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#1 17/02/2020 12h39

Membre (2013)
Réputation :   148  

Bonjour,
Je suis en train de travailler sur une analyse d’Arkéma. Pour la valorisation par somme des parties, je cherche des comparables pour chacune des trois branches d’activité du groupe, MHP, coating solutions et Spécialités industrielles.
Quel serait selon vous les meilleurs comparables par branche d’activité?
Merci.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Mots-clés : action, arkema, chimie

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[+2]    #2 17/02/2020 16h41

Membre (2017)
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Bonjour,

Dans cette analyse rapide, j’avais pris les Allemands Evonik et Lanxess, le Belge Solvay et le Suisse Clariant comme comparables dans la chimie de spécialité : des groupes diversifiés de la chimie de spécialité, à l’image d’Arkema.

Dans le cadre d’une analyse par parties d’Arkema, on pourrait utiliser des entreprises plus spécialisées, et éventuellement séparer Arkema en 4 parties (en distinguant les adhésifs des autres matériaux de haute performance).

Chimie de spécialité (groupes diversifiés) : Evonik, Solvay, Clariant, Sika

Polymères / MHP : Lanxess, LyondellBasell, Westlake Chemical, EMS-Chemie, Ube Industries, Omnova Solutions (achetée récemment par Synthomer)

Adhésifs : H.B. Fuller

Coating : PPG, Sherwin-Williams, Akzo Nobel, Axalta Coating Systems, RPM International (on pourrait ajouter Allnex, mais elle n’est pas cotée)

Groupes chimiques très diversifiés : Dow, Bayer, Henkel (sans doute trop diversifiés pour être des comparables utiles)

PS : Actionnaire Arkema, Evonik, Sika et Sherwin-Williams.

Hors ligne Hors ligne

 

[+8]    #3 28/02/2020 23h49

Membre (2013)
Réputation :   148  

bonsoir,

vous trouverez ci-dessous mon analyse approfondie sur le groupe Arkema.
Pour une meilleure visibilité, vous le trouverez également au format PDF sur mon site aux côtés de celles d’Akwel et de Faurecia :
Analyses financières | French Stocks Value

Bonne lecture…

Analyse d’Arkema

I/ Activités du groupe :

• Arkema est un groupe français de chimie qui emploie plus de 20 000 personnes. Il est présent dans 55 pays et dispose de 136 sites industriels (données issues du document de référence 2018.)

• Les ventes du groupe sont assez également réparties au sein de ses principales zones géographiques (données issues de la présentation des résultats 2019) :
-    36 % en Europe ;
-    32 % en Amérique du Nord ;
-    32 % en Asie et reste du Monde.

• Les activités d’Arkema sont concentrées en trois pôles :
- les Matériaux Haute Performance (MHP ; 47 % du chiffre d’affaires) qui comprennent Bostik, les polymères techniques et les additifs de performance. Les Matériaux Haute Performance proposent des solutions à haute valeur ajoutée utilisées dans des secteurs variés tels que les transports, l’extraction du pétrole, les énergies renouvelables (photovoltaïque, batteries lithium-ion), les biens de consommation (produits de beauté, articles de sports, emballage…), l’électronique, la construction, les revêtements et le traitement de l’eau ;

- les Spécialités Industrielles (29 % du chiffre d’affaires) qui rassemblent les Business Lines (BL) Thiochimie, Fluorés, PMMA et oxygénés. Ces BL regroupent des produits utilisés dans de nombreux secteurs industriels tels que la production de froid, la pétrochimie et le raffinage, la production de pâte à papier, l’alimentation animale, l’électronique et l’automobile ;

- les Coating Solutions (24 % du chiffre d’affaires) qui regroupent les BL acryliques et résines de revêtements et additifs. Ce pôle propose des solutions pour les peintures, les revêtements industriels, les adhésifs et pour les applications acryliques en forte croissance (superabsorbants pour les couches-culottes, traitement de l’eau, extraction du pétrole et du gaz). 





