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#726 05/08/2020 09h56

Membre (2019)
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Bonjour Scipion,

Une question d’un novice en la matière (j’ai ouvert un PEA il y a moins d’un an …) :

Je vois dans votre stratégie deux principes qui me semblent opposés :

- ne rien vendre ("sans rien vendre, ce dont j’ai horreur et qui a en outre un coût fiscal") qui me semble être une stratégie buy&hold

- et faire du market timing (abordé dans le point "5) Les krachs ou grosses corrections sont des opportunités de s’enrichir rapidement")

Pourquoi se contenter de faire du market timing qu’a l’achat? Vous utilisez la marge pour pouvoir tenir ces deux stratégies, mais est ce qu’il ne serait pas préférable d’envisager de vendre par moment ?

J’ai l’impression que vous êtes enclin au biais psychologique dit de

L’aversion de la dépossession (ou effet de dotation) qui désigne une tendance à attribuer une plus grande valeur à un objet que l’on possède qu’à un même objet que l’on ne possède pas.

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Favoris 16   [+17]    #727 05/08/2020 13h03

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@PointsLignesPoints : Si j’étais vraiment enclin à ce biais, je pense que je ne ressentirais pas le besoin d’ajouter constamment de nouvelles lignes à mon portefeuille : je renforcerais plutôt celles que j’ai déjà, puisque je leur attribuerais une valeur supérieure ;-)

Pour répondre plus sérieusement :

1) Essayer de timer le marché à court-terme est un jeu structurellement perdant. A très court-terme, les marchés suivent un mouvement brownien, totalement aléatoire. Tous les participants qui font du trading à très court-terme s’engagent donc dans un jeu à sommes nulles. Et si l’on considère (i) les frais de transaction et (ii) l’avantage informationnel des participants professionnels, c’est clairement un jeu à somme négative - donc structurellement perdant - pour un participant amateur comme moi. Donc par principe un jeu auquel je refuse de jouer (principe que je viole quelquefois pour jouer aux paris sportifs, mais pour me distraire, pas pour gagner de l’argent). Les amateurs qui ont l’impression de gagner à ce jeu n’ont pas joué suffisamment longtemps, c’est tout.

2) L’asymétrie des profits et des pertes favorise les stratégies long au détriment des stratégies short. Quand vous achetez une action, vous prenez un risque limité à votre capital et l’opportunité d’un gain illimité. Quand vous vendez ou shortez une action, votre gain est limité (au niveau zéro pour le cours de l’action) et votre risque est illimité. Ce risque illimité est évident s’agissant d’une position short, mais il existe aussi quand vous vendez une action (même si on s’en rend moins compte) : vous prenez le risque d’un coût d’opportunité illimité. Clairement, je préfère jouer à un jeu avec risque limité et gain illimité - donc je préfère largement les stratégies long et je répugne toujours à vendre.

3) Sur le long-terme, la tendance des indices boursiers est clairement haussière (d’autant plus que l’on choisit un indice géographiquement large… ou américain). Bien sûr, cela est très net quand l’on regarde le S&P500 sur longue durée, ou un ETF Monde.

Mais plus fondamentalement, il faut se poser la question : que signifie la richesse ? La richesse, ce n’est pas des bouts de papier (même signés d’un Gouverneur) que l’on va placer à la banque : cela n’est que du papier, hein. La vraie richesse, ce sont des actifs réels créateurs d’utilité pour la société. Et j’en achète la propriété indirecte lorsque j’achète des actions. Je parie sur l’accumulation d’actifs réels par mes entreprises, sur le travail de salariés compétents, sur la création d’utilité sociale par mes entreprises, sur le développement technologique. C’est un actif bien plus solide et résilient, sur le long-terme, que des bouts de papier (et ce jugement vient d’un banquier central).

Vendre l’indice (ma gestion est quasi-indicielle), c’est parier contre ces tendances structurelles à l’accumulation de capital, à la création de richesse, au progrès technologique : cela peut éventuellement marcher à court-terme, mais sur le long-terme c’est clairement perdant.

Par ailleurs, je pense que la tendance haussière des marchés actions va être accentuée par les QE à répétition voire ad infinitum, qui détruisent les rendements des actifs moins risqués (obligations souveraines ou corporate IG), poussant les investisseurs vers les marchés actions.

Bref, ma position structurelle longue reflète la combinaison des 2 conseils de bon sens :
- don’t bet against the US economy (Buffett), qu’on peut élargir à l’économie mondiale
- don’t fight the Fed (ou les autres grandes banques centrales)

4) Les périodes de panique sont plus faciles à identifier que les périodes d’euphorie. Si à court-terme je suis convaincu que le market-timing est une activité perdante, il est clair que les marchés boursiers connaissent parfois des périodes de panique et d’euphorie. On peut essayer d’en profiter, ce que je fais par mon utilisation contracyclique de la marge.

Mais il est beaucoup plus facile à mon sens d’identifier une phase de panique qu’une phase d’euphorie. En effet, dans la psychologie humaine, et de façon encore exacerbée quand on observe une foule comme celle des participants de marché, les phases de panique sont courtes et violentes, alors que les phases d’euphorie sont douces et prolongées.

C’est vraiment dans la psychologie humaine :

- Face à une menace soudaine, l’humain peut paniquer, mais il finit toujours par se reprendre, retrouver sa rationalité pour analyser la menace, évaluer les dégâts et trouver des solutions : "Un être qui s’habitue à tout, voilà, je pense, la meilleure définition qu’on puisse donner de l’homme." (Dostoïevski) C’est pour cela que ceux qui nous promettent l’apocalypse à la moindre gué-guerre, à la moindre pandémie, au moindre choc, finiront toujours par avoir tort : l’homme surmonte toujours tout, même le pire.

- En revanche, l’humain est enclin (a fortiori en groupe) à tomber dans un sentiment agréable de confort puis d’euphorie, le conduisant à sous-estimer le risque.

