules puantes contre les opposants est le clan au pouvoir. A-t-on le droit de s’interroger, sans être accusé de conspirationnisme, sur les sources des informations fiscales opportunément fuitées à la presse, sur les sources permettant les violations systématiques du secret judiciaire ?

Au-delà du cas particulier de la France, je crois que nous traversons une crise mondiale de la démocratie - qui n’est pas forcément grave, pas forcément dramatique (elle peut être une simple phase vers un renouvellement démocratique). Il y a 2 cas :

- dans la plupart des cas, la révolte du peuple s’exprime par des votes (et c’est très sain, en démocratie), qui changent la conduite du pouvoir : le Brexit, Trump, 5 Stelle / Lega Nord, Bolsonaro… ;

- en France, le mécontentement du peuple s’est aussi exprimé (J.M. Le Pen au 2nd tour en 2002, le référendum européen en 2005, les 40% de Mme Le Pen + M. Mélenchon en 2017), mais ces votes n’ont aucune influence sur la conduite du pouvoir. Est-ce normal, est-ce sain en démocratie ? Il y a quelques jours encore, un député LREM nous expliquait doctement sur un plateau TV, sans rire, qu’il fallait transférer plus de souveraineté de la France vers l’UE.

La France est une démocratie malade parce que le peuple ne décide plus. Une petite élite, un petit clan s’accroche au pouvoir avec ses certitudes et une prétendue supériorité morale et intellectuelle, et a décidé que le peuple a tort. M. Macron est devenu le symbole de cette élite méprisante et illégitime.

Qu’arrive-t-il lorsque le peuple ne peut plus s’exprimer (= changer la conduite du gouvernement) par les votes ? Il s’exprime dans les rues. M. Macron est en train de le découvrir, à ses dépens. Par ses maintes provocations, par les conditions très douteuses de son élection en 2017, il porte une lourde responsabilité dans cette situation, et dans les violences.

Cornelius a écrit :

En gros, vous considérez que les juges sont aux ordres de M. Macron (ou du "clan ou pouvoir"? Lequel car M. Urvoas était socialiste). Je pense que la violation du secret judiciaire prévaut maintenant dans tous les cas. Connaissez-vous des magistrats personnellement? Cela vous amènerait peut-être à nuancer votre vision de la magistrature comme une sorte d’organisme dotée d’un seul cerveau auquel tous les membres obéiraient immédiatement.

M. Hollande, M. Macron, M. Valls, M. Ferrand, M. Urvoas, M. Strauss-Kahn appartiennent au même clan, politiquement et idéologiquement. Il faut vraiment être expert en nuances de rose pour arriver à faire des distinctions ! N’ont-ils pas fait carrière vers le pouvoir ensemble ? Ne sont-ils pas à t*u et à t*oi ? Existe-t-il la moindre différence idéologique sérieuse entre eux ?

Pour avoir été étudiant à Sciences Po, je connais bien le petit milieu où sont formés beaucoup d’énarques, magistrats et journalistes : il est très homogène politiquement et idéologiquement. Pour résumer, disons que la plupart de ces gens sont de gauche, mais qu’un électeur de gauche ne les considérerait pas comme de gauche. (Soyons sérieux : la période trotskyste à 18-20 ans ne compte pas.)

Cette catégorie sociologique, extrêmement minoritaire, a bien le droit d’exister et de penser comme elle veut. Mais en démocratie, il n’est pas sain, il n’est pas normal, qu’elle ait tous les pouvoirs. Ces gens-là ont pris l’habitude de gagner les élections en mentant effrontément au peuple, d’épingler leurs opposants politiques, au coeur de l’institution judiciaire, sur des "murs de cons", d’utiliser à leur guise, sans aucun contre-pouvoir, les armes des institutions médiatiques et judiciaires, dans leur intérêt propre. L’indulgence médiatique dont bénéficie M. Urvoas vous semble-t-elle saine, normale, en démocratie ?

Moi j’y vois un signe d’un extrême engourdissement des esprits, d’un oubli profond des bases de la démocratie. Non, le déroulement de l’élection présidentielle de 2017 n’était pas démocratique. Perso je considère avoir été privé de mon droit de vote ; il faudra bien rendre des comptes. Dans ces conditions, je considère saine et normale, en démocratie, l’expression des mécontentements populaires, voire la résistance à une oppression fiscale devenue largement illégitime.

Pour autant je condamne évidemment toutes les violences. Mais je ne lèverai pas le petit doigt pour défendre ce clan au pouvoir, qui à mon sens méprise le peuple et la démocratie. Je ne suis qu’un échantillon, mais je pense que beaucoup d’électeurs modérés, attachés comme moi à la République, aux institutions et à l’ordre public, partagent mon état d’esprit. M. Macron en porte la responsabilité.

Quant aux phrases qui choquent, Cornelius, ce n’est ni moi ni les médias qui les ont prononcées en premier. C’est M. Macron, Président de la République. A chacun de juger s’il est digne de sa fonction.

Dernière modification par Scipion8 (06/12/2018 17h23)

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[+9 / -1]    #6 13/01/2019 10h50

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Scipion8 a écrit :

Des réactions de Gilets jaunes à la déclaration de M. Macron vendredi sur le "sens de l’effort" :

Allons, on crève de faim avec une couleur de cheveux sur la tête ? Un smartphone à la main pour beaucoup ? Les mots utilisés dépassent la raison. Beaucoup de GG veulent accéder à un status social et surtout économique qui est supérieur à leurs moyens. Il y a un problème à ce niveau la. Partir en vacances sur la côte d’usure ou à l’étranger doit être la norme (mes parents ne partaient pas, ou bien une semaine au camping à 20km de la maison !) etc … La société consumériste fait que "consommer" est un du ! Il y a un problème.

Dans ces récriminations, il y quand même des constantes. Cela fait 15 ans que je fais ce métier, cela fait 30 ans que je fais ça etc …

Tout à fait et le monde à changé. Très fortement changé en 20 ans. La mondialisation a permis de vivre sans se soucier de qui produisait, ni a quel prix. Mais maintenant, les pays émergents prennent la place et le français, l’occidental qui n’a pas su s’adapter, doit partager les richesses de la planète …

Maintenant, si un travail ne paie pas assez. Que font ces personnes pour changer de travail et obtenir une meilleur rémunération ?
La plupart ne font rien, car, ils sont enfermés dans une idéologie de l’Etat providence. Ils ont choisis un métier, et il DOIT les faire vivre, avec le niveau de revenu exigé, sans tenir compte du marché, ou des inepties de certaines réglementations qui les empêchent de mieux  vivre de leur travail. La plupart des français ne sont pas en mesure de comprendre le monde qui les entoure, estimer leur situation par rapport à ce monde et prendre des décisions eux même pour mener leur vie. D’ailleurs sur les photos et vidéos de manifestation de GG, on voit peu de personnes jeunes, mais plutôt des personnes dans la 2nde partie de leur vie, et qui se rendent compte que leurs choix ou absence de choix ces 20 ou 30 dernières années les ont mené vers une impasse.

Aujourd’hui, l’Etat est à bout de souffle, la France n’a pas su s’adapter à ce qu’impose la mondialisation, qui est imposé par 5 milliards de ressortissants du tiers monde, qui ne veulent plus qu’une minorité occidentale s’accapare les richesses de la planète.

La seule solution de mon point de vue, car on n’imposera pas le modèle social français au reste du monde, c’est de bosser à l’école (l’Etat ne subviendra pas aux besoins), obtenir des diplômes, faire des formations tout au long de la vie, changer de carrière peut être plusieurs fois dans sa vie, et abandonner un métier qui ne paie plus.
C’est très facile à dire, beaucoup plus difficile à faire, mais c’est le mode de survie et de combat des ressortissants des pays émergents qui va maintenant prédominer.

L’Etat providence et l’insouciance par rapport à son avenir, ses compétences, sa valeur sur le marché du travail ne sont plus de mise.

Si ce chauffeur de bus estime ne plus vivre décemment de son métier, tout comme cette infirmière, ils doivent changer de métier. Et c’est la qu’une remise en cause de TOUS les français, et d’une certaine idéologie doit être faite. Quand il n’y aura plus de chauffeur ni d’infirmières disponibles sur le marché, les salaires évolueront ….

Je me répète, facile à dire, plus difficile à faire compte tenu du retard pris par les français sur ces sujets.

A+
Zeb

Ajout :

Pour complèter sur E. Macron. Il n’est pas politicien professionnel. Il est la pour 5 ans. Il été élu sur un programme, il le déroule. Il estime que c’est bien pour la France, et les français l’ont élus. Si les français n’en veulent pas, il partira, fera autre chose et laissera les français se débrouiller avec Mélechon, Lepen ou tout autre hurluberlu toxique.
Les français ont voulu faire du "dégagionnisme", virer les dinosaures, et bien il faut assumer. Il n’y a aucune surprise dans le programme déroulé par Macron. Et bientôt va venir la réforme de retraites. Les fonctionnaires et bénéficiaires de régimes spéciaux vont entrer dans la danse ……

Dernière modification par zeb (13/01/2019 11h00)


Tout ce qui peut merder, va inévitablement merder.

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[+8]    #7 05/02/2019 11h09

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Sincèrement dans le pays ou on vit parler de "dictature" ou même de simple "dérive autoritaire" du pouvoir est une énorme blague, voire une insulte à tous les peuples oppressés et aux victimes des vraies dictatures.

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[+6]    #8 10/02/2019 23h03

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Souvent lorsque l’on parle d’un métier qui n’est pas le sien, faute d’en connaître la réalité, on s’exprime en maniant des idées reçues,  ceci est particulièrement vrai  pour l’école où chacun pense savoir sous le prétexte qu’il fut , un jour, élève ou parent d’élève.
Votre diagnostic sur l’état de l’éducation nationale est correct, mais il n’est pas juste d’en faire porter le chapeau aux enseignants, nous avons lutté contre toutes les réformes qui nous ont été imposées d’en haut par des idéologues fous alliés de circonstance des gestionnaires dont l’unique but, pour ces derniers, était de rationner le nombre d’heures de cours. Et, nous avons perdu !
De mon point de vue, le niveau est tout bonnement catastrophique tant les heures de cours dans les matières fondamentales que sont le français et les mathématiques ont été réduites.
Aujourd’hui, un élève de troisième a reçu autant d’heures de français qu’un élève de CM2 des années 80, il en a donc le niveau.
Enseignant en physique-chimie, je constate que les élèves n’ont plus la volonté de se plonger dans un écrit, ne sont plus capables de comprendre des énoncés ou de rédiger un texte ayant un sens (pour moi, je ne suis pas Champollion).
Issu de la classe moyenne, j’ai obtenu mon Bac C en 1988, avec ma connaissance de la situation, je puis vous assurer  que je n’apprécierais pas d’être élève aujourd’hui, le niveau a tellement baissé que je ne pourrais pas recevoir une formation intellectuelle équivalente à moins de fréquenter les grands lycées parisiens.
Aujourd’hui, le brevet de collège et le baccalauréat ne sont que des farces, ce sont des diplômes que vous obtenez sans condition de niveau, tout est mis en œuvre pour que les statistiques soient bonnes (pression durant l’année pour que les professeurs surnotent, épreuves indigentes en juin, mais cela ne suffit pas, alors il faut encore s’arranger davantage avec la réalité lors de la correction des examens sous la férule des inspecteurs).
Quand vous mettez les pieds au collège ou au lycée, vous êtes sur un tapis roulant qui vous amènera en troisième ou en terminale indépendamment de votre niveau puisque le redoublement est interdit sauf grosse interruption de la scolarisation pour cause de maladie par exemple (Quelques réorientations ont cependant lieu en seconde).
Ce passage automatique en classe supérieure tue la notion d’effort, c’est ainsi que vous avez des diplômés qui savent en réalité bien peu de choses et qui vont ensuite prendre conscience de leurs manques dans l’enseignement supérieur où ils échouent à plus de 60%.   
Je travaille pour une institution que l’on pourrait qualifier de « grande menteuse », elle  s’emploie  à dissimuler cout que cout le véritable niveau des élèves mais cela commence à se savoir notamment dans le monde de l’entreprise où l’on constate la baisse du niveau ainsi que le manque de savoir être.
Il est assez « drôle » parfois de se voir reprocher ses moyennes basses au conseil de classe parce qu’on refuse de s’arranger avec la réalité, plus on ment aux parents d’élèves et plus ils sont contents.
Comme la majorité de mes collèges surnotent pour acheter la paix sociale en classe, pour avoir la paix avec les parents d’élève, la direction de l’établissement, leur inspecteur, je suis souvent poussée à me justifier.
Manifestement dans ce pays dépourvu de matières premières et des moyens financiers de faire venir à lui les talents, de grands penseurs ont jugé qu’il n’était pas nécessaire d’instruire au maximum la population pour faire émerger les grands scientifiques de demain.
Pour moi, vu la politique éducative menée durant ces trente dernières et dont on peut voir les jolis fruits grâce à PISA, il est clair que ce pays ne s’en relèvera pas.
Les responsables de la catastrophe sont à rechercher parmi ceux qui hantent les couloirs du ministère de l’éducation nationale depuis une trentaine d’année (sociologues ou membres de la « secte » des sciences de l’éducation)
Je m’excuse par avance auprès de mes lecteurs pour ce texte un peu décousu et les fautes d’orthographe qu’il comporte probablement.

