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[+2]    #26 27/12/2021 12h23

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chapitre 8 : retour au bercail (ou "retour aux sources". J’hésite pour le titre, n’hésitez pas à me faire des suggestions)

Connaissez-vous un investissement qui vous coûte 20 dollars (150 francs) et qui vous rapporte au bout de 6 ans plus de 30.000 francs ? Et en plus de ça , vous percevez des intérêt annuels moyens compris entre 1000 et 3000 francs ?
Mes grands parents maternels si ils étaient encore de ce monde auraient pu créer une chaine Youtube, vous proposer un livre blanc et une conférence à 1997 euros en vous proposant un coaching mensuel à 197 euros /mois pour vous expliquer leur secret.

Compte tenu qu’ils ne sont plus de ce monde, je vais vous dévoiler en avant première leur secret gratuitement: Investissez en leur fille, ma mère ! lol

Trêve de plaisanterie.
En cette même année 1984 en plus d’avoir acheté sa maison ma mère allait retourner au Vietnam pour la première fois. Et elle a décidé d’amener le petit Flairsou avec elle. Mes parents ont demandé une dérogation à l’école pour que je puisse partir un mois au Vietnam avec ma mère en dehors des vacances scolaires.

Super ! je vais louper l’école et je vais en vacances !
Sauf que ce que je ne savais pas , c’est que ma mère avait besoin d’une valise diplomatique ou je devrais plutôt dire une ceinture diplomatique.

Il faut savoir qu’en cette année 1984, nous sommes seulement 9 ans après la fin de la guerre, le régime communiste a pris le pouvoir et il ne rigole pas.

Vous pouvez faire du tourisme si vous êtes étranger au Vietnam mais si vous êtes vietnamien, c’est totalement interdit ou très très surveillé ! De quel droit pouvez-vous retourner au pays alors que vous l’avez fui, espèce de traitre ! C’est en gros l’état d’esprit des communistes vietnamiens à cette époque.

Sauf que la chance de ma mère et de moi-même, c’est que nous n’avons pas un nom et prénom vietnamien mais plutôt à consonance cambodgien. D’autant plus que ma mère est née au Cambodge. Donc grâce à cette pirouette d’état civil, on pouvait revenir au Vietnam.
Nous avons certainement été l’un des premiers vietnamiens de l’étranger à revenir au Vietnam aussi tôt. Quand j’y repense, je fais parti de l’histoire.

Et pourquoi a-t-elle décidé de revenir au Vietnam ? Tout simplement car elle n’oublie pas que sa famille restée au pays est dans une extrême pauvreté et qu’elle se doit de les aider financièrement. C’était un devoir tout à fait naturelle. Je ne pense pas que cet état d’esprit soit propre à la communauté asiatique, mais c’est propre à tout les enfants de peuple en souffrance.
Il était très difficile d’envoyer de l’argent par la poste sans que les communistes viets ne prennent votre argent et arrive réellement à destination. Le seul moyen de les aider à cette époque était d’apporter l’argent sur place. Désormais ma mère avait de l’argent.

Sauf que le montant en espèce que vous pouvez avoir était très limité (peut-être 5000 francs maxi à l’époque). Mais c’est sans compter l’ingéniosité de ma mère.

Elle achetait en France des produits qui pouvaient se revendre au Vietnam : Je me souviens qu’elle a ramené une Vespa, des médicaments, de l’or, et du tissu noir pour confectionner des pantalons entre autre.
Oui oui, elle est parti à Barbès, chez Tati acheté du tissu qui était indispensable pour faire des pantalons car au Vietnam, d’autant plus à cette époque, il manquait de tout. Je vous raconte pas l’empreinte carbone si ce tissu venait de Chine et revenait au Vietnam…

Et elle s’est servi d’un enfant de 8 ans (moi) pour cacher de l’argent autour de ma ceinture.  Heureusement que les flics m’ont pas attrapé. J’avais pas envie de visiter les geôles vietnamiennes à 8 ans. lol

On s’est donc envolé de France durant la période du Tet (fête du nouvel an vietnamien en février-mars) pour retourner pour la première fois dans ce pays que je ne connais pas.
Et  je suis devenu le témoin privilégié de l’évolution de mon pays avec les nombreux voyages qui ont suivi…

Dernière modification par Flairsou (27/12/2021 17h36)

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[+2]    #27 27/12/2021 19h25

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chapitre 9 : Saigon, mon amour.

Je ne me souviens absolument de rien concernant mon existence pendant les 3 premières années de ma vie au Vietnam. Mes oncles et tantes disent que j’étais l’enfant chéri du quartier et de la famille. Après tout, j’étais le tout premier petit enfant de mes grands parents. Je courais cul nu sous la pluie dans le quartier et j’avais un don pour chanter en vietnamien, parait-il. Ne me demandez surtout pas de chanter car c’est plus possible. J’arrive donc en territoire inconnu.

La première chose qui frappe quand vous arrivez au Vietnam que ce soit en 1984 ou maintenant, c’est la chaleur étouffante, l’humidité et l’odeur particulière de l’Asie (mélange de fruits exotiques et de street food).

Je ne comprenais pas ce qui se passait en sortant de l’aéroport de Saigon (Ho-Chi-Minh-Ville), Je me sentais oppressé par les gens, ils étaient bizarre avec leur chapeau chinois. ça criait, ça parlait fort, j’étais stressé et j’ai pleuré. A peine atterri, j’ai dit à ma mère que je ne voulais pas rester. Je voulais rentrer à ma maison en France. "je ne les connais pas tous ces gens !" Vous avez compris qu’elle ne m’a pas donné le choix…

Nous prenons le taxi et j’arrive dans le quartier de la maison familiale dans une rue étroite et exigu. Tous les voisins du quartier était de sorti, ma mère et moi étions l’attraction du quartier. Des " Viet Kieu"(vietnamiens habitant à l’étranger) arrivaient. On devait être les tout premiers en 1984. Nous étions les bêtes curieuse et de foire. La maison familiale (en location)  ne ressemblait à rien. C’était moche et ça devait faire à tout casser 30m2 entre le rez de chaussé et le 1er étage où se trouvait la chambre à coucher commune. Le plancher de l’étage était pourri et il y avait des trous où je pouvais espionner les gens qui étaient au rez-de-chaussée.
Entre temps, ils n’étaient plus 10 à être entassé car les frères et soeurs plus grand de ma mère habitaient chez leur mari. Mais ils devaient être encore 6 ou 7 à vivre avec les grands parents.
Pour se doucher, on remplissait une bassine d’eau qu’on réchauffait sur la gazinière. Et les toilettes étaient une sorte de trou dans le coin de la cuisine pour faire ses besoins.

Toute la famille était réuni mais je ne savais pas qui était qui avec autant de monde… Bref, j’ai mis beaucoup de temps les années suivantes pour connaître tous les noms de mes oncles et tantes ainsi que ceux de mes cousins.
Pour fêter notre arrivée, la famille avait préparé un repas et j’ai pris un coca. Sauf que le coca n’était pas gazeux, avait un gout sucré et était chaud. Il y avait régulièrement des coupures de courant à la nuit tombée vers 18h. Et il faisait atrocement chaud que ce soit dans la maison ou à l’extérieur.