Il est très difficile (même a posteriori) d’identifier le moment où l’euphorie commence, où l’humain cesse d’avoir son sens du danger en éveil. Il est beaucoup plus facile d’identifier le moment soudain où il panique.

On peut voir cela par exemple sur la volatilité implicite du marché actions US, le VIX : son comportement est toujours le même : il monte en flèche lorsqu’un choc inattendu survient (= panique), puis peu à peu il redescend (= phase d’évaluation de la menace puis de réponse), et parfois il reste très longtemps à un plancher très bas (= faibles risques "objectifs" ou phase d’euphorie : très difficile à dire !).

Un VIX au-dessus de 50 (comme en mars 2020) me fournit un signal clair que le marché est devenu déraisonnable dans sa panique, alors qu’un VIX en-dessous de 15 est difficile à interpréter : il ne signifie pas nécessairement une sous-estimation des risques - peut-être que les risques sont effectivement objectivement faibles. Et quand bien même il y aurait euphorie, elle peut durer très longtemps (contrairement à la panique). On pourrait vérifier par des backtests qu’une stratégie long avec un seuil de déclenchement VIX > x fonctionne beaucoup mieux, sur la durée, qu’une stratégie short avec un seuil de déclenchement VIX < y.

En complément du VIX, on pourrait utiliser la prime de risque du marché actions (equity risk premium, ERP). On aboutirait aux mêmes conclusions. Par exemple la prime de risque du marché actions US, qui a une moyenne de long-terme de 4,2%, avait quasiment atteint 8% en mars 2020 : pour moi, c’était un signal clair d’utiliser la marge pour acheter des actions US, leur risque étant alors 2 fois mieux rémunéré que la moyenne historique.

A contrario, la prime de risque du marché actions n’est pas toujours efficace pour anticiper des grosses corrections : certes, en 2000, l’existence d’une bulle était manifeste au vu d’une prime de risque du marché actions US à 2%, mais ce n’était pas le cas en 2007.

Prime de risque du marché actions US, 1960-2019 (source : Aswath Damodaran)

Prime de risque du marché actions US, 2020 (source : Aswath Damodaran)

Enfin, outre ces facteurs techniques, il est possible que par mon caractère (i) foncièrement optimiste et (ii) relativement calme face à l’adversité (relativement à la foule, hein, je ne suis pas un bonze), j’aie plus de facilité à identifier les paniques que les phases d’euphorie (à laquelle je peux succomber moi-même bcp plus facilement qu’à la panique).

5) Le cash est un actif risqué et (quasiment) non rémunéré. Quand on achète une action, on prend un risque de marché : le risque sur la valorisation de l’action : c’est un risque évident, qu’on peut suivre au jour le jour, et auquel on est sensible psychologiquement.

Beaucoup voient le cash comme la "sécurité". Ils parlent de la nécessité de "sécuriser ses plus-values".

Mais perso quand je vends une action je vois cela comme la conversion d’un actif risqué en un autre actif risqué. Techniquement, la forme la plus commune du cash est un prêt non collatéralisé à une banque (une entité opaque et très leveragée). Ce n’est pas du tout un actif sans risque. C’est un actif risqué (risque de crédit au-delà du plafond de garantie de 100k€ par déposant et par établissement bancaire) - mais ce risque (contrairement aux actions) n’est quasiment pas rémunéré !

Donc il est important pour moi (et ce sera plus encore le cas lorsque mon patrimoine sera plus important) de minimiser mon exposition au risque systémique (le risque bancaire). Je ne dis pas qu’il ne faut pas de cash, mais entre ce risque bien réel et le coût d’opportunité, je souhaite limiter ma détention de liquidités à un montant raisonnable (et en tout cas, rester en dessous du plafond de garantie).

Tous ces facteurs me conduisent à une forte préférence pour une stratégie structurellement long et passive sur les marchés actions, avec une minimisation des liquidités et une utilisation contracyclique de la marge uniquement pour tirer parti des phases de panique. Néanmoins, je n’exclus pas un jour de développer une petite poche short en complément, mais je doute que mon caractère s’y prête.

Dernière modification par Scipion8 (07/03/2021 04h18)

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#728 07/08/2020 07h38

Membre (2020)
Réputation :   3  

Bonjour,

Merci pour le partage de votre portefeuille, ainsi que de vos interventions que je trouve hyper intéressantes. J’en apprends beaucoup.

J’aurais une petite question : parmi vos actions dans le secteur de la santé/équipements médicaux, lesquelles vous paraissent offrir un point d’entrée intéressant à aujourd’hui ?

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#729 07/08/2020 17h58

Membre (2019)
Réputation :   166  

Bonjour Scipion,

Excellent résumé de la thèse de l’investissement action. Ce qui me saute aux yeux est qu’elle repose sur un paramètre psychologique qui est l’optimisme de l’investisseur.  Sinon, je voudrais vous demander quelques précisions sur des termes que vous employez.

Qu’entendez vous par actif réel? Un brevet est il un actif réel? Un contrat de concession? Une créance?
Par actif entendez vous une chose cessible?

Dernière modification par Caratheodory (07/08/2020 18h07)

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Favoris 7   [+13]    #730 27/08/2020 01h55

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1) Perspective globale sur le portefeuille : A la faveur de la hausse des indices, mon portefeuille a désormais dépassé la cible ambitieuse que j’avais fixée pour fin 2020 : 1M€ - ce qui, compte tenu des autres "couches" de mon patrimoine (liquidités de précaution, fonds € et immobilier), est suffisant à mon sens pour une indépendance financière réelle.

Le portefeuille devance un ETF Monde d’une dizaine de points cette année, malgré un effet de change défavorable. Toutes les poches du portefeuille battent leurs benchmarks respectifs, à l’exception de mon CTO français (mon seul portefeuille de "rente", les autres poches étant orientées vers la capitalisation), plombé par les foncières.