Dernière modification par Deneb (10/02/2019 23h27)

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[+8]    #9 14/02/2019 13h26

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stokes a écrit :

Stokes, je suis pour la pluralité des opinions, mais sincèrement je n’en peux plus lire de vos comparaisons scabreuses et vos élucubrations populistes.

Ça commence carrément à me piquer de me dire que je paye l’hébergement du site pour subir votre propagande infecte, et j’en viens à rêver que vous déménagiez au Vénézuela ou en Pologne…

Je vous suggère fortement de vous en tenir aux files actions/immobiliers et d’aller porter votre verve politique chez les forums des gilets jaunes ou complotistes pour le reste, car ma patience est en train de trouver ses limites.

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[+8]    #10 18/02/2019 11h37

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Je n’interviens plus que sporadiquement sur cette file trop passionnée à mon goût, mais je me permets de revenir sur la figure d’Henri Guillemin, qui a connu un regain de popularité récemment - bien que je contribue par là à une dérive loin de l’économie.

Henri Guillemin, dont j’ai eu plaisir à entendre certaines conférences sur l’internet (autour de Chateaubriand par exemple) était avant tout un critique littéraire et un pamphléraire; sa vision de l’histoire autour d’un rôle néfaste des élites économiques peut plaire et convient très bien à notre époque. Je suppose que par ce message, je m’agrège moi-même au camp réactionnaire; mais la page wikipédia qui lui est consacrée résume une partie de sa façon de faire en se dispensant d’un travail d’historien authentique. Sa façon d’envisager les archives de la fin du Moyen Âge (il en ignorait l’existence avant de faire paraître un an plus tard un ouvrage qui se voulait retentissant sur la question) est à cet égard caractéristique.

On voit d’ailleurs en parcourant sa fiche wikipédia que voilà plusieurs décennies, des recenseurs qualifiaient déjà l’un de ses ouvrages de modèle d’ "histoire complot".

Qui du reste parmi nous est capable d’avoir une opinion personnelle éclairée sur ces faits historiques complexes? Pas moi, et il en va de même en santé, en sciences, etc. Pour ma part j’essaie donc de me fier au consensus des savants sur tel ou tel sujet ou bien je suspends mon jugement (c’est d’ailleurs sur le cas sur à peu près tout).

Mais la tentation est forte de "faire son marché" et de choisir telle opinion qui, même très minoritaire, voire convaincue de fausseté, est celle qui résonne le plus favorablement en nous: Henri Guillemin pour les uns, Pierre Gaxotte pour les autres, par exemple. Deux esprits pénétrants à la plume agréable évidemment, mais qu’aucun historien ne citerait comme des auteurs d’ouvrages vraiment scientifiques (pour H. Guillemin, je parle de ses travaux d’histoire et non de ses recherches en histoire littéraire).

Cette façon de faire est une plaie: elle produit une foule de semi-savants qui répètent une opinion isolée dans son domaine de recherche en l’érigeant en vérité universelle. Mutatis mutandis, c’est le même phénomène qui se produit avec le Pr. Joyeux et les vaccins, Annie Lacroix-Riz et le patronat français au XXe siècle, Th. Porcher et l’économie: posséder un doctorat est la preuve qu’on est compétent évidemment, mais non qu’on détient la vérité. Il peut se faire qu’on la connaisse bien sûr; mais il est très périlleux pour quelqu’un d’extérieur au domaine traité d’adopter l’opinion d’un chercher complètement isolé au sein de sa discipline.

Dernière modification par Cornelius (18/02/2019 12h02)

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[+7]    #11 05/07/2019 09h26

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Bonjour,
L’Insee vent de mettre en ligne la carte de France des revenus par individu, la maille étant de 200m x 200m.

Bonne lecture!

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Favoris 2   [+7]    #12 29/10/2021 19h42

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Quelques remarques sur la dette. On n’insistera jamais assez sur le changement de paradigme de ces dernières années. La France doit rembourser chaque année (à l’horizon de 6 ou 7 ans)  150 milliards d’euros par an, auxquels vont s’ajouter les déficits toujours plus grands à venir. D’où la nécessité actuelle d’emprunter 1 milliard d’euros par jour.
Si la France ne pouvait plus emprunter, à l’horizon de 90 jours ni les fonctionnaires ni les aides sociales ni certaines pensions ne seraient payées. La révolution.

Mais derrière ce constat qui peut glacer le sang, des mouvements importants ont lieu: la dette empruntée il y a 30 ans, portait un coupon de 8 à 9%. Les dernières souches à ces taux seront remboursées en 2023….Par de la dette à 0%. Et portée par la Banque de France, plus par les assureurs. Il y a donc chaque année environ 10 milliards d’euros d’économies réalisées sur le service de la dette, par rapport à l’année n-1. Si la dette française a doublé en quelques années, le service de la dette lui diminue en niveau absolu…
Actuellement la dette française a une durée de vie moyenne de 9 ans (et des poussières) , contre 6 ans il y a quelques années, et un coupon moyen de 2,11%. Mais depuis quelques années la France emprunte à environ 0+% (car elle profite des taux ultra-bas pour rallonger très significativement sa dette).
Un exemple emblématique est l’emprunt OAT 0,1% 2047, indexé sur l’inflation. Qui traite à taux réel négatif de -1,25%.
On comprend l’enjeu des taux bas ET des taux réels négatifs. Puisque la France ne veut ni ne peut réduire sa dette, il faut -et c’est à mes yeux l’agenda secret de la BCE- que les Etats (France, Italie, Allemagne Espagne etc.) puissent emprunter sans limite, et à coût zéro.
En maintenant des taux réels négatifs, et absolus proches de zéro, c’est, à long terme, désamorcer le niveau absolu effrayant des dettes d’Etats.
Nous n’avons pas d’alternative: équilibrer le budget? Nous ne pouvons pas réduire les dépenses dans un monde de l’information où les inégalités sont dans l’ADN, et nous ne pouvons plus augmenter les impôts à 45% du PIB, record mondial des prélèvements obligatoires, où, si l’on parle de l’IR, un foyer fiscal sur deux ne paye pas l’impôt. L’évasion fiscale, le découragement pour entreprendre à 50% de prélèvements obligatoires ne feraient pas augmenter ls recettes fiscales (courbe de Laffer).

La dette gratuite est une incroyable aubaine, surtout si elle atterrit à la Banque de France (c’est largement le cas), car ,rappelons-le, la Banque de France, ses revenus, restent propriété…de l’Etat. Cela n’a rien à voir avec l’indépendance de la BCE. (les OAT sont achetées par la BDF en service commandé par la BCE, mais elles restent à la BDF). Le renouvellement de la dette en sera facilitée. Qu’est-ce qui pourrait faire dérailler ce schéma? La perte de confiance dans l’Euro.

Je pense que Macron a compris l’incroyable "Bonanza" de cette dette illimitée et gratuite, meilleure alternative à des hausses d’impôts dans une France archipélisée qui vit cote à cote en attendant d’être face à face comme le prédisent certains augures. D’aucuns semblent confondre impôt progressif avec impôt punitif (quelqu’un a réussi à se faire élire grâce à cette subtilité en 2012).

La dette a le mérite de mettre tout le monde d’accord: elle sera payée par la génération à venir qui , gageons-le, la payera avec encore de la dette. Pour éviter l’effet boule de neige, il suffit juste d’avoir des taux réels négatifs, et proches de zéro. A long terme le problème est résolu. Tel le pharmakon, la dette est poison (à taux réels positifs) et remède (à taux réel négatif). C’est la justification du Quantitative Easing. 

Il me semble juste, que ce pays de cocagne pour les emprunteurs (et cauchemar pour les prêteurs, ceux qui ont un passif long comme les assureurs et les fonds de pension obligés d’acheter toujours plus d’immobilier) autorise l’Etat a faire deux actions majeures:  augmenter les aides sociales pour les uns, et baisser les impôts pour les autres. N’est-ce pas exactement ce qu’il est en train de faire?

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[+10]    #13 04/01/2022 18h52

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emilienlar,

je suis désolé par avance d’être aussi tranchant, mais manifestement vous n’avez aucune idée des équations quotidiennes que doit gérer un employeur en France.

augmenter des salaires n’est pas un  crevecoeur pour un DG mais un dilemme, juste une décision qui va peser sur l’équilibre des comptes de sa boite, et dans le même temps la satisfaction de donner à un salarié méritant sur une individuelle.

Une augmentation collective, c’est souvent, pour des milieux à faible valeur ajoutée que je connais bien, envoyer courir l’entreprise le 100m avec un sac de pierres en plus sur le dos contre Carl Lewis, même vieillissant !

exemple simple : une boite de nettoyage vend l’heure 25€ HT en moyenne : le salaire chargé au smic coûte en gros 13€, on rajoute les CP, les heures improductives (temps de déplacement, de réunion, un peu d’arrêt maladie avec complément salaire employeur, les heures de délégation des élus aussi ^^ …), les charges de son agence (en moyenne 10 etp) et de son back office : à votre avis, en dehors du "yakafocon augmenter" précité, il reste combien en marge de manoeuvre réelle ? beaucoup de patrons de PME aimeraient que vous les éclairiez car souvent le résultat de l’équation est 0 voire négatif.

reste la solution d’augmenter les prix payés par les clients : dans certains milieux mal payés (exemple aide à domicile = impossible car un arrêté ministériel encadre l’augmentation annuelle -1% en général-), pour mon exemple du nettoyage, les monstres du secteur espèrent bien que les TPE PME vont devoir augmenter : cela leur permettra de les faire crever plus vite.

Augmenter d’un coup de baguette magique les bas salaires est une idée généreuse au départ, mais dans les faits, c’est juste créer de l’inflation, rien de plus.

