Comment spéculer sur les Non-Fungible Tokens (NFT) ?

@danslalune: la majorité des NFT ne sont pas hébergés sur un serveur en particulier, mais sur une multitude de serveurs (nodes) qui hébergent une partie (chunk) de l’image. Ce sont des systèmes de fichiers distribués (IPFS / Filecoin) dont le design assurent la fiabilité (redondance) et la disponibilité. Il existe ensuite une couche tampon (cache) entre le système de fichiers distribué et le client final (navigateur, app).

Le challenge est donc de s’assurer qu’assez de serveurs participant à ces systèmes de fichiers distribués continuent à exister dans le temps.

IPFS - Filecoin

@Junior : peut être, j’avoue ne pas avoir vérifié.
Pour être honnête, je trouve la techno IPFS (pour les non connaisseurs : il s’agit d’héberger un site web de façon décentralisée) absolument géniale. Le fait de rendre "robuste" une plateforme par la décentralisation est une excellente idée, même si potentiellement plus coûteuse. Je sais que wikipedia a déjà plusieurs miroirs en différentes langues, et c’est juste génial pour contourner la censure (partiellement quand même). [1]

Malgré tout : cela ne reste pas un contre argument à ce fait : les media NFT ne sont pas hébergés sur la blockchain directement mais sur un hébergeur tiers en grande majorité (décentralisé ou non). Ce que je trouve "fâcheux" pour des "oeuvres d’art non fongibles"

Mais du coup, vous m’avez donné envie d’effectuer quelques recherches. Voici donc quelques petites infos, vous en faites ce que bon vous semble

ipfs.io et filecoin que vous citez sont gérés par une seule organisation : protocol.ai [2]
Cette boite semble assez "importante" puisque tout de même plus de 150 salariés selon Linkedin. Pas mal de levées de fonds et pas avec des inconnus (YCombinator, Blueyard) puis une ICO de Filecoin. Le tout tourne autour de Juan Benet, fondateur et créateur d’IPFS. Par contre, impossible de trouver la localisation du siège social. San Francisco semble-t-il.

J’ai creusé rapidement sur ipfs.io et on retrouve plusieurs "hébergeurs" IPFS décentralisés trouvés sur le site ipfs.io :
- Infura.io : une offre à $0.08/GB/mois de stockage et $0.12/GB/mois de transfert. La société qui gère Infura est consensys.net, dirigé par Joseph Lubin, un des premiers fondateurs ethereum. Pas trouvé le lieu de la société ni combien de personnes. Mais plusieurs dizaines/centaines d’offres de recrutement.
- eternum.io: Une seule offre à $0.14/GB/month. La société est gérée par stochastic.io, société aux iles cayman. Projets github inactifs.
- pinata.cloud : Une seule offre à $0.15/gb/month. Il semblerait que leur service a été lancé il y a très peu de temps en production [3]. Société se trouvant à Omaha aux USA. Une dizaine d’employés.

Bref tout ça pour dire : il faut savoir *où* est ce que l’on met son argent et *qui* le gère

Bon Noël !

[1] : GitHub - ipfs/distributed-wikipedia-mirror: Putting wikipedia on IPFS
[2] : Protocol Labs
[3] : Pinata Status

Edit : Orthographe

Dernière modification par danslalune (24/12/2021 15h17)

Il semblerait que les NFT puissent également permettre d’investir dans le gas (pas le moyen de payer de temps de calcul sur Ethereum mais bien le fluide).

TV star Stephanie Matto stops selling farts after health scare

Je crois que c’est sérieux, le site existe en tout cas :

https://fartjarsnft.com/ a écrit :

5,000 Fart Jar NFTs. Deflationary mechanics. Explosive NFTs!

100 tokens will be redeemable* for a REAL Fart Jar.
70 tokens will be redeemable* for used panties.
30 tokens will be redeemable* for some of Steph’s used lingerie.

Encore une fois, je peux comprendre (en faisant beaucoup d’efforts…) le fait d’acheter l’objet lui-même. Mais posséder un NFT sur ce genre d’objet, ça m’échappe.

Dernière modification par Gog (05/01/2022 22h19)

Merci pour ce partage. Cet article est édifiant et passionnant ; il devrait être lu attentivement par tout investisseur en NFTs.