La création de valeur de ce portefeuille (via l’appréciation des titres et les dividendes perçus) depuis que j’en ai pris en main la gestion fin 2016 est d’environ 200k€ - très concentrée sur mon portefeuille américain IB, créé il y a 2 ans (création de valeur d’environ 190k€). La création de valeur est légèrement positive sur mon portefeuille européen (lancé début 2018), et presque négligeable sur mon portefeuille français (le portefeuille précurseur). Rien ne dit qu’il en sera de même à l’avenir, mais en tout cas cela plaide vraiment pour la diversification géographique des portefeuilles boursiers !

2) Zoom sur mon portefeuille américain (IB) : Mon portefeuille américain (pour l’essentiel) continue de bien performer, même s’il n’a plus creusé l’écart sur les indices cet été. Il devance le S&P500 d’environ 30 points cette année.

Alors que son avance par rapport au S&P500 est claire, le match avec le NASDAQ est plus serré - mais toujours à l’avantage du portefeuille IB :


Sur le graphique suivant, on voit clairement que la surperformance du portefeuille IB par rapport au S&P500 a marqué le pas cet été.

En juillet, 2 facteurs m’ont pénalisé : (a) la (petite) respiration sur les actions technologiques, notamment celles du secteur du cloud/SaaS, qui avaient bien besoin de cette pause après une forte hausse ; (b) la dépréciation rapide du dollar face à l’euro. De mon point de vue, ces développements ne sont pas inquiétants : ils suggèrent que le marché conserve une faculté d’évaluation relative des titres et ne fonctionne pas en mode "bulle" (pour l’instant) ; par ailleurs, je considère la dépréciation du dollar presque comme créant un petit coussin de sécurité en cas de nouveau krach (conduisant habituellement à une appréciation du dollar). Ces derniers jours m’ont été très favorables et je suis assez confiant sur la capacité du portefeuille de conserver une avance sur le S&P500 d’ici la fin de l’année.

Un challenge pour moi dans la gestion de ce portefeuille IB est le poids croissant des valeurs technologiques : désormais environ 45%. Le tableau suivant montre que le poids des valeurs technologiques dans mon portefeuille IB n’a cessé de croître au cours du temps, pas simplement du fait de mon stock-picking, mais aussi de la forte performance des valeurs technologiques. Bien sûr, la surpondération des valeurs technologiques reflète un choix conscient de valeurs de croissance - mais je souhaite garder une diversification sectorielle suffisante. Il me faudra peut-être à l’avenir réfléchir à orienter un pourcentage minimum de mes renforcements vers des valeurs de qualité non technologiques.

3) Derniers renforcements : Alors que je suis sans activité professionnelle depuis juin (a priori je reprendrai vers octobre/novembre), j’ai eu quelques rentrées liées à mon dernier contrat (solde de congés). Afin de faire un peu baisser le levier de mon portefeuille IB, je ne les ai investies que partiellement, en complétant ma ligne Apple (augmentée de 18 à 30 titres) avant d’en faire une ligne important de fond de portefeuille (sans pour autant atteindre la taille, à peu près double, de mes valeurs préférées, comme Amazon ou Microsoft).

Par ailleurs, j’ai constitué une petite ligne BigCommerce après son IPO - un concurrent de Shopify (une ligne importante pour moi, qui a grossi "toute seule", malgré ma prudence initiale sur la valorisation) : très belle séance aujourd’hui (+33,5%).

4) Gestion du levier : Même si je suis globalement confiant sur les perspectives à moyen-terme pour les marchés boursiers, sur fond de sortie progressive de la pandémie et de QE massifs, je ne souhaite pas avoir un levier excessif, afin de pouvoir profiter d’une éventuelle correction, comme je l’avais fait lors du krach de février/mars 2020. Grâce à l’investissement partiel de mes revenus récents et à la montée des titres en portefeuille, le levier de mon portefeuille IB a baissé à 1,37 - plus très loin de ma cible de 1,30. Les autres poches de mon portefeuille ne sont pas leveragées et cela restera le cas.

Malgré mon utilisation de la marge IB pour 181k€, mon pouvoir d’achat IB a beaucoup augmenté ces dernières semaines : il est aujourd’hui de 1,02M€ - constituant une puissance de feu significative pour tirer parti d’éventuelles corrections. Pour comparaison il était d’environ 750k€ début février, avant le krach, et était tombé à 200k€ lors du point bas mi-mars. Cela va très vite - dans les 2 sens !

Dans les conditions actuelles de marché, je n’envisage pas d’augmenter significativement mon utilisation de la marge - j’attendrai plutôt le retour de mon épargne professionnelle en octobre / novembre pour investir activement. Mais en cas de correction importante (au moins -10%), je pourrais intervenir massivement sur des valeurs de qualité - particulièrement si les craintes sur les marché me semblent excessives (comme elles l’étaient en mars). Mon plan de bataille suivrait alors ma stratégie réussie de février/mars : un renforcement par paliers lors de la baisse ("défense en profondeur").

5) Zoom sur mon portefeuille européen (Binck) : Je parle assez peu de ce portefeuille, mais après avoir longtemps été dans le rouge (point d’entrée défavorable à sa création en mars 2018), il fait une belle année 2020, grâce à des renforcements sur des valeurs de qualité.

Parmi les meilleures performances, des valeurs de grande qualité : Lonza (Suisse, pharma), Nemetschek (Allemagne, logiciels d’architecture), Diasorin (Italie, diagnostics médicaux), Givaudan (Suisse, parfums), Temenos (Suisse, logiciels pour les banques), Moncler (Italie, doudounes)… On ne manque pas de valeurs de qualité en Europe, même s’il faut parfois un peu plus les chercher qu’aux USA !