Le soir, ma mère et moi dormions avec tout le monde à l’étage avec un matelas et une moustiquaire pour nous. De temps à autre, des cafards de la taille de ma main passait entre les matelas. Mais le pire, c’est que ça vole ces drôles de bête immonde !

Les vacances commencent pas terrible…j’aurais peut-être mieux fait de rester à l’école en France avec mes copains, moi.

Les jours suivants nous avons  visités la ville de Saigon avec ma mère.
De mes souvenirs, en 1984, il y avait énormément de vélos, des cyclo pousse nombreux, quelques motos et très peu de voiture circulait. Mais la ville était belle. C’était la période de la fête du Tet et de nombreuses fleurs jonchaient la ville. Et il y avait cet héritage colonial français qui donnait à Saigon énormément de charmes. Ajouter à cela, tout ces vendeurs de rues et les nombreux Street food jonchant les trottoirs créaient une odeur enivrante. Il n’y avait pas de centre commercial comme je peux le connaître avec la boutique de ma mère mais de nombreux marchés installés un peu partout dans différents quartiers. Et ce que j’adorais par dessus tout, c’était les marchands de canne à sucre pressé qui jonchait les trottoirs (j’adore le jus de canne à sucre ! )
Les écoliers étaient tous habillés pareils avec leur tuniques bleus. Et les lycéennes étaient super belles habillés toutes pareils avec leurs longues tuniques blanches (Ao Dai)
Bref, ce mélange détonnant était incroyable et la ville m’avait envoutée en quelques jours.

Une de mes jeunes tantes m’avaient amené avec son petit copain de l’époque au cinéma. Chouette ! Je vais pouvoir regarder les "Gremlins" qui sortaient à l’époque…
Grosse erreur Flairsou !
En guise de cinéma, nous étions dans une salle de 15 m2 dans un immeuble miteux avec une vingtaine de chaises pliantes .En face de nous trônait une télé cathodique de 60 cm de diagonale  avec un ventilateur bon marché qui faisait office de climatiseur. Et ce n’était pas un nouveau film américain de 1984 qui allait être diffusé mais "sur un arbre perché" avec Louis de Funès datant de 1971. Il y avait une voix vietnamienne qui faisait office de doublage pour tous les acteurs du film. Et je me souviens très bien de ce film car j’ai rien compris et surtout les 3/4 du film se passait dans une voiture accroché à un arbre. ça m’avait marqué à l’époque.

Entre temps, je me suis fait des amis de mon âge dans le quartier et on passait des après-midi entières à jouer aux cartes. Je m’étais fait assez vite des copains et je commençais à apprécier mes vacances.
Les cafards, les toilettes archaïques , les douches, les coupures d’électricité ne me posaient plus aucun problème.
Je m’accommodais de tout ces petits tracas au bout de 5 jours et je commençais à adorer mes vacances. Je m’étais trouvé des copains , je buvais de la canne à sucre et je mangeais super bien ! Bon après, je n’ai plus bu de coca de tout le séjour…

Revenons à ma mère.
Ma mère a donné tout son argent et tout les produits à mes grands parents.
Grâce à ce premier gros don, ils pourront acheter un premier petit immeuble de 90-100m2 pour laquelle ma mère a officieusement 50% des parts pour 20.000 francs ( cet immeuble vaut aujourd’hui 600.0000 euros). Au rez-de chaussée de l’immeuble, la famille pourra créer un "café" où les gens pourront déjeuner le matin et prendre un café l’après midi. Ce café a existé jusqu’en 2018. Il y a 3 étages dans cet immeuble et ma mère gardera le dernier étage pour elle et aussi pour moi lorsque je retourne au Vietnam.

1 mois passe vite. Quand l’heure du départ a sonné, j’étais devenu un véritable petit vietnamien. Et j’ai pleuré le jour de mon départ. Mais cette fois-ci parce que je voulais rester au Vietnam pour toujours.

Dernière modification par Flairsou (27/12/2021 21h24)

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#28 27/12/2021 20h20

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Excellent ce feuilleton de fin d’année!

Fenring, le 26/12/2021 a écrit :

Bonjour,

Vous avez un talent indéniable pour la narration. Je serai à votre place j’écrirai  un livre sur votre mère, avec ce même titre aguicheur. (n’oubliez pas de partager les droits d’auteurs !)

Je plussoie. Le rythme de l’histoire me fait penser aux (auto-)biographies en BD. C’est d’ailleurs un genre très en vogue actuellement. Tout particulièrement les histoires d’immigrés. Voici un florilège de BD autobiographiques que je recommande vivement à la lecture:

-Il y a bien sûr le légendaire Persépolis de Marjane Satrapie, qui raconte son enfance pendant la révolution iranienne puis son parcours en Autriche et en France.

-L’arabe du futur de Riad Sattouf qui parle de son enfance en Syrie, Libye et Syrie. Une des BD les plus vendues ces dernières années.

-Couleur de peau : miel de Jun Jung-sik, un gosse des rues coréen adopté par une famille en Belgique.

-Vie de Mizuki de Shigeru Mizuki, un gosse bon à rien japonais né en 1922, mobilisé en Indonésie pendant la 2e guerre mondiale où il perd son bras, puis qui devient mangaka durant l’après-guerre.

-Coquelicots d’Irak de Brigitte Findakly (scénario et couleurs), illustré par son mari Lewis Trondheim, qui raconte son enfance en Irak.

-Kaboul Disco de Nicolas Wild, un français qui raconte de façon romancé son expérience en tant que graphiste expat à Kaboul entre 2007 et 2009.

-Chroniques de Jérusalem et d’autres bd de Guy Delisle, qui raconte sa vie de dessinateur dans des contrées insolites (Jérusalem-est, Pyongyang, Shenzhen).

En bonus: Approximativement de Lewis Trondheim, pionnier du genre autobiographique en BD en France.

Donc, oui, en BD, en roman-graphique ou en livre, ça peut trouver son lectorat. Et j’adore ça!

Dernière modification par Stouf (27/12/2021 20h22)

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#29 27/12/2021 20h33

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INFP

Merci pour ces récits.
J’ai travaillé plusieurs années comme infirmier libéral allant sur la commune de Noyant d’Allier.
En 1943 la mine fut fermée par les allemands, et les corons vidés. Alors lors de la débâcle de 1956, ils servirent de refuge à un grand nombre de réfugiés vietnamiens, et quelques plus rares cambodgiens.
J’ai donc eu l’honneur de voir ces grandes familles, et rencontrer cette histoire particulière et chargée de conflits.
J’en ai connu un qui fut prisonnier des japonais de 9 à 13 ans.
C’est aussi quelque chose de voir les autels familiaux sur le buffet, le culte des ancêtres est très puissant chez les viets.
Tout comme voir la vierge Marie à côté d’un Bouddha, chez les viets ça s’accommode sans problème.
Ils ont d’ailleurs construit une pagode bouddhiste dans les années 80.
Rencontre culturelle fort intéressante pour moi à laquelle je voulais rendre hommage.

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#30 27/12/2021 20h44

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C’est bien 600.000 eur l’immeuble de 50m2, valeur d’aujourd’hui ?
Ce serait pas plutôt 60.000 eur ?

