PlanèteMembres  |  Mission   xlsAsset xlsAsset
Cherchez dans nos forums :

Communauté des investisseurs heureux (depuis 2010)

Echanges courtois, réfléchis, sans jugement moral, sur l’investissement patrimonial pour devenir rentier, s'enrichir et l’optimisation de patrimoine

Invitation Vous n'êtes pas identifié : inscrivez-vous pour échanger et participer aux discussions de notre communauté !

Attention Cette page affiche seulement les messages les plus réputés de la discussion.
Flèche Pour voir tous les messages et participer à la discussion, cliquez ici.

Flèche Découvrez les actions favorites des meilleurs gérants en cliquant ici.

[+1]    #1 09/08/2012 12h25

Membre (2011)
Top 20 Dvpt perso.
Top 20 Expatriation
Top 20 Actions/Bourse
Top 20 Invest. Exotiques
Top 5 Finance/Économie
Réputation :   479  

vince37 a écrit :

Je suis très sceptique sur toute approche basée sur des historiques de cours.

Moi de même, à moins que l’on parle d’une franchise à faible capex type Coca-Cola ou McDonald’s.

vince37 a écrit :

On a longtemps cru que les actions surperformaient tous les autres actifs sur de longues durées, rien est moins sur.

Actions vs. obligations



Actions vs. immobilier (US)



Actions vs. autres actifs (US)



Actions vs. or/cuivre



Le cas franco-francais semble plus nuancé; mais, personne ne recommande d’être investi sur un seul index, et le prix du logement semble être en situation de bulle (encouragé par l’Etat?).



vince37 a écrit :

Amha pour surperformer le marché il faut avoir une marge de sécurité ou bien un avantage compétitif sur les autres investisseurs.

N’est-ce pas là une absolue évidence, valable quelle que soit l’activité sportive, intellectuelle, financière, militaire ou scientifique où l’individu est engagé?

Dernière modification par thomz (09/08/2012 12h34)

Hors ligne Hors ligne

 

[+1]    #2 09/08/2012 14h11

Membre (2011)
Réputation :   39  

vince37 a écrit :

Il s’agit de modèles d’évaluation validé par des historiques. Je suis très sceptique sur toute approche basée sur des historiques de cours.

Avec quoi d’autre voulez vous procéder ?

vince37 a écrit :

Leur postulat est " puisque cela s’est passé comme pendant 10 ans, 20 ans, 100 ans cela a de très fortes chances de continuer". Et bien non. C’est  tout l’objet du livre « Le hasard sauvage » de NS Taleb.

J’ai aussi lu Taleb, avec délectation même. On ne peut en effet pas éluder la possibilité d’une rupture majeure dans le trend, d’un changement de paradigme. Néanmoins, il me semble que les statistiques historiques ont un certain degré de pertinence, supérieur à des évaluations court terme.

Je dirais même que cet article illustre :
1) la volatilité des marchés financiers à court terme ; les phénomènes extrêmes sont légion, contrairement à la théorie des marchés efficients, en phase avec les propos de Taleb ;
2) le retour quasi systématique vers une moyenne historique à plus long terme, semblant montrer que certains grands équilibres du capitalisme sont solides et infirmant les "Cette fois c’est différent !" accompagnant chaque bulle financière.

vince37 a écrit :

On a longtemps cru que les actions surperformaient tous les autres actifs sur de longues durées, rien est moins sur.

Performance annuelle, revenus réinvestis, des différents actifs en France de 1857 à 2002 (145 ans) :
- 9.4% actions
- 9.2% immobilier
- 5.8% obligations
- 4.5% monétaire
- 5.1% inflation

Aux USA de 1871 à 2002 (131 ans) :
- 8.6% actions
- pas de données pour l’immobilier
- 5.1% obligations
- 5.0% monétaire
- 2.1% inflation

Source : Les placements de l’épargne à long terme

Bien sûr, l’avenir n’est pas écrit, et nous ne sommes pas à l’abri d’un cygne noir civilisationnel.