Une PME n’est pas un puits sans fond, très loin de là… seuls ceux qui n’en ont jamais géré peuvent le croire sincèrement, j’ai régulièrement des échanges lunaires avec des membres CGT cheminots à peu près sur votre ligne sur le sujet de la gestion : pourquoi diable aucun d’entre eux  ne montre la voie en rachetant une boite ? la passion du rail sans doute !

J’ai fait l’objet d’un chantage aux salaires par un petit groupe d’indispensables cet été : tous raccompagnés vers la sortie sans hésitation alors même qu’ils étaient sûrs de leur coup. 2 ont retrouvé assez vite, l’avenir dira s’ils ont fait bonne pioche,  et 2 sont en recherche active après démission, car bien sûr j’ai refusé bien sûr la RC et mis non pas la pression, mais juste l’église au milieu du village (comme je sais que nous apprécions tous deux la ruralité, j’ai choisi cette image pour illustrer mon propos).

Embaucher de nos jours, c’est être encore plus sélectif, car en pénurie de MO, embaucher n’importe qui ou quoi coûte plus cher que de rester vacant : les erreurs de casting sont un coût caché important et un facteur de démotivation  pour les collègues qui doivent compenser, tout en discréditant leur RH pas capable de trouver du monde à leurs yeux.

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[+6]    #14 07/01/2022 10h52

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toufou a écrit :

Caratheodory a écrit :

N’y a t’il pas une petite différence de niveau de compétences et de qualification entre un prof débutant et un ouvrier boulanger débutant?

Si on veut manger du bon pain et des croissants le matin, il vaut mieux compter sur les compétences du boulanger.
D’une manière générale, si on estime avoir des qualités / compétences très supérieures au salaire / poste proposé, il faut aller voir ailleurs. Des fois, on est déçu…

Mais c’est précisément ce qui se passe. Et cela crée des difficultés de recrutement.

Le problème est que si vous avez des difficultés de recrutement dans un métier qui demande trois semaines de formation après un bac pro elles sont en principe  plus faciles à résoudre que les difficultés de recrutement dans un métier qui demande 3 ans de formation apres le bac comme pour le personnel infirmier et pour les métiers ou à Bac+5 il y a encore besoin de 3 ans pour être vraiment compétent comme les profs.

La solution choisie pour pallier les difficultés de recrutements des infirmiers consiste à diminuer la qualité du soin. Un jour, vous le regretterez. Quant à la mentalité anti-prof, regardez le classement PISA pour comprendre où elle nous mène. Ou discutez avec les gens qui recrutent des ingénieurs et qui se desolent de leur niveau général.

Le Monde: Le plan France 2030 se heurtera inévitablement au mur des pénuries de compétences

Je cite l’article in extenso.

Maroun Edde a écrit :

Pour répondre à la dépendance de la France aux économies étrangères, Emmanuel Macron lance un plan de 30 milliards d’euros pour réindustrialiser le pays. Mais le cœur du problème se situe en amont : un système éducatif qui ne parvient plus à former pour la science et l’industrie.

En 2004, la France, leader du nucléaire civil, lançait la construction du premier réacteur EPR au monde, à Flamanville (Manche). Mais, dix-sept ans plus tard, le chantier, qui devait durer huit ans, n’est toujours pas terminé. Entre-temps, la Chine a inauguré un réacteur EPR, construit en neuf ans seulement. Face à l’échec de Flamanville, EDF déplore « les pertes de compétences » liées aux départs à la retraite et à la disparition progressive des masters spécialisés en énergie nucléaire. A ce rythme, le nouveau plan nucléaire du président de la République risque de rejoindre Flamanville dans le palmarès des projets avortés faute d’équipes pour les mener à bien.

Cette perte de compétences ne se limite pas aux industries de pointe. Plombiers, charpentiers, ingénieurs en bâtiment, chefs de projet informatique : en octobre 2021, on compte 70 000 postes non pourvus dans l’industrie, et de 15 000 à 80 000 dans les métiers du numérique. Aucune politique industrielle ne peut fonctionner sans suffisamment d’ingénieurs et de techniciens.

Déclin de la recherche française

Or le système universitaire français n’en forme plus assez. Selon les chiffres du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, les mathématiques, la physique et la biologie font partie des cursus les moins demandés à l’université, avec dix fois moins de candidatures que la psychologie, les langues ou le droit. D’où l’incapacité croissante à recruter des enseignants en sciences et le déclin de la recherche française, dont les financements s’amenuisent.

Les grandes écoles ne corrigent pas ce déséquilibre. Les écoles de commerce n’ont cessé de se multiplier, passant de 10 000 étudiants, en 1960, à 200 000 aujourd’hui, tandis que les écoles d’ingénieurs multiplient les cursus de finance et de management. Derrière l’inflation de diplômes aux consonances anglo-américaines (MS, MSc, bachelor) se cachent des formations de moins en moins spécialisées.

Dans ces conditions, où trouver les ingénieurs dont l’industrie a besoin ? Les centaines de milliers de jeunes formés pour devenir des manageurs n’auront bientôt plus personne à manager. Pour justifier une explosion des frais de scolarité, les grandes écoles doivent vendre du rêve. Mais on ne peut bâtir l’avenir industriel à coups de soft skills [« compétences comportementales »] et de marketing.

La France sait encore former quelques ingénieurs d’un excellent niveau, mais elle ne sait plus les attirer vers l’industrie. Les meilleurs – 30 % à 50 % des polytechniciens, 43 % des centraliens, 40 % des diplômés de l’Ecole nationale des ponts et chaussées – s’orientent vers la finance ou le conseil, qui offrent des rémunérations nettement plus attractives, ou partent travailler à l’étranger dès la fin de leurs études. La suppression programmée des grands corps de l’Etat, qui compensaient des salaires moindres par plus de reconnaissance et une culture du service public, risque d’accélérer encore l’hémorragie.

Perte d’une culture scientifique

Plus imperceptible, la perte d’une culture scientifique et d’une compréhension de ce qu’est l’industrie constitue un barrage supplémentaire à la réindustrialisation du pays. Beaucoup de jeunes ne savent plus ce qu’est une usine, y compris les enfants des classes jadis ouvrières. La majorité sont devenus consommateurs de biens produits par d’autres sous des cieux lointains.

Développer une « start-up nation » est une idée forte du macronisme. Mais comment créer une nation de créateurs si plus personne ne sait produire ? Avant d’être un homme d’affaires, Elon Musk est avant tout un physicien et un ingénieur. Les discours passionnés sur l’entrepreneuriat oublient souvent une réalité essentielle : impossible d’innover sans d’abord savoir faire.

Pas d’industrie, non plus, sans techniciens et ouvriers qualifiés. La voie professionnelle, dans laquelle avaient investi la IVe République et de Gaulle pour la reconstruction du pays, traverse aujourd’hui une crise profonde. Au lycée professionnel, les filières industrielles attirent de moins en moins : 70 % des élèves s’entassent dans des formations tertiaires (secrétariat, vente…) aux débouchés très incertains. Faute de former ses propres techniciens, le plan France 2030 verra les processus de production et d’assemblage de nouveau délocalisés, limitant fortement son intérêt économique et social.

Ce désintérêt pour la science se creuse dès l’école primaire, avec la baisse continue du niveau en mathématiques et en sciences. Un rapport sénatorial de juin 2021 tire la sonnette d’alarme : 1 % seulement des élèves atteignent un niveau avancé en mathématiques contre 10 % en 1987 et 50 % à Singapour ou en Corée du Sud. Quant à l’enseignement de l’informatique à l’école, la France est encore loin des pays pionniers en la matière. Peu étonnant, dans ces conditions, qu’ils nous devancent industriellement. Le rapport conclut en alertant sur la pénurie d’enseignants en sciences, qui s’aggrave à mesure que leur rémunération décroche par rapport à celles offertes dans le privé. Une politique industrielle qui omettrait d’investir dans la formation des enseignants et d’assurer à ces derniers de meilleures conditions de travail se condamne en n’intéressant et ne formant pas des cohortes de jeunes aux compétences dont elle a besoin.

Le plan annoncé par le président répond à un besoin absolument nécessaire. Mais, en se focalisant sur l’industrie et en omettant l’éducation, il se heurtera inévitablement au mur des pénuries de compétences. Sans compter l’accroissement des inégalités, car rares sont ceux qui pourront en profiter : quelques diplômés de grande école en bénéficieront, tandis que les emplois intermédiaires et techniques seront sous-traités dans d’autres pays. Investir dans l’éducation, c’est aussi donner à chacun les moyens de participer à l’effort de reconstruction nationale. L’éducation, comme toujours, est un point de départ. Cette fois-ci, plus que jamais, elle est celui du redressement de notre pays.

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[+6]    #15 07/01/2022 16h44

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Kabal a écrit :

Pourtant, l’article dit clairement, si ca payait plus, on aurait déjà moins ce problème à recruter et par extension à sélectionner.

Quant aux anti-profs, faut aussi balayer devant sa porte et pas remettre ca uniquement sur le dos du public. Le cercle est vicieux. On a eu des gens (et pas qu’un peu) qui sont allés dans l’enseignement car c’est pépère et c’était une voie de garage royale. Alors que globalement, il n’était pas fait pour enseigner. Résultat, on a des gens qui ne savent pas enseigner et qui ne sont même pas motivés pour ca. Les parents s’en aperçoivent et le cercle vicieux se met en route. Alors on peut toujours essayer de trouver qui de l’œuf ou la poule est venu en premier mais il faut pas reporter sur le public la faute d’un déclassement PISA.
Le PISA reflète aussi la piètre sélection des profs à l’entrée. Perso, quand on se désole du niveau général des ingénieurs, je commence par regarde qui enseigne déjà (et les plus diplomés ne sont pas forcément les meilleurs enseignants - on peut être bardés de diplome et un complet autiste) et le niveau d’exigence attendu. En général, on a tout dit. Prof pas terrible et niveau nivelé pour avoir des gens. On ajoute à ca du "s’était mieux avant".

Je suis issu d’un cursus "type" ingénieur et ceux de ma génération se désole aussi du niveau en baisse mais ils oublient de dire qu’eux-mêmes étaient pas beaucoup plus débrouillard il y a 20 ans et que c’était les anciens qui les ont accompagnés. Du coup, ca baisse réellement ? Aucune idée.

Le niveau académique des bacheliers est un paramètre essentiel de mon activité professionnelle. C’est également le cas de celle de mon épouse.

Il y a selon nous un problème massif de baisse de ce niveau. Le fait est que le niveau académique (une autre donnée qualitative!) n’est plus mesuré par le baccalauréat. Parcoursup avec la sélection sur les notes données en classe a fini de tuer l’information.

Je ne nierai pas qu’il y a des problèmes de qualité dans les recrutements de profs.

Pour les profs de maths, je suis aux premières loges, car c’est une de mes missions - je ne me sens pourtant que peu responsable. Une grande partie de ceux qui auraient le niveau préfèrent être ingénieurs ou cadres, laissant les places à d’autres gens qui ne pourront jamais enseigner correctement un cours de specialité maths au lycée mais pourront faire l’affaire en collège s’ils sont assez solides psychologiquement.

Il y a aussi des problèmes de recrutement à l’université dans certaines spécialités comme l’informatique (départ massifs parmi les meilleurs jeunes maîtres de conferences) ou la gestion (ceux que j’ai croisés et étaient VP de mon université m’ont laissé perplexe tellement ils volaient bas).