Dernière modification par jimbow (27/12/2021 20h52)

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[+3]    #31 27/12/2021 21h23

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C’est bien 600.000 euros. Par contre, je me suis trompé sur la surface, le petit immeuble doit faire entre 90et 120m2.
Le prix est juste dans le sens où il devait être vendu à ce prix là en 2018. il y a un litige encours que j’expliquerai plus tard. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le nombre de m2 habitable n’est pas super important car la construction n’est pas si cher au Vietnam. Par contre l’emplacement et la surface au sol sont super important surtout pour faire du business.

Un autre point très important, c’est que l’immobilier ne valait rien en 1984, vu que la très grande majorité des vietnamiens étaient très pauvre à la sortie de la guerre et le Vietnam faisait partie des pays les plus pauvres du monde à cette période.

Il faudrait que j’arrive à retrouver les chiffres mais ma mère a dû apporter en argent l’équivalent de 20 à 30 ans du revenu moyen annuel d’un vietnamien en 1984.

Dernière modification par Flairsou (28/12/2021 07h56)

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[+3]    #32 28/12/2021 10h19

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chapitre 10 : Viet Kieu

"Viet Kieu" est un terme qui désigne les vietnamiens vivant à l’extérieur du pays.
Dans la bouche d’un vietnamien, ce mot a une connotation négative, péjorative voir insultante suivant l’intonation de la voix.
Pour les vietnamiens, il désigne les "lâches" exilés politiques qui ont fui le pays alors qu’eux sont restés.
Il désigne aussi ces vietnamiens qui ont réussi à l’étranger et qui sont venus étaler leur richesse en rentrant au pays.
Et les vietnamiens sont d’autant plus haineux à l’égard des hommes Viet Kieu car les vietnamiennes sont attirés par le Viet Kieu quelque soit la "beauté" extérieur de ce dernier.
Pour la vietnamienne, c’est une chance de pouvoir épouser un Viet Kieu pour partir à l’étranger et sortir de la pauvreté. Les familles favorisent le mariage avec les "Viet Kieu" pour cette raison.

De ce fait, les relations amicales ou familiales entre Viet Kieu et Vietnamiens sont souvent biaisés et faussés.
D’autant plus qu’il y a quoi qu’on en dise une différence culturelle entre un Viet Kieu et un Vietnamien et je suis très bien placé pour en parler.
J’ai fait toute mon éducation en France, je pense et je réfléchis en français en gros, je suis une "banane" (terme aussi utilisé pour désigner un asiatique de l’étranger : jaune à l’extérieur et blanc à l’intérieur).
Et forcément, j’ai une différence culturelle avec mes cousins vietnamiens.

En France, par exemple quand on va au restaurant entre amis, chacun paie sa part. Au Vietnam (et en Asie), c’est la personne qui fait l’invitation qui paie pour tout le monde. Et lorsqu’il y a un Viet Kieu à la table, c’est systématiquement lui qui doit payer. C’est pas bien gênant et pas très grave si c’est une fois de temps en temps. Par contre, ça devient fatiguant, quand on invite le Viet Kieu trop souvent de manière intéressé.

Les relations sont vraiment pas simples entre Viet Kieu et Vietnamien :
Si on paie systématiquement, les vietnamiens peuvent considérer qu’on étale notre richesse simplement car on a eu la chance de partir à l’étranger.
Si on paie pas assez, ça veut dire qu’on est radin.
Mais le Viet Kieu est tout aussi fautif, en tout cas certains. Il est vrai qu’un certain nombre de Viet Kieu lorsqu’ils rentrent au Bled veulent montrer qu’ils ont réussi et se vantent de leur réussite pour sortir avec des vietnamiennes facilement. Il y a des Viet Kieu avec de vrais réussites, mais plus de la moitié qui rentrent au Vietnam ont fait un crédit à la consommation pour flamber alors qu’à l’étranger ils sont payés l’équivalent d’un smic.

Bref, trouver un juste milieu pour considérer les gens pour ce qu’ils sont et non pas en tant que Viet Kieu est quasiment impossible.

Ma mère et moi étions historiquement peut-être les premiers "Viet Kieu" à rentrer au pays d’autant plus du caractère très contraignant mis en place par le régime communiste à l’époque.

En 1985, mon père était peut-être le troisième Viet Kieu à venir au Vietnam. Et il a découvert le paradis sur Terre. Il était l’un des premiers Viet Kieu homme à rentrer au Vietnam avec tout son argent (en tout cas il a ramené l’argent gagné par ma mère) pour donner à la famille. Mon père, du haut de son mètre 60 était certainement considéré par les vietnamiennes comme l’homme le plus beau du Vietnam. Et il a bien profité de ce statut de Viet Kieu, peut-être trop (mais on parlera de ça plus tard).

Mais il était aussi venu au Vietnam pour épouser une de mes tantes avec la bénédiction de ma mère… (je sais que vous attendez la suite avec impatience avec ce cliffhanger)

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#33 28/12/2021 10h34

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INTJ

Amusant cette parenthèse sur le règlement de la note. J’ai vécu presque dix ans en Chine, et personnellement je préfère le principe d’une personne qui règle de bon cœur pour toute la tablée (avec parfois des jeux de politesses ridicules mais chaleureux comme d’empêcher physiquement un convive de payer, ou profiter d’un passage aux toilettes de celui qui devait payer pour le faire à sa place - ou, anticipant cette fourberie de la part d’un ami, simuler soi-même le passage aux toilettes pour le faire avant lui…). En revanche ce n’est pas forcément la personne qui invite qui paie, chacun garde un vague souvenir de qui a payé la dernière fois et on alterne en fonction.

Je préfère ça de très loin aux épouvantables comptes d’apothicaires occidentaux ("on divise en trois ?" "ok, mais moi je n’ai pas pris de vin hein" "et moi pas de dessert" "dis-donc 𝐭oi 𝐭u as pris le plat le plus cher et moi juste une salade" etc…).


✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.

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[+1]    #34 28/12/2021 14h51

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Chapitre 11 : mariages (pas tout) blancs

Pour quitter le Vietnam (surtout à l’époque), il n’y avait que 2 possibilités si vous n’aviez pas de famille à l’étranger :
- soit prendre un bateau de fortune (Boat people). Inconvénient : mort possible.
Un de mes oncles devait prendre une embarcation à l’époque et la veille du départ, il s’est désisté. Toutes les personnes qui ont pris ce bateau ont été tué par la police vietnamienne le jour du départ.
- soit faire un mariage blanc. Inconvénient : ça coute très cher.
Dans les années 80, vous deviez payer à un viet kieu homme célibataire entre 15.000 et 20.000 francs pour qu’il accepte d’épouser une vietnamienne. Si vous êtes une Viet Kieu femme célibataire, ça coutait plus chère pour se marier avec un vietnamien (entre 20.000 et 40.000 francs). Pour rappel le smic était à 3900 francs/mois.