• En 2019, Arkema a connu une très légère baisse de son chiffre d’affaires et de sa rentabilité en raison des difficultés rencontrées sur les fluorés et sur le propylène.

• L’activité du groupe est toujours bien répartie dans ces trois principales régions avec 36 % des ventes en Europe, 32 % en Amérique du Nord et 32 % en Asie et dans le reste du monde.

• Depuis les résultats du 1er semestre 2019, on note l’annonce par Arkema des acquisitions de Prochimir, Lambson et LIP, qui représentent plus de 100 millions d’€ de chiffre d’affaires supplémentaires. Le closing de LIP a eu lieu en début d’année. Celui de Prochimir et Lambson devrait intervenir au 1er trimestre 2020. En contrepartie, cherchant à se recentrer sur les activités de spécialités, le groupe a vendu son activité polyoléfines fonctionnelles (250 millions d’€ de chiffre d’affaires).

• Arkema distingue les activités dites « de spécialités » des activités « intermédiaires ». Les activités de spécialités représentent plus de 70 % des ventes et le groupe souhaiterait les porter à 80 %, ce qui lui permettrait d’être moins sensible à la conjoncture économique et avoir de ce fait un profil encore moins cyclique (ce qui n’est plus vraiment le cas aujourd’hui).

- Activités de spécialités : Matériaux avancés ; Adhésifs ; Thiochimie ; Perfomance coatings (résines de revêtements et additifs) et Oxygénés ;
- Activités intermédiaires : PMMA ; Gaz fluorés et acryliques.

• Selon Bloomberg, le fonds activiste Elliott serait rentré au capital d’Arkema et pousserait le groupe optimiser son portefeuille d’activités. Ainsi, Arkema envisagerait la cession des activités PMMA qui est une composante de sa branche « Spécialités Industrielles ». Elles représentaient 10 % du chiffre d’affaires du groupe en 2018 et plus de 30 % de celui de sa branche (environ 850 millions d’€).
- Cette composante exerce ses activités au plan mondial et est présente sur trois continents avec des usines aux États-Unis, au Mexique, en Europe et en Corée du Sud sous les marques Plexiglas et Altuglas.
- La taille globale du marché du PMMA est estimée à environ 2 millions de tonnes. Ses débouchés les plus importants sont le bâtiment, l’automobile, le sanitaire, la signalisation commerciale, l’électronique et les équipements de la maison. Arkema est un acteur mondial pour la production de PMMA. Ses principaux concurrents (et donc potentiels acheteurs de cette activité) sont Mitsubishi Chemical, Evonik et Sumitomo Chemical.

• Du point de vue des critères extra financiers, Arkema a reçu par l’organisme CDP les notes «A-» sur le changement climatique et « B-» sur la gestion de l’eau. En poursuivant ses efforts, le groupe pourrait envisager son entrée au Dow Jones Sustainability Index (DJSI). Arkema figure dans le FTSE4Good depuis 2015 et se maintient depuis la même année au niveau « Gold » d’Ecovadis.

• Arkema pourrait prêter le flanc à la critique du point de vue de sa gouvernance, les administrateurs manquant pour certains d’expertise dans le domaine de la chimie et n’ayant pas particulièrement fait leurs preuves lorsque ces derniers étaient à des postes à responsabilité (Yannick Assoud notamment). Le conseil d’administration manque en outre de profils internationaux et les fonctions de président et de directeur général sont toutes les deux tenues par une seule et même personne, Thierry le Hénaff.

Conclusions intermédiaires :
- Arkema est très bien diversifié avec trois zones d’activités bien réparties et trois pôles rentables et peu dépendants
- Arkema évolue dans un marché plus volatile qui effrite un peu sa rentabilité.
- Arkema figure parmi les entreprises les plus performantes en matière de RSE.
- Le fonds activiste Elliott est présent au capital et pourrait pousser Arkema à revoir son portefeuille d’activité.
- La gouvernance du groupe reste perfectible au niveau de son conseil d’administration et pourrait prêter le flanc à la critique.