Parmi les flops, quelques beaux plantages sur des couteaux qui tombent (Daimler, Deutsche Bank, Mondo TV), quelques timings catastrophiques (Aurelius Equity Opportunities, Barco), des biais professionnels malheureux (Koenig & Bauer, imprimeur allemand de billets), un focus excessif sur des hauts rendements (Lehto, Muenchmeyer Petersen Capital, Corestate Capital)… Mes quelques tentatives sur des fonds auront été de sacrés échecs (rassurant peut-être sur ma propre compétence de gestionnaire ?).

Globalement, le choix de valeurs de qualité et/ou de croissance aura bien mieux fonctionné sur cette poche (comme sur les autres) que mes tentatives sur des valeurs de rendement (souvent non pérenne) ou du value supposé (souvent plutôt des value traps).

6) Prochaine étapes : j’avais présenté sur cette file ma vision de la construction d’un patrimoine par "couches" successives, en cohérence avec la dimension psychologique de satisfaction de besoins changeants (pyramide de Maslow).

Désormais les 5 premières couches de ce patrimoine sont constituées :
- les liquidités de précaution
- l’immobilier d’usage
- les fonds €
- un portefeuille français diversifié et défensif, orienté pour une part vers la constitution d’une rente (CTO français) et pour l’autre part vers la capitalisation (PEA et PEA-PME)
- un portefeuille étranger diversifié et offensif, orienté vers la capitalisation sur le long-terme (valeurs de croissance)

Ce patrimoine suffit à mon sens à une pleine indépendance financière. Pour les prochaines couches j’avais envisagé de l’immobilier locatif ou des stratégies boursières plus risquées. N’ayant ni goût, ni compétence, ni disponibilité (expatriation prochaine probable) pour le premier, je m’oriente naturellement vers les secondes. Je prendrai mon temps pour élaborer ma stratégie pour cette nouvelle couche de patrimoine boursier, mais en principe elle sera plus offensive que ce que j’ai fait pour le moment.

Cette prise de risque pourrait prendre la forme de lignes plus grosses que mes petites "briques" habituelles, et/ou un levier plus important, et/ou un focus plus marqué sur des valeurs de croissance, voire des valeurs spéculatives, et/ou du market-timing (même si je suis assez sceptique sur la création de valeur par ce dernier moyen).

Mon objectif sera la constitution d’une nouvelle couche de 500k€ d’ici un peu plus de 2 ans (fin 2022), portant le portefeuille boursier à 1,5M€ et mon patrimoine total à 3M€. Évidemment, idéalement cela devrait se faire davantage par la création de valeur en bourse que par mon épargne professionnelle, mais aux niveaux de valorisation actuels et avec le risque d’une correction à moyen-terme, je préfère être prudent.

7) Valeurs du secteur de la santé : @Awacs : A l’occasion, je publierai peut-être une étude plus complète (quantitative) du secteur, mais pour vous répondre, pour mes investissements dans le secteur de la santé j’ai appliqué 2 principes simples :

- préférence pour les équipements médicaux et les firmes innovantes plutôt que pour les big pharmas, dans un contexte de disruption de la chaîne de valeur dans l’industrie pharmaceutique (par exemple émergence de CMO / Contract Manufacturing Organisations et de CRO / Contract Research Organisations toujours plus puissantes, au détriment des big pharmas)

- grande diversification, adéquate compte tenu de mon manque de connaissance de ce secteur très pointu

Je ne raisonne pas en termes de "point d’entrée" - je considère même que c’est une erreur de raisonner ainsi (je suis très différent des investisseurs value sur ce point). Si je trouve une entreprise de qualité, je veux en être actionnaire : ma première "louche" sur une valeur de ce type sera donc assez insensible à la valorisation. En revanche, mes louches suivantes de renforcement tiennent davantage compte de la valorisation.

Parmi les valeurs du secteur de la santé que j’ai et que j’apprécie (si j’en cite bcp, c’est que je pense qu’il faut que chacun fasse son marché, et qu’il faut diversifier ! les firmes sont US si ce n’est pas précisé) :

- 3 groupes (ultra) diversifiés de grande qualité : Abbott Laboratories, Danaher, Johnson & Johnson. Très bien à mon sens pour du fond de portefeuille.

- Parmi les équipementiers médicaux diversifiés, mon préféré est sans doute Edwards Lifesciences. Les autres que j’ai en portefeuille (Becton Dickinson, Boston Scientific, Medtronic, Cooper Companies, Steris, Stryker, Teleflex) me semblent aussi solides et pas particulièrement chers.

- Parmi les CMO, j’aime beaucoup le Suisse Lonza (peut-être l’une des toutes meilleures valeurs européennes au vu de son parcours boursier fantastique sur la durée). Regarder aussi les Américains Catalent et Baxter International.

- Parmi les CRO (secteur sans doute plus risqué), j’aime bien Icon Plc, IQVIA et PRA Health Sciences.

- Parmi les fournisseurs d’équipements et produits de laboratoires, 2 firmes excellentes : Thermo Fisher et le Français Sartorius Stedim (typiquement une valeur qui démontre le danger de la stratégie du "point d’entrée"). J’aime bien aussi l’Américain Repligen (fournisseur de protéines), le Suédois BioGaia et le Français Eurofins Scientific.

- Parmi les spécialistes des diagnostics - un secteur d’avenir mais qui s’est bien enflammé avec la crise du COVID-19 : Bio-Rad, Quidel (typiquement des "valeurs COVID", mais dont je pense qu’elles ont un avenir au-delà de la pandémie), Bio-Techne, NeoGenomics (pour la détection du cancer) et l’Italien Diasorin.

- Un sous-secteur prometteur (mais risqué - donc calibrer les positions avec prudence) : les tests génétiques : Natera, Invitae.

