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Favoris 7   [+18]    #276 15/03/2022 18h31

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INTP

Bonjour à tous,

Pour faire suite aux discussions récentes au sujet de la Russie, de l’inflation, et du prix de l’énergie, je souhaite contribuer à l’effort collectif de compréhension en apportant ma participation au sujet des enjeux du pétrole. Comme chacun a pu le constater, de plus ou moins loin en fonction du contact que l’on a avec l’or noir, le prix du pétrole est sujet à une volatilité exceptionnelle et des mouvements de prix extrêmes ces dernières semaines. Il est évident que cela a en grande partie à voir avec la Russie et sa capacité d’extraction et de commercialisation d’énergie. Mais lorsque l’on regarde dans le détail, il y a une multitude de points à côté desquels les médias "grand public" passent.

Je lisais ce matin dans la newsletter (à laquelle je me suis abonné il y a un mois pour tester, et à laquelle je ne vais pas tarder à me désabonner) de Marc Fiorentino du 15/03/2022 ce qui suit :

MonFinancier - MeilleurPlacement a écrit :

MAGIQUE
Quand le pétrole a flambé, les prix à la pompe ont flambé.
Le pétrole chute brutalement, mais les prix à la pompe ne vont pas retomber avec la même amplitude…
Une occasion supplémentaire pour les groupes pétroliers d’améliorer des marges qui vont être en partie financées par la prime électorale de 15 centimes par litre du gouvernement.
On marche sur la tête.

ÉTONNANT…
…d’ailleurs que personne ne gueule sur les groupes pétroliers, mais aussi sur les groupes de transport et tous les groupes qui répercutent les hausses des coûts sur les entreprises et les consommateurs et les amplifient.
Et pourtant ils affichent des résultats records ce qui prouve bien qu’ils augmentent leurs marges en période de guerre.
On appelle cela des profiteurs de guerre.

A ce sujet, plusieurs points sont importants à mentionner :

Le pétrole est une matière physique qui se traite physiquement, et dont les ramifications secondaires se traitent sur le marché dit "papier". Au contraire d’une action qui vaut (en simplifiant) toujours plus ou moins la même chose quel que soit l’endroit du globe où vous vous trouviez, le pétrole doit être :
- extrait (plus ou moins facilement),
- transporté (par bateau de différentes tailles, par pipeline plus ou moins long),
- livré (plus ou moins loin)…
- …à des raffineries (plus ou moins complexes).

Il s’agit donc d’une affaire physique en priorité, que les activités de trading viennent complexifier au travers du marché "papier". Celui-ci sert, en priorité, aux acteurs physiques pour se hedger contre les variations de prix, à des banques ou hedge funds pour se protéger contre l’inflation… Puis, même si cette activité est de loin la plus importante en termes de volume, à spéculer. A ce titre, l’acteur non pétrolier qui investit dans un marché le fait au travers d’un indice (Brent, WTI…). En ce qui concerne le Brent, il s’agit du nom d’un puits de pétrole situé en mer du Nord, et l’on pourrait donc penser que l’indice Brent est le reflet du pétrole issu de ce puits. En réalité le puits Brent ne produit plus que très peu de barils, et l’indice Brent est indirectement connecté au marché "Dated Brent", qui ne s’adresse, lui, qu’aux pétroliers capables de prendre livraison de barils. Le marché "Dated Brent" reflète la production et les prix d’un panier de puits de pétrole brut "Brent", "Forties", "Oseberg", "Ekofisk" et "Troll" (voir carte ci-dessous).



La production et les stocks de pétrole de mer du Nord sont aujourd’hui très marginaux au regard du reste du monde, mais ce sont les puits qui constituent cette production qui ont formé les premiers indicateurs de prix. Et à ce titre, le prix des barils de la région est exprimé en fonction dudit marché "Dated Brent" en fonction de leur qualité. Ladite qualité est exprimée de différentes manières (et l’on entrerait, à mon sens inutilement, dans un degré de technicité élevé), mais ce qu’il faut retenir c’est que chaque puits est une réserve de pétrole d’une qualité propre au puits. Le pétrole "Brent" n’est pas le même que le pétrole "Ekofisk", qui n’est pas le même que le pétrole "Oseberg"… et chaque pétrole a donc son prix propre. Au sein même du marché "Dated Brent", les différentes qualité s’échangent à un discount ou premium par rapport au panier. L’"Ekosik" se traiterait donc à "Dated Brent" +2$ par exemple, ou le Forties à -0.5$. Ce prix de "Dated Brent" vient influencer le prix de l’indice Brent de différentes manières, mais il faut rappeler que malgré quelques aléas et fluctuations, cela est étroitement lié à une réalité physique d’équilibre offre/demande/stocks.

D’autres régions viennent également livrer du pétrole brut à l’Europe, qui en consomme plus qu’elle n’en produit. La Russie est un de ces exportateurs importants pour l’Europe. La Russie extrait et exporte un certain nombre de millions de barils par jour (Mbj) en direction de l’Europe, dont les raffineries sont particulièrement adaptées à recevoir ce type de pétrole, ce qui est un point intéressant : le pétrole brut est inexploitable en l’état. Les usines ne fonctionnent pas au pétrole brut, de la même manière que nos voitures et nos chauffages de peuvent fonctionner avec un pétrole brut/non raffiné. Il faut donc le raffiner grâce à une raffinerie, qui séparera par la méthode de la distillation (en chauffant beaucoup le pétrole, les molécules qui le constituent se séparent par ordre de poids dans une colonne, dont les segments seront utilisés pour produire différents produits) ce qui servira à produire le fuel, le diesel, le kérosène, l’essence et les composés pétrochimiques. Chaque raffinerie est unique, mais on peut retenir que les raffineries sont en général adaptées à la qualité de pétrole qu’elle reçoit le plus souvent (le pétrole Russe par exemple pour certaines raffineries Européennes) ainsi qu’à la qualité qui correspond le plus au profil de demande des consommateurs.

A ce sujet, l’élément important à garder en mémoire est que la consommation d’essence ou de diesel n’est pas la même partout sur Terre. Les USA consomment beaucoup plus d’essence que de gasoil, alors que c’est l’inverse pour les Européens. Pour cette raison, les raffineries sont réglées pour produire le plus possible d’essence aux USA, et de diesel en Europe. Les raffineries Européennes achètent également des pétroles bruts dits "lourds" qui permettent de maximiser la production de diesel (le diesel est plus lourd que l’essence parce que les molécules qui le constituent comportent plus de molécules de carbone que les molécules de l’essence), quand les raffineries Américaines privilégient des pétroles dits "légers" qui facilitent la production d’essence. La Russie produit un pétrole qui correspond bien aux raffineries Européennes, ou celles-ci se sont adaptées à la qualité Russe. A titre d’indication, on extrait en Europe environ 45% d’un baril de pétrole brut sous forme de diesel et assimilé, alors qu’il s’agit plutôt de 30% aux USA. Et cela fait sens ; l’Europe importe quand même du diesel parce qu’elle en consomme plus qu’elle n’en produit, alors que les USA exportent du diesel. Vice versa, les USA importent de l’essence alors que les Européens exportent leur essence puisqu’ils en produisent trop pour leurs besoins.