Je ne parlerai pas des SHS où il y a un problème de politisation plus que de compétences (les gens qui ont le niveau pour ça et ne sont pas de gauche fuient) mais comme toute personne qui a eu à gérer des gauchistes ou plus généralement des emmerdeurs le sait,  s’il y en a 30% dans une équipe, l’équipe ne vaut plus rien. C’est compliqué de manager une équipe où les emmerdeurs sont trop nombreux. Parce qu’emmerder les emmerdeurs est une technique de management qui peut échouer s’ils sont trop nombreux et trop obstinés. En tous cas, il faut pouvoir user de techniques de contrainte puissantes, et à double tranchant, dont je n’ai aucune expérience (je n’ai jamais eu le pouvoir de lancer une procédure disciplinaire comme la directrice de l’IEP de Grenoble qui elle semble avoir un taux d’emmerdeurs à gérer qui dépasse l’entendement - sans compter qu’il y a un effet qualité, ceux dont elle est chargée sont les phénix des hôtes de ces bois  ). Je n’avais pourtant pas trop d’emmerdeurs à gérer, la patience et le dialogue ont suffi, mais quelle perte de temps…..

Plus généralement, il peut y avoir un problème de mentalité avec les diplômés du supérieur long qui acceptent des salaires bas. Ça sous-pondère les gens de droite ou du moins qui ne sont pas de gauche (ce qui est mon cas). Parmi les profs du secondaire, il y aurait (je ne retrouve plus ma source) 20% de gens de droite, 40% de gens qui sont passés du PS a Macron, 40% de « gens de gauche », idéologiquement proches de LFI ou de la tendance Piolle-Rousseau de EELV.

Pour en revenir à l’économie. 

Le rôle économique des services de santé et d’éducation (qui pèsent entre 15 et 23% du pib dans les pays de l’OCDE et sont d’autant plus contrôlés qu’ils sont publics, le plus gros poids étant aux USA….)  n’est pas facile à appréhender car justement il est d’ordre structurel. Je ne suis pas convaincu de leur comptabilisation dans le PIB (supposé égale au coût du service rendu).

Je connais des tentatives de conceptualisation de ce rôle en tant qu’éléments de production de capital immatériel ou de capital humain. Je suis convaincu que c’est la bonne façon d’y penser mais aussi que c’est très difficile de réellement mesurer ces formes de capital. J’ai réfléchi à ce sujet quand j’ai voulu comprendre ce que signifiait « immobilisations incorporelles » en comptabilité analytique. Il y a d’ailleurs des ressemblances formelles avec les théories du capital social à la Bourdieu même si les initiés vous diront que ça n’a rien à voir.

Une façon (très technocratique, je le reconnais) d’y penser est dans ce document trouvé sur le site de l’OCDE.

Malheureusement, je ne connais pas façon non technocratique ou non savante de poser le problème de façon adéquate sans tomber dans une énumération de témoignages portant sur des faits qu’on peut déclarer anecdotiques. Mais il ne faut pas mépriser ces anecdotes, car elles révèlent les faits tels qu’ils sont et non tels qu’on pense qu’ils sont.

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[+9]    #16 22/01/2022 18h53

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"Aujourd’hui, le conseil en stratégie c’est devenu la voie traditionnelle des gens bien nés qui ont fait classes préparatoires, grande école, celle qu’on emprunte quand on ne sait pas trop quoi faire au sortir de l’école, un peu attirés par l’argent et les titres ronflants."

Je ne peux laisser se propager cette doxa sans réponse.

l’école de la république, celle qui est attaquée par l’égalitarisme, c’est justement le rejet des gens "bien nés". C’est la possibilité de l’ascenseur social. Par la méritocratie.
Il y a une opposition ontologique entre "être bien né" par le sang, et "l’aristocratie d’adolescence" de nos diplômés de grandes écoles, tellement critiquée, et qui est le fruit de la méritocratie. N’en déplaise à ceux qui veulent se convaincre de la reproduction des élites, les concours sont l’opposé de la tête du client.
Le mépris des classes préparatoires est devenu une posture très répandue pour toute une population politisée jusqu’à la moelle. Ces filières d’élites ont progressé en France à mesure que toute velléité de sélection par le mérite est broyée; après les lois Devaquet, le Baccalauréat. Ainsi nous arrivons à "Sciences-peaux", qui arrive à faire sa sélection sur des critères sociaux, ou pire, raciaux, en bannissant toute épreuve commune et anonyme. On peut enfin choisir à 100% nos élites sur des critères idéologiques…Consternant.

Haro sur les élites, si elles ne ressemblent pas au peuple. Changeons les règles, on aura des élites moins bonnes mais plus acceptées par le peuple…Hypocrisie nauséabonde, et fatale à terme. 

Ecoeurant également, ce sous-entendu qui suggère que "un peu attirés par l’argent et les titres ronflants", ce sont les élèves des grandes écoles (faussement amalgamés avec la France d’en haut) qui sont cupides quand la France d’en bas est, c’est bien connu, désintéressée, sociale; doit-on rappeler comment les avantages catégoriels  sont obsessionnels dans notre pays corporatiste, derrière les répugnants alibis avancés "solidarité avec..bla bla".

Le couplet du méchant riche, méchante élite, c’est Ad nauseam, et ça me rappelle le modus operandi des sociétés qui ont basculé, en faisant la chasse à leurs élites intellectuelles. C’était bien la peine de supprimer le droit du sang, un des rares acquis révolutionnaire…

L’auteur des phrases que j’ai repris serait bien inspiré de lire Bertrand Russell, ses écrits d’il y a 100 ans n’ont pas pris une ride.

"une des illusions persistantes de l’humanité c’est de croire que certains groupes de la race humaine sont moralement meilleurs ou pire que d’autres" Bertrand Russell

Qu’allais-je faire dans cette galère de regarder cette file percluse d’idéologie? Je vais me servir un petit verre de Chardonnay (Chardonnay bien ordonnée commence par soi-même).

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[+7]    #17 23/01/2022 19h55

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On observe une lente baisse de la détention de la dette publique française par les non-résidents, mais effectivement à mon sens il ne faut pas y voir une supposée perte de confiance, parce que cette baisse reflète avant tout l’effet d’éviction du QE massif par la BCE - c’est-à-dire l’accumulation de titres d’Etats français par la Banque de France, au titre des programmes d’achats successifs de la BCE. (Selon ma compréhension, la BdF est comptée parmi les "Autres (français)" - ce serait mieux pour l’intelligibilité de ces graphiques de la distinguer clairement, compte tenu de l’importance de sa détention de titres.)


Autre signe de confiance des investisseurs dans la qualité de la signature de l’Etat français : la prime des Credit Default Swaps (CDS) à 5 ans sur la France est actuellement basse, à 18 points de base - comparé à 8 points de base pour l’Allemagne et 93 points de base pour l’Italie. La prime des CDS à 5 ans est fonction (1) de la probabilité de défaut des émetteurs d’obligations à un horizon de 5 ans et (2) de la perte pour le détenteur des obligations en cas de défaut (loss-given-default).

Prime de CDS à 5 ans pour la France (source : DataGrapple) :

Prime de CDS à 5 ans pour l’Allemagne :

Prime de CDS à 5 ans pour l’Italie :

On voit que pour l’Italie, les chocs exogènes (comme la pandémie COVID19) ou endogènes (comme la victoire électorale des partis populistes en 2018) ont eu un effet beaucoup plus important que pour la France (a fortiori pour l’Allemagne), probablement en raison d’une perception par les marchés que la qualité de la signature souveraine de l’Italie peut souffrir de tels chocs.

Cette sensibilité de la qualité perçue de la signature souveraine est un gros handicap pour l’Italie :

- en faisant monter (même temporairement) la prime de risque souverain sur l’Italie, les chocs renchérissent évidemment d’autant le coût de refinancement de la dette publique italienne, dégradant la soutenabilité de la dette publique au pire moment (quand l’Etat doit augmenter ses dépenses sociales et autres pour répondre au choc sur l’économie) ;

- l’augmentation de la prime de risque souverain se transmet à toute l’économie (car les rendements obligataires souverains sont utilisés comme benchmarks par les banques pour leurs taux de dépôts et de prêts), avec un effet procyclique très néfaste lors des chocs : par exemple l’augmentation de la prime de risque souverain de l’Italie au début de la pandémie "efface" l’équivalent de 6 baisses de taux de 25 points de base chacune par la BCE ! (en fait la politique accommodante de la BCE pendant la pandémie s’est faite essentiellement par le QE et des opérations de refinancement de très long-terme, et non par des baisses du taux directeur, déjà à 0%)

Si l’on met sur un graphique (a) l’encours de la dette publique en % du PIB et (b) la prime de risque souverain (le CDS à 5 ans), pour les 5 grands pays européens :

Note : En abscisses, il s’agit de la prévision du FMI pour la dette publique brute (general government gross debt) à fin 2021.

On voit que le marché continue à traiter la France comme plus proche de l’Allemagne que de l’Italie.

Mais on voit aussi que la dégradation rapide des fondamentaux budgétaires de la France la place sur une trajectoire dangereuse - parabolique bien plus que linéaire. (D’autant plus qu’au jeu des comparaisons certains pays, comme l’Espagne, ont mis en œuvre des réformes plus ambitieuses que nous pour stabiliser leurs dépenses publiques.)

Le risque principal à mes yeux, c’est celui d’une "italianisation" de la France si les pouvoirs publics persistent dans une auto-satisfaction dangereuse et ignorent le dérapage des fondamentaux budgétaires : cela ne signifie pas un risque élevé, pour la France pas plus que pour l’Italie, de défaut souverain à moyen-terme ; mais cela signifie une vulnérabilité bien plus grande aux chocs extérieurs (pandémies, crises géopolitiques, financières, commerciales etc.) ou intérieurs (instabilité politique ou sociale), très coûteuse pour l’économie française, avec pour conséquence un décrochage non seulement économique mais aussi politique par rapport à l’Allemagne. C’est sans doute l’un des enjeux importants de l’élection présidentielle de cette année, même si malheureusement peu de Français s’intéressent à ces sujets.

Dernière modification par Scipion8 (23/01/2022 19h58)

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[+6]    #18 18/08/2022 06h50

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En rèponse à M. Lannister, avez-vous déjà été embetté par un déchet nucléaire ? Connaissez-vous quelqu’un dans votre entourage que cela gène ?
Les déchets nucléaires à vie longue par Français et par an, c’est plutôt un dé à coudre et ils sont gérés, stockés prorement et sans impact. Si l’humanité a un problème de déchets énorme, franchement, les déchets nucléaires sont un épiphénomène et il faut choisir ses combats de manière un peu plus pragmatique.

Pendant des décénies, l’essence plombée a fait qu’on retrouve du plomb sur toute la surface du globe jusqu’aux pôles, avec comme conséquence le saturnisme des enfants, ça c’est un problème.

Les rivières de Chine coulent rouge à cause des rejets des usines, plus de vie dedans, plus d’eau potable, ça c’est un problème.

Les centaines de millions de tonnes de   plastiques usagés  qu’on est incapable de gérer correctement et qui se retrouvent eux aussi partout dans la nature et menacent sérieusement la biodiversité, ça c’est un problème.

La disparition progressive des abeilles à cause des pesticides, ça c’est un problème.

La pollution au mercure des sols par les centaines de milliers de tonnes de piles usagées mal jetées chaque année, ça c’est un problème.

Pareil pour les huiles de vidange qui finissent par polluer la nature en métaux lourds.