Le retour triomphale de ma mère en 1984 a fait des envieux parmi ses frères et sœurs.
Elle est revenu riche en peu de temps.
"c’est trop facile de gagner de l’argent à l’étranger," ont-ils du se dire. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que ma mère a trimé 6 jours/7 et des fois 7/7 de 9h du matin jusqu’à 21h du soir pour gagner de l’argent et que celui-ci ne tombe pas du ciel. Bref, je divague…
En tout cas, il y avait désormais un point d’ancrage familial en France grâce à ma mère. Et mes tantes et oncles célibataires avaient désormais envie de partir.

La première à vouloir partir est tante L, qui suite à un chagrin d’amour voulait quitter le Vietnam.
Ma mère a demandé à mon père de faire des papiers pour se marier avec sa soeur pour qu’elle puisse venir en France.
Il s’est fait griller avec ses faux papiers à l’ambassade de France du Vietnam. Mais je ne sais pas de quelle façon en baratinant le représentant (bakchiche ?) de l’ambassade, celui a  finalement validé le mariage. Bref, le premier Viet Kieu du Vietnam polygame, c’est mon père ! lol. Et non, il n’avait pas encore officiellement divorcé à cette période. wink

Ensuite, 2 autres tantes célibataires ont voulu aussi partir mais cette fois ma mère a payé plein pot pour que des viet kieu acceptent de les épouser. L’un des Viet Kieu était le frère de mon père et l’autre un ami. Nous sommes même tous parti au Vietnam en 1989 pour célébrer leurs "2 faux" mariages. Sauf que ces mariages sont devenus de vrais mariages d’amour. Ma mère est rentré dans une colère noire car elle aurait pu économiser entre 30 et 40.000 francs si elle l’avait su (n’oublier pas qu’elle est radine). Rétrospectivement parlant, je trouve ça marrant: Elle a payé la dot à la place des parents.

Puis une autre tante et un autre oncle ont bénéficié de l’aide financière de ma mère pour venir en France. Ma mère a contribué financièrement à faire venir la moitié de sa famille en France.

Il est juste dommage que certains d’entre eux oublient aujourd’hui tout ce qu’a fait ma mère pour les sortir de la misère et que sans elle, leurs vies auraient certainement été très différentes. (Il y aura un chapitre pour ça mais pas tout de suite.)

Epilogue de l’épisode :
Le frère de mon père a divorcé de ma tante au bout de 4 ans (ils ont eu une fille de leur union). L’autre tante est toujours marié avec le même mari et ont 3 enfants

Dernière modification par Flairsou (28/12/2021 14h52)

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[+4]    #35 28/12/2021 18h18

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Chapitre 12: La sœur modèle

Les 2 personnes que ma mère a hébergé (tante et nièce d’une amie) nous ont quitté pour partir en Australie en 1985. J’étais vraiment très triste à leur départ et le pire c’est que je n’ai plus du tout de nouvelle de cette fille qui a vécu avec moi pendant 3 ans et que je considérais comme ma soeur. 

Ma tante L les a remplacé en habitant à la maison.
Ma mère et mon père ont quasiment tout le temps hébergé du monde à la maison (soit les soeurs de ma mère, soit des "amis") jusqu’en 1991. La maison était pleins de vie, c’était chouette.

Tante L a longtemps vécu avec nous entre 1985 et 1989 et que ce soit tante L et les autres tantes et l’oncle, ma mère les a tous formés à la restauration en travaillant au restaurant.
Sur les 5 personnes qui sont arrivés en France, 3 tantes sont devenus restauratrices, une tante est  mère au foyer et l’oncle est salarié.

Les 3 tantes ont toutes réussies dans la restauration et ont toutes très bien gagné leur vie. elles sont toutes propriétaires de leur maison et ont des investissements locatifs en France et au Vietnam.
Elles ont suivi le modèle de ma mère et ont toutes ouvert leur restaurant dans les centres commerciaux.
Avant les années 2000, c’était à priori le bon plan pour bien gagner sa vie d’ouvrir un resto asiatique en centre commercial. Elles ont "damé le pion" aux amis de ma mère présent en France depuis bien plus longtemps qu’elles.
Je pense aussi que ma mère était une excellente formatrice. wink

Celle qui a le mieux réussi et qui doit certainement dépasser le patrimoine de ma mère aujourd’hui, c’est tante L qui avoue elle-même cuisiner beaucoup moins bien que ma mère.
Elle a aujourd’hui 2 restaurants dont un tenu désormais par son fils qui lui crée une rente bien méritée. Et quand je vois comment il gagne bien sa vie, je me dis que j’aurais peut-être du faire pareil. lol

J’ai énormément d’affection pour tante L (j’ai d’ailleurs déjeuné avec elle ce dimanche) car elle est restée longtemps chez moi et c’est la seule soeur qui est restée fidèle à ma mère.

Une petite anecdote "marrante" raconté par le mari cambodgien de tante L (qui a vécu avec nous aussi) qui est resté entre 1975 et 1979 en camps de réfugié en Thaïlande :
Il habitait près de la frontière Thaïlandaise et pour fuir les Khmers rouges, il est parti en Thaïlande en 1975. Mais ces vicieux de Khmers rouges attendaient les cambodgiens près de la frontière pour les mitrailler. heureusement, il s’en est sorti et est resté pendant 4 ans en camps de réfugié attendant la fin de la guerre. Dans le camps, Il y avait plusieurs bureaux de pays étrangers pour faciliter le départ des réfugiés cambodgiens :  Il y avait un bureau US, un Bureau canadien, un bureau australien et un bureau français. Tout le monde se précipitait sur les 3 bureaux sauf celui de la France qui était désespérément vide car personne voulait y aller. Même aujourd’hui, les immigrés préfèrent partir aux USA.
Mon oncle comme beaucoup d’autres cambodgiens ne voulaient pas partir en attendant la chute du régime des Khmers rouges. A la chute du régime Khmer par les vietnamiens, la rumeur disait que les viets était aussi pire que les Khmers. A choisir entre la peste et le choléra, ils se sont tous précipités sur le bureau français en 1979 ! lol

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#36 28/12/2021 20h40

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Je pense que vous devriez écrire un livre à partir de cette histoire.
Feuilleton ici qui fait du bien 😊 mais je pense que vous tenez un bon sujet et votre plume semble précise et agile.


"Il ne faut pas voir les héros de la coulisse. Quand ils coïncident un moment avec leur légende c'est déjà beaucoup."

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[+2]    #37 28/12/2021 23h11

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chapitre 13 : embourgeoisement

Mes parents se sont embourgeoisés.
Ils sont propriétaires de leur maison. Ils ont désormais 2 voitures. Quand ils partent en vacances en asie, ils dépensent sans compter. Tous les samedis soirs ils vont manger au restaurant avec leurs amis . Tous les dimanches, ils invitent du monde à la maison et pendant que les femmes font la cuisine, les hommes jouent aux cartes. Et malgré tout ça, ils sont incapable d’offir la nintendo NES au petit Flairsou ! (j’insiste un peu sur cette frustration de jeunesse 😁). Par contre, le petit Flairsou part en colonie de vacances à chaque vacances scolaires. Il part entre autre en Angleterre, aux Etats-unis, au Canada, en norvege, au Danemark, en Allemagne, en Espagne et à l’époque, le petit Flairsou était trop bête pour mesurer la chance qu’il avait vis a vis de ces petits camarades moins chanceux. Bon en lot de consolation, il a eu l’amstrad cpc 6128. 😁

Et vous savez quoi ? cet embourgeoisement est totalement mérité !
En moins de 8 ans, ils se sont crées cette situation tout seul avec la force de leur travail et de leur détermination.
8 ans auparavant ils habitaient dans une chambre de bonne
Mon père a du se reconstruire aprés avoir perdu toute sa richesse familiale au Cambodge. Ma mère ne parlait pas français et avait 20 dollars en poche 8 ans auparavant.
Ma mère ne connait pas les 39 heures et encore moins les 35 heures. Je vous dis une bêtise, elle connait les 35 heures, elle les fait en 3 jours et ça fait seulement la moitié de sa semaine de travail.