Hors ligne Hors ligne

 

[+2]    #3 06/04/2014 17h45

Membre (2010)
Top 20 Dvpt perso.
Top 20 Obligs/Fonds EUR
Top 20 Invest. Exotiques
Réputation :   258  

Je ne sais pas où poster ce type de sujet.

Mais depuis plusieurs mois, je trouve qu’il y a moins d’opportunités. Donc, le marché est-il cher ?

On peut dire un peu, mais pas trop. Il est bien valorisé coté US, un peu moins côté Europe.

Je n’arrivais pas à expliquer mon sentiment de trouver moins d’opportunités, et que dans l’absolu, on ne soit pas à un niveau de valorisation élevé.

J’ai trouvé la réponse en parcourant un blog, et je la partage :

Worst value opportunity set in 25 years | Greenbackd

Un graphique vaut mieux que mille explications :



En moyenne, on est moins cher que dans une bulle (par exemple celle de 2000), mais les titres peu cher sont moins nombreux en nombre ! La répartition selon P/E est plus concentrée actuellement que dans une des crises précédentes !

Hors ligne Hors ligne

 

[+1]    #4 06/04/2014 19h15

Membre (2011)
Top 20 Actions/Bourse
Top 20 Obligs/Fonds EUR
Top 20 Entreprendre
Top 5 Finance/Économie
Top 20 Banque/Fiscalité
Réputation :   651  

Merci, c’est très intéressant …
Mais il faudrait faire cet exercice sur les small value, votre terrain de chasse, et non sur le SP500

Justement, depuis quelques temps j’hésite à lancer un post sur "Comment évaluer un marché ?"

Megan Faber, l’auteur de "The Ivy Portforlio" vient de sortir un livre à ce sujet.
Global Value: How to Spot Bubbles, Avoid Market Crashes, and Earn Big Returns in the Stock Market
Il utiliser le CAPE (The Cyclically Adjusted Price to Earnings Ratio), fondé sur les travaux de Schiller.

Le retour moyen est en fonction de ce ratio :

Les USA sont à 25, la France à 14,5, la Grèce à 4,3


Le seul problème, c’est qui si les USA tombent … ca risque de faire mal en Europe aussi.

Ce qui est étonnant c’est que Jeremy Siegel utilise plus ou moins la même méthodologie et dit que le marché est sous évalué de ~10%/15%
Jeremy Siegel - The Market is 10% to 15% Undervalued - Articles - Advisor Perspectives

J. Siegel a écrit :

I think fair market value for the stocks today is 10% to 15% higher, and that might even be on the conservative side.
As I mentioned last year, when you are in a low-to-moderate interest-rate environment, the average price-earnings ratio for stocks is 18 to 19. If you use reported earnings, which I think are too conservative in terms of their predictive value, we’re at 16.7 times next year’s estimate of forward earnings. That’s slightly above the long-term median but it’s below the average. In a low-to-moderate interest-rate environment, the average is 18- to 19-times earnings.

Dernière modification par Fructif (06/04/2014 19h28)

Hors ligne Hors ligne

 

[+1]    #5 07/04/2014 05h28

Membre (2013)
Réputation :   211  

Bonjour Super Pognon et Fructif,

je vois que nous avons les mêmes lectures ces derniers temps. Nous pourrions peut-être créer une rubrique météorologique, pour discuter de ce type de sujet. Je sais que certains ne pensent pas que ce soit un sujet de conversation utile, mais personnellement, je pense que cela permet de voir où est-ce que l’on met les pieds.

Puis pour valider ce point de vue, nous pourrions rappeler que le P/E Schiller ratio n’est en fait que le P/E de Dodd et Graham sur 10 ans et retraité par l’inflation (je crois bien que c’est la seule différence); Dodd et Graham proposait dans Security analysis de lisser le P/E d’un indice sur 5 - 10 ans pour éviter d’avoir de trop grandes variations de P/E. Donc contrairement à une croyance répandue, beaucoup d’investisseurs value semblent attacher une certaine importance au niveau des marchés.