Au final, quand on voit les économies de gaz à effet de serre générées par notre dé à coudre de déchets nucléaires, je signe sans hésiter. Du fait de leur vie longue et de leurs petits volume, les déchets nucléaires sont sans doutes les seules que l’humanité soit encore en capacité de gérer sur le long terme, alors je trouve que les pointer du doigt alors même que nos déchets sont en train de détruire la planète dans l’indifférence la plus totale c’est un comble.

Sinon oui, les centrales nucléaires construites pendant les 30 glorieuses vieillissent, et les générations de bobos qui les ont reçues en héritage ces 20 dernières années n’ont fait que penser à leurs RTT et à comment complexifier la machine, durcir les normes, mettre du principe de précaution à toutes les sauces, au point d’en arriver aujourd’hui à arréter des centrales pour des broutilles, au risque de mettre l’économie du pays à genoux. Le mur est devant nous, on disait déjà il y a vingt ans que les décisions de nouvelles construction étaient à prendre sans attente. Aujourd’hui rassurez vous, on ne saura plus rien construire ni exploiter, sauf à tout sous-traiter à un pays qui est encore en marche comme la Chine. On est tout juste bons à arrêter la centrale de Fessenheim après avoir passé une décénie à la rénover entièrement à coup de dizaines de millions et à l’upgrader. Sans un réveil collectif qui tarde sérieusement à venir, c’est la bougie assurée.

Dernière modification par Priority (18/08/2022 07h00)


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[+7]    #19 06/12/2022 11h00

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INTJ

@TyrionLannister

C’est un détail tout ça.

Regardez où on est :

En raison d’une production historiquement basse du parc nucléaire, d’éventuelles coupures d’électricité pourront survenir cet hiver. Selon le porte-parole d’Enedis, les patients à haut risque vital ne seront pas "prioritaires", mais des solutions pourront être mises en place.

Prévenues 48 heures avant les coupures

"On a une attention particulière à leur égard, ils ont un numéro de téléphone dédié", a détaillé le porte-parole d’Enedis. Deux jours avant d’éventuelles coupures d’électricité, ces patients à haut risque vital (PHRV), seront contactés par Enedis. "On va les appeler, on va leur envoyer un SMS, un mail, pour voir s’ils ont pris des précautions", a expliqué Laurent Méric.

Ces personnes seront ensuite "aidées" par Enedis et acheminées "dans un endroit qui ne sera pas délesté pour que la plus grande garantie leur soit apportée".

Source : Délestages: Enedis affirme que les patients sous respirateurs ne seront pas automatiquement exemptés

On parle de la France, pays dont le parc électrique nucléaire était une fierté mondiale et un gage d’indépendance énergétique pendant des décennies.

Le système de soin français, également une fierté mondiale au début des années 2000 est à l’agonie. Des semaines pour avoir un IRM ou un rendez-vous chez un spécialiste. Des zones où il est impossible d’avoir un "médecin traitant" alors même que la sécurité sociale vous pénalise quand vous n’avez pas un médecin affecté.

Le système éducatif, si l’on prend les tests PISA nous sommes dans le ventre mou des pays de l’OCDE. En lecture, écriture du français, les chiffres sont effrayants :

Le ministère de l’Education nationale a révélé ce mercredi les résultats des évaluations réalisées en 2021 en français littérature (compétences langagières). Par rapport à la précédente évaluation de 2015, le niveau baisse légèrement et reste préoccupant dans les collèges. Seuls 55,7 % des élèves possèdent une maîtrise satisfaisante des compétences littéraires exigibles à ce niveau (contre 58 % en 2015).

Le système judiciaire, les procédures prennent des années et des années : que ce soit pour expulser un locataire qui ne paye pas, un divorce compliqué, ou des contentieux administratifs.

En terme de sécurité au quotidien, si vous n’habitez pas au bon endroit, vous l’avez juste dans l’os : rodéos mécaniques incessants, zones de non droits. Il n’y a aucune amélioration, ça ne fait qu’empirer.

Il nous reste de magnifiques paysages, qu’on veut enlaidir avec des éoliennes, des panneaux solaires ou de nouvelles infrastructures bétonnées.

Au niveau économique, l’endettement du pays est stratosphérique : on s’enorgueillit de l’inflation modérée ou de la croissance relativement résiliente de la France, mais cela doit être mis au regard des dizaines, voire centaines, de milliards d’endettement supplémentaire ces récentes années.

Les chiffres du commerce extérieur battent des records en terme de déficit. Aucune amélioration, ça ne fait qu’empirer.

--

Lot de consolation : le UK ou l’Italie semblent pires sur de nombreux aspects (et évidemment de nombreux autres pays dans le monde, mais je parle ici de la trajectoire par rapport à ce que la France a été).

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[+6]    #20 10/12/2022 21h48

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carignan99, le 09/12/2022 a écrit :

Et sans la voiture, tous les vieux qui y vivent encore … mourraient tout simplement de faim

Ma grand-mère n’est toujours pas morte de faim, pourtant il y a 0 commerce dans son village et cela fait 5 ans qu’elle ne peut plus jardiner.
Il y a des voisins qui jardinent, de la famille pas loin (heureusement la frugalité n’exclut pas la solidarité).

Autre solution possible :
- un livreur pourrait passer livrer tous les vieux du village une fois par semaine, par n’importe quel moyen qui serait décidé : j’ai indiqué (avec trop peu d’insistance) séparer la problématique de la mobilité des personnes de celle de la mobilité des marchandises. La sobriété énergétique pour le volet marchandises est plus embêtante en termes de pertes pour l’économie, mais si on le fait par vélo-cargo cela crée des emplois (à faible valeur ajoutée cependant).

- Si l’abandon de la voiture individuelle est massif, tous les commerces qui ont fermé par manque de rentabilité après la généralisation de l’automobile retrouveront un marché. Cela peut être chaotique si l’abandon de la voiture arrive en premier : la chose peut être anticipée en subventionnant d’abord des magasins non rentables pour qu’ils soient dans les villages au moment voulu.

J’aime bien cette phrase tirée d’une étude belge, s’agissant des supermarchés :
"Dire que ces formes de commerce obligent à avoir une voiture est un non-sens : ils ont été développés pour une clientèle motorisée dans un contexte de faible densité de bâti et de commerces. C’est la faible densité de population, alliée à l’éloignement des lieux de travail, qui a rendu la voiture indispensable."
Autrement dit, les commerces se sont adaptés aux mobilités.
Les causes de la disparition des petits commerces (1945-2015) | Cairn.info

carignan99, le 09/12/2022 a écrit :

Si vous deviez aller à l’école dans leur bled, il vous faudrait marcher au moins 20 kms aller (et autant retour). Good luck with that.

Il m’est arrivé de courir 20km pour aller au taf.
Mais nul besoin d’en arriver à cette extrémité. Les regroupements pédagogiques ont été faits à partir du moment où c’était facile d’acheminer les élèves. Rien n’empêche de dégrouper avant de restreindre le transport. Et encore, vu l’importance de la chose et le peu d’énergie que ça consomme dans un circuit optimisé, on peut maintenir les cars scolaires.
Avec 17 000 fermetures d?écoles en France en quarante ans, pourquoi plus d?un quart des établissements ont été touchés ?

carignan99, le 09/12/2022 a écrit :

Il n’y a pas si longtemps (1 siècle), l’espérance de vie en France devait tourner autour de 40-50 ans.
Mes grands-parents ont eu l’eau courante (adduction d’eau) en 1972 (ou 71, je ne suis pas certain). Faut-il revenir à cet état parce que c’était comme ça avant?

Non. Car l’eau courante a certainement un effet positif sur l’espérance de vie. La voiture, c’est beaucoup moins sûr : on parle plutôt de 40 000 morts prématurées chaque année à cause de la pollution de l’air, dans laquelle la voiture joue un rôle difficilement mesurable à part, mais au moins égal à 7000 puisque le dioxyde d’azote provient principalement de la circulation routière. Et encore, ici on ne parle ni des accidents de la route, ni des maladies liées au manque d’activité physique :
Plus de 40.000 morts imputables chaque année à la pollution de l’air en France

carignan99, le 09/12/2022 a écrit :

Un discours d’ingénieur (factuel : les quantités d’énergie fossiles baissent et ne vont pas se remettre à augmenter comme par magie ; l’énergie va devenir plus rare -sans compter que 2-3 degrés de plus serait catastrophique- il va donc falloir ’maigrir’, ne serait-ce que par la force des choses) est plus intéressant parce que ça permet de débattable calmement.

Ce n’est pas un discours d’ingénieur, mais de conférencier. Jancovici est très bon dans les 2 domaines. Pour ma part je n’ai été qu’ingénieur, préférerait écrire des équations et reconnais des maladresses fréquentes en matière de débat, mais allons-y dans le style Janco si vous voulez.

Comment faites-vous pour maigrir ? Vous supprimez les protéines le gras ou le sucre ? Et ce n’est pas une petite cure d’amincissement d’un mois qui est prescrite. Partant de 100 kg, il faut perdre 5,8 kg la première année, puis 5,8 % du reste chaque année qui suit pendant 27 ans ; et ne pas reprendre les 5,8 % de l’année d’avant ! en 2050, il restera 20 kg. Bon vous n’avez pas besoin de supprimer 80 % de votre alimentation, vous pouvez vous mettre au sport (efficacité énergétique + augmentation de la part des énergies décarbonées), mais n’y comptez pas trop, car d’une part le sport donne faim(effet rebond), et d’autre part votre corps n’en supporte que quelques heures par jour (1 % de gain annuel par efficacité énergétique et 1 % par les nouvelles énergies décarbonées, si les ingénieurs et investisseurs font bien leur job).
Il vous reste presque 4 % à maigrir chaque année, comment vous faites ?
Et personne n’a réussi avant vous. Le Covid a fait le boulot 1 an, mais l’année suivante il en aurait fallu un 2e. Non seulement il n’y a pas eu de 2e, mais le premier a arrêté son effet. Sinon il y a eu la 2e guerre mondiale comme début de recette, ou la crise des années 30, guère plus sympathique.

Alors, qu’est-ce qu’on enlève d’abord ? C’est là que la question devient politique, et que l’ingénieur ne peut rien pour vous. à la limite il peut vous indiquer ce qui sera le moins douloureux (plan de transformation de l’économie française du Shift Project).
Ah, et j’oubliais : il y a des gens dans la population qui ne pèsent déjà que 20 kg, (très rares) d’autres 60 (assez nombreux et irritables), d’autres 200 (assez nombreux et influents) d’autres 500 (rares mais très influents). Alors comment on répartit l’effort pour que ça fasse 4 % en moyenne ? Qu’est-ce qui est le plus juste, le plus efficace ?
La 1re année, vous pouvez enlever l’avion (hors usages médicaux et diplomatiques) ; la 2e, la bobologie ; la 3e, la junk food ; la 4e, Netflix et Youtube ; la 5e, les animaux de compagnie carnivores ; Jusque-là même pas mal.
Après, hum, ça devient plus compliqué. Il va bien falloir s’attaquer aux gros morceaux. La voiture individuelle, la viande, le chauffage. ça va occuper un moment tout ça. à la fin, s’il n’y a pas encore eu une rébellion (tel le sevré d’héroïne qui pt1cable), on va devoir faire de l’orfèvrerie : agriculture en circuit court, textile durable, chasse aux emballages…
Moi je dis ça, je dis rien. Je schématise, tous les chemins sont possibles. Maintenant que 70 millions de personnes se mettent d’accord… et choisissent entre volontaria, contrainte normative ou éviction par les prix.

carignan99, le 09/12/2022 a écrit :

Déverser des tombereaux de moraline (les bons, les méchants ; les abrutis bas du front/les éclairés comme vous)

Jancovici affirme également une préférence pour un mécanisme normatif plutôt qu’un mécanisme par les prix ou le volontariat. Je n’ai pas voulu dire autre chose : la majorité déciderait, puis contraindrait la minorité, de même manière qu’elle le fait actuellement pour imposer les nuisances automobiles à ceux qui n’ont pas de voiture ; détruire la voiture de mon voisin n’est pas mal, c’est interdit point barre ; de même, dans mon scénario 3, posséder une voiture individuelle ne serait pas mal, ce serait interdit point barre.