II/ Analyse du bilan :

Points positifs :

• Arkema dispose d’une trésorerie et équivalent de trésorerie de 1,4 milliard d’€, qui représentait 12,8 % de ses actifs.

• Retraités des éléments issus de la norme IFRS 16 (+2 millions d’€), la valeur des capitaux propres en 2019 continue d’augmenter pour atteindre 5,324 milliards d’€ contre 5,03 milliards d’€ au 31 décembre 2018.

• L’endettement net (également retraité des impacts de la norme IFRS 16) n’est que de 1,46 milliard d’€ (données issues de la présentation des résultats 2019), soit 1x l’EBITDA.

• Entre 2018 et 2019, la liquidité de groupe diminue mais reste très bonne avec un ratio de liquidité de 2,03 et un quick ratio de 1,52.

Points à surveiller :

• Le BFR a augmenté pour atteindre 1 228 millions d’€ contre 1 171 millions d’€ en 2018. Le ratio BFR/CA annualisé s’établit à 14 % contre 13,3 % en 2018.

• Le fonds de roulement d’Arkema est largement positif (2 milliards d’€) ce qui signifie que le groupe dispose de suffisamment de ressources financières pour supporter l’intégralité de ses investissements de long terme. Bien qu’il ait fortement réduit entre le 31 décembre 2018 et le 30 juin 2019 (-20 %), l’entreprise semble rester surcapitalisée.

Conclusions intermédiaires :
- Le bilan d’Arkema est très solide avec un niveau de trésorerie confortable, un endettement peu élevé et des ressources de long terme qui couvrent largement les immobilisations (surcapitalisation ?).
- Arkema dispose d’une capacité financière de plus de 2 milliards d’euros pour de la croissance externe.
- Pour rééquilibrer ses emplois et ressources de long terme, le groupe pourrait très justement récompenser ses actionnaires en proposant un dividende exceptionnel ou au travers d’une politique de rachat d’actions.


III/ Analyse du compte de résultats



• Arkema affiche un chiffre d’affaires en très léger repli sur l’année 2019 par rapport à 2018 (-0,9 %) pénalisé par une baisse des volumes (-2,4 %) et des prix (-2,3 %) mais aidé par un effet périmètre (+1,8 % suite à l’acquisition d’ArrMaz) et par un effet de change positif (+2 %).

• Sur 2019, retraité de l’impact de la norme IFRS 16 (56 millions d’€), l’EBITDA atteint 1 401 millions d’€ (soit 16 % des ventes) à comparer au niveau record de 1 474 millions d’€ en 2018 (16,7 % des ventes). D’après le groupe, cette performance, face au contexte macro-économique plus complexe et donc moins favorable, et aux conditions de marché moins avantageuses dans les gaz fluorés, est due à la belle progression de Bostik et de la Thiochimie notamment.

• Retraité de l’impact de la norme IFRS 16 (2 millions d’€), Arkema atteint un résultat opérationnel courant en 2019 de 924 millions d’€ contre 1 026 millions d’€ en 2018. La baisse du ROC (-9,9 %) traduit les difficultés du groupe à maintenir ses marges, principalement du fait de l’augmentation de ses amortissements et dépréciations courants (+83 millions d’euros en 2019 par rapport à 2018).



• En détaillant les résultats par pôle d’activité, les Spécialités Industrielles ont pesé sur la rentabilité (-18,5 %), en raison d’un effet prix de -7,3 % et d’un effet volume de -1,5 %, principalement dus au marché difficile des gaz fluorés.

• Retraité de l’impact de la norme IFRS 16, le résultat net s’établit à 627 millions d’€ (7,2 % du CA) contre 725 millions d’€ en 2018 (8,2 % du CA).