Il est donc évident que le marché du pétrole brut et celui des produits du pétrole brut (produits pétrochimiques, essence, kérosène, diesel, fuel…) sont des marchés distincts. Prenons un exemple fictif : admettons que l’Europe dispose de 6 mois de stocks de pétrole brut (ce qui est énorme et impossible) mais manque cruellement de diesel. La pression à l’achat de pétrole brut sera particulièrement faible puisque le besoin ne s’en fera pas ressentir. La pression à la production et à l’achat de diesel seront cependant énormes, puisqu’il faudra absolument faire en sorte que l’industrie fonctionne, que les voitures se déplacent, que les ménages se chauffent… On se trouvera donc dans un marché sans pression côté pétrole brut et avec énormément de pression côté diesel. Il existe une manière de quantifier cette pression ; il s’agit d’un produit spécifique au pétrole que l’on appelle un "crack".

Le "crack" est la différence entre le prix du pétrole brut et celui d’un produit en particulier. Le crack d’essence représente par exemple la différence entre le coût d’achat du pétrole brut pour une raffinerie et le prix de vente de l’essence produite à partir dudit pétrole brut grâce au raffinage. En additionnant les cracks de tous les produits (produits pétrochimiques, essence, kérosène, diesel, fuel…), on obtient la "marge" d’une raffinerie, c’est à dire son chiffre d’affaire moins ses achats de pétrole brut.

Il est intéressant de noter que pendant que le prix du pétrole s’envolait, le crack de diesel a explosé. C’est à dire que le prix du diesel s’est envolé bien plus vite que ne s’est envolé celui du pétrole brut. La raison en est assez simple : les stocks de diesel en Europe, aux USA et en Asie sont à des niveaux critiques tels que l’on ne les a jamais connus. Les acteurs du secteur pétrolier le savent, et toute atteinte à l’équilibre fragile entre la production et la demande a un impact beaucoup plus important sur le diesel qu’il n’en a sur le pétrole brut. Il était d’ailleurs assez surprenant de noter que le marché ne s’était pas encore trop inquiété de la situation du diesel avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine.

Pour faire court, parce que j’ai l’impression d’avoir écrit un roman, la connexion entre le Brent que l’on "voit à la télévision" et le prix est à la pompe est assez faible, et il existe beaucoup de facteurs qui expliquent leur différence :
- Le Brent n’est pas le pétrole que l’on consomme en plus grande partie.
- On achète beaucoup de pétrole non lié à la région "Brent".
- Le pétrole Russe est plus adapté à la production de diesel par exemple (on pourrait faire la même analyse sur l’essence) et son manque aurait des effets dévastateurs car nous ne pourrions pas entièrement le remplacer.
- L’état des stocks d’un produit n’est pas l’état des stocks du pétrole brut.
- Le prix du pétrole brut est différent de celui des produits qui en découlent.

Je pourrais développer davantage si le sujet vous intéresse, mais je tenais à réagir à ce type de propos (cf. Marc Fiorentino). Comme toujours, les choses ne sont pas si simples, et les phénomènes sont rarement monofactoriels. Je ne doute pas que les pétroliers fassent leur intérêt, mais il faut nuancer le propos.

Amicalement,
Ursule

Dernière modification par Ursule (15/03/2022 18h44)

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#277 15/03/2022 18h46

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INTJ

@Ursule : C’est un excellent primer sur le sujet que vous avez rédigé là.

A noter, la qualité des huiles explique aussi pourquoi les USA ont renoué le dialogue avec Maduro (et ont visiblement oublié ce pauvre Guaido) : le Venezuela produit des huiles lourdes. Les raffineries texanes optimisées pour les huiles lourdes se sont tournées vers le Canada et la Russie après les sanctions de 2019, et maintenant que c’est la Russie qui est la cible de sanctions et en l’absence de Keystone XL, il va bien falloir réimporter du brut vénézuélien.

Par ailleurs, au delà des qualités de brut, il faut aussi prendre en compte la logistique. Lorsque des commentateurs peu avertis parlent de pétrole russe revendu à droite à gauche, en particulier à la Chine, si les européens n’en importent plus, c’est assez loin de la réalité. Certaines pétrolières comme Surgutneftegas ou Rosneft peuvent le faire car elles sont connectées via pipeline à la Chine, mais pour Tatneft par exemple c’est beaucoup plus compliqué.


✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.

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#278 15/03/2022 19h13

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@Ursule: j’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre message. La question qui me brûle les lèvres, c’est "quelle peut être l’évolution (ou des scenarios d’évolution) pour les mois/années à venir?".

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[+5]    #279 16/03/2022 18h04

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INTP

Bonjour à tous,

Un autre volet au sujet du pétrole brut et du diesel en Europe (spécifiquement le diesel, parce que l’essence est produite en excédent en Europe, et est donc moins source de problème puisqu’il "suffirait" de moins en exporter pour régler tout problème de pénurie) : comme je le mentionnais dans mon précédent message, la Russie est un producteur important pour ces deux produits. On estime qu’elle produit un peu plus de 10 millions de barils de pétrole brut par jour, dont plus de la moitié reste sur le territoire pour être raffinée (= transformée en produits type essence, kérosène, diesel, fuel…) et un quart environ est exporté vers l’Europe. La Russie dispose de raffineries majoritairement simples (= non-complexes), c’est à dire qu’elles ne disposent pas d’unités dites "secondaires" (qui passent après la colonne de distillation - qui chauffe, elle, le pétrole brut pour en séparer les molécules) permettant de produire beaucoup de produits complexes (comme l’industrie pétro-chimique). En d’autres termes, et pour faire simple, la Russie produit du pétrole brut et des produits simples.

Le pétrole produit en Russie est en grande partie du pétrole "mi-lourd", qui colle particulièrement bien à la production de diesel. Donc, non seulement produit-elle du pétrole brut qui s’exporte notamment pour ses qualités de production de diesel, mais en plus de cela, elle utilise une partie de son pétrole brut pour produire du diesel en grande quantité. Grande quantité exportée majoritairement vers l’Europe. Les imports de diesel depuis la Russie représentent environ la moitié des imports Européens, le reste provenant en majorité du Moyen-Orient et d’Asie (notamment de la côte Ouest de l’Inde).