Et puis cet embourgeoisement n’est pas ostentatoire.
Ma mère et mon père ne portent pas de vêtement ou de montre de luxe. Ils ont 2 voitures mais il y en a une c’est une mazda 626 pour mon père et l’autre c’est une petite opel qu’utilise ma mère pour aller travailler.
Et puis faire voyager le petit Flairsou aux 4 coins du monde, peut être que ça lui ouvrira un peu l’esprit.
Leur principal luxe ? c’est les voyages qu’ils font grand max une fois par an.
Et l’autre luxe (qu’on a tous perdu en cette periode de Covid), c’est de se réunir entre amis, entre membres de la familles pour rigoler, pour se chambrer, pour profiter de l’instant présent. Malgré la fatigue du travail dans la semaine, ma mère était encore là pour cuisiner pour ses amis les dimanches. Je me souviens aujourd’hui nostalgique de ces week-ends de rire avec les cousins et les cousines.
Et je me rends compte que c’était peut-être le luxe le plus précieux qu’on a perdu.

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#38 29/12/2021 01h05

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Super histoire !
J’adore les capitalisations d’expérience.


Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien.

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[+1]    #39 29/12/2021 10h18

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Chapitre 14 : le concurrent

Nous étions riche.
Certes, nous n’étions pas millionnaire, nous n’habitions pas dans le quartier sud huppé de la ville. Mes parents n’ont pas eu de Rolex avant leur 50 ans (ni après d’ailleurs) mais nous étions riches.
Nous étions riches comparativement aux amis de mes parents. Nous étions riches comparativement à nos voisins du quartier nord. Mais nous étions surtout riche comparativement à notre misère passée.
Avoir un toit à nous, un moyen de locomotion, de quoi nourrir toute notre famille, d’aider la famille au Vietnam, de partir en vacances quasiment quand on veut. Pour moi, nous étions les plus riches du monde.

Et on n’a pas vu venir la concurrence…
Je vous disais que la boutique de ma mère se situait en face de la boucherie Bernard, ce que j’ai oublié de vous mentionner, c’est qu’à la droite de la boutique, à une dizaine de mètre se trouvait une brasserie française. Je me souviens qu’il y avait une machine à sous pour laquelle je mourais d’envie de jouer dans la brasserie. Je m’entendais bien avec le fils du patron, on trainait tout le temps ensemble sur les bornes d’arcades du centre. Malheureusement en cette année 1986, la brasserie  allait fermer. Un traiteur asiatique allait s’installer à leur place.

Mes parents n’ont rien vu venir.
Le traiteur asiatique allait être plus beau, plus grand que la boutique de ma mère. Leur vitrine réfrigéré était immense comparé à notre ridicule vitrine. Et surtout, il y avait de vrais places assises bien plus nombreuses que les 3 malheureuses tables pliantes de notre boutique.
Esthétiquement parlant, on faisait pitié par rapport au concurrent.
Certes, l’excellente cuisine de ma mère était un gros avantage concurrentiel mais il n’était pas suffisant.

Les défauts de notre boutique sautait aux yeux depuis très longtemps :
- il n’y avait pas assez de places pour déjeuner (18 et non pas 20 je m’était trompé). Au mieux ma mère faisait 2 à 3 services le midi.
- la cuisine était excellente mais lorsque les clients venaient et qu’il y avait du monde, ils partaient. ("ça tombe bien, il y a un nouveau "chinois " à côté")
- les clients n’étaient pas à l’aise pour déjeuner car c’était trop serré, trop collé et bordellique avec les étagères au mur
- la cuisine était bien trop petite et pas très fonctionnelle.
- Et comment voulez-vous stoker de la marchandise suffisante dans ce bordel de 15 m2 ? Une fois le stock épuisé, bah il n’y a plus de plat possible pour la journée.

Vu que l’argent coulait à flot et qu’on n’avait le monopole, rien n’avait été fait pour empêcher l’installation du concurrent. Ma mère avait tiré le maximum du chiffre d’affaire qu’elle pouvait avec ces contraintes et elle ne pouvait pas tirer plus d’argent. Il fallait s’agrandir ou trouver un autre local.

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#40 29/12/2021 11h21

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Vous êtes un excellent conteur c’est passionnant !


Tant que t'as pas vendu t'as pas gagné. Mais t'as pas perdu. Mais t'as pas gagné. Mais…Oh zut fait @*

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#41 29/12/2021 14h43

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Chapitre 15 : Négociation

Avec l’arrivée du traiteur asiatique, mes parents commencèrent à chercher un local plus grand dans le centre commercial.
Dans la même galerie 15 mètres à gauche de notre boutique, le primeur était en train de vendre son fonds de commerce. Le local devait faire 90 m2 avec l’étage dont une surface en salle de 40 m2 et une vraie cuisine de 15m2 à aménager. Il faudra faire beaucoup de travaux. MacDonald allait aussi s’installer quasiment en face de ce local. Bingo ! le local est parfait ! Avec l’achat du fonds et les travaux, ça leur coutera au moins 500.000 francs. Affaire conclue !

Pas si vite !  Le directeur du centre commercial n’était pas d’accord.
Il y avait déjà un traiteur asiatique dans le centre, on n’a pas besoin d’un deuxième. Et pour la viabilité du centre, il faut des commerces variés et non pas un nouveau Chinatown. Le point de vue du directeur pouvait se comprendre. D’autant plus que le centre commercial était bien plus petit à l’époque comparé à aujourd’hui.

Mes parents n’étaient pas d’accord :
"Nous sommes arrivés en premier ! Comment pouvez-vous nous faire ça ? Pourquoi vous nous avez pas prévenu ? Vous adorez ma cuisine pourtant ! Ce n’est pas juste !"
"Et puis, on fera quelque chose de diffèrent, ce sera un vrai restaurant et non pas des plats à emporter !"

A force de négociation , le directeur a cédé.
Mes parents allaient pouvoir commencer les travaux pour ouvrir leur restaurant.
Mais plusieurs doutes commençaient à s’installer dans l’esprit de ma mère :
"Qu’est-ce qu’on va faire de notre boutique ? Notre cuisinière a décidé d’arrêter de travailler. Qui vais-je embaucher dans le restaurant ? Je ne pourrais pas être dans la cuisine. Serais-je capable de gérer 4 salariés ?"

Et puis un plus gros doute la stressa : " Comment je vais gérer le restaurant avec cet enfant ? Que vais-je faire de cet enfant ? je ne peux pas la garder."

En ce début d’année 1987 ma mère était enceinte de ma petite sœur.

