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[+1]    #1 18/02/2016 04h34

Membre (2015)
Réputation :   18  

Bonsoir,

Je faisais consciencieusement mes devoirs ce soir en décortiquant le dernier rapport annuel d’Esso (dont on parle en détail sur ce fil où j’interviendrai une fois que l’analyse sera terminée) et je suis tombé sur un gros os…



Des provisions pour engagements de retraite correspondant à 3 fois la capitalisation totale de la boîte !

Je n’avais jamais croisé de tels chiffres, qui ne figurent d’ailleurs pas toujours au bilan… En IFRS, la norme IAS 19 impose de faire paraître ces engagements au bilan, mais, à moins d’une modification récente, les normes françaises ne l’impose pas (même si elles l’encouragent) et il convient d’aller chercher le chiffre dans les annexes comptables (où il se doit de figurer)

Tout d’abord, de quoi parle-t-on ?

Si j’ai bien compris (et je serais ravi qu’on me reprenne sur ces points), il s’agit des primes de départ à la retraite que la société va devoir verser lors du départ de ses salariés.
Le montant est donc une estimation, que l’on provisionne, et qui dépend de tout un tas de paramètres (durée des carrières, âge des salariés, turnover, progression des salaires, divers taux d’actualisation, tables de mortalité, ratio homme/femme dans la boîte, etc.), et la variation d’un ou plusieurs paramètres peut avoir un impact non négligeable sur le montant de la provision.

D’ailleurs, ce sont ces variations de paramètres d’un exercice à l’autre qui génère des "écarts actuariels" qu’il convient d’ajouter ou de retrancher à la provision. Et cerise sur le gâteau pour compliquer encore la lecture des comptes, il semblerait que ces écarts soient dans certaines conditions amortissables sur 10 ans…

Les rapports annuels précisent que les calculs, qui peuvent être un peu complexes je pense, sont réalisés par des actuaires indépendants. Sans doute pour éviter le soupçon de manipulation à des fins de lissage du résultat (une grosse provision les bonnes années qu’on pourra reprendre en cas de vaches maigres, ou pour faire baisser les impôts, ou pour manipuler le cours de bourse quand des stocks options arrivent à expiration…) Bref, des chiffres pas forcément très fiables.

Comment les traitez-vous ?

Dans le cadre de la valorisation de la boîte, comment considérer ces provisions ? Jusqu’à présent, prudence oblige, je les prenais à 100 % (voire 120 % sur Signaux Girod, dont on discute ici, où le scénario et tous les paramètres me semblaient tirés vers l’optimisme). Mais si on cherche à détailler plus en profondeur, que faut-il considérer d’après vous ?

Par exemple, j’ai parfois croisé des provisions pour "formation des employés" où les boîtes provisionnent 100 % des DIF au coût salarial horaire. Cela m’a toujours semblé particulièrement conservateur. En effet, de nombreux DIF ne seront jamais utilisés et, pour ceux qui le seront, souvent le salarié ne sera pas remplacé, cela ne génèrera donc pas de surcoût pour la boîte, et la perte de productivité est toute relative. Certains feront le boulot en avance, rattraperont, se feront remplacés par un collègue… Quant aux coûts des formations elles-mêmes, elles sont à peu près stables d’une année sur l’autre et sont donc déjà intégrés dans la marge opérationnelle moyenne de la boîte qu’on utilise pour valoriser. Je déprécie donc largement ces éventuelles provisions pour formation.

Mais en ce qui concerne les retraites, la mécanique est différente et je ne sais qu’en penser, surtout quand on voit à l’instar de l’exemple cité chez Esso que :
Le total correspond à 30 ans de dépenses actuelles (1499.7/50.3 = 29.8)
Un écart actuariel sur un an peut représenter la bagatelle de 340 MEUR (65% de la capitalisation boursière de la boite, 7 ans de primes d’un coup !)

Je serais (un investisseur) heureux d’avoir vos avis sur le sujet !

Message édité par l’équipe de modération (18/02/2016 09h06) :
- modification du titre ou de(s) mot(s)-clé(s)

Dernière modification par Gustrot (18/02/2016 04h37)

Mots-clés : provisions formation, provisions retraites, valorisation

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#2 18/02/2016 07h22

Membre (2014)
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Réputation :   325  

Bonjour
L’objet de ces provisions diffère selon les pays et selon le type d’engagement et de prestations de retraite auxquels les salariés vont avoir droit. Dans certains pays les entreprises garantissent le déficit éventuel du fonds de pension (engagement - actifs du fonds de retraite) et le provisionnent dans les comptes consolidés. En France il s’agit des indemnités de fin de carrière classiques de tout salarié et des régimes spécifiques des dirigeants généralement.
Comment les appréhender pour valoriser l’entreprise ? au cas par cas compte tenu de ce qui a été dit plus haut. Il est clair que c’est peut être le passif le plus long terme, juste avant les capitaux propres. A ce titre seul un faible montant de la provision est en général décaissé dans les années qui suivent. Donc peu d’incidence sur une valorisation par les cash flows futurs normatifs sur 10 ou 15 ans par exemple. Par contre en terme patrimonial ne pas déduire cet engagement dans l’actif net serait une erreur.
bonne journée


"La bourse est le seul magasin où la plupart des clients fuient quand les prix baissent. W Buffet". Portefeuille, Blog

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#3 18/02/2016 09h20

Membre (2016)
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Bonjour

Il faut bien distinguer selon les pays.

Dans le système français (retraite par répartition),
il y a bien des primes.
Elle sont variables selon l’ancienneté, la convention collective, l’initiative
(mise à la retraite par l’employeur ou départ par le salarié) ;
mais ne sont jamais énormes (quelques mois de salaire au plus).
Une fois à la retraite, l’employeur n’a plus de rapport avec son ex salarié.
Je ne crois pas qu’on provisionne ces primes,
sauf à avoir une pyramide des âges très déséquilibrée avec beaucoup de seniors.

Dans le système anglais par exemple (retraite par capitalisation),
les grandes entreprises doivent avoir des fonds de retraite pour leurs ex salariés.
Et si le fonds est en déficit, l’entreprise doit remettre au pot.
Et là ça peut être cher.

Dernière modification par ArnvaldIngofson (18/02/2016 09h20)


Dif tor heh smusma

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#4 19/02/2016 00h20

Membre (2015)
Réputation :   18  

ArnvaldIngofson a écrit :

Dans le système français (…) il y a bien des primes.
(…)
Je ne crois pas qu’on provisionne ces primes

Dans le cas d’Essoou de certains autres groupes, ces primes sont provisionnées, mais ne représentent en effet pas un montant collosal

ArnvaldIngofson a écrit :

Une fois à la retraite, l’employeur n’a plus de rapport avec son ex salarié.

A la réflexion, je crois que c’est là en fait que le bât blesse.
En effet, en lisant attentivement les notes d’Esso, on se rend compte que la société va continuer à payer les primes de mutuelle pour ses employés et leur garantit une retraite complémentaire, non externalisée, qui explique les montants très importants provisionnés…

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