- Parmi les big pharmas, comme dit, c’est un sous-secteur que je sous-pondère, mais ma préférée est probablement l’Anglo-Suédoise AstraZeneca. Le Français Sanofi (en PEA) n’est pas si mal non plus.

- Dans l’assurance santé : UnitedHealth, Humana, Anthem, Molina Healthcare (rien de spectaculaire, mais c’est un sous-secteur que je pense utile dans un portefeuille diversifié).

- Les spécialistes des soins à domicile (un secteur d’avenir) ont bien monté mais je pense qu’il en faut en portefeuille : Amedisys, Chemed, LHC Group.

- Dans l’orthodontie : l’Américain Align Technology et le Suisse Straumann.

- J’investis aussi dans des firmes plus spécialisées, qui me semblent répondre à des besoins croissants, liés par exemple au vieillissement démographique et à la hausse de la prévalence de certaines maladies : par exemple le diabète (Dexcom, Insulet), les problèmes auditifs (l’Australien Cochlear, l’Italien Amplifon et le Danois GN Store Nord), l’apnée du sommeil (Inspire Medical Systems, ResMed), les troubles cardiaques (Myokardia) etc.

- Parmi mes valeurs préférées dans tout le secteur de la santé, des entreprises très innovantes qui pourraient révolutionner le secteur : cela dit, dans le contexte actuel des marchés, elles sont très (très) chères. Je suis ainsi actionnaire de Teladoc (télé-médecine) et Livongo (suivi des patients à maladie chronique), qui vont fusionner : incontournable ! Intuitive Surgical est le leader incontesté de la robotisation des interventions chirurgicales. Schrödinger et Simulations Plus fournissent des logiciels de simulation pour les biotechs. Veeva propose un SaaS pour analyser les données des patients. On peut piocher parmi ces firmes pour constituer une poche d’ultra-croissance (avec les risques que ça implique) au sein d’un portefeuille diversifié sur le secteur de la santé.

- J’aime aussi les entreprises qui répondent à des demandes sociétales croissantes, comme la fécondation in vitro (le Suédois Vitrolife) ou le suivi non invasif des patients (Masimo).

- Les produits vétérinaires sont l’un de mes sous-secteurs préférés, grâce à la croissance structurelle et une clientèle prête à tout pour ses toutous bien solvable : Idexx Laboratories, Zoetis

- Enfin, j’ai en portefeuille quelques couteaux qui tombent, mais sur lesquels je n’ai pas perdu espoir - à regarder éventuellement pour des esprits contrarian et qui n’auraient pas froid aux yeux : Cryolife (cryogénisation des transplants), Exact Sciences (tests des selles pour la détection du cancer colorectal), Abiomed (pompes cardiaques)

Vous l’aurez compris, mon portefeuille santé est majoritairement orienté vers les USA, même si on peut trouver quelques belles valeurs européennes dans ce secteur.

8) Actifs réels : @Caratheodory : a) L’INSEE définit les actifs comme les "biens  possédés  par  le  ménage,  qu’ils  soient  financiers,  immobiliers,  professionnels  ou  d’une autre nature (biens durables, véhicules, bijoux,  œuvres  d’art,  etc.),  soit  tout  ce  qui  relève du patrimoine matériel, négociable et transmissible des ménages".

Ma définition personnelle d’un actif serait peut-être plus économique : un actif est une chose qui crée de l’utilité pour son détenteur (une utilité financière, réelle, ou même psychologique). Je ne suis pas totalement convaincu que son caractère "négociable" et "transmissible" soit déterminant. Par exemple, le marteau de Thor lui est très utile, mais il est inutile à toute autre personne : il n’est pas donc vraiment négociable ni transmissible. Pourtant, pour moi, le marteau de Thor est un actif, car il crée une utilité bien réelle. (Mais je comprends que du point de vue de l’INSEE, on a besoin d’une définition plus circonscrite des actifs afin de ne pas devoir se perdre dans l’évaluation difficile des marteaux de Thor.)

b) Par actif réel, je n’entends pas nécessairement un actif tangible/matériel, mais plutôt un actif dont la valeur économique (la création d’utilité) sera relativement insensible aux événements monétaires. Une obligation peut perdre toute valeur du fait d’une catastrophe monétaire comme une hyper-inflation, alors qu’une action - titre de copropriété d’une entreprise créant une valeur bien réelle pour ses clients - y sera plus résiliente. Que l’euro existe ou non, je continuerai d’avoir x% de LVMH, dont les produits resteront attractifs pour ses clients quel que soit l’avenir monétaire de la France. (Je précise que ce n’est pas un scénario que j’envisage sérieusement, hein.)

Dernière modification par Scipion8 (07/03/2021 04h19)

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#731 27/08/2020 08h35

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ENTJ

Bonjour Scipion,

Je suis doublement satisfait de vous lire. Parce que vous démontrez avec un facteur d’échelle que chacun adaptera que "c’est possible" (cf au hasard débat etf etc etc). Parce que le travail est récompensé.

A ce sujet ayant un très proche travaillant dans un des domaines que vous citez :

Scipion8 a écrit :

préférence pour les équipements médicaux et les firmes innovantes plutôt que pour les big pharmas, dans un contexte de disruption de la chaîne de valeur dans l’industrie pharmaceutique (par exemple émergence de CMO / Contract Manufacturing Organisations et de CRO / Contract Research Organisations toujours plus puissantes, au détriment des big pharmas)

"j’intuitais" ce genre de synthèse mais sans pouvoir la fonder. Aussi je me demande bien comment vous avez pu arriver à la dite synthèse.

Dernière modification par Iqce (27/08/2020 08h36)


Tant que t'as pas vendu t'as pas gagné. Mais t'as pas perdu. Mais t'as pas gagné. Mais…Oh zut fait @*

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#732 27/08/2020 08h48

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Bonjour Scipion,

Bravo pour cet alpha sur le CTO IB, impressionnant, et cela sans couverture avec des dérivés…
Pourriez-vous détailler votre CTO IB car je suis surpris de la part technologie.