Je ne suis pas trop d’accord avec le graphe qui raisonne en sigmas pour déterminer si le terrain de chasse est grand ou pas. Çà ne veut pas dire grand-chose, cela dépend trop du contexte et en valeur absolue, on trouverait que le terrain de chasse en 2014 est plus vaste en 2014 qu’en 2000. Bref, je ne vois pas trop l’intérêt du graphe, à part étayer une idée préconçue sur les marchés.

Le Dodd Graham Schiller P/E me parait plus intéressant, et pour compléter les graphes de Fructif, en voici un autre, pêché ici: Is the Stock Market Cheap? - dshort - Advisor Perspectives



Il nous indique que nous sommes dans la zone du plus haut décile en terme de valorisation, bref, nous sommes au pied d’une bulle. Les marchés sont hauts mais semblent assez conscients de la situation, je ne pense pas que l’on se dirige vers une bulle, plutôt vers une petite correction. Mais bon, cela peut changer rapidement.

Je suis d’accord avec vous sur la survalorisation des marchés US par rapport aux marchés européens; cela n’est peut-être que le fait de l’inflation qui est allée se loger dans les actifs financiers, car je trouve que l’inflation et la valeur du dollar ont bien tenu par rapport aux sommes injectées. La question est, combien de temps avant que cette inflation contenue vienne se déverser dans l’économie réelle?

En tout cas si une file météorologique boursière est créée, je suis partant!

Bien cordialement

Dernière modification par Wawawoum (07/04/2014 06h06)

Hors ligne Hors ligne

 

[+2]    #6 03/12/2015 20h11

Membre (2013)
Top 20 Vivre rentier
Réputation :   273  

Bonjour,

J’ai développé, voilà 15 jours, un nouveau screener "maison" permettant d’effectuer des extractions d’actions sur base de critères personnels non disponibles dans les screeners habituels.

En prolongement de cet exercice, j’ai également développé un thermomètre quantifié des marchés, afin de dresser un tableau macro à partir du niveau micro.

Attention, les données ci-dessous sont à prendre avec des pincettes (je ne prétends pas que mon application soit nécessairement sans bugs et parfois, pour certains critères, certaines données aberrantes ponctuelles peuvent facilement fausser les moyennes).

Méthodologie utilisée:
1/ Supprimer les entreprises ayant des bilans spécifiques: banques, fonds, REIT
2/ Supprimer les entreprises dont le CA/K < 5 %
3/ Supprimer les entreprises dont les données sont en CNY
4/ Supprimer de manière discrétionnaire des entreprises ayant des chiffres aberrants (ce point est le plus discutable et le moins "automatisable")

Les données sont calculées sur base du dernier rapport annuel disponible.
Les données ne sont pas pondérées par la capitalisation boursière.

Dette / Passif (moyenne):
Paris: 62 %
Tokyo: 48 %
Nasdaq:54 %
Nyse: 63 %
Amex: 45 %
Lse: 62 %
Xams: 59 %
Xbru: 60 %
Xetra: 58 %
Xfra: 60 %

Dette / Passif (médiane):
Paris: 59 %
Tokyo: 47 %
Nasdaq:47 %
Nyse: 61 %
Amex: 41 %
Lse: 62 %
Xams: 56 %
Xbru: 60 %
Xetra: 55 %
Xfra: 59 %

(Actifs courants - Dettes) / Capitalisation boursière (moyenne):
Paris: -79 %
Tokyo: 1 %
Nasdaq:-153 %
Nyse: -150 %
Amex: 62 %
Lse: -40 %
Xams: -40 %
Xbru: -28 %
Xetra: -6 %
Xfra: -42 %

(Actifs courants - Dettes) / Capitalisation boursière (médiane):
Paris: -9 %
Tokyo: 14 %
Nasdaq:4 %
Nyse: -30 %
Amex: 1 %
Lse: -6 %
Xams: -21 %
Xbru: -16 %
Xetra: -8 %
Xfra: - 9 %

(Actifs courants + Immobilisations corporelles nettes - Dettes) / Capitalisation boursière (moyenne):
Paris: -5 %
Tokyo: 73 %
Nasdaq:-15 %
Nyse: 22 %
Amex: 121 %
Lse: 4 %
Xams: 38 %
Xbru: 24 %
Xetra: 13 %
Xfra: 13 %