Conclusions intermédiaires :
- Arkema fait preuve d’une bonne résilience sur l’exercice 2019 au niveau de son chiffre d’affaires. Bien que ses marges aient légèrement souffert, elles restent à un très bon niveau.
- Le pôle « Spécialités Industrielles » a souffert en 2019 avec un chiffre d’affaires en décroissance de 6,9 % et un ROC en baisse de 18,5 % par rapport à 2018. Néanmoins, le pôle reste le plus profitable du groupe avec une marge opérationnelle de plus de 16 %.
- L’amplitude particulièrement élevée des marges des différentes branches d’activité (du simple au double) pourrait pousser le groupe à réfléchir à une reconfiguration de son périmètre d’activité.


IV/ Analyse des flux de trésorerie :

• Retraitée de l’impact de la norme IFRS 16 (52 millions d’€), la capacité d’autofinancement atteint en 2019 1 131 millions d’€ contre 1 138 millions d’€ en 2018. Le flux opérationnel est de 1 300 millions d’€ contre 1 029 millions d’€ en 2018. Cet écart entre 2019 et 2018 provient essentiellement de la variation du BFR.

• Les investissements courants s’élèvent à 635 millions d’€ en 2019 (dont 96 millions d’€ d’exceptionnels pour le projet de doublement de la capacité de production de thiochimie en Malaisie et les investissements réalisés dans les polyamides de spécialités en Asie) contre 591 millions d’€ en 2018. Ils devraient atteindre 700 millions d’€ en 2020.

• Le Free Cash-Flow (FCF) s’établit à 667 millions d’€ contre 499 millions d’€ en 2018 (hors impact lié aux opérations d’acquisition et de cession).

• Le flux de trésorerie provenant du financement s’élève à +64 millions d’€. Il intègre notamment :
- une émission obligataire de 499 millions d’€ ;
- un dividende de 2,50 € par action payé au titre de l’exercice 2018 pour un montant total de 190 millions d’€ ;
- le coût des rachats d’actions propres pour 34 millions d’€.
- le coût net global de 38 millions d’€ du refinancement partiel d’obligations hybrides pour un montant nominal de 400 millions d’€.

• Arkema fait preuve d’une très bonne gestion de ses lignes de financement en combinant une offre de rachat de sa souche existante et l’émission d’une nouvelle obligation, portant le coupon annuel à payer de 4,75 % à 2,75 %.

• Le groupe va augmenter son dividende à 2,70 €/action pour 2,5 €/action en 2018.

Conclusions intermédiaires :
- Arkema gère très bien ses besoins en financement en réduisant, grâce à des conditions de marché favorables, le coût de ses obligations.
- Arkema génère beaucoup de cash de ses activités. Le flux opérationnel atteint 1 300 millions d’€. 


V/ Valorisation

• Pour l’année 2020, Arkema vise :
- Un niveau d’EBITDA équivalent à celui de 2019 (hors impact du Covid-19). A fin février, l’impact de la crise sanitaire sur l’EBITDA était d’environ 20 millions d’€.

• Il est particulièrement difficile d’estimer l’impact de la crise liée au Covid-19 sur l’activité d’Arkema pour l’ensemble de l’année 2020. Je préfère être conservateur à ce sujet et revoir mes estimations d’EBITDA à 1 300 millions d’€ (inclus un impact entre 80 et 100 millions d’€ liée au Covid-19).

• Pour 2023, l’ambition du groupe est d’atteindre une part de 80 % de son CA via les activités de spécialités et de poursuivre son rééquilibrage géographique. Dans ces conditions, Arkema envisage une marge du ROC comprise entre 11,5 % et 12,5 % (elle est de 10,6 % en 2019).

• Le price to book s’établit à 1,28.

1. Valorisation par les comparables



• Le secteur de la chimie de spécialité en Europe de l’Ouest se traite à 13,9x l’EBITDA (données Damodaran). Pour sa part, Arkema cote, en moyenne sur les cinq dernières années, 6,6x son EBITDA. En prenant ses résultats 2019 (EBITDA = 1,4 milliard d’€) et sa valeur d’entreprise, Arkema, entre 10x et 12x son EBITDA, serait valorisé entre 165 et 202 € par action.