Il serait intéressant d’utiliser un autre benchmark que le sp500 comme un etf usa momentum IUMO d’ishares afin de montrer encore plus la pertinence de votre stock picking.

Le renforcement d’Apple a été fait avant la hausse récente j’imagine et dans l’optique de profiter de la hausse à venir avec l’annonce du wifi de l’espace lors de la conférence Apple en septembre ?

A vous lire

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#733 27/08/2020 09h37

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Bravo pour vos très belles performances !
Incontestablement, vous surfez sur la sur-performance des valeurs de croissances et de la Tech américaine - très bien vu !

Cela m’amène à la question que beaucoup de posent, avez-vous un objectif de valorisation pour toutes ces sociétés de croissance avec un cours de vente ou êtes-vous buy & hold sur le très long terme quelque soit la valorisation ? En d’autres termes, pouvez-vous considérer le marché à un niveau de "bulle" (et si oui à partir de quelle valorisation ?) et décider d’un arbitrage ?

Au plaisir,

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Favoris 2   [+6]    #734 27/08/2020 12h10

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Bonjour à tous,

1) @Iqce : Je n’ai vraiment aucune connaissance particulière du secteur de la santé, mais à l’occasion d’un déjeuner avec un ami qui travaille dans le conseil en stratégie dans ce secteur il y a 2 ans, j’ai eu une discussion sur les évolutions générales du secteur. J’ai découvert à cette occasion les concepts de CMO et de CRO, que j’ignorais jusqu’alors. Mon ami m’a dit que les big pharmas externalisaient toujours plus la fabrication de leurs médicaments vers des CMO, à tel point que certaines "ne savent plus" en produire (bon, c’est peut-être une exagération). Il m’a présenté ces évolutions comme une restructuration complète de la chaîne de valeur. Les big pharmas continuent de mettre leur nom sur les boîtes de médicaments, mais souvent la recherche est externalisée, et la fabrication aussi.

Dès lors, les implications boursières étaient claires pour moi : j’ai mis en parallèle la stagnation des cours de la plupart des big pharmas et la forte croissance de certains CMO. J’ai découvert Lonza, dont la performance sur la durée est incroyable (et à mon sens justifiée par ses fondamentaux), que j’ai citée sur ce forum.

Cette analyse convergeait avec ma lecture des fondamentaux des entreprises : le secteur de la santé est un secteur en croissance structurelle soutenue, mais cette croissance se fait de plus en plus en dehors des big pharmas, et davantage vers leurs fournisseurs et partenaires.

De façon générale, mon stock-picking est essentiellement guidé par une analyse financière (mes "intuitions" sur le business sous-jacent étant aléatoires, voire parfois catastrophiques), mais avoir un peu de "couleur" sur les évolutions sectorielles de la part d’experts est évidemment très utile. J’utilise les forums à cet effet (notamment pour le cloud/SaaS, où l’avis du moindre geek sur l’utilité des produits sera bien meilleur que le mien), mais il faudrait que j’exploite davantage mon réseau d’amis, mes anciens camarades d’école d’ingénieur (généraliste) étant présents dans tous les secteurs industriels.

2) @Tanuky : De façon générale, je considère les marchés comme globalement micro-efficients (= compétents pour pricer les fondamentaux des entreprises), donc je suis sceptique sur ma capacité à identifier des sur-valorisations. Si je trouve qu’une entreprise de mon portefeuille est très bien valorisée, dans quelle mesure puis-je dire qu’il s’agit d’une sur-valorisation ou d’une valorisation méritée par d’excellents potentiels de croissance ? ça me semble une décision très difficile.

Par exemple, j’ai initié une ligne Shopify fin 2018, avec hésitation car je trouvais la valeur chère. Depuis le cours a été multiplié par 7… Il est tout à fait possible que cette valorisation soit excessive. Mais devrais-je prendre le risque de ne plus me positionner sur cette valeur, comme j’ai failli le faire il y a 2 ans ?

Je préfère donc être buy & hold et accompagner les entreprises sur le très long-terme, en faisant le pari que mon analyse initiale sur le potentiel de croissance s’avèrera correcte.

Mais cette approche a 3 corollaires importants :

a) une certaine tolérance au risque : si j’achète des actions dont la valorisation est optiquement élevée (s’agissant des ratios classiques comme le PER, VE/EBITDA ou chiffre d’affaires), alors je dois évidemment accepter une certaine volatilité, et des corrections parfois brutales. Quand je parle d’une "petite respiration" sur le cloud en juillet, c’était -30% sur beaucoup de mes valeurs en portefeuille : je l’accepte, c’est le jeu. Ma bonne performance cette année sur le portefeuille IB est partiellement le reflet de cette prise de risque : mon maximum drawdown est de -42% contre -34% pour le S&P500 - ce n’était évidemment alors pas très facile psychologiquement ; heureusement le rebond a été rapide.

b) une grande diversification : avec 800 lignes, j’annihile quasiment le risque idiosyncratique dans mon portefeuille. J’essaie aussi de maintenir une certaine diversification géographique et sectorielle, même si ce n’est pas toujours facile compte tenu de l’abondance de valeurs de croissance aux USA, et de leur rareté en Europe.

Outre cette maîtrise du risque, une grande diversification a pour avantage de simplifier considérablement la gestion psychologique du portefeuille : je n’ai plus vraiment besoin de me torturer l’esprit pour savoir si Shopify est sur-valorisée ou non, puisque cette position, malgré sa performance explosive, représente moins de 1% de mon portefeuille. Dès lors, le buy & hold est bien plus simple.

c) des renforcements guidés par l’évolution des fondamentaux : autant je peux être price-insensitive lors de l’initiation d’une position sur une valeur de croissance, autant mes renforcements seront prudents et strictement guidés par les fondamentaux. Par exemple, je n’ai jamais renforcé Shopify (même si rétrospectivement j’aurais dû le faire…), que je trouve trop chère. Je laisse mes valeurs risquées d’ultra-croissance voler de leurs propres ailes. Pour mes renforcements, je préfère des valeurs de qualité que je considère pricées raisonnablement.