(Actifs courants + Immobilisations corporelles nettes - Dettes) / Capitalisation boursière (médiane):
Paris: 15 %
Tokyo: 60 %
Nasdaq:17 %
Nyse: 9 %
Amex: 50 %
Lse: 3 %
Xams: 12 %
Xbru: 14 %
Xetra: 13 %
Xfra: 21 %

CA / Capitalisation boursière (moyenne):
Paris: 283 %
Tokyo: 277 %
Nasdaq:299 %
Nyse: 224 %
Amex: 273 %
Lse: 103 %
Xams: 409 %
Xbru: 227 %
Xetra: 209 %
Xfra: 258 %

CA / Capitalisation boursière (médiane):
Paris: 122 %
Tokyo: 182 %
Nasdaq:68 %
Nyse: 80 %
Amex: 112 %
Lse: 37 %
Xams: 138 %
Xbru: 119 %
Xetra: 106 %
Xfra: 142 %

Marge opérationnelle moyenne (des entreprises ayant une marge opérationnelle positive):
Paris: 9,4% (295/402 entreprises respectent la condition)
Tokyo: 6,9 % (2696/3035)
Nasdaq:13 % (1053/1702)
Nyse: 14 % (1225/1585)
Amex: 10,2 % (72/177)
Lse: 12,1 % (145/230)
Xams: 13,4 % (58/80)
Xbru: 9,3 % (54/73)
Xetra: 7,8 % (205/319)
Xfra: 7,7 % (35/58)

Dépenses R&D/CA moyenne (des entreprises ayant une R&D strictement positive):
Paris: 21,9% (82/402 entreprises respectent la condition)
Tokyo: 4,6 % (308/3035)
Nasdaq:21 % (865/1702)
Nyse: 10,0 % (366/1585)
Amex: 53,2 % (47/177)
Lse: 5,2 % (35/230)
Xams: 9,2 % (15/80)
Xbru: 28,6 % (21/73)
Xetra: 12,0 % (84/319)
Xfra: 5,1 % (3/58)

PER moyen (des entreprises ayant un PER > 0):
Paris: 34,7 (307/402 entreprises respectent la condition)
Tokyo: 37,9 (2710/3035)
Nasdaq:86,2 (1007/1702)
Nyse: 37,8 (1270/1585)
Amex: 30,1 (85/177)
Lse: 547,4 (159/230)
Xams: 39,6 (60/80)
Xbru: 64,2 (56/73)
Xetra: 45,2 (249/319)
Xfra: 41,8 (44/58)

PER median (toutes les entreprises):
Paris: 15,7
Tokyo: 15,4
Nasdaq:10,8
Nyse: 16,8
Amex: -0,3
Lse: 17,0
Xams: 15,4
Xbru: 19,2
Xetra: 18,4
Xfra: 16,2

FCF/Capitalisation boursière moyen (des entreprises ayant un FCF > 0):
Paris: 12,9 (269/402 entreprises respectent la condition)
Tokyo: 9,35 (2131/3035)
Nasdaq:25,6 (973/1702)
Nyse: 10,8 (1109/1585)
Amex: 14,8 (78/177)
Lse: 7,1 (138/230)
Xams: 8,7 (61/80)
Xbru: 8,8 (56/73)
Xetra: 6,5 (192/319)
Xfra: 13,4 (34/58)

Capex/FCF médian:
Paris: 38,7 %
Tokyo: 36,1 %
Nasdaq:21,2 %
Nyse: 46,5 %
Amex: 25,9 %
Lse: 48,2 %
Xams: 40,6 %
Xbru: 42,8 %
Xetra: 49,1 %
Xfra: 81,3 %

Variation de la dette/Capitalisation boursière moyenne:
Paris: -0,3 %
Tokyo: -0,4 %
Nasdaq:-2,8 %
Nyse: -12,5 %
Amex: -18,9 %
Lse: 1,8 %
Xams: 0,3 %
Xbru: 0,1 %
Xetra: -1,6 %
Xfra: 2,1 %