L’effet d’un éventuel gel des importations Russe serait donc immédiat sur l’approvisionnement mais également la production de diesel Européens. Pour donner un ordre de grandeur, la consommation Européenne de diesel est séparée en trois tiers pour: le chauffage, l’industrie (camions, bus, usines), les déplacements de véhicules particuliers. Il existe des disparités de consommations liées à des choix politiques et géo-stratégiques passés ; certains pays comme la France utilisent la moitié du diesel produit ou importé pour les déplacements des véhicules légers, tandis que d’autres comme le Royaume-Uni utilisent 50% de son diesel pour l’industrie. La France en consomme par ailleurs un peu moins du double de la consommation du Royaume-Uni. Il va de soi que la France serait drastiquement impactées d’un point de vue diesel, lorsque le Royaume-Uni subirait moins de conséquences du fait de sa plus faible dépendance.

Au cours des dernières semaines, les différents acteurs du pétrole se sont soumis à des auto-sanctions, c’est à dire qu’ils ont spontanément évité le pétrole Russe par peur de sanctions ultérieures. Acheter du pétrole brut et ne plus pouvoir l’utiliser ou le revendre, c’est une situation particulièrement pénible financièrement : il faudra le stocker d’abord dans un bateau, puis dans un espace de stockage, jusqu’à ce que l’on puisse trouver une solution. Ces deux options représentent des coûts, mais ce qui est le plus embêtant, c’est que le marché identifie que le pétrole vaudra moins cher dans le futur que ce qu’il ne vaut aujourd’hui (cela s’appelle la backwardation, explication ici). Stocker du pétrole dans une situation de backwardation revient donc à attendre que sa valeur soit plus faible pour le vendre, et donc à réaliser une perte.

On pourrait légitimement dire que les pétroliers se hedgent d’une variation de prix, mais par des mécanismes complexes (roll de hedge, variation de la structure) sur lesquels je ferai l’impasse, c’est très compliqué de se hedger d’un tel phénomène (le phénomène de backwardation). Notons que dans la situation opposée (quand le pétrole futur vaut plus cher que le pétrole d’aujourd’hui, ce qui s’appelle le contango), il est simple de "lutter" : on achète le pétrole, on le stocke, on attend qu’il prenne de la valeur, puis on le revend (en simplifiant à outrance).

En s’auto-sanctionnant, lesdits acteurs pétroliers ont provoqué une chute drastique des importations de pétrole brut Russe d’une part, et de diesel Russe d’autre part. Le pétrole brut Russe a donc vu son prix vs indice Brent s’effondrer (jusqu’à -30 USD par rapport à l’indice) pendant que les raffineries Européennes se retrouvaient à court de matière pour produire du diesel (parce que les substituts de ce pétrole ne courent pas les rues, comme l’indique @doubletrouble). Voir ci dessous le prix de la qualité Russe "Ural" vs celui du panier "Brent".



Les stocks déjà bien faibles de diesel ont d’un coup sauté aux yeux des analystes qui ont remonté l’information aux managements, provoquant un achat massif de diesel pour livraison rapide pour palier à la pénurie anticipée. Cela a accentué la backwardation d’une part (c’est à dire que la livraison de pétrole immédiate ou proche valait extrêmement cher en comparaison de la livraison dans 6 mois à titre d’exemple), mais provoqué d’autre part une envolée spectaculaire du prix du diesel (et donc du diesel à la pompe notamment) par peur des pénuries.

La situation s’est calmée récemment, mais nous assistons maintenant au balet diplomatique (OPEP, US, Russie, Vénézuela…) à propos duquel je vous partagerai mon point de vue dans mon prochain message (en essayant notamment d’éclairer un peu la lanterne d’@Alpins, même si l’exercice est périlleux).

Amicalement,
Ursule

Dernière modification par Ursule (16/03/2022 18h09)

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#280 17/03/2022 21h35

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Bonjour,

Le BP Energy Outlook 2022 est sorti et est disponible ici.

Le préambule précise très explicitement que les trois scénarios présentés (considérant une accélération plus ou moins forte des politiques visant à réduire les émissions de CO2eq) sont et restent des scénarios. Ce ne sont ni des prévisions, ni l’avenir souhaité par l’entreprise. On appréciera que les scénarios prennent en compte des technologies existantes et ne font pas boucler leur modèle par des technologies à découvrir.
Aussi, le travail a été réalisé avant l’intervention russe en Ukraine et ne prend pas en compte l’impact de l’invasion russe sur les marchés de l’énergie.

BP a écrit :

These scenarios are not predictions of what is likely to happen or what bp would like to happen.
Rather they explore the possible implications of different judgements and assumptions concerning the nature of the energy transition.
The scenarios are based on existing and developing technologies and do not consider the possibility of entirely new or unknown technologies emerging.

On notera que chaque scénario anticipe un pic de la consommation énergétique mondiale. Ce pic s’explique par une baisse de la consommation énergétique dans les pays dits "développés" et des hausses plus ou moins fortes dans les pays en voies de développement.
Les gains d’efficacité énergétique sont anticipés dans chaque scénario comme étant plus rapide quand pendant les vingt dernières années.
Une forte réduction de la consommation d’énergie fossile est envisagée, soutenue par la production toujours plus importante d’électricité renouvelable (on brûle donc moins de gaz ou de fuel), de même que par la forte électrification de l’économie et de la mobilité. L’hydrogène bas carbone (bleu, vert, rose) permet aussi à l’industrie ainsi qu’au transport de marchandise de se passer de carburants fossiles. La part des fossiles dans le mix énergétique passerait donc sous les 60% à l’horizon 2050, le scénario le plus ambitieux allant jusqu’à 20% d’énergie fossile dans le mix final.





Deux des trois scénarios considérés considèrent que le pic de consommation de pétrole est derrière nous. Le dernier considère que le pic sera atteint au cours de cette décennie. PPour rappel, les majors pétrolières (TotalEnergies, Exxon, …) disposent d’environ une dizaine-douzaine d’année de réserves.

La principale raison justifiant d’une baisse de la demande est la forte baisse de consommation du transport (routier, aviation, maritime). Tous les secteurs de la mobilité (particuliers, transport de marchandise, aviation, transport maritime) voient leur consommation baisser, que ce soit grâce à des gains d’efficacité ou des substitutions de carburants (véhicule électrique, hydrogène pour le transport routier, SAF pour l’aviation etc.). La consommation pétrolière va aussi progressivement glisser vers les pays en voies de développement ce qui présage de futures fermetures de raffineries et complexes pétrochimiques en Europe. 
La seule zone attendue en croissance en terme de production pétrolière est la zone US avec une poursuite de la production des Tight Oil. La production des pays OPEP et non OPEP est attendue en décroissance dans chaque scénario et cela dès la période 2019-2030. (Pour les intéressés, voir aussi le dernier livre de Matthieu Auzanneau : Pétrole, le déclin est proche)



En ce qui concerne le gaz naturel. BP insiste sur la dépendance entre l’accélération de la transition énergétique et la consommation à venir de gaz naturel.
On pensera ici aux discours récents de la commission européenne sur l’indépendance énergétique de l’Europe en approvisionnement en gaz. Ces prévisions seront certainement fortement impactés par la crise actuelle donc je vas m’arrêter là.
Dans chaque scénario, une forte hausse des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse) est anticipée. Le prix des technologies baisse, la bioénergie est soutenue par le biogaz ainsi que la transformation de la biomasse solide pour fournir des carburants (Fischer-Tropsch, SAF, etc.).