Si je considère qu’une bulle est en train de se former, il est donc peu probable, avec ce modèle de gestion, que je vende mes valeurs d’ultra-croissance - car je risquerais alors de louper une envolée et surtout, il m’est difficile d’identifier une sur-valorisation relative. En revanche, face à une bulle possible, je ferais 2 choses :

- un allègement du levier jusqu’à 1 (contre 1,37 actuellement sur mon portefeuille IB, et environ 1,2 sur le portefeuille global)

- des renforcements plus exigeants sur les fondamentaux et les valorisations, donc davantage orientés vers des valeurs très solides que vers les valeurs de croissance à la mode.

3) @Peakykarl :

a) Pour le portefeuille IB, la performance relative au S&P500 (+30 points YTD) n’est pas uniquement de l’alpha, puisque le beta du portefeuille est de 1,37 sur cette année (essentiellement en raison du levier) : cette prise de risque contribue à la surperformance, pour environ 1/3 (à la louche). Les 2/3 de la performance sont effectivement de l’alpha.

b) J’ai renforcé ma ligne Apple (de 18 à 30 actions) le 11 août à 440$ (contre 506$ actuellement). Une bonne décision a posteriori, le facteur décisif étant le split annoncé de l’action (même si sur le papier cela ne devrait pas avoir d’impact). Ma ligne Apple était nettement sous-dimensionnée par rapport à mes lignes Amazon, Microsoft et Alphabet ; j’ai toujours été inquiet sur la dépendance excessive à l’iPhone, mais face aux bons fondamentaux et au split imminent, j’ai "capitulé" et renforcé significativement cette position.

c) Je copie ci-dessous un extrait de mon rapport de portefeuille IB, en espérant que ce soit lisible. Avec 411 lignes, j’ai eu la main un peu lourde sur la diversification ;-) J’ai ajouté beaucoup de petites lignes assez risquées/spéculatives dernièrement, avec des résultats globaux corrects (mais pas extraordinaires par rapport à l’excellente performance de mes grosses lignes).

Les valeurs sont rangées par devises (AUD, CAD, EUR, USD) et par ordre alphabétique de tickers. "Value" est la valeur de la ligne dans la devise (USD, pour la grande majorité), "cost basis" est le coût d’achat et "base value" est la valeur de la ligne en EUR.

A la clôture américaine d’hier, la valeur des titres de ce portefeuille IB était de 667k€, pour une utilisation de la marge de 181k€, soit une valeur nette de portefeuille de 486k€.















Dernière modification par Scipion8 (27/08/2020 12h23)

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#735 27/08/2020 12h32

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INTP

Bravo Scipion pour votre performance et merci de partager avec autant de précision votre démarche :-)

Vous parlez beaucoup de votre démarche d’achat… (avec si j’ai bien suivi 800 valeurs en portefeuille), mais est-ce qu’il vous arrive de vendre ?   …et le cas échéant, comment faites-vous ?

C’est un biais que je constate à la fois pour mon propre compte mais aussi de manière générale sur le forum: tout le monde est très attaché à réfléchir intensément à l’acte d’achat (épargner pour investir, choisir ses valeurs, évaluer la qualité des titres, bien répartir ses achats, etc…) avec parfois des raisonnements très différents, mais pour ce qui est de l’acte de vente, c’est plus rare; vous me suivez ? :-/

C’est forcément en partie du à l’intérêt pour des stratégie "buy&hold" très présentes sur le forum dans un objectif "rentier", mais quand même… en tout cas moi, c’est un gros questionnement: j’achète, mais je ne vends quasiment jamais.

Comment abordez-vous cette problématique ?

Dernière modification par VerbalKint (27/08/2020 13h33)

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#736 27/08/2020 18h51

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Scipion,
Pourriez vous indiquer le pourcentage de tech (hors gafam) dans la valeur de votre portefeuille IB actuel ?
Avec l’envolée récente, ça a du désequilibrer le portefeuille déjà très enclin à ce secteur?

Dernière modification par Liberty84 (27/08/2020 18h52)


“It ain’t what you don’t know that gets you into trouble. It’s what you know for sure that just ain’t so.” M.Twain

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#737 27/08/2020 20h56

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Votre stratégie est exemplaire notamment sur l’aspect suppression du risque idiosyncratique et le suivi des valeurs.
L’approche du poids par ligne n’a pas du être évident à gérer face à toutes ces lignes.

Je suis également rentré sur bigcommerce un peu après la hausse car je trouve le business model intéressant et que les challengers sont bien récompensés. Je doute que le titre explose comme shopify mais bon … Rêvons un peu.

Sur l’aspect pharma effectivement ce qui commence à se faire c’est l’utilisation de solutions SaaS comme tableau afin de mieux gérer le suivi de l’externalisation de suivi de production.
En interne les bigs pharma font appelle à des prestataires et paient cela une fortune en conseil et en abonnement SaaS de la solution.
Rechercher des sociétés dont c’est le métier est une super idée.

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#738 28/08/2020 09h33

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Scipion,

Il y a un concept avec lequel je n’arrive pas à démêler mon raisonnement.
Ça me semble un peu paradoxal d’utiliser du levier pour augmenter l’exposition au marché, et en parallèle avoir des couches initiales de votre patrimoine volontairement sur un support hors marché (je pense à l’assurance vie).
Vous pourriez obtenir exactement la même exposition au marché en révisant votre allocation globale.
Donc je peux imaginer quelques arguments, facilité d’activer le levier IB versus difficulté de sortir / rentrer de ses fonds euros, taux d’emprunt IB éventuellement plus bas que le rendement des fonds euros. Mais ça ne me paraît pas complètement décisif, alors je me dis qu’il doit y avoir d’autres arguments qui m’échappent, et ça me paraît être une problématique intéressante en ce moment pour beaucoup d’investisseurs.