Variation des actions achetées ou vendues/Capitalisation boursière moyenne:
Paris: -4,6 %
Tokyo: -0,8 %
Nasdaq:-5,4 %
Nyse: 0 %
Amex: -7,2 %
Lse: -0,1 %
Xams: -4,0 %
Xbru: -1,8 %
Xetra: -1,5 %
Xfra: -0,8 %

Dividende moyen (des entreprises ayant un dividende positif):
Paris: 2,7 % (220/402 entreprises respectent la condition)
Tokyo: 1,8 % (2176/3035)
Nasdaq:5,6 % (452/1702)
Nyse: 3,3 % (681/1585)
Amex: 6,9 % (31/177)
Lse: 4,4 % (82/230)
Xams: 1,9 % (37/80)
Xbru: 2,8 % (31/73)
Xetra: 3,1 % (185/319)
Xfra: 3,0 % (16/58)

Cordialement,

Vauban


"Price is what you pay. Value is what you get.", Warren Buffett

Hors ligne Hors ligne

 

[+1]    #7 07/11/2017 18h49

Membre (2017)
Réputation :   2  

Je ne suis pas un spécialiste d’analys financière comme beaucoup ici, mais Il me semble qu’il y a une difficulté majeure à évaluer aujourd’hui si les actions sont chères ou non, par rapport à la situation avant le "quantitative easing" des banques centrales.
C’est qu’on ne peut plus se référer au passé du fait que les taux d’intérêt des placements sans risque est tombé à moins de 1 %.
Dès lors, pour faire simple, quand les taux d’intérêt étaient de 4 % avec des actions rapportant 7 %  réels historiquement ( prime de risque de 3 %), soit un PER de 14 environ, qu’en est-il maintenant ?
On peut envisager qu’un PER moyen de 20, voire 25, faute de placement alternatif rentable soit tout à fait justifié. Qu’en pensez-vous ?
En est-on à ces niveaux actuellement en France ? En Europe ? J’avoue que je n’ai pas les données pour y répondre, mais sans doute certains le peuvent.

Hors ligne Hors ligne

 

[+5]    #8 20/11/2017 01h53

Membre (2017)
Top 10 Année 2022
Top 5 Portefeuille
Top 20 Dvpt perso.
Top 5 Actions/Bourse
Top 5 Monétaire
Top 10 Invest. Exotiques
Top 5 Crypto-actifs
Top 5 Finance/Économie
Top 20 Banque/Fiscalité
Top 20 SIIC/REIT
Réputation :   2534  

Quelques éléments de réflexion :

1) Les politiques d’assouplissement quantitatif (QE) ont effectivement un impact positif sur les valorisations des actions, par des effets directs et indirects :
- baisse du taux sans risque
- baisse des primes de risque
- effets d’éviction des actifs "sans risque" (obligations d’Etat) achetés massivement par les banques centrales, vers les actifs risqués (actions notamment)

2) On peut essayer d’évaluer certains de ces effets, notamment l’effet de la baisse du taux sans risque sur les prix des actions. Par exemple en partant de la formule de Gordon (c’est l’équivalent de la formule des cash-flows actualisés, en faisant l’hypothèse d’une croissance des dividendes à taux constant):
P = D(+1) / (r-g)
avec : P = prix de l’action, D(+1) = dividende de la prochaine période, r = taux de return requis par l’investisseur, g = croissance attendue des dividendes

Le QE fait baisser r (ou le coût pondéré du capital dans l’approche des cash-flows actualisés), tout d’abord par la baisse de sa composante "sans risque", et ensuite par l’effet indirect de compression des primes de risque.

En faisant l’hypothèse de fondamentaux inchangés des entreprises (mêmes dividendes, même croissance), le QE multiplie les valorisations des actions par un facteur = (r avant QE - g) / (r avec QE - g).