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Favoris 1   [+8]    #281 18/03/2022 18h56

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INTP

Bonjour à tous,

J’ai passé un certain temps avant de trouver des sources publiques gratuites, dans la mesure où les sources utilisées par les pétroliers sont des sources qui coûtent toutes plus de quelques milliers d’euros par an et que l’on ne pourrait pas utiliser ici. Je vais donc citer l’Institut Oxford pour l’Étude des Énergies (en Anglais: The Oxford Institude for Energy Studies, soit OIES) pour donner des indications de volumes. Cette source est relativement fiable, bien que tout soit perfectible dans l’absolu (notamment, les données utilisent parfois des sociétés de "tracking", c’est à dire qui répertorient l’origine, la destination, le volume et la type de produit transporté par un bateau, ces sociétés n’étant pas toujours très précises par manque d’information).

Les sources en version PDF (anglophones uniquement) sont ici:

implications of Russia’s invasion of ukraine on oil market

OIES Oil Monthly Issue - 12/03/2022

Comme je l’écrivais plus haut, voici la répartition des exports de pétrole Russes :



On constate plusieurs choses :
- Les exports de pétrole brut ont été en constante augmentation jusqu’à la période du Covid
- Les exports à destination de l’Europe sont restés stables dans les mêmes proportions
- La part de l’Asie a augmenté (particulièrement grâce à la Chine, comme vous l’aurez probablement deviné)

Et surtout : lorsque les USA mettent en place un embargo sur le pétrole brut Russe, cela ne les touche pas vraiment "à domicile". Et pour cause, ils produisent une grande partie de leur pétrole brut sur leur territoire. Cela ne veut pas dire que l’impact est inexistant pour la Russie, mais que le sacrifice immédiat est évidemment moins grand pour un Américain que pour l’Europe.

Et voici les imports Européens de diesel par origine, les imports depuis la Russie se situant entre 30-50% du total selon les mois:



Ces deux graphiques montrent la dépendance de l’Europe aux exportations Russes. La question est donc de savoir quels choix s’offrent à l’Europe. Il semble que dans un premier temps, le Vieux Continent ait choisi un désengagement partiel à terme du pétrole Russe. Cela pose deux problèmes majeurs : où vont-ils aller chercher un substitut, et ce substitut conviendra-t-il aux besoins Européens en termes de qualité ? Il faut noter que c’est un "simple" exercice de flux ; ce qui allait en Europe avant n’irait plus en Europe à terme : l’Europe doit donc réduire ses besoins ou changer de fournisseur, et la Russie doit trouver de nouveaux clients ou réduire ses exports.

A priori, la Russie n’est pas encore capable, pour des raisons géopolitiques et également qualitatives, de trouver un remplacement pour l’ensemble de son pétrole. L’Europe n’est pas non plus capable de trouver un remplacement pour l’ensemble de ses imports. Toujours est-il qu’à cause des sanctions et de la mauvaise publicité que cela génèrerait (cf. Schell, lien ici), les acteurs Européens et Américains rechignent pour l’instant à acheter du pétrole brut, ce qui réduit les exports Russes. Ce faisant, la production disponible mondiale de pétrole brut diminue fortement (puisque la Russie ne trouve pas de substitut majeur en termes de clientèle, et produit donc moins ou stocke davantage), pour une demande plus ou moins identique à l’avant Russie/Ukraine.

Pour parer à ce phénomène, il existe plusieurs solutions à mettre en place ensemble ou séparément :

1. Augmenter la production de l’OPEP (communément appelé "cartel du pétrole")

Il faut ici distinguer l’OPEP et l’OPEP+ (un OPEP "élargi" à d’autres pays). La différence notoire entre ces deux groupes réside dans la présence de la Russie dans l’OPEP+, mais pas dans l’OPEP. L’utilité de ce groupe est d’assurer à ses membres une rente du pétrole en maitrisant la production pour maintenir les prix à un niveau assez élevé, tout en limitant la concurrence. C’est à dire que si l’OPEP décidait de faire chuter la production à un niveau drastique, les prix s’envoleraient si haut qu’il serait rentable pour d’autres sources de production avec un coût d’extraction plus élevé de recommencer à extraire du pétrole. Ce qui ferait de nouveau redescendre les prix, en offrant une concurrence rude à l’OPEP. L’optimum de l’OPEP, c’est le prix le plus élevé possible qui permet de ne pas "réveiller" la concurrence. Un point important à mentionner : les intérêts des membres de ce groupe divergent au niveau individuel, mais la raison d’être de ces groupements est précisément la puissance du groupe dans son ensemble. C’est à dire que les membres voient aujourd’hui un intérêt plus fort à respecter les limites de production fixées et discutées par l’OPEP/OPEP+ plutôt qu’à produire le maximum de ce qu’ils pourraient produire sans lesdites limites.

Que ce soit pour l’OPEP ou l’OPEP+, c’est l’Arabie Saoudite qui mène la danse et assure la cohésion du groupe ; si chaque membre avait un poids identique, aucun d’entre eux n’aurait la capacité de sanction si l’un des membres ne respecte pas son engagement. Or, aujourd’hui, si les engagements ne sont pas respectés, l’Arabie "ouvrira les robinets" en grand, faisant exploser la production de pétrole et chuter drastiquement les cours, ce que viendrait au détriment des intérêts des membres. C’est ce qui s’est produit notamment lorsque la Russie n’a pas voulu se plier à la volonté de l’OPEP il y a deux ans ; celle-ci a été forcée à revenir dans le rang.

L’un des problèmes majeurs de l’OPEP aujourd’hui, c’est sa capacité à augmenter la production ; on parle de "compliance" pour désigner le respect de la limite de production, d’"overcompliance" lorsque la limite est dépassée, et d’"undercompliance" lorsque la limite n’est pas atteinte. Or, ces derniers mois, l’OPEP et l’OPEP+ n’ont pas réussi à atteindre la limite qu’elles s’étaient fixées elles-mêmes (voir graphique ci-dessous, valeur exprimée en millions de barils par jour vs l’objectif) :



Ce que cela pourrait signifier, c’est que seuls quelques pays, et notamment l’Arabie Saoudite, pourraient augmenter leur capacité de production (l’OIES parle d’environ 4.2 millions de barils par jour de capacité d’augmentation, dont plus de la moitié provenant de l’Arabie Saoudite, voir graphique ci-dessous).