Au regard de ses comparables, de ses marges, de son excellente répartition géographique et de la solidité de son bilan, une valorisation entre 8 et 10x son EBITDA 2019 ne serait pas exagérée, soit un cours de l’action compris entre 128 et de 165 € par action. En se projetant sur les résultats 2020 (estimé d’EBITDA à 1 300 M€ endettement net réduit de 200 M€), la valorisation serait compris entre 120 et 154€/action.

• Arkema cote aujourd’hui à un PER de 12,6x alors que sa moyenne à 5 ans est de 15,8x. Le PER du secteur est de 20,5x. Ses principaux comparables ont des PER compris entre 4,8 et 14,8x pour 2020. La norme se situe plutôt entre 14 et 20x.

Ainsi, au regard de ses performances opérationnelles et de la solidité de son bilan, Arkema mériterait d’être valorisé à un minimum de 14x son PER 2020 (estimé de RN de 550 M€), soit 101 €/action. Sur un RN normalisé (retraité de l’impact du Covid-19) de 650 M€, la valorisation serait de 120 €/action. Pour mon cours cible, je prévois de faire la moyenne des deux et prendre ainsi un estimé à 110 €/action.

2. Valorisation par la somme des parties :



Chaque branche d’Arkema peut être analysée séparément :

2.1. MHP : Polyamides de Spécialités (47 % du CA d’Arkema)
(Polymères fluorés – PVDF ; Tensio-Actifs et Additifs pétroliers ; Tamis moléculaires et FEBEX ; Peroxydes Organiques ; Résines photoréticulables (Sartomer))



- Le chiffre d’affaires de la branche MHP est en croissance stable sur la période 2015-2019 (+21 %).



- L’EBITDA pour sa part est quasi stable en 2019 (-0,7 %) après quatre années de croissance. Il progresse néanmoins de plus de 25 % sur la période 2015-2019.



- Le ROC suit la même trajectoire que l’EBITDA avec une très légère baisse en 2019 par rapport à 2018 (-2,7 %). Sur la période 2015-2019, il progresse cependant de plus de 32 %.

• Les principaux comparables de la branche MHP d’Arkema affichent pour leur part les performances suivantes :





- Les chiffres d’affaires d’Omnova et de Lanxess sont en tendance baissière depuis 2015. Westlake a vu le sien fortement augmenter en raison de l’acquisition d’Axiall en 2016. Depuis, ce dernier se stabilise. Les chiffres d’affaires d’Arkema (MHP) et de Lyondellbasell sont pour leur part en légère croissance.



- Seuls Arkema (MHP) et Westlake ont vu leur EBITDA augmenter depuis 2015. Néanmoins, celui de Westlake connait une forte détérioration en 2019. Lanxess reste sur une tendance neutre alors que les EBITDA d’Omnova et de LyondellBasell sont en baisse. Arkema (MHP) semble ainsi faire preuve d’une meilleure résilience.



- Cette résilience d’Arkema (MHP) par rapport à ses comparables est cependant un peu moins visible quand on compare les sociétés en fonction de leur EBIT. En effet, la société française connait une diminution de son EBIT entre 2016 et 2019 (-14,8 %), bien que ce dernier soit en augmentation entre 2015 et 2019 (+30,9 %). Celui de Lanxess, plus volatile, stagne alors que les EBIT des autres comparables sont en décroissance assez sensible. 

• Parmi les dernières opérations publiques d’achat, Omnova a été racheté par Synthomer 824 millions $ au mois de juillet 2019 (12,4x son EBITDA ; 1x son CA) alors que le groupe a connu trois fois une marge opérationnelle négative sur les cinq dernières années.

Ainsi, en raison de la résilience de sa rentabilité et en prenant en compte les valorisations de ses principaux concurrents, la branche MHP d’Arkema pourrait être valorisée entre 7 et 8x son EBITDA de 2019 (635,5 millions d’€), soit entre 4,4 et 5,1 milliards d’€.