Un exemple quantitatif pour illustrer la puissance de cet effet : si le QE fait passer r de 10% à 7% (par exemple baisse du taux sans risque de 4% à 1%) et si g reste constant à 5%, les valorisations des actions sont multipliées par un facteur de (10%-5%) / (7%-5%) = 2.5 !

La croissance des marchés actions (surtout aux USA) ces dernières années s’est essentiellement faite par une hausse des multiples de valorisation - beaucoup plus que par une hausse des résultats. A mon sens, le QE a grandement participé à la hausse des multiples de valorisation.

3) Un marché actions dans un contexte de QE est particulièrement sensible à 2 risques :

- les hypothèses de croissance à long-terme : le taux d’actualisation des cash-flows étant très bas, la "valeur terminale" d’une action dans l’approche des cash-flows actualisés (c’est-à-dire la valeur des cash-flows sur la période de long-terme, dépassant l’horizon normal de prévision, disons 5 ans) pèse beaucoup plus dans la valorisation. En conséquence, la moindre remise en cause de la croissance à long-terme (g dans les calculs ci-dessus) a un fort impact sur les valorisations. Pour reprendre mon exemple ci-dessus, si g passe de 5% à 3%, le prix de l’action baisse de 30%.

- la continuité du QE : toute remise en cause du QE fait baisser les valorisations, particulièrement si le QE est arrêté brutalement. C’est pourquoi la Fed comme la BCE sont très prudentes et graduelles dans leurs ajustements du QE. Néanmoins les banques centrales n’hésiteront pas à mettre fin au QE et à accélérer la réduction de leurs bilans si elles perçoivent un risque inflationniste.

4) Nous vivons dans un monde à QE différencié, ce qui doit avoir une implication sur l’allocation géographique d’un portefeuille actions : la Fed, la BCE, la BoJ sont à des stades différents de leur politiques d’assouplissement quantitatif. Cela devrait se traduire par des niveaux de valorisation différents des marchés actions, et des flux importants entre ces marchés actions lors des changements importants annoncés par les banques centrales sur le QE. Donc un risque de change important, à prendre en compte pour un portefeuille actions géographiquement diversifié.

5) Il y a un précédent d’une politique d’assouplissement quantitatif menée sur très longue période : le Japon. La BoJ intervient même directement sur le marché actions, en achetant des REITs.

Qu’observe-t-on sur longue période sur le marché actions japonais ? Une certaine volatilité, une sensibilité aux annonces de la BoJ, une performance plutôt médiocre sur longue période si on la compare aux autres grands marchés actions. Cela suggère, à mon sens, que l’effet de "boost" du QE sur un marché actions ne garantit ni des valorisations constamment élevées, ni une bonne performance sur le long terme - plutôt même l’inverse.

Le climat économique qui justifie une politique de QE n’est en effet pas propice pour les marchés actions en général : croissance anémique, risque déflationniste. Des taux d’intérêt trop bas sont aussi pénalisants pour le secteur financier - une composante essentielle des marchés actions.

6) Le CAPE (PER ajusté des variations cycliques) développé par Shiller a l’avantage de lisser les effets des variations de l’inflation sur les marchés actions. A mon sens, ça reste une des mesures les plus fiables pour savoir si un marché est sur-valorisé ou non, et on ne doit pas ignorer cet indicateur sur le simple fait du QE.

Au final, personnellement je considère les valorisations des marchés US (notamment) élevées (sur la base notamment du CAPE), ce qui les expose fortement à une accélération de la réduction du bilan de la Fed en cas de risque inflationniste et à une remise en cause de l’hypothèse dominante d’une forte croissance dans le secteur technologique (qui n’est peut-être pas soutenable, à mon sens). Donc je continue à préférer les marchés actions européens, et des secteurs à faible beta.