Attendre des individus qu’ils soient "exemplaires" dans un système où rien ne l’est, c’est absurde. Miser sur les "efforts individuels" avec des considérations morales, je n’y crois pas plus que vous. Il est normal qu’un individu optimise ses intérêts à sa manière dans le cadre qu’on lui donne (je fais la même chose : mon intérêt est d’éviter la catastrophe, car je suis insensible à l’aisance matérielle à court terme ; et ce n’est ni mieux, ni moins bien que d’y être sensible).
Ma morale ne va pas au-delà, et mea culpa si je me suis mal fait comprendre.

Ma principale différence avec Jancovici est que je n’y crois plus vraiment. J’ai déjà fait un exposé sur le sujet quand j’étais au collège en 1998. Depuis, on en parle davantage (en témoignent le nombre de vues des vidéos de Janco), mais on n’en fait pas beaucoup plus. Pour cause, la vie démocratique consiste à promettre le père Noël pour 5 ans, et il vaut mieux de temps en temps avoir quelque chose dans la hotte si on ne veut pas être remplacé par un autre père Noël à la fin du mandat. Une cure d’amaigrissement, c’est pas très sexy comme cadeau, et elle doit durer des décennies au lieu de 5 ans. à moins de la faire à un rythme beaucoup, beaucoup plus violent (25 %/an) pour boucler l’affaire en un mandat : selon moi le sevrage brutal fonctionne mieux, pour avoir eu à le faire pour raisons de santé avec certains aliments.

Je pense donc que la transition sera faite seulement au sens efficacité et remplacement (2 % par an), ça évite la décroissance économique, mais en termes climat+gestion de la fin de certaines ressources, c’est inopérant.

doubletrouble, le 09/12/2022 a écrit :

rasmussen a écrit :

La position des territoires ruraux ne serait pas si catastrophique non plus : en l’absence de voitures, les épiceries et services de proximité fleuriraient à nouveau. Dans la France sans voiture, les dirigeants étaient majoritairement issus du rural, alors qu’aujourd’hui ils sont citadins bureaucrates.

Ah, si c’était plausible je serais de tout cœur avec vous, mais le plus probable c’est que l’on incitera fortement tous ces citoyens à mobilité volontairement réduite à s’entasser dans des "smart cities". Comment arrivez-vous à croire que les campagnes recueillent des investissements (autre que défigurer le paysage avec des éoliennes) alors que toute la politique de l’habitat et de l’urbanisme vise à "densifier l’habitat" ?

Je ne crois rien, je n’ai pas étudié les investissements récents dans les campagnes. Dans un modèle frugal les investissement sont orientés par la loi vers ce qui est décrété comme essentiel, donc il n’y a pas de sujet d’attractivité. J’expliquais seulement en quoi mon scénario 3 ne serait pas catastrophique pour les territoires ruraux, mais sa proba de survenance est de 0 presque sûrement.

J’ai toutefois quelques petits motifs d’espoir. L’idée qu’il est possible de densifier le très peu dense à la campagne, plutôt que de densifier ce qui est déjà très dense en ville, fait son chemin. J’ai consulté le PLU de ma commune et il y figurent "remplir les dents creuses", "favoriser les logements collectifs". J’habite déjà dans un collectif récent de 15 appartements avec jardins, et ça ne donne pas une impression d’immeuble.
Il est vrai que la tendance séculaire était à l’augmentation du nombre de constructions relativement au nombre d’habitants, mais je crois qu’on commence à s’apercevoir que ce n’est pas désirable, car le résultat est l’isolement des personnes âgées. Vivre à plusieurs générations sous le même toit lorsque la place le permet (et elle le permet souvent à la campagne) est une de ces pratiques du passé que l’on pourrait redécouvrir en diminuant le CO2 tout en améliorant la qualité de vie.

Ma commune a moins d’habitants qu’en 1850 ; une surface forestière énorme ; un excédent d’eau de source injecté dans le réseau ; des jardins cultivés et d’autres pas ; des usines fermées qui seraient relocalisées dans un monde bas carbone ; des montagnes que les citadins viennent admirer et couvrir de détritus le weekend. D’autres ont des terres cultivées, des carrières, des mines, des centrales électriques, de belles habitations abandonnées ou occupées 5 jours par an… alors que les métropoles ont du béton à peine vivable que leurs habitants fuient à la moindre demi-journée de libre, des entrepôts, des panneaux publicitaires et les produits qui vont avec (presque jamais fabriqués sur place). Elles produisent de l’abstrait : des décisions, des données, des contenus numériques.
Les ressources concrètes sont dans le rural. Plus une ville est grande, plus elle doit chercher loin son alimentation et son énergie, voire sa main-d’oeuvre (autrement dit son foncier), et l’espace vital pour dégourdir ses habitants.

De plus, avec 5 degrés de plus en été, en bordure de forêt ou de prairie on est encore bien, alors que dans du béton entouré de bitume qui restitue la chaleur la nuit, bonjour la clim ou les malaises.
Le frugalisme implique une plus grande part de ruraliste et moins de métropoliste dans le total. C’est le seul point sur lequel j’admets avoir une accointance avec Mao. Mettre tous les cadres au travail de la terre pendant quelques mois leur donnerait sûrement un meilleur sens des réalités (au passage cela éviterait qu’ils s’habillent en col roulé en plein été indien pour expliquer des enjeux énergétiques).

doubletrouble, le 09/12/2022 a écrit :

François Guizot : l’épargne risque de fondre et le travail de devenir rare)

C’est peut-être le chemin pris, mais pas celui induit par le modèle que je prône.
Avec moins d’énergie consommée, la force de travail humaine n’en serait que davantage mise à contribution. Un modèle d’agriculture durable et saine nécessite de multiplier la main-d’oeuvre par plusieurs ; si on éteint l’éclairage public, on remet des veilleurs de nuit ; La livraison en vélo-cargo nécessite plus de chauffeurs que la livraison par camion ; une épicerie par village c’est davantage d’emplois qu’un supermarché par zone commerciale ; une école élémentaire par village, c’est davantage d’emplois qu’un pôle scolaire optimisant les effectifs par classe ; . Le théorème selon lequel la création d’emploi a besoin de la croissance économique n’est vrai qu’à ressources énergétiques croissantes.

TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

Ce qui vous décrivez est le principe de la démocratie, la majorité l’emporte. A titre personnel, ça m’agace aussi par moment

Vous pouvez enlever le "aussi" : je ne suis pas agacé, je fais juste le constat que je suis minoritaire. Devenir majoritaire ne me réjouirait pas en tant que tel : je vois seulement mon intérêt à horizon plusieurs décennies.

TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

Quant à votre grand-mère, mes respect pour elle. Néanmoins, pas certains qu’elle serait heureuse de vous voir militer pour que les femmes retrouvent les mêmes vies qu’à son époque.

Perdu ! de source sûre (elle est encore vivante, 96 ans), ma grand-mère serait très heureuse de me voir militer pour que "les femmes retrouvent les mêmes vies qu’à son époque, et elle est déçue que je ne le fasse pas.
Elle a travaillé dur toute sa vie à la ferme jusqu’à 85 ans. Elle a passé la plus grande partie des 11 années suivantes à  dire que "c’était mieux avant". Normal, avant elle était plus jeune…
Pour ma part je ne dis pas que "c’était mieux avant" car je n’y étais pas. Mais je trouve de l’inspiration dans l’avant pour certains domaines, notamment quand j’ai affaire à une personne qui n’a jamais vu un médecin avant l’âge de 91 ans, ne se plaignait jamais de rien malgré ses conditions spartiates…
En cas de maladie grave, ou d’accident, j’aurai la chance d’être mieux soigné que ne l’aurait été ma grand-mère au même âge. Pourtant j’ai peu de chance de vivre aussi longtemps qu’elle, car j’ai respiré un moins bon air, avalé plus de chimie et passé moins de temps dehors (malgré mes déplacements à pied+vélo).

TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

Permettez moi d’être heureux de voir qu’on est encore libre de choisir son métier et que le fait d’habiter dans votre bourg ne contraint pas sa population à se reconvertir en ouvrier d’usine.

Mon propos n’est pas de ne pas pouvoir choisir son métier, mais d’habiter plus près de là où on travaille. Les distances domicile-travail se sont rallongées à mesure que le taux de motorisation des ménages augmentait : concentration des emplois pour gagner quelques points de rentabilité, et impossibilité d’habiter à côté à cause de la pression foncière. Libre à vous de considérer cela comme un progrès.

Les habitants du bourg en question n’auraient pas besoin d’être ouvriers : les 2 usines (pharmacie et électronique) offrent une grande variété de métiers, des bureaux également. Je n’ai l’information que pour une partie d’entre eux, mais probabilistiquement je peux affirmer que les travailleurs "exportés" vers la métropole exercent des métiers assez similaires aux travailleurs "importés" vers le bourg. Avec quelques mois de formation, des mécanismes incitatifs pour les entreprises et salariés concernés, on pourrait assez facilement "échanger les postes" et tous y gagneraient en qualité de vie.

TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

Visiter d’autres pays et continents, vous aurez donné l’occasion de comprendre qu’un monde sans voiture est tout simplement impossible.

Nous vivons donc dans un monde impossible. La majorité des terriens n’ont pas de voiture, et presque la moitié des Français sont nés dans des familles qui n’en avaient pas encore.

TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

Pour conclure, cher @rasmussen, je pense que votre manque de mobilité vous a malheureusement empêché de faire des voyages

Encore perdu ! éviter de deviner la vie de quelqu’un que vous ne connaissez pas (c’est un prérequis pour spéculer avec succès en bourse).
Une voiture en France roule 12 000 km par an en moyenne, et je n’ai aucun mal à dépasser cette distance par mes moyens rudimentaires, moyens qui m’ont déjà emmenés sur d’autres continents en me montrant davantage qu’une vue d’avion. Ils m’ont notamment montré tout un tas de gens qui ne veulent même pas de voiture en photo. Sauf à la limite si vous venez casser leur montagne pour y mettre des parkings et des centres commerciaux…

TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

Personnellement, lors de mes voyages, je n’ai jamais eu le courage d’expliquer à un habitant de l’un de ses pays pauvres que pour le bien de l’humanité il ferait mieux de continuer à marcher pour aller se chercher de l’eau.

En pareille situation je l’aide à porter son eau, j’échange quelques mots quand j’ai des rudiments de la langue : personne ne m’a encore supplié de lui procurer du confort. Le "hasard" fait qu’on ne rencontre pas les mêmes profils. Et en revenant je verse un peu de mon superflu à une association qui aide à l’installation de réseaux d’eau potable.

En matière de CO2, il n’y a aucun sujet avec les pays pauvres. C’est sans effet de réduire chez ceux qui n’émettent rien ou presque, à part du CO2 lié aux produits qu’ils nous exportent pour notre bon plaisir et sont comptés injustement dans le bilan de leur pays.