Et c’est là qu’apparait un premier problème : il n’est pas certain que l’ensemble des acteurs soient favorables à l’augmentation de la production puisque celle-ci viendrait faire baisser les prix pour tout le monde alors que seuls les pays qui augmenteraient leur production (c’est à dire seulement les pays qui en ont la capacité) verraient cet effet compensé par l’augmentation du volume de vente. Pour tous les autres, cela viendrait réduire les recettes d’exportation, et notamment les entrées de devises (USD).

Le deuxième problème, c’est que "MBS" (le Prince Saoudien, Mohammed bin Salman) n’a pas d’intérêt particulier à faire redescendre les prix, puisque pour l’instant, la compétition n’est pas encore réveillée. Autrement dit, pourquoi ferait-il baisser les prix en augmentant la production alors que cela diminuerait ses recettes ? Auparavant, c’était la relation stratégique et la protection des USA qui permettaient à la production d’être raisonnée par l’Arabie Saoudite. Mais aujourd’hui, les USA sont une compétition dormante ; le pétrole de schiste américain a permis aux USA de s’affranchir partiellement de son besoin d’imports de pétrole brut. Ils ont notamment retiré une partie de leur équipement militaire du sol Saoudien, en envoyant un message clair à MBS. Celui-ci s’est tourné vers d’autres clients, et notamment la Chine, qui absorbe des quantités colossales de pétrole. Cerise sur le gateau, MBS a été qualifié de criminel par les hauts fonctionnaires Américains et par le Président des Etats-Unis lui-même.

L’intérêt des puissances occidentales ici, c’est de réduire l’inflation à travers la réduction des prix de l’énergie. En parallèle, des prix de matières premières durablement élevés peuvent mener à une explosion des prix de production, et à ralentissement économique sévère. Rappelons qu’à défaut d’exports Russes et Ukrainiens, les produits ci-dessous (graphique de gauche, % de l’Ukraine et de la Russie dans les exports mondiaux) resteront à des niveaux historiquement élevés (graphique de droite : augmentation du prix en % depuis janvier 2022).

(source : rapport OCDE du 14/03/2022).


2. Augmenter la production de pétrole en Iran

… et c’est là qu’intervient l’Iran ; pour boucher le "trou" potentiellement créé par les sanctions ou les auto-sanctions contre la Russie, si leur effet était durable, il faudrait que les USA relâchent la pression exercée contre l’Iran depuis des années. Les discussions sont en cours depuis un an déjà, et chaque partie affirme vouloir que l’accord soit signé, mais cela dure et traine en longueur.

Par ailleurs, l’impact de l’Iran, comme on l’a vu plus haut, ne serait pas grandiloquent. Le graphique en barres ci-dessous montre en bleu l’estimation d’exports de pétrole depuis l’Iran du consultant "Kpler" et en rouge celles du consultant TankerTrackers). La ligne bleue représente la quantité de pétrole produite par l’Iran, y compris ce que l’Iran produit pour sa propre consommation.



Comme on peut l’observer, en cas d’accord entre les USA et l’Iran, la capacité de production de pétrole brut de l’Iran pourrait augmenter et revenir, plus ou moins, sur ses niveaux pré-sanctions de 2018. Ce qui n’offrirait, à échéance d’environ 1 an après signature, "que" 1 million de barils par jour. Autre interrogation, l’Arabie Saoudite a-t-elle intérêt à ce que l’Iran (membre de l’OPEP) revienne en force..?

3. Augmenter la production de pétrole de schiste des USA

Les USA pourraient également profiter de la situation pour augmenter la production du pétrole de schiste, faisant usage des prix élevés pour exploiter les champs de pétrole les plus difficiles, donc ceux qui coûtent le plus cher. Oui, ils pourraient ; mais la spécificité du pétrole de schiste est justement que son exploitation nécessite beaucoup d’argent pour démarrer, et sans certitude que l’investissement ne soit rentable à terme (en fonction de la taille de la poche de pétrole exploitée). Or, les recettes des années passées, ont été utilisées pour payer les actionnaires des projets de schiste, ou rembourser les dettes, et pas à investir dans de nouveaux champs. Cela s’est traduit par la réduction du nombre de puits de forage en activité (voir graphique ci-dessous).



… et donc par une stagnation, ou faible croissance seulement, de la production de pétrole des USA. Si bien qu’à échéance 2 ans, on ne voit pas les USA capables d’augmenter leur production de plus d’1 million de barils.



Il est donc bien difficile de faire des prédictions :

Même si Biden parvenait à faire plier MBS (MBS étant parfaitement conscient de son levier, cela se payerait très cher), et que l’OPEP s’accordait sur une augmentation de production, cela ne couvrirait que les deux tiers du manque laissé par la Russie (voir le graphique ci-dessous, selon OIES).



Il faudrait en parallèle que la production de schiste américaine vienne s’ajouter à un deal en Iran pour que le manque des barils Russes ne se fasse pas sentir. Il semble assez difficile à se jour que l’OPEP se mette d’accord avec les USA d’un côté, et que ces derniers arrivent à faire marcher l’accord avec l’Iran de l’autre. D’autant que le temps joue en faveur des producteurs de pétrole.

Par ailleurs, et ce n’est que mon avis, mais il me semble que la réaction épidermique des peuples à l’encontre de la Russie est un phénomène passager, sans bien sûr préjuger de la tragédie dont il s’agit. Comme pour beaucoup d’autres phénomènes graves, je pense qu’il ne fera plus "vendre" autant de temps d’antenne assez rapidement. J’aurais tendance à penser que lorsque cette guerre ne fera plus la une des journaux, les politiques et entreprises, Européens en particulier, auront les coudées plus franches pour faire affaire avec les Russes - à tort ou à raison, chacun sera libre d’en penser ce qu’il veut. Il est donc probable que la Russie puisse recommencer à exporter son pétrole à moyen terme, ou une partie en tout cas, et au delà des estimations utilisées actuellement. Ce qui serait un bon point pour les USA soit dit en passant ; c’est un deal de moins à signer avec l’Iran, ou moins de production à extirper de l’OPEP.

Je pense donc, et je me trompe peut-être, que les barils Russes finiront rapidement par revenir en Europe une fois les auto-sanctions estompées. Le Vieux Continent a besoin de la Russie, que cela lui plaise ou non, et nous n’avons pas les moyens d’en changer à court ou moyen terme. Mais comme l’a dit Pierre Dac : “Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir”…

Amicalement,
Ursule

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[+1]    #282 29/06/2022 11h43

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Je case cette interview ici, très intéressante : Questions-réponses: Allons-nous vers un super-cycle des matières premières? - investir.ch

Schroders a écrit :

La forte hausse des cours des matières premières observée récemment nous incite à penser que nous pourrions être aux premiers stades d’un «super-cycle»; une période prolongée caractérisée par une croissance de la demande supérieure à l’offre.