PS : j’ai des doutes sur les chiffres du restaurant (nombre de m2 et prix final) car ma mère s’en souvient plus. Une fois que j’aurai questionné mon père, il y aura certainement des modifications sur ce chapitre.

Dernière modification par Flairsou (30/12/2021 09h38)

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[+2]    #42 29/12/2021 17h33

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Chapitre 16 : le fils modèle (?)

"Garder votre enfant. Elle vous apportera chance et richesse comme vous n’en avez pas eu jusqu’à présent." une voyante

Quand ma mère a un doute ou une décision importante à prendre, elle a l’habitude d’aller voir une voyante une à deux fois par an pour essayer de se rassurer. Elle m’a donné aussi ce virus et il m’arrive de consulter une voyante à chaque nouvelle année asiatique.

Ma petite soeur est née en septembre 1987.
Mes parents étaient content. Ils avaient un fils et une fille.
Et ma mère a vite repris ses esprits. La "Tiger mom" avait ressorti ses griffes.

Le petit Flairsou est devenu un adulte maintenant.
J’avais 12 ans en 1987 mais à l’échelle de parents asiatiques, les enfants sont capable de travailler à la mine à cet âge. lol

Donc ma Tiger mom avait édicté ses 7 commandements au Padawan Flairsou:
- quand j’aurais besoin à la boutique, vous irez
- votre petite soeur, vous garderez
- A la crèche chaque jour la chercher, vous irez
- chaque soir à manger, vous lui donnerez
- a chaque popo sa couche, vous changerez
- Chaque mercredi et samedi le ménage à la maison, vous ferez
- Naturellement, pour vos devoirs, vous excellerez

Je vous l’ai pas dit,, mais depuis que j’étais devenu "adulte" en rentrant au collège en 6e, je commençais déjà à aider ma mère à la boutique pour vendre les plats à emporter le midi quand je n’avais pas cours. Je l’ai fait de mes 11 ans à quasiment mes 35 ans de manière ponctuel. Et naturellement, je n’ai pas cotisé pour la retraite pour cette tâche. :p

Et j’ai dû suivre ses commandements quasiment jusqu’à mes 15 ans. 
Heureusement que "Olive et Tom, Jeanne et Serge, Dragon Ball" m’ont accompagné durant ses commandements. Je faisais faire un sprint à ma petite soeur avec sa poussette de la crèche jusqu’à la maison pour ne pas louper un seul épisode à la télé.

Pour le ménage de la maison, je devais tous nettoyer du rez-de-chaussée aux chambres en passant par les toilettes. Je me souviens qu’à l’époque sortait "Karaté Kid" et je suivais les instructions de Maitre Miyagi en faisant des ronds avec mon chiffon mouillé quand je nettoyais les escaliers. Je ne suis pas devenu karatéka pour un sou. :p
Par contre, en peu de temps, je maitrisais l’art du changement de couche et le nettoyage de popo.

Et j’avais comme argent de poche si je respectais scrupuleusement ses commandements 50 francs/semaine alors que certains de mes camarades avaient le double uniquement en jouant à la console NES (grrrr)

Elle a trouvé la solution pour gérer le nouveau restaurant avec un nouvel enfant en bas âge en la personne de Flairsou.
La voyante lui a raconté n’importe quoi. C’est Flairsou qui la rendrait riche. lol

Dernière modification par Flairsou (30/12/2021 11h41)

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#43 30/12/2021 11h15

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Chapitre 17: le restaurant

La France est connue dans le monde pour être le pays de la gastronomie. Son équivalent en Asie est le Vietnam.
La richesse gastronomique vietnamienne est également étroitement liée aux différentes invasions coloniales chinoise et française. La France a notamment apporté au Vietnam le pain (Banh Mi) et le café. Je me pose aussi la question si cette richesse n’est pas aussi liée à une ressemblance géographique qui permet diffèrent type de culture car tout comme la France, le Vietnam est bordé par la mer, il y a des terres agricoles et aussi des montagnes.

Les restaurants vietnamiens en France ne vous proposent même pas le quart de la richesse gastronomique proposée au pays. Et je pense que ce qui plait aux français, c’est que la cuisine vietnamienne est une cuisine très équilibré, saine et très fine. Je ne m’en rendais pas forcément compte plus petit quand j’étais noyé dans cette cuisine jusqu’à l’écœurement avec les restaurants de ma mère.

En France, les Best Sellers des plats vietnamiens sont :
- le Pho : soupe à base de bouillon de bœuf, de nouille de riz, de viande de beuf coupé en fine tranche et des boulettes de boeufs  d’oignon grillés, des pousses de soja, de la menthe.
- le Bo Bun : plat à base de vermicelle de riz avec de la viande de boeuf (ou au porc) avec des nems agrémenté de pousse de soja, de carotte rapé , et de sauce "nuoc mam".
- le Boeuf Loc Lac : plat de riz à base de jus de tomate avec des morceaux de bœuf découpé mariné et un oeuf au plat sur le riz.

Grâce à  ces produits stars que ma mère prépare à la perfection (il n’y avait pas que ça dans son restaurant, rassurez-vous), les 40 places assises et le service du soir qui s’est ajouté à celui du midi , les 2 cuisiniers et les 2 serveurs pour l’épauler, ma mère a forcément cartonné avec ce 2e restaurant.
L’argent ruisselait. Le traiteur asiatique n’était pas un concurrent mais un complément de ce que les clients pouvaient manger au centre commercial.

Et la boutique, qu’est-elle devenue ? Ma mère l’a vendu quelque mois après l’ouverture du restaurant avec un bénéfice de 20.000 francs. Elle est devenue une pizzeria qui n’existe plus aujourd’hui.
J’ai énormément de nostalgie pour cette boutique bien plus que pour les autres restaurants de ma mère. Je me suis rendu compte récemment que j’ai une des tables pliantes de la boutique chez moi et je me demande encore comment on peut manger à 4 sur ce type de table. smile

PS :
J’ai changé le tire du chapitre 15 en "négociation" qui me paraît plus approprié

Dernière modification par Flairsou (30/12/2021 11h34)

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#44 30/12/2021 11h35

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C’est malin, maintenant j’ai faim…Je pense qu’il vous faudra nous donner une adresse wink !


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[+2]    #45 30/12/2021 12h06

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Je vous dirais bien d’aller au restaurant que ma mère a vendu, la nouvelle patronne y fait plutôt de la bonne cuisine mais je risque de griller ma couverture. :p

A Paris 13, pour le Pho, je vous conseille Pho 14. Et sinon les restaurants vietnamiens dans cet arrondissement sont plutôt très bons dans l’ensemble. Mes parents allaient particulièrement à un restaurant viet mais je crois qu’il est fermé.

Si vous voulez manger le banh mi Vietnamien qui est considéré comme le meilleur sandwich du monde, je vous conseille "Khai Thi" toujours à Paris 13 qui est une sorte de bilbiothèque vietnamienne qui vends des sandwichs  que je considère les meilleurs de Paris entre midi et 14h.
Je n’ai pas eu le temps de vous parler des sandwichs viets qui sont une tuerie et qui n’ont absolument rien à voir avec le très fade jambon beurre.
Ma mère n’en faisait pas dans son resto car ça demande vraiment beaucoup de travail mais elle m’en fait régulièrement à titre perso  (et forcément, c’est une tuerie) et si elle était plus jeune, je la pousserai à créer une franchise.