Si j’avais le "courage d’expliquer" des choses, ce serait plutôt à certains touristes qui s’empilent dans de luxueux hôtels pendant que la population environnante manque d’eau et de nourriture ; ce serait à beaucoup de mes concitoyens au-dessus de 1500€/mois qui économisent quelques euros en achetant des produits fabriqués par des travailleurs payés 1€/jour… et qui viennent m’asséner comme une vérité implacable que les habitants des pays pauvres aspirent à ce confort superficiel dont il leur est fait publicité. Je leur dirais : "préférez ce modèle si vous le voulez, mais il n’a rien de fatal ni de figé".

TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

nous ne sommes rien, que ce soit en tant qu’être humain ou en tant que pays.

les autres pays, aidés par nos meilleurs ingénieurs

Vous dites que la France est insignifiante, mais vantez nos ingénieurs qui s’exportent : c’est un premier signe de significativité. J’ai un ami qui travaille à l’AFP : des dépêches concernant l’actualité française sont fréquemment reprises dans des dizaines de pays. Le monde est connecté : 6,6 milliards d’utilisateurs de smartphones, ce serait étonnant qu’ils ne tombent pas de temps en temps sur des informations parlant de la France. J’ai étudié en France avec des Marocains, des Chinois, des Viêt-namiens, des Péruviens… ne retiendraient-ils rien de leur passage ? Et en matière d’art, de style, de gastronomie, de science, de culture, de sport, de diplomatie, rien non plus ?

Pour en avoir le coeur net, j’ai demandé au moteur de recherche le plus influent quelle est l’influence de la France à l’étranger, et franchement c’est plutôt flatteur. Hormis les Etats-Unis, personne ne nous distance en matière de soft power, puisqu’on parle de diffuser des idées. Je suis souvent critique de notre tendance à nous laisser vassaliser par les USA, mais être dans l’auto-flagellation ne fait que la servir, et ce doit être le but recherché par ceux qui écument les plateaux à dire que la France ne représente plus rien.
Il y a même un classement américain qui met la France en tête :
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TripleM, le 09/12/2022 a écrit :

nos meilleurs ingénieurs (…)
tenteront de trouver des solutions pour que le déplacement individuel et l’aviation (car je pense que vous n’en pensez pas moins) deviennent de plus en plus propre.

Concernant l’aviation : comme pour toute chose, dans une optique de frugalité il serait nécessaire de faire le tri. Il y a des usages très bénéfiques à notre survie dans de bonnes conditions (diplomatiques, médicaux, scientifiques, ravitaillement des zones reculées, voyages pour cursus d’études…) et d’autres plus superficiels (oisiveté des retraités et vacanciers).
Les usages utiles représentent tellement peu en quantité qu’il n’y a pas besoin de les décarboner: les meilleurs ingénieurs ont mieux à faire. L’avion est le hobby d’une minorité tellement infime à l’échelle planétaire, que c’est bien le seul sujet sur lequel je suis certain que "la pensée unique" sera de mon côté avant une décennie. Si vous avez des actions dans le domaine, vous serez bien inspirés de les vendre. Même le président d’ADP est plus ou moins de cet avis. Pour compléter son propos, je vous garantis que je serai mort (même plus vieux que ma grand-mère) avant qu’on ait assez d’électricité "verte" pour ne pas lui trouver des usages plus prioritaires.
Augustin de Romanet (Aéroports de Paris ) : "Il faudra inviter les gens à être plus raisonnables dans le voyage aérien"


« Celui qui croit en une croissance exponentielle dans un monde fini est fou, ou économiste. »

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[+6]    #21 17/03/2023 14h10

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ISTJ

Mais tout cela est très bien! (je vais me faire incendier, mais tant pis).

Pendant de nombreuses années, je m’inquiétais par rapport à mon avenir, par rapport à ma propre compétitivité par rapport aux plus jeunes que moi, qui feraient mieux que moi, pour moins cher, etc .. etc … et qui au final me rendraient "obsolète"

Ayant atteint 50 ans, et bien quelle erreur j’ai fait. Je suis de plus en plus sereins quand je vois l’incompétence, la bêtise et la fainéantise de la plupart des personnes du monde qui m’entoure. Il est de moins en moins difficile de faire partie du haut du panier, que ce soit intellectuellement, professionnellement, et même sportivement (les années passent ,et mon classement national ne baisse pas, alors que ma condition physique et mes réflexes se dégradent), c’est dire !

Bref, tout cette chienlit est une opportunité formidable pour les personnes qui se forcent à réfléchir un minimum, à avoir un minimum de courage, à prendre quelques initiatives, et à ne pas compter sur les autres pour satisfaire ses propres projets.

Cette époque est formidable. La concurrence n’a jamais été aussi faible …..

A+
Zeb


Tout ce qui peut merder, va inévitablement merder.

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[+7]    #22 24/03/2023 15h03

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Par curiosité, puisqu’il est question de décrochage relatif de la France, voyons voir quels pays ont "dépassé" la France entre 2000 et 2020

Pour le FMI la France était 24è en PIB/habitant en 2000 et 27è en 2020 (2020 est une projection au contraire de 2019 mais on admettra que la marge d’erreur pour une année est sans doute faible)

3 places de perdues relativement donc

Les pays ayant "surpassé" la France étant
- Islande, 25è en 2000 et 16è en 2020
- Hong Kong, 26è en 2000 à 11è en 2020
- Finlande, 27è en 2000, 24è en 2020
- Andorre, aucune donnée en 2000, déjà 13è en 2010, 20è en 2020
- Taïwan de 35è en 2000 à 15è en 2020
- Macau, absent du classement en 2000, déjà 13è en 2001, 13è en 2020
- San Marin, absent du classement en 2000, 5è en 2004, 10è en 2020

Dans l’absolu 3 "pays" apparus dans le classement ex-nihilo accompagnés de 3 pays insulaires et de la Finlande

Mais cela fait 7 pays qui doublent la France, or en classement absolu il n’y a eu "que" 3 positions perdues, cela signifie donc que la France en a doublé 4 autres

Les grands gagnants sont donc
- Kowaït 5è à 31è
- Oman 11è à 42è
- Aruba 17è à 45è
- Italie 21è à 36è

3 pétro états et 1 pays donc.

Les mouvements "autour" de la France (si on adopte une observation franco centrée de ce classement) sont donc le fait de 11 pays qui dans leur majorité jouissent d’une rente pétrolière, bancaire ou fiscale et/ou sont des cités états
On distingue quand même la Finlande, Taïwan et l’Italie.

Il y a matière à se prêter au jeu des comparaisons entre autres "grands" pays du G20 par contre, pour voir leurs évolutions respectives entre 2000 et 2020

- Etats-Unis : 12è -> 9è
- Japon : 28è -> 33è
- Chine : 127è -> 78è
- Inde : 150è -> 132è
- Allemagne : 19è -> 18è
- Russie : 63è -> 56è
- Indonésie : 106è -> 103è
- Brésil : 69è -> 87è
- UK : 29è -> 28è
- Mexique : 51è -> 73è
- Italie : évoqué plus haut 21è à 36è
- Turquie : 62è -> 51è
- Corée du Sud : 44è -> 29è
- Espagne : 31è -> 40è
- Canada : 18è -> 25è

Qu’y-a-il à conclure de tout ça pour la France sur la base de ces données ?

Absolument rien.
Déjà parce que la méthodologie du FMI diffère de la banque mondiale qui diffère sans doute des autres, il n’y a donc pas lieu d’admettre de raisonnement hâtif sur la base d’une seule méthode de calcul (qui a certainement ses avantages et ses limites que je ne connais pas)

Aussi parce qu’on constate bien que le positionnement est pour beaucoup influencé par le va et vient de pays aux économies de taille bien plus modestes et soumis à des aléas importants (règlementation fiscale, tarissement d’une manne pétrolière).

Tout autant parce qu’on constate que parmi d’autres économies comparables comme le Japon (-5), la G-B (+1), l’Allemagne (+1), le Canada (-7), la France (-3) ne détonne pas particulièrement, on peut supposer un décrochement côté Espagne/Italie par contre

Au hasard le "classement" de la France de 1980 à 2020 année par année selon le FMI
Années 1980
20-20-20-19-22-24-23-24-26-24

Années 1990
24-22-22-24-24-23-24-24-25-24

Années 2000
24-26-25-28-29-30-28-28-29-28

Années 2010
29-29-29-29-30-29-28-29-27-26

Mathématiquement en faisant une moyenne par décennie (qui est une donnée moins soumise à la variabilité annuelle qui peut être importante dans un classement) on atterrit donc

1980’s : 22,2
1990’s : 23,6
2000’s : 27,5
2010’s : 28,5

Egalement parce que tout ce sujet sur le positionnement est sincèrement caduque car le positionnement est en premier lieu une donnée relative, on peut gagner des places et régresser économiquement, on peut perdre des places et progresser économiquement, pris isolément cette donnée ne veut rien dire et est tordable à souhait selon ce que l’on veut lui faire dire dans un edito fainéant méthodologiquement* de quelques paragraphes.

Il serait par exemple plus intéressant de se concentrer sur l’évolution de la donnée… dont il est question en premier lieu : le PIB/Habitant (en parité de pouvoir d’achat pour le set de données du FMI pour éliminer la variante change)…



Et encore mieux, de se dire que chercher à résumer des affirmations aussi différentes et déconnectées telles que
- Le pouvoir d’achat
- L’efficacité administrative
- La croissance économique
- La gestion budgétaire de l’état
- Le bonheur des citoyens du dit état
- Les inégalités sociales
- …

Ne peuvent pas et ne seront jamais résumés à un seul indicateur, c’est exactement le tort qui est régulièrement reproché aux élites managériales de notre (nos?) pays ici d’ailleurs, une déconnexion de la réalité de terrain pour se concentrer sur quelques index macro économiques (le PIB, le chômage, la dette…) au détriment d’autres passés sous tapis (le taux de pauvreté, le PIB/habitants/PPA, soutenabilité de la dette, le halo du chômage…) ou tout simplement non créés (indicateur d’inégalités, bonheur/habitant …).

La loi de Brandolini étant ce qu’elle est, c’était beaucoup de temps passé pour remballer de façon très parcellaire une donnée envoyée à la va vite.

*Si on présuppose la fainéantise plutôt que la malhonnêteté intellectuelle
Un autre exemple du même acabit que j’invente de toute pièce

"La France était 24è en 1985, elle était toujours 24è 1994, 25è en 2002 et 26è en 2019, somme toute stable pendant 35 ans"

Avec le même set de données, en voulant la jouer catastrophiste

"Alors que la France était 19è en 1983 ce n’est depuis que la dégringolade continue, 24è en 1994, 28è en 2003, 30è en 2014"

Aucune de ses affirmations n’utilise de fausses données, elles font simplement usage de cherrypicking pour pousser un narratif déjà choisi d’avance

Désolé pour l’écriture décousue, je n’ai même pas forcément de désaccord de fond sur le sujet (il y a assurément des choses, potentiellement beaucoup, qui vont moins bien puis 20 ans), mais la paresse/malhonnêteté intellectuelle de l’acabit de l’edito au-dessus, a suscité un grand soupir de lassitude chezmoi, surtout quand le cœur de son argument repose sur

Mais devant nous il y a la Suisse, la Norvège, les États-Unis, la Hollande, l’Allemagne ou encore le Danemark et le Canada.
La Grande-Bretagne est devant nous aussi.