[…]

En ce qui concerne les moteurs structurels sous-jacents réels, la hausse des cours ne donne pas lieu à une réaction importante de l’offre, et c’est en définitive ce qui explique la longévité de ce cycle. L’une des raisons principales tient au fait que l’investissement dans le secteur des matières premières a mauvaise presse aux yeux des investisseurs en raison de ses caractéristiques ESG négatives.»

[…]

Bien que des quantités considérables de métaux de base soient nécessaires pour permettre la transition énergétique, leur production est, dans l’ensemble, à forte intensité de carbone et les sources d’approvisionnement «propres» sont limitées. Ce paradoxe non résolu explique en grande partie pourquoi l’investissement en capital reste faible malgré la hausse des cours.»

[…]

Nous n’avons pas encore pris la mesure de l’impact des sanctions affectant l’offre russe sur le marché mondial. Nous pensons que l’embargo mis en place par l’Europe commencera pleinement à la fin de l’année, en dehors de concessions faites pour des consommateurs comme la Hongrie. L’offre mondiale de pétrole risque de s’en retrouver considérablement réduite. Il est peu probable que la Russie parvienne à réorienter ne serait-ce que la moitié de cette offre vers l’Extrême-Orient.

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Favoris 1   [+1]    #283 29/06/2022 13h13

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@IH

Je suis de cet avis.

Pour le pétrole et le gaz j’estime qu’on n’a encore rien vu. Si Poutine veut vraiment casser l’Europe, ce n’est pas difficile : il coupe du jour au lendemain le gaz aux Allemands. Je crois de plus en plus qu’on y va. Jamais l’Allemagne ne pourra être prête à temps cet automne pour faire face, le résultat est immédiat : une récession grave en Allemagne et, suivant, une lourde récession dans toute l’Europe.

Pour les marchés de l’énergie nous sommes face à une situation totalement inédite : la demande en énergie fossile va rester forte pdt longtemps or, pour des raisons aussi bien physiques (ressources en baisse) que climatiques, l’offre ne peut plus suivre. Logiquement le résultat devrait être des prix durablement très élevés sur ces produits. Ce n’est pourtant pas certain : le manque d’hydrocarbures va avoir un effet profondément récessif sur toutes nos économies, récession que nous ne mesurons pas encore car nous allons avoir une rupture historique : depuis 200 ans, c’est la première fois que l’offre ne pourra plus suivre la demande dans de telles proportions. On change de monde, définitivement. Il faudra oublier nos repères, ils ne sont plus valides.
Pourtant il n’est pas certain que les prix soient durablement élevés : le manque d’hydrocarbures va engendrer des cycles de récession en Europe qui vont conduire à une baisse progressive de la demande qui aura pour effet de limiter les hausses excessives de cours. C’est comme cela que je vois les choses. Des cours plutôt élevés oui, mais pas trop et surtout très irréguliers avec de fortes rechutes quand nos pays seront en récession par exemple. C’est ainsi qu’une baisse des cours du pétrole en fin d’année ne me surprendrait pas quand la récession sera acquise.
Dans tous les cas, cela va être compliqué…

@Ursule

Pour revenir sur vos derniers messages, la donnée lourde et essentielle est que la grande majorité des pays producteurs de pétrole ont désormais passé leur pic de production et ne peuvent de toute façon plus faire face à une augmentation de la demande. Même l’Arabie saoudite est confrontée à un  épuisement de ses puits.
Les projections les plus sérieuses que l’on puisse trouver indiquent toute la même chose : quel que soit le scénario, le monde (et en fait surtout l’Europe, mais aussi la Chine, espaces qui ne produisent peu ou trop peu) ne peut plus compenser le décalage entre l’offre et la demande pour des raisons physiques et climatiques. L’étau est inévitable. Ce n’est donc pas tant une question flux que de ressources brutes physiques.
Donc, dans tous les cas, l’Europe va vers une disette en approvisionnement en hydrocarbures. Vu notre niveau de dépendances, on ne pourra pas compenser. Le résultat est implacable : une récession structurelle.

Ci-dessous les projections de production des 16 principaux pays fournisseurs de pétrole vers l’Europe.

Dernière modification par nik66 (29/06/2022 13h29)

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#284 29/06/2022 13h36

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@nik66 : Je suis largement en phase avec votre point de vue, toutefois je ne pense pas qu’il soit judicieux de conserver des actions de sociétés pétrolières occidentales pendant cette période trouble, car elles sont explicitement dans la ligne de mire des gouvernements et que les bénéfices n’iront pas aux actionnaires, ils vont être pillés avec des "windfall taxes".

Ma stratégie personnelle c’est de rester exposé à des minières dont les concessions se trouvent dans des pays liés aux BRICS ou au projet OBOR mais avec si possible un siège en Europe (pour éviter le problème des sanctions). Le cours des commodities vont comme vous le dites très justement tanguer au gré des remous causés par des économies occidentales en train de se noyer, mais globalement la demande créée par OBOR et le développement de l’Asie du Sud Est devrait absorber les chocs. Pour l’instant j’ai conservé Kazatomprom (uranium kazakh), mes minières aurifères russes, Tharisa en Afrique du Sud (mélange intéressant de métaux du groupe platine + chrome (=> intrant pour la production d’aciers)), Equinor (pétrole + projets "verts" + gouvernement solvable, ce qui devrait éviter le pillage) et North Energy (pétrole à Trinidad + projets verts). Avec l’Argentine qui se rapproche des BRICS je me demande si je ne vais pas revenir sur Adecoagro, qui a bien baissé récemment.

Dernière modification par doubletrouble (29/06/2022 13h39)


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#285 29/06/2022 14h03

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Bonjour,

Pour les quelques investisseurs qui, comme moi, investissent sans honte dans les énergies fossiles, sans être pourtant un profiteur de guerre ou un climato-sceptique, je lis régulièrement les sources suivantes :
- Bison interests, et de son gérant, Josh Young très actif sur Twitter.
- Ninepoint, eric Nutall, qui publie également sur BNN Bloomberg | Financial News | TSX Today et sur son compte twitter. Ils sont positionnés sur des producteurs small caps canadiens exclusivement.
- Horizon kinetics, comme complément.
- Le blog de lynn alden.


"Without risk there can be no progress". George Low

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#286 29/06/2022 14h05

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nik66 a écrit :

Logiquement le résultat devrait être des prix durablement très élevés sur ces produits. Ce n’est pourtant pas certain : le manque d’hydrocarbures va avoir un effet profondément récessif sur toutes nos économies

Je partage aussi cet avis. C’est d’ailleurs la thèse de Jean-Marc Jancovici (et d’autres) sur le prix du pétrole.