En prenant comme référence ma prévision d’EBITDA de 2020 (560 M€ ; impact du Covid-19 inclus), la valorisation serait comprise entre 3,9 et 4,5 milliards d’€

Je retiens comme valorisation pour cette branche le montant de 4,5 milliards d’€.


2.2. Spécialités Industrielles (29 % du chiffre d’affaires ; Thiochimie, Fluorés, PMMA et oxygénés)



• Contrairement au chiffre d’affaires de sa branche MHP, la branche Spécialités Industrielles d’Arkema montre une tendance neutre. La baisse de 2016 est en grande partie due à la vente par Arkema de Sunclear (180 millions d’€). Sur l’exercice 2019, le chiffre d’affaires du pôle Spécialités Industrielles a souffert, puisqu’il recule de 6,9 % par rapport à l’an dernier compte tenu d’un effet prix et d’un effet volumes en retrait.



• L’évolution de l’EBITDA est positive sur la période 2015-2019, malgré la baisse de 2019. En effet, ce dernier a connu une forte hausse de 2015 à 2018 (+61,5 % en 4 ans). La baisse en 2019 est due à la contre-performance des gaz fluorés et de la normalisation des conditions de marché dans la chaîne MAM/PMMA. Ces impacts ont cependant été atténués par la très bonne performance de la Thiochimie. Dans ce contexte, la marge d’EBITDA est restée à un excellent niveau à 23,7 %.



• Le ROC a connu la même évolution que celui de l’EBITDA, à savoir une forte hausse de 2015 à 2018 (+110 %). En 2019, le ROC décroit de -18,5 % eu égard au contexte plus difficile (effets prix et volumes négatifs ; difficultés sur le marché des gaz fluorés).

• Les principaux comparables de la branche Spécialités Industrielles d’Arkema affichent pour leur part les performances suivantes :





- L’évolution du chiffre d’affaires de la branche Spécialités Industrielles d’Arkema est en légère croissance sur la période 2015-19 (+4,5 %). L’évolution de celui de Sika se démarque sensiblement des autres comparables, affichant une tendance de forte hausse. La baisse de Clariant en 2019 est due au recentrage de son portefeuille d’activité. Retraité de ces ventes, le chiffre d’affaires du groupe Suisse serait stable en 2019.



- Seuls Arkema (Spécialités Industrielles), Sika et Clariant (retraité des dernières cessions) ont vu leur EBITDA augmenter sensiblement depuis 2015. Celui de Solvay est relativement stable alors que celui d’Evonik est en retrait sur la période.



- La branche d’Arkema a connu la plus forte progression de son EBIT sur la période par rapport à ses comparables. Solvay et Sika ont également vu leur EBIT augmenter, néanmoins celui de Solvay stagne depuis 2016. L’EBIT de Clariant est resté globalement stable alors que celui d’Evonik est en forte baisse.

• Pour mémoire, peu avant Noël, Clariant a annoncé la vente de l’unité Masterbatches (mélanges maîtres) à l’américain PolyOne pour 1,3 milliard d’€ (12,2x l’EBITDA pour une marge proche de 15 %). En 2017-2018, Akzo Nobel a vendu aux fonds The Carlyle Group et GIC sa branche chimie de spécialité (16x l’EBIT).

Ainsi, en raison de sa forte rentabilité et en prenant en compte les valorisations de ses principaux concurrents, on peut raisonnablement valoriser la branche Spécialités Industrielles d’Arkema à 12x son EBITDA de 2019 (597 millions d’€), soit entre 7,2 milliards d’€.

En prenant comme référence ma prévision d’EBITDA de 2020 (520 M€ ; impact du Covid-19 inclus), la valorisation serait de 6,2 milliards d’€

Je retiens comme valorisation le point moyen de 6,7 milliards d’€ pour cette branche.