La suppression de son NFT par OpenSea et surtout de son crypto-wallet MetaMask est également plus que déroutante !

Ces expériences exposent la parfois pseudo décentralisation de l’éco-système "crypto".

Et les autres considérations autour de ce texte sur la tendance (innée ?) à la centralisation, comme cela a été le cas sur Internet, peuvent inquiéter au-delà des NFT sur le devenir des crypto-monnaies, y compris Bitcoin…

Concerto a écrit :

Si l’on peut créer de la rareté à profusion, alors est-ce encore rare et cela a-t-il vraiment de la valeur ?

C’était exactement la même argumentation contre les "cryptomonnaies".

Ça n’a pas empêché le "succès".

InvestisseurHeureux, le 28/01/2022 a écrit :

Concerto a écrit :

Si l’on peut créer de la rareté à profusion, alors est-ce encore rare et cela a-t-il vraiment de la valeur ?

C’était exactement la même argumentation contre les "cryptomonnaies".

Ça n’a pas empêché le "succès".

C’est un sujet crucial et subtil mais je suis convaincu que ce n’est pas la même chose pour les crypto-monnaies et notamment la première d’entre elle.

Effectivement, on peut se dire au premier abord que Bitcoin est copiable à l’infini puisque son code est accessible en open source. Et d’ailleurs il existe d’innombrables clones de Bitcoin, soit quasiment jumeaux comme Bitcoin Cash, Bitcoin SV, Bitcoin Gold, etc., soit frères comme Litecoin, Dogecoin.

Mais ce qui fait à mon sens que Bitcoin ne peut pas véritablement être copié sont (au moins) les éléments suivants.

1. La puissance de calcul qui sécurise le réseau via la PoW. On compare souvent la capitalisation des cryptos mais, pour celles qui sont en PoW, un indicateur plus important de son importance est la puissance de calcul. Et celle des autres cryptos PoW est à des années-lumières de celle de Bitcoin. Et c’est le "génie" de Nakamoto d’avoir arrimé sa crypto à une ressource réelle et physique. Car cela personne ne pourra jamais le copier sans coût.

Comparaison des puissances Bitcoin, Bitcoin cash et Litecoin

Et c’est une des raisons pour lesquelles je suis sceptique vis-à-vis des autres méthodes de sécurisation comme la PoS : il n’y a plus cet ancrage dans la réalité physique. Et cela permet donc une multiplication à l’infini des cryptos. Et peut-être est-ce un procès d’intention mais cela explique peut-être en partie l’engouement pour ces méthodes de sécurisation alternatives…

2. L’effet de réseau. Comme sur d’autres créatures numériques récentes telles que Facebook ou Uber, il y a évidemment un effet de réseau très puissant schématisé par la loi de Metcalfe. Il ne suffit pas de copier le code informatique de Facebook ou Uber pour créer un concurrent. C’est particulièrement vrai sur un réseau de transfert de valeur. Et cela s’applique d’ailleurs aussi sur d’autres rares cryptos comme Ethereum : malgré ses défauts comme ses frais exorbitants, toute la DeFi reste sur Ethereum car l’éco-système est très développé.

3. L’immaculée conception de Bitcoin. Désolé pour l’envolée lyrique, qui n’est d’ailleurs pas de moi, mais je pense que c’est important. Aucune crypto ne peut reproduire ce développement "miraculeux" : anonymat du ou des fondateurs, disparition de ceux-ci, progression de la puissance de calcul à un niveau tel qu’a priori plus aucun état ne pourrait attaquer le réseau, etc.

Quelques sources sur ce sujet :

Why Bitcoin can’t be copied

Etude de Fidelity sur Bitcoin

Assez curieux de savoir si cela va se relever ou pas ! N’était-ce qu’une bulle spéculative (ce que je pense) ou y aura-t-il un regain d’intérêt pour les NFT ?

Si certains ici ont des informations sur les tendances de prix des NFT actuellement (même si vu leur diversité c’est un peu une gageure…), ce serait intéressant de les partager pour confirmer ou non ce qui est observé sur l’intérêt porté aux NFT en général.