La relation prix/volume ne suit pas historiquement et ne suivrait jamais une courbe économique classique du type "si le volume diminue alors le prix monte" (et ça s’arrête là), de par l’effet récessif de ce bien qui irrigue absolument toute l’économie.

Jusqu’au pic de pétrole conventionnel aux USA au début des années 70, le prix est indépendant de la quantité. À partir de cette date il y a eu un changement de régime : le prix devient très volatil mais il n’y a toujours pas de lien précis avec la quantité.

Pour l’instant, je ne suis toujours pas sûr de comment mettre en œuvre une stratégie d’investissement qui exploiterait cette thèse. En gros un instrument qui permette de s’exposer favorablement à la volatilité du prix du pétrole sur longue période (et il faudrait que la volatilité qui se réalise soit supérieur à la volatilité pricée du produit, ce qui n’est pas acquis…).

Et je suis preneur de thèses éventuellement concurrentes sur l’explication des variations du cours du pétrole.



Jean-Marc Jancovici a écrit :

Il est facile de constater qu’aucune loi simple ne relie le volume de pétrole consommé au prix du baril, ni même la variation de la consommation à la variation du prix du baril : de 1921 à 1973 la quantité de pétrole consommée a été multipliée par plus de 20 avec un prix qui reste stable, puis de 1973 à 1986 le volume consommé reste à peu près identique avec un prix qui fait n’importe quoi, puis de 1986 à 2000 c’est à nouveau un régime avec un prix assez stable et un volume qui augmente fortement, et enfin de 2000 à 2016 le volume est presque constant avec un prix qui varie fortement.

Ce graphique suggère donc que quand bien même nous avons la prévision d’un volume futur de manière assez précise, cela ne permet pas d’en déduire un prix.

Source 1

Jean-Marc Jancovici a écrit :

La seule conclusion que l’on soit tenté de proposer au vu de ce qui précède est que, en univers contraint, le prix du pétrole ne sera ni durablement bas, ni durablement élevé (car dès que le prix du pétrole devient très haut cela signifie que nous en manquons, ce qui ralentit la machine économique et fait baisser le prix), mais… durablement volatil. Les épisodes de prix très élevés seront le signe avant coureur – parce que ce c’est le signe d’une insuffisance en volume – de récessions à répétition

Source 2

Dernière modification par Concerto (29/06/2022 14h11)

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[+1]    #287 29/06/2022 14h50

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Une fois encore, les biais comportementaux sont à l’oeuvre.
En 2006-7, c’était Peak Oil.
En 2014, Peak Oil Demand.
Maintenant on revient à Peak Oil.

A chaque fois, il y a de très bons arguments sur pourquoi ce sera le cas.

Dans les matières premières, la forte demande crée toujours l’offre. Sinon, les prix sont trop hauts => récession et baisse de la demande.
Vous pouvez parler d’ESG, de Russes, d’Iraniens…
Ca ne change rien à cette loi fondamentale.

Au final, c’est un marché opaque avec beaucoup de petits champs qui sont mal répertoriés, pas mal de corruption et de tricheries sur la production.
Le gaz naturel est bien plus prévisible car il a besoin d’infrastructures très coûteuses.

Des exemples
1) Le champ de Ghawar en Arabie Saoudite est le plus grand du monde. Mais personne ne sait vraiment, à part Saudi Aramco qui ne le révèle pas, combien de pétrole se trouve encore dedans. En 2007, il faisait partie centrale de l’argument Peak Oil du bouquin de Matthew Simmons (Peak Oil).
Et 15 ans plus tard, il a craché ses 5mm de barils quotidiens.

2) Un champs de pétrole est vidé d’environ 40 à 50% de son pétrole lors de l’exploitation.
L’opérateur peut décider, en fin de vie, s’il veut investir pour récupérer 5pp voire 10pp supplémentaires. 10pp de 40% c’est 25% de production supplémentaire.

3) Les Brazilian oil sands qui faisaient jadis bander les investisseurs sur Petrobras et qui devaient produire 5m de barils par jour donnent une production de moins de 20kbbl ajd.
Pourquoi? Les coûts ont dérapé et étaient vers $100 le baril en 2014 avant le "Peak Oil Demand". Mais avec un pétrole à $120bbl, c’est à nouveau profitable. D’autant que les coûts ont baissé depuis.

Toutes ces analyses doivent prendre en compte le fait que les prix plus élevés, si les opérateurs les attendent, vont faire changer leurs politiques d’investissement.
C’est bullish pour les oil services.

Moi je peux faire un calcul inverse d’Ursule avec les réserves de capacité :
OPEC : +3mm
USA (Shale) : +2mm
Canada : +1mm
Venezuela : +2mm
Mexique : +1mm
Brésil : +2mm
Nigéria :+0.5mm
Iran : +2mm
Iraq : +1,5mm
========
Total = +15mm de barils,
On enlève 7mm de barils russes et on a Peak Oil Demand à nouveau.

Par ailleurs, un point très important oublié par Ursule : que vont faire les russes maintenant que la demande pour leur produit baisse?
A un moment, il faudra fermer des puits.
Lesquels ne pourront rouvrir qu’avec de la tech occidentale qui est sanctionnée.

Ou bien laisser couler et désastre écologique de proportion jamais vue.


Dirige un cabinet de CGP - triple compétence France / Suisse / UK

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#288 29/06/2022 15h50

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ENTJ

Le peak oil a bien eu lieu vers 2006-2007, mais seulement pour le pétrole conventionnel.
Le peak oil dont on parle actuellement est pour l’ensemble du pétrole (conventionnel + non conventionnel). Il a peut-être eu lieu avant le COVID, il aura peut-être lieu dans les quelques années qui viennent. C’est impossible de savoir exactement quand. L’ensemble des acteurs sérieux tablent tout de même sur un peak oil durant la décennie 2020-2030.

Dernière modification par Kromoz0hm (29/06/2022 15h50)

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#289 29/06/2022 16h15

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C’est en fait très compliqué de savoir si l’on a atteint le Peak Oil. Comme le disait mon professeur d’intelligence économique dans mon école d’ingénieur, plusieurs fois dans l’histoire on a parlé de peak oil pour alimenter la spéculation et à chaque fois les technologies ont fait progresser la production ou de nouveaux champs ont été découverts…C’est tout le problème du pétrole. On ne connait pas vraiment les réserves un peu comme pour les diamants où l’on alimente la rareté. Rien que les réserves de pétrole bitumeux équivalentou dépassent les réserves de pétrole conventionnel : le coût écologique de ces exploitations est cependant terrible. On veut bien importer du pétrole bitumeux en Europe mais pas en produire. 