2.3. Coating Solutions (24 % du chiffre d’affaires ; acryliques, résines de revêtements et additifs)



• Le chiffre d’affaires de la branche Coating Solutions connait depuis 2015 une croissance régulière et soutenue (+15,4 %).



• Son EBITDA suit une tendance fortement positive avec une croissance de près de 32,9 % entre 2015 et 2019.



• La tendance est encore plus favorable pour le ROC qui a augmenté sur les cinq dernières années de plus de 96,5 %.

• Les principaux comparables de la branche Coating Solutions d’Arkema affichent pour leur part les performances suivantes :





- Sherwin W. (notamment suite à l’acquisition de Valspar en 2017), Axalta et Coating Solutions (Arkema) ont vu leur chiffre d’affaires augmenter sur la période 2015-2019. Le chiffre d’affaires de PPG reste sur une tendance neutre alors que celui d’Akzo Nobel est en baisse en raison de la vente en 2017-2018 aux fonds The Carlyle Group et GIC de sa branche chimie de spécialité (16x l’EBIT). Depuis son chiffre d’affaires stagne.



- Seuls la branche d’Arkema, Sherwin W. et Axalta connaissent une tendance positive de leur EBITDA sur la période 2015-2019. L’EBITDA d’Akzo Nobel est en baisse alors que celui de PPG stagne.



- Du point de vue de l’EBIT, la branche d’Arkema se démarque nettement de ses comparables avec une très forte croissance sur la période 2015-19. Celui de Sherwin W. connait une belle croissance alors que ceux de Axalta et de PPG stagnent et que l’EBIT d’Akzo Nobel est en tendance baissière.

Ainsi, au regard de sa croissance continue, de sa rentabilité moindre que celles de ses principaux comparables, on peut raisonnablement valoriser la branche Coating Solutions d’Arkema entre 7 et 8x son EBITDA de 2019 (252,5 millions d’€), soit entre 1,8 et 2 milliards d’€.

En prenant comme référence ma prévision d’EBITDA de 2020 (220 M€ ; impact du Covid-19 inclus), la valorisation serait comprise entre 1,54 et 1,76 milliard d’€.

Je retiens comme une possible valorisation le point moyen de 1,75 milliard d’€ pour cette branche.


Synthèse :

VE de MHP = 4,5 milliards d’€
VE de Spécialités Industrielles = 6,7 milliards d’€
VE de Coating Solutions = 1,75 milliard d’€

VE d’Arkema = 12,95 milliards d’€ soit une capitalisation de 151 €/action.

3. Valorisation par les flux :

•    Sur les résultats 2019 :
ROC net d’impôt = 725 millions d’€
Dotations aux amortissement et provisions = 598 millions d’€
Investissements = 630 millions d’€
Variation de BFR = -92 millions d’€
WACC = 8,4 %
Croissance à long terme = 1,5 %
Endettement net = 1 460 millions d’€

En prenant en compte les chiffres supra, Arkema devrait être valorisé aux alentours des 130 €.

•    Hypothèse sur les résultats 2020 (impact du Covid-19 inclus) :
ROC net d’impôt = 556 millions d’€
Dotations aux amortissement et provisions = 635 millions d’€
Investissements = 700 millions d’€
Variation de BFR = 60 millions d’€
WACC = 8,4 %
Croissance à long terme = 1,5 %
Endettement net = 1 260 millions d’€

En prenant en compte les chiffres supra, Arkema devrait être valorisé aux alentours des 65 €.

Ici encore, je préfère prendre un point moyen pour arriver à une valorisation conservatrice. Je retiens donc une valorisation par les flux de 98 €/action.


4. Synthèse des valorisations :


Selon cette analyse, la valeur moyenne d’ARKEMA se situerait à environ 125 €/action.