Dernière modification par Scipion8 (20/11/2017 02h05)

Hors ligne Hors ligne

 

[+1]    #9 20/11/2017 15h02

Membre (2017)
Top 10 Année 2022
Top 5 Portefeuille
Top 20 Dvpt perso.
Top 5 Actions/Bourse
Top 5 Monétaire
Top 10 Invest. Exotiques
Top 5 Crypto-actifs
Top 5 Finance/Économie
Top 20 Banque/Fiscalité
Top 20 SIIC/REIT
Réputation :   2534  

Bonjour Pvbe,

D’accord pour ne pas exclure que l’émergence d’un nouveau modèle économique puisse peut-être remettre en cause les modèles traditionnels de valorisation des marchés actions. Mais (pour le débat) il y a quand même des contre-arguments sérieux :

1) La marge gagnée par les Google, Amazon, etc. est en grande partie captée sur des acteurs existants (publicité, distribution, télévision…). Donc si les FAANGs (Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Google) peuvent légitimement afficher des ratios de valorisation élevés, le marché dans son ensemble (c’est-à-dire y compris les acteurs traditionnels) ne devrait pas avoir de tels niveaux de valorisation. A mon sens aujourd’hui c’est le marché actions dans son ensemble (pas seulement les FAANGs) qui est très (trop ?) bien valorisé (même s’il y a eu des corrections notamment dans le secteur de la distribution).

2) Les ratios de valorisation des FAANGs ne reflètent-ils pas aujourd’hui des prévisions de croissance trop optimistes ? Dans les pays industrialisés (marchés matures), comment les FAANGs pourront-ils augmenter leurs résultats ? Dans les pays en développement, je reconnais un potentiel certain pour les FAANGs, mais le taux de croissance sera limité par le rythme du développement économique de ces pays. Personnellement, j’ai l’impression que le marché est trop optimiste en extrapolant pour l’avenir des FAANGs leurs taux de croissance passée.

3) Le marché ne sous-estime-t-il pas les risques auxquels sont exposés les FAANGs, monopoles de facto? Les "montagnes de cash" des FAANGs sont en grande partie possibles par leur position de monopoles. Des inquiétudes sur ces abus se font entendre au niveau de certains politiques et citoyens. A terme, les FAANGs ne deviendront-ils pas les cibles d’une réaction des citoyens (boycott, open source, etc.) et/ou des politiques (régulation, action anti-trust). Historiquement, les monopoles ne sont pas soutenables (et c’est très bien ainsi), car ils n’ont leur place ni dans un système capitaliste sain ni dans une démocratie solide. Les valorisations des FAANGs ne reflètent-elles pas des anticipations (infondées) que les quasi-monopoles actuels sont éternels ?

4) Il faut se méfier de la tendance naturelle à "rationaliser" les bulles. Des facteurs psychologiques puissants (satisfaction des gains boursiers réalisés perçus comme légitimes, aveuglement devant les facteurs les remettant en cause, attrait pour la nouveauté toujours perçue comme "sans précédent"…) nous conduisent naturellement à justifier les bulles, à leur trouver des explications rationnelles. Oui, les nouvelles technologies sont fantastiques et changent en profondeur notre modèle économique. Mais il est faux de penser que les changements qu’elles apportent sont sans précédent : l’électricité, l’automobile, l’informatique, étaient aussi des changements technologiques majeurs. Ils n’ont pas remis en cause les modèles traditionnels de valorisation des marchés boursiers (dont le CAPE). Je ne vois pas de raison qu’il en soit autrement pour les nouvelles technologies de notre ère, aussi séduisantes soient-elles.

Dernière modification par Scipion8 (20/11/2017 15h03)

Hors ligne Hors ligne

 

[+1]    #10 27/12/2018 20h51

Membre (2016)
Top 10 Année 2023
Top 20 Année 2022
Top 20 Portefeuille
Top 5 Dvpt perso.
Top 5 Actions/Bourse
Top 20 Monétaire
Top 5 Banque/Fiscalité
Réputation :   1509  

ISTJ

Parrain InteractiveBrokers Saxo Boursorama ETPL4810 Assurancevie.com ETPL49769 Fortuneo 12470190 Degiro Linxea iGraal RedSFR Magnolia BSDirect

Hors ligne Hors ligne

 

Attention Cette page affiche seulement les messages les plus réputés de la discussion.
Flèche Pour voir tous les messages et participer à la discussion, cliquez ici.


Pied de page des forums