"Grand diable, 7 pays qui étaient devant nous toutes les années depuis 1980 sont toujours devant nous en 2020, assurément nous sommes en déclin bien plus que ces derniers, même la perfide Albion surpasse le désormais bien pâle coq français**"

** Mais pas pour le FMI ou la Banque Mondiale, comme quoi

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Favoris 1   [+7]    #23 30/04/2023 08h45

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Sur le sujet de la réforme des retraites, c’est le royaume de la Tartufferie généralisée, où l’intérêt de la France dans son ensemble compte très peu, mais la défense d’intérêts particuliers prime.

Les syndicats ne défendent quasiment pas la population des salariés qui sont en réelle souffrance (intérimaires, CDD, salariés de TPE qui œuvrent en sous-traitance, salariés à temps partiel contraint, saisonniers), ce n’est pas leur "fond de commerce".
Les médecins du travail constatent le gouffre béant entre les populations protégées (fonction publique, grandes entreprises publiques, grandes entreprises privées) et la population des précaires. Non pas que des salariés de la fonction publique hospitalière (par exemple) ne sont pas usés, mais des reconversions sont possibles, des adaptations du poste de travail, etc… L’ouvrier intérimaire sous-traitant de 55 ans dans le BTP au corps usé, il n’a pas grand espoir que de s’user encore plus ou de viser une prestation d’invalidité partielle.
Et que dire des petits artisans qui peuvent tout perdre du jour au lendemain (un boulanger qui vient de monter son entreprise et déclenche un asthme à la farine, un maçon sur qui s’abat une dermatite professionnelle invalidante) ?

Ce n’est pas exclusif à la France, en Allemagne, qui est un modèle syndical, les travailleurs précaires, les femmes à temps partiel, ce n’est pas la clientèle des syndicats.

La CGT Docker se fout des salariés des petites entreprises autour des ports de commerce, des emplois indirects qui découlent de l’activité portuaire, tant qu’on améliore le statut des dockers en place. Et quitte à couler le port (comme à Marseille).

C’est donc compliqué de penser que le CGT a un "projet pour la France". Elle défend un projet pour un monde salarié restreint qui est celui de ses adhérents.

Les partis politiques ? Leur agenda est la prise de pouvoir. Et de se placer pour les prochaines élections et notamment la présidentielle.
De mon point de vue la tête de LFI a un agenda de révolution bolivarienne. C’est efficace pour opérer un transfert massif de richesse des classes supérieures vers… un peu les classes les plus basses, et surtout la nouvelle nomenklatura, mais un regard dans le rétroviseur de l’histoire montre surtout que la production de richesse s’évapore très rapidement, en quelques années, et que c’est au final perdant perdant (je ne connais pas beaucoup de candidats à l’exil vers le Venezuela qui semble être pourtant un modèle pour une large frange de la direction de LFI). Tartufferie de penser qu’on peut revenir à la retraite à 60 ans, faire la semaine de 4 jours, arrêter l’idolâtrie capitaliste du travail et promettre les jours heureux de la société des loisirs ? Ou ils y croient vraiment (peut-être alors plus grave) ? De toute façon ceux qui y croient verront bien que très vite on réhabilitera Stakhanov, et on poussera les indicateurs du plan pour accroître la production en accroissant le travail des prolétaires, mais ce sera désormais pour "sauver la révolution". Mais ça va trimer sec.
Côté LR, c’est la Tartufferie à grande échelle sur cette réforme des retraites. Il suffit de regarder les programmes politiques des dernières décennies. Et leur réaction face au projet actuel. No comment.
Etc…

Au final qui pense vraiment au pays dans son ensemble ? Le gouvernement ?
Il s’avère qu’au final c’est souvent le cas des gouvernements en place, c’est à dire ceux qui doivent prendre des décisions sur base des études et rapports variés qui leurs sont confiés. Les gouvernements n’ont pas le choix, ils opèrent sur un périmètre "France". En essayant quand même de flatter leur base électorale, ils ne sont pas bêtes.

Le tournant de la rigueur de Mitterrand c’est la réalité crue des dossiers qui tombent sèchement avec leurs chiffres et leurs courbes, paf, sur les grandes idéologies qu’on avait dessiné à grands traits sur des paperbords et des belles affiches.

Aucune décision politique n’est neutre. La réforme actuelle préserve les retraités en place (socle électoral de Macron) et les entreprises (ne pas encore alourdir les prélèvements obligatoires).
Alors on se dit que c’est purement électoraliste ?
Seulement en partie. Accroître la quantité de valeur ajoutée chaque année en augmentant la quantité de travail, c’est ce qui est le plus efficace comme tous les modèles le montrent pour équilibrer un régime de retraite par répartition et augmenter les autres recettes fiscales.

On doit tous travailler plus longtemps dans le contexte actuel (démographique et d’endettement), ceux qui disent le contraire sont des démagogues.
Le grand sujet c’est celui de la pénibilité, de l’adaptation des parcours professionnels au fil des âges, etc… notamment avec en tête l’intérêt des personnes exerçant les métiers les plus pénibles.
Sujet tellement complexe que pas grand monde ne veut s’en charger.
Ni les organisations patronales qui ont externalisé, et s’appuient sur des précaires et ça leur va bien, ni les organisations syndicales qui défendent surtout leurs bastions (on se battra durement pour que le conducteur de métro de Paris parte à 50 ans, moins pour celui de Lyon qui est au régime général avec Keolis, on pourrait imaginer travailler à voir comment faire accoster un même type de travail, mais la réponse sera que tout les conducteurs de métro doivent être au meilleur statut).

Je ne me pose pas dans la "justice" de la réforme actuelle. Les détails de mise en oeuvre. Mais j’essaie de remettre l’Eglise au milieu du village : un régime par répartition ce sont des actifs qui financent des inactifs. Moins on a d’inactifs, et moins on met de charge sur les actifs. Augmenter la durée de travail des actifs c’est accroître la quantité produite par des actifs. Qui peut dire le contraire ?

A la fin de toute façon, si on ne fait rien, si bien toute la France qui en paiera le prix. Toute. Il y aura des choses qui vont faire mal. Fitch baisse la note de la France.   
A force de ne pas vouloir voir le réel, on peut finir comme la Grèce, avec la potion du FMI.
On se rappellera alors avec émotion de notre système de santé et d’éducation nationale de l’année 2023.


A la bourse, un mec achète, un autre vend, les deux pensent faire une affaire. Jean Yanne.

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[+8]    #24 01/05/2023 21h06

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Attention de ne pas oublier également d’où on vient. Si beaucoup de français expatriés dans mon propre entourage familial passent leur temps à dénigrer la France à longueur de repas de famille et débitent sans arrêt le même argumentaire qui consiste à expliquer que leur expatriation est un succès absolu (en même temps ils vont difficilement avouer l’inverse) et que nous sommes de pauvres idiots à nous accrocher à un pays inhabitable. Ils oublient très facilement les profs qui les ont éduqués, les gardiens de la paix qui les ont protégés, le mécano qui leur a réparé leur première voiture, les agriculteurs (dont les conditions de rémunération sont indignes) qui les ont nourris. Sans parler des aides soignantes qui s’occuperont d’eux, de leur naissance à leur mort jusqu’à porter leur cerceuil.
Je ne suis pas socialiste, mais un peu de respect pour cette France qui bosse. Quand j’entends quelqu’un nous expliquer dans cette file qu’il a réalisé le coup du siècle en quittant ce pays du tiers monde tout en bénéficiant de sa double nationalité comme "joker". Un peu de décence. Moi aussi j’enrage parfois de ce qui peut se passer dans ce foutu pays de malade, mais sérieusement, n’est-il pas également si splendide, si attachant qu’il faudrait mille vies pour le connaître réellement ? J’ai vécu 2 ans à Copenhague, mais quelle galère ! Et quel bonheur de retrouver mon Ardèche natale.
Un coucher de soleil sur l’île de brehat, un petit tour dans les écrins où un verre de vin jaune, ça vaut plus pour moi que 5 milliards à Washington. Moi je ne veux pas quitter le navire, je veux qu’on le répare et chacun a le droit de partager son diagnostic et ses solutions.

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[+6]    #25 09/05/2023 21h15

Membre (2017)
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Il est assez irritant que ceux qui ne connaissent pas le sujet aient un avis péremptoire sur la question.
Alors voilà : le problème ne date pas d’hier mais il ne fait qu’empirer jusqu’à devenir insupportable.
Il y a longtemps, longtemps, j’avais un "copain" de chasse qui était le ministre de la santé de François Mitterand.
Alors, tous les dimanche midi, on nous mettait à coté, à table, moi le jeune pharmacien et lui, le ministre de tutelle, pour parler de choses qui n’intéressaient pas les autres.
Et son crédo, c’était le Tiers-payant généralisé ( et pas que pour la Sécu, il avait aussi été président de la Mutualité Française). ET les choses se sont mises en place, d’autant plus que les critiques pleuvaient dru sur la gestion de la sécu avec des frais de gestion ( de mauvaise organisation (?)) monstrueux. Alors petit à petit ces tâches, par des conventions successives ont été reportées sur les professionnels de santé ( je crois que les pharmaciens étaient les champions).
Sauf que l’on est arrivé dans une situation extrêmement vicieuse car la sécu a imposé des contraintes de plus en plus importantes et si ça ne fonctionne pas, ce n’est pas grave puisque dans ce cas, c’est le professionnel de santé qui n’est pas payé, tant pis pour lui !
Par exemple :
- une année, il faut acheter (3000 €) des lecteurs QR-Code agréés sécu pour la traçabilité et puis non finalement, le protocole est changé et il faut se fournir en nouveau matériel.
- les vignettes sont supprimées, il n’y a plus de prix visible. S’il y a une erreur sur le code barre, la facture n’est pas payée, s’il y a une erreur dans le fichier-prix de la sécu : la facture n’est pas payée.
- si l’assuré utilise sa carte vitale, on a en principe une garantie de paiement, mais s’il ne l’utilise pas et qu’il y a dans le fichier de la sécu une erreur sur sa date de naissance, sur son prénom ou quoi que ce soit d’autre…on n’est pas payé non plus.
- et il y a des rappels soit disant trop perçu parfois deux ans plus tard…invérifiable.
- et ça s’aggrave, encore et encore, pour plus de gain, les dossiers sont traités par lots : une seule erreur dans une seule facture, même si ce n’est pas de notre fait, et c’est l’ensemble du lot ( le travail d’une journée) qui n’est pas payé.
- Le personnel est difficilement joignable, et aussi dépassé que nous : "-il doit y avoir un bug " et…on est encore pas payés.
- et les exigences sont de plus en plus nombreuses : il faut mettre le n° RPPS du médecin, son n° du conseil de l’ordre, son adresse ou alors le dossier est rejeté.
Alors au final, tout le monde s’en fou : on peut mettre un numéro qui passe toujours même si ce n’est pas le bon, de toutes façons personne ne vérifie plus rien  : il faut scanner l’ordonnance ? j’ai scanné des prospectus pour voir : ça passe aussi.
A la fin, il y avait un contrôle de la sécu tous les deux mois pour s’assurer que l’on donnait assez de génériques. J’ai donné à la contrôleuse mon point de vue : "la sécu fait semblant de me payer, je fais semblant de travailler". Elle ne s’est pas démonté : " le concept me plait. J’en ai marre de me faire engueuler 8 heures par jour". Alors, par la suite, elle venait, on parlait de nos vacances, de nos enfants et au bout d’un quart d’heure, je lui tamponnait son papier attestant de sa visite et on se disait au revoir en attendant le prochain "contrôle".
En surface tout va bien, mais bientôt plus personne ne voudra reprendre une pharmacie et dans d’autres domaines que je connais bien, c’est exactement la même chose.

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