On parle pour le pétrole classique de 5,4 trillion (5400 milliards) de barils et 1,36 trillion (1360 milliards) rien que pour le Venezuela.On ne parle pas aussi des réserves sous l’Arctique… Je pense qu’il n’y a donc pas pénurie si l’on s’en donnait les moyens en terme d’exploration. Bien sûr cela dépend aussi des cours du pétrole certains forages étant rentables à partir d’un certain niveau de prix. 

A court moyen-terme les valeurs du pétrole vont profiter de la hausse des prix. A long-terme cela dépendra de l’idéologie des dirigeants occidentaux qui pour le moment misent sur le tout électrique (surtout en Europe). Les USA savent que sans énergie peu chère, on ne peut pas gagner de parts de marché et on perd des points de PIB donc le pétrole continuera sa route aux USA et dans le reste du monde…Pour sécuriser ses investissements vaut-il mieux miser sur les sociétés qui fournissent l’infrastructure comme Schlumberger, Technip, les exploitants de solutions GPL, les transporteurs? La menace d’une taxation des pétrolières pourrait faire baisser leur rentabilité surtout en Europe…

Dernière modification par al2020 (29/06/2022 16h16)

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#290 18/10/2022 11h15

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Bonjour,

Comment interprétez-vous la situation actuelle?

Il était question d’une "gifle" de MBS à Biden, et même si les cours du WTI on fort remonté après l’annonce de l’OPEP, on revient quand même nettement sous les 90$.

Les médias en faisaient tellement des tonnes sur cette fronde saoudienne vis à vis des USA que je revoyais le baril au dessus des 100$.

Il était question d’un soutiens indirect à Poutine pour l’aider à financer sa guerre, quelques jours après l’Arabie Saoudite offre 400 millions d’aide humanitaire à l’Ukraine

Guerre en Ukraine : l’Arabie saoudite annonce 400 millions de dollars d’aide humanitaire à Kiev

Pas évident à suivre tout ça…

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#291 18/10/2022 11h23

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Le cours du pétrole avait été l’objet d’un débat dans l’émission "C’est votre argent" du 7 octobre; les intervenants faisaient observer que la décision de l’Arabie saoudite ne devait pas nécessairement être analysée comme une "gifle" mais avait des ressorts commerciaux et d’affichage:

maintenir un prix du baril assez haut pour leur propre économie, face à deux tendances à la baisse qui sont a) le ralentissement de l’activité en Chine et b) la reprise de l’exploitation de gisement de pétrole/gaz de schiste aux États-Unis (vers 100 $ le baril la réouverture paraît avantageuse);

de toute façon les pays producteurs ont déjà du mal à atteindre leur quota actuel; doubler la production aurait montré de façon encore plus criante leur difficulté dans ce domaine.

l’Arabie saoudite a eu plusieurs gestes simultanément (dont ce don à l’Ukraine) pour montrer que ce n’était pas un geste de défiance.

Il reste que cela peut être vu comme un camouflet pour Biden qui s’est rendu là-bas pour pas grand’chose, mais on ne peut pas tout analyser du point de vue politique/géostratégique, les considérations commerciales entrent aussi en ligne du compte.

C’est du moins ce que j’ai retenu de l’émission !

Dernière modification par Cornelius (18/10/2022 11h27)

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#292 18/10/2022 12h13

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@koldoun : Ce n’est pas si difficile à suivre - les USA ont d’abord demandé gentiment, comme cela n’a pas eu d’effet, ils ont sorti le bâton : Biden to re-evaluate U.S. relationship with Saudi Arabia, White House says  - The Washington Post

Après quelques jours de réflexion, le royaume n’infléchit pas sa posture mais paye le pizzo au parti Démocrate en injectant $400m dans sa lessiveuse qui tourne à plein régime* : Saudi Arabia announces $400 mln humanitarian aid to Ukraine | Reuters

* There?s no oversight of billions in Ukraine aid ? we need fiscal watchdogs | The Hill


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#293 18/10/2022 12h50

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Oui, cela je l’avais compris, ce que je comprenais moins c’est qu’au final, je n’ai quand même pas l’impression que les cours du pétrole soient devenus si chers.

Mais si j’ai bien compris le message de Cornelius, MBS a besoin d’un pétrole cher pour son économie, mais pas trop cher (- de 100$) sinon cela rend l’exploitation du gaz de schiste US intéressant.

Je suppose que cela explique mieux les choses :

- de 80$ : problème pour l’économie saoudienne

+ de 100$ : profitable pour le gaz de schiste US

Donc MBS essaie de faire en sorte de se situer entre ces deux paliers

(je simplifie à outrance, c’est juste pour mieux comprendre les choses à la grosse louche)

Dernière modification par koldoun (18/10/2022 12h50)

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#294 18/10/2022 12h58

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Et si, avec une façon différente de voir les choses, tout celà n’était qu’un arrangement pour contrôler les cours et les stabiliser.
Il faut en effet des prix intéressants pour justifier les nombreuses ouvertures de puits des le schiste et les sables bitumineux de l’Alberta.

Dernière modification par MarsAres (18/10/2022 12h59)

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#295 18/10/2022 13h07

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koldoun a écrit :

Oui, cela je l’avais compris, ce que je comprenais moins c’est qu’au final, je n’ai quand même pas l’impression que les cours du pétrole soient devenus si chers.

Mais si j’ai bien compris le message de Cornelius, MBS a besoin d’un pétrole cher pour son économie, mais pas trop cher (- de 100$) sinon cela rend l’exploitation du gaz de schiste US intéressant.

Je suppose que cela explique mieux les choses :

- de 80$ : problème pour l’économie saoudienne

+ de 100$ : profitable pour le gaz de schiste US

Donc MBS essaie de faire en sorte de se situer entre ces deux paliers

(je simplifie à outrance, c’est juste pour mieux comprendre les choses à la grosse louche)

Je voulais plutôt dire la possibilité d’exploiter des gisements en Amérique du Nord "capait" les prix du pétrole, rendait moins problématique la décision de l’OPEP de ne pas relever les quotas et n’incitait pas à penser que le but réel de l’OPEP était de faire exploser le prix du baril pour embarrasser les États-Unis; je ne pense pas qu’il soit possible d’avoir une guidance aussi précise que vous le suggérez.

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#296 18/10/2022 13h23

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Cornelius a écrit :

b) la reprise de l’exploitation de gisement de pétrole/gaz de schiste aux États-Unis (vers 100 $ le baril la réouverture paraît avantageuse);

C’est cette phrase qui a dû m’induire en erreur.

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[+1]    #297 18/10/2022 14h15

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Oui, ce n’était pas très clair en effet, désolé; voici le lien de l’émission (à partir de la 19e minute pour le pétrole):

C’est Votre Argent - Vendredi 7 octobre

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