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[+1]    #46 30/12/2021 13h23

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Flairsou a écrit :

Chapitre 17: le restaurant

La France est connue dans le monde pour être le pays de la gastronomie. Son équivalent en Asie est le Vietnam.

Je me permet un bémol, il ne me semble pas que cela soit "officiel", j’aurais plutôt pensé à la Thaïlande de prime abord mais je manque d’objectivité, vivant avec des thaïs.
Pour avoir sillonné la région, maintenant que vous le dites, c’est vrai que la nourriture vietnamienne est celle qui s’approche le plus de celle de la Thaïlande et pourrait mériter ce titre, par sa diversité, l’originalité de ses saveurs et son parfum. Je me souviens de la vietnamienne qui vivait sur mon palier à Paris, elle aérait souvent et c’était une merveille à respirer.
A l’inverse la nourriture laotienne m’a beaucoup déçu, c’est du thaïlandais en nettement moins bon et plus cher. En Malaisie je n’ai pas gardé non plus un souvenir impérissable (Cambodge pas assez fréquenté, Birmanie les étrangers tombent malades et finissent au riz blanc dixit mes parents).
Je confirme l’intérêt des sandwichs au Vietnam, je prenais plaisir à en acheter sur les roulottes au bord de la route, il en est de même pour le café et ce sont deux choses que l’on retrouve au Laos et qui valent vraiment le coup, par contre aucune trace de cela en Thaïlande et c’est dommage (eux c’est plutôt donuts et burgers … communisme versus société libérale américanisée).

Vous avez aussi parlé du regard qu’ont les viets sur ceux des leurs partis à l’étranger. J’ai connu cela en Thaïlande mais de manière plus insidieuse. C’est à dire que chez eux, c’est bien vu une fille (plus souvent qu’un homme) qui part faire sa vie avec un "farang" car symbole de réussite et forcément, elle va pouvoir aider sa famille. Par contre j’ai toujours critiqué ma compagne sur ses fréquentations - en Thaïlande - car à mes yeux elle n’a jamais eu d’amis. C’est un constat sévère mais autant elle pouvait avoir des relations saines avec des membres de sa famille (mais pas tous), autant je ne lui ai jamais connu des copines autres que des "mia-farang" - la femme du farang donc - plus frimeuses et friquées qu’elle, les comparaisons entraînant forcément des jalousies croisées ou sinon des filles qui étaient bien contente de profiter de la porte ouverte, lui demander de l’argent ou autres services mais toujours dans le même sens et rendant la relation malsaine pour sûr.
Ses seules (et premières ?) amies thaïlandaises sont en France.

L’Asie est très souverainiste - je ne sais pas si c’est le terme approprié - et dure avec les siens.

Dernière modification par Surin (30/12/2021 17h55)


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[+2]    #47 30/12/2021 15h06

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Chapitre 18 : Chintok !

Chintok ! Face de Citron ! Bol de riz !

Dans mes souvenirs, je n’ai pas subi de racisme ou en tout cas d’injure raciste qui m’a marqué quand j’étais enfant.
Comme je l’ai évoqué, j’ai vécu une grande partie de mon enfance en cité HLM où il existait une vraie mixité culturelle et de nationalité : il y avait des arabes, des africains, des européens et des asiatiques dans la cité. On se chambrait peut-être entre gamins mais rien de véritablement haineux ou volontairement méchant.
A mon sens, les choses ont changé quand les européens (français de souche, d’origine portugaise, espagnole, italienne) sont petit à petit sortis de la cité avec les asiatiques.
Je ne fais pas de politique donc je ne pourrais pas dire ce qu’il faut faire pour habiter dans un monde meilleur  mais ce qui est sûr, c’est que le communautarisme exacerbé, le repli sur soi et notre manque d’ouverture d’esprit n’aident pas à vivre en harmonie.

Le racisme, j’ai commencé à l’entendre et à le subir vraiment quand je suis devenu adolescent. Est-ce aussi lié au fait que je comprenais mieux ce que les gens disaient ? je ne sais pas. Fort heureusement, Ce n’était pas tout les jours, mais ça fait toujours mal quand on le subit.
Même si j’étais un peu turbulent et que je méritais mes punitions, j’avais une enfance plutôt heureuse. L’adolescence s’est quand même un plus compliqué pour ma construction personnelle. J’avais une certaine rage quand je subissais le racisme et je répondais. Mais je n’étais pas fou non plus, si ils étaient plus de 2 ou plus costaud que moi en face, je traçais mon chemin et je fermais ma bouche de rage. Il peut m’arriver de subir de temps à autre aujourd’hui encore un racisme insidieux, mais je n’y prête plus trop d’attention de manière générale.

Ce que je regrette un peu, c’est que les médias se font fort écho du racisme ou injustice subi par d’autres communautés (africaines ou arabes par exemple), mais très peu lorsque ça concerne la communauté "docile" asiatique. Ce n’est pas parce que la communauté asiatique ne se manifeste pas qu’elle n’en est pas moins affecté. Pour avoir eu comme client en banque, l’un des anciens présidents de SOS Racisme, je comprends mieux l’inutilité de ces gens là.
Le racisme anti-asiatique aux yeux de l’opinion publique est vu comme moins grave . Il est banalisé car l’asiatique ne se manifeste pas , ou fort peu. Mais peut-être que cet asiatique a tout autant mal, et par l’éducation de sa tiger mom , on lui a appris à ne pas répondre par la violence, ni par des insultes.
Je ferme juste cette parenthèse.

Bref, ma mère qui parlait moins bien français l’a aussi subi, des fois de manière insidieuse et non pas frontal. Du fait qu’elle parlait moins bien français, les gens en face se sentaient supérieur à elle à certain moment, que ce soit des caissières au supermarché (j’étais avec elle) ou des banquiers entre autre. Quand elle disait aux banquiers que son fils faisait le même métier qu’eux, ça les calmait tous. Elle a subi aussi ce racisme insidieux avec certains clients indélicats ou tout simplement mal élevé mais elle prenait souvent sur elle vis à vis des clients.

Mais le pire dans tout ça, ce ne sont pas ses étrangers "racistes" qui pouvaient la blesser, je pense que ce qui pouvait la blesser c’était surtout moi.
Moi, la banane (jaune à l’extérieur, blanc à l’intérieur) qui avait honte adolescent de son manque de maitrise du français quand elle parlait aux gens. Moi, la banane qui la reprenait régulièrement sur sa façon de m’éduquer ado. Moi qui lui disait systématiquement "je sais, je sais" sans l’écouter réellement.

Et pourtant, ma mère parle cambodgien, le vietnamien et le français. Ma mère a monté un business qui fonctionne. Et je parle aussi bien vietnamien que ma mère parle français, c’est à dire très mal mais tout comme elle, je comprends ce qu’on me dit lorsqu’on se fout de  moi. J’aurais dû la comprendre bien mieux.

Bref, plus jeunes, je ne valais pas mieux que ce banquier qui prenait ma mère de haut.
Et si il y a bien une personne qui mérite de m’insulter de "Chintok", c’est ma mère.