VI/ ANALYSE TECHNIQUE



• D’un point de vue technique (vue hebdomadaire), après avoir connu une longue phase haussière, le titre évolue aujourd’hui dans un range compris entre 70 et 108 €. Le cours de l’action évolue cependant sur une nouvelle tendance haussière depuis le début de l’année 2019, coiffé cependant par une résistance oblique descendante.
• Le titre se situe aujourd’hui en-dessous d’une résistance secondaire comprise entre 90 et 92 €, qu’il est venu tester suite à l’annonce par Bloomberg de l’entrée du fonds activiste Elliott au capital d’Arkema. Une seconde résistance secondaire est présente entre 97 et 99 euros. Une troisième résistance, qui correspond au plus haut historique du cours, se situe entre 104 et 108 €.
• Deux supports ( 81-82,5 € et 70-72,5 €) pourraient être utilisés par des acheteurs souhaitant se positionner sur le titre à bon compte.

Mon plan de Trade :

• Estimant la valeur d’Arkema à 125 €/action, je considère que le cours actuel offre déjà une belle marge de sécurité. Néanmoins, pour éviter d’entrer en une fois sur le titre (ce que je déconseille, je privilégie en effet une composition de ligne de portefeuille en plusieurs phases), j’utiliserais le plan de trade suivant :
• Achat d’un tiers de la position vers 83 € si le cours atteint son support et ne le casse pas (sinon achat vers 73 € au niveau du second support si ce dernier tient) ou bien suite à la cassure de la résistance secondaire entre 90 et 92 €. En cas d’effondrement généralisé des cours, attendre que le titre rebondisse sur un support plus bas (64-66 € par exemple).
• Achat d’un autre tiers une fois une résistance franchie (attention, en cas de cassure d’un support, ce dernier devient une résistance).
• Revente des deux tiers de la position entre 120 et 125 € ;
• En fonction de l’évolution des résultats de la société et de ses perspectives, vente du reste de la position.

Sources :
-    Documents de référence 2017 et 2018
-    Rapports semestriels 2019
-    Résultats 2019
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-    Cette analyse ne reflète que l’avis de son auteur et ne doit en aucun cas être pris comme un conseil d’investissement.
-    Je suis actionnaire d’Arkema et compte me renforcer prochainement.

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#4 06/05/2021 19h49

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Pour le suivi (et l’animation de cette file un peu morte…), le T1 d’Arkema est sorti. Il est assez bon.

. CA en hausse à 2.23 MM€ (+13% en organique)
. L’Ebitda augmente de presque 20%, avec une marge qui grimpe
. L’Ebit récurrent progresse de 40%à 223 M€, soit une marge de 10%
. L’EPS fait +59% à 2€

Fort de ses bons résultats, le Groupe relève ses "guidances" mais sans être très précis.

Par rapport à 2019:
. Le CA est aujourd’hui légèrement meilleur (était à 2.21 MM)
. L’Ebitda est encore un peu en retrait
. L’Ebit récurrent est encore en retrait , la marge était à 11.2%
. L’EPS était à 2.16€

On peut donc dire qu’Arkema semble être proche d’avoir effacé la crise.

Bonne soirée.

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#5 10/11/2021 19h38

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Bonsoir,

la file Arkema est toujours aussi peu animée, mais la boîte a sorti un joli T3:

. CA à 2.4 MM€, soit +30% vs 2020, mais aussi +17% vs 2019. C’est le résultat d’une hausse des volumes et des prix. Arkema semble donc montrer un bon ’pricing power’

. l’Ebitda augmente de 54% et l’Ebit double par rapport à l’an dernier

. EPS courant du trimestre: 3.44€. Le résultat est multiplié par plus de 2 vs 2020.
Sur les 9 mois de 2021, l’EPS est de 15.5€. On se dirige donc vers un EPS annuel de l’ordre de 19€, et un PER d’environ 6.5. On est peut être en haut de cycle, mais la valeur n’est pas très chère.

. Dette nette faible, à 0.8 fois l’Ebitda

La société remonte sa ’guidance 2021’. Elle précise que le T4 devrait être "dans la lignée des derniers mois".
Mr Market a apprécié ses résultats: le titre prend 4% dans un marché stable.

Bonne soirée.

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