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Favoris 1   [+1]    #48 30/12/2021 15h21

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Excellent et passionnant récit. Je signale juste une petite lacune : quand se sont mariés vos parents ? Dans quel pays ? Mariage civil et religieux ? Comment ont réagi les familles ? Votre mère était-elle déjà enceinte, ce qui a hâté le mariage ?

Dans votre récit, vous passez de vos parents qui se fréquente à votre mère qui tombe enceinte, puis à votre père qui part à Paris avec sa propre famille, sans passer par la case mariage.

EDIT suite à l’information apportée sur ma réputation. Si vos parents n’étaient pas mariés quand ils ont quitté leur pays, ça change pas mal de choses :
- vraiment, votre mère est tombée enceinte alors qu’ils n’étaient pas mariés ? Les familles n’ont-elles pas alors forcé le mariage, au moins religieux, compte tenu que la morale et la réputation réprouvent un enfant hors mariage ?
- si vos parents n’étaient pas mariés, votre père n’avait aucune obligation de reprendre la vie commune. Vos parents et leurs familles auraient très bien retenir un truc du genre "certes, il a fait un enfant à un flirte de jeunesse. Mais bon, la vie les a séparés ensuite, alors maintenant, la mère célibataire (et d’origine trop modeste) n’a qu’à se démerder toute seule".

Je veux dire que la composition du couple et son caractère officiel ou non, puis la recomposition une fois arrivés en France, sont loin d’aller de soi !

Sinon, sur votre dernier message : tous les enfants dédaignent leurs parents, particulièrement à l’adolescence. Vous n’avez pas à vous stigmatiser de n’avoir pas assez écouté, respecté, (ou que sais-je d’autre) votre mère, car vous avez fait comme tous les ados ! C’est une étape normale de la construction : on rejette ses parents, tout ce qu’ils font paraît nul, has been, etc. Et quand on vieillit, on les comprend mieux et on réalise que ce qu’ils faisaient et disaient n’était pas si nul que ça ! C’est comme ça.

Dernière modification par Bernard2K (30/12/2021 18h27)


Ce qu'il y a de bien avec les vacances, c'est que ça donne du temps pour travailler.

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#49 30/12/2021 17h59

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Flairsou en réputation a écrit :

Merci pour votre contribution très intéressante sur la gastronomie asiatique ainsi que les relations avec les Thaïlandais
Je me rends compte que c’est plutôt moi qui manque d’objectivité car il me semblait l’avoir entendu quelque part que c’était le Vietnam . en regardant sur Google je vois qu’effectivement que c’est la Thaïlande qui est devant le Vietnam. Bon les 2 cuisines sont excellentes bien que la cuisine thaïlandaise peut être un peu trop épicé pour le palet des français.

Je ne sais pas. Je me souviens un jour au restaurant, au Vietnam, avoir mangé un truc vert paraissant aussi inoffensif qu’un poivron et je peux vous dire que je m’en rappelle. J’ai appelé à l’aide les serveurs - très gentils au demeurant mais ils ne comprenaient rien à l’anglais - en leur réclamant de l’eau et ils m’ont ramené … l’addition !
J’ai dit "oui je vais payer ok mais svp apportez-moi de l’eau", ça a été un moment difficile !

Alors lançons le débat, qui mange le plus épicé entre Thaïlande et Vietnam ?

Dernière modification par Surin (30/12/2021 18h54)


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#50 30/12/2021 18h57

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Chapitre 19 : En route vers le million

Tout va bien pour le restaurant de ma mère durant la fin des années 80 et en ce début d’années 90.
Je vais l’aider pour vendre les plats à emporter du restaurant quand je ne suis pas en cours.
On a une petite vitrine réfrigérée juste à l’entrée du restaurant pour que les clients puissent également prendre à emporter et j’étais en charge de gérer la vitrine. Les nems et les rouleaux de printemps partaient comme des petits pains.
Notre concurrent a l’air de bien gagner sa vie. Sa vitrine peut "cracher" jusqu’à 10.000 francs/jour d’après les commérages des commerçants.
Ma mère n’est pas à plaindre non plus. Malgré le turnover, elle arrive à gérer son personnel. Ses clients sont fidèles à sa cuisine et ma mère n’a jamais ramassé autant d’argent depuis l’ouverture de son restaurant.

Du coup, tout le monde en profite.
Elle envoyait des sacs d’argents au Vietnam et grâce à elle, la famille a pu acheter 2 autres logements pour y habiter plus décemment.
Mes parents ont également investi dans des biens immobiliers au Vietnam avec des prête-noms de la famille. Les étrangers ne peuvent pas acheter en direct au Vietnam, ce qui me parait normal.
Ils achètent un logement d’habitation à Saigon et un autre en bord de mer à Nha Trang. A l’époque (1989), ce bord de mer était désertique avec peu d’hôtel et maintenant les prix ont explosé et c’est l’une des destinations touristiques les plus prisés.
Mes parents ont aussi acheté un appartement de 45 m2 en France en face d’une gare pour y faire de la location.
Mon père commence aussi à faire des placements boursiers (pour rappel dans les années 90, il n’y avait pas Internet) . Il prends des cours d’aviation et fait de la musculation pendant son temps libre.
Mine de rien, mes parents commencent à se créer un patrimoine plutôt sympa.

Et le petit Flairsou profite bien de cette bonne fortune.
Mon père était fonctionnaire et bénéficiait par ce statut de prix réduits pour m’envoyer en colonie de vacances. C’est comme ça que le petit Flairsou à la fin des années 80 a voyagé en Floride (2 fois), à Washington et au Québec notamment. En 1989, nous sommes partis avec toute la famille et ma petite soeur de 2 ans au Vietnam pour les 2 "faux" mariage blancs et on a enchaîné par un voyage en Thaïlande. Je me rendais meêm pas compte de la chance que j’avais à l’époque, tellement que ça me paraissait "normal".
Ils ont même offert au petit Flairsou un scooter 50 cm au Lycée. C’était intelligent de leur part. le scooter me permettait d’aller aider au restaurant sans qu’ils fassent office de taxi pour m’y amener.
Le petit Flairsou a pu gouter aux joies des consoles de jeu avec la mégadrive puis la super nintendo. Retrospectivement parlant, je crois qu’ils avaient eu raison de ne pas m’offrir la Nintendo NES car la console de jeu a été l’une des causes de mon redoublement au lycée.
La tiger mom aurait dû être plus vigilante…

Tout va donc pour le mieux du monde pendant quelques années sauf qu’en 1993, le directeur du centre commercial veut récupérer le local du restaurant. Il veut réorganiser le centre et la galerie où on était historiquement installée (avec la boutique ) allait être complètement fermée.
Ce qui était sensé être une mauvaise nouvelle a été  plutôt  une super nouvelle !
Le directeur nous propose un local plus grand avec le même loyer et les travaux seront entièrement financés par le centre commercial pour compenser la perte du fonds de commerce. Nous serons devant l’entrée du centre commercial voisin du MacDonald.

Si tout se passe bien, on va devenir millionnaire (en franc) dans pas très longtemps…

Dernière modification par Flairsou (30/12/2021 19h33)

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