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#739 28/08/2020 09h40

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C’est vrai en statique.
Mais comme cela il peut moduler avec réactivité sans toucher au reste.
À mon humble avis du moins…


"Il ne faut pas voir les héros de la coulisse. Quand ils coïncident un moment avec leur légende c'est déjà beaucoup."

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Favoris 1   [+4]    #740 28/08/2020 21h41

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1) Technologie : @Liberty84 : Si je reprends la définition d’Interactive Brokers pour le secteur technologique, mon exposition aux valeurs technologiques américaines vient de franchir les 300k€, soit 45% de la taille brute du portefeuille. Ce portefeuille est resté assez stable depuis les débuts du portefeuille il y a 2 ans, bien que je n’aie aucune cible et que je fasse mes renforcements "à l’instinct" (un peu comme le rat de Ratatouille quand il rajoute des ingrédients à sa soupe).

La définition d’IB pour le secteur technologique est assez contestable : parmi les GAFAM, Apple et Microsoft sont considérées comme en faisant partie, alors qu’Amazon appartient au secteur de la consommation discrétionnaire et Alphabet et Facebook à celui des télécoms. Si j’exclus les GAFAM (en l’occurrence Apple et Microsoft), mon exposition au reste du secteur technologique US représente actuellement 39% du portefeuille brut.

A mon avis, il est de moins en moins pertinent de raisonner en termes de "secteur technologique", car la technologie est de plus en plus présente dans l’offre des secteurs de la santé, de la finance etc., rendant les frontières bien floues.

Perso, je réfléchis plutôt à mon portefeuille selon l’opposition entre valeurs de qualité et valeurs de croissance (ou disons d’ultra-croissance, car pour moi une valeur de qualité doit croître) - les stalwarts et les fast growers de la typologie de Peter Lynch. J’essaie d’équilibrer ces 2 catégories, qui transcendent les frontières sectorielles (par exemple Microsoft est une stalwart dans le secteur technologique, Veeva est un fast grower dans le secteur de la santé etc.). Quand j’ajoute des valeurs de qualité, je rends le portefeuille plus résilient ; quand j’ajoute des valeurs de croissance, je le rends plus dynamique. Un portefeuille uniquement composé de valeurs d’ultra-croissance serait très dynamique (et très, très performant sur la période récente), mais trop volatil et risqué à mon goût.

2) Marge vs. fonds € : @MetalFlakeGreen : Effectivement, je pourrais changer mon allocation de patrimoine tout en gardant la même exposition au marché actions.

A ma lecture des forums, mon impression est que c’est ce que font la majorité des investisseurs : ils préfèrent garder un volant de liquidité pour tirer parti des opportunités lors des corrections, et ils n’utilisent la marge (perçue comme risquée) qu’en tout dernier ressort. Au contraire, j’utilise la marge comme première ligne de défense lors des corrections, et je ne mobiliserais mes fonds € qu’en tout dernier ressort (non pas pour tirer parti des opportunités, mais plutôt pour éviter un désastre si j’avais trop forcé sur l’utilisation de la marge).

Je pense que ce choix stratégique est en partie une question de préférence personnelle, mais il y a quand même des paramètres techniques objectifs qui ont guidé mon choix :

1) les coûts : Mes fonds € sont essentiellement à l’AFER et m’ont rapporté 1,85% en 2019 (cela ne va pas s’améliorer ces prochaines années, en toute probabilité). C’est sensiblement équivalent (légèrement supérieur) à mon coût actuel de la marge sur IB. J’utilise actuellement la marge IB pour 126k$, 67k€, 11,5k AUD et 1,5k CAD. Le coût de la marge IB est fixé par tranche, par rapport à un taux de référence (benchmark - actuellement à 0 pour les USA et la zone euro). Actuellement, j’utilise essentiellement les premières tranches - les plus coûteuses. Mais au fur et à mesure que mon portefeuille grossira, mon utilisation de la marge IB sera de moins en moins coûteuse car j’utiliserai davantage les tranches supérieures. Évidemment, c’est tout de même une équation dynamique et incertaine : le rendement des fonds € va sans doute continuer à baisser, la Fed pourrait remonter ses taux à un moment donné etc. - mais globalement je juge que le différentiel entre le rendement de mes fonds € et mon coût moyen de la marge IB devrait s’accroître, à mon avantage.

2) la réactivité : comme le dit Bajb, c’est effectivement un point important : le krach de février/mars 2020 et la remontée très rapide qui l’a suivi montrent à quel point il était important (pour un investisseur qui ne suit pas une stratégie strictement passive) de pouvoir réagir rapidement. Avec des fonds €, je n’aurais pas pu mettre en place ma stratégie de "défense en profondeur" (renforcements par paliers dans la jambe descendante du V, puis au début de la remontée) : les délais de déblocage et de transfert des fonds m’en auraient empêché. Dans un environnement de marché plus calme, je souhaite aussi pouvoir réagir rapidement si une opportunité nouvelle (par exemple IPO) se présente. Je ne parle même pas des possibles enquiquineries administratives et du frottement fiscal lors du retrait de fonds €.

3) la gestion flexible du levier : je suis adepte du 100% investi, à fortiori dans un contexte où les liquidités ne sont quasiment pas rémunérées, ce qui conduit à un coût d’opportunité important. Mais je ne sacralise pas ce niveau de 100% investi. Pour moi, c’est juste un nombre comme un autre. Le niveau "optimal" d’investissement, sur le long-terme, est probablement nettement supérieur à 100% (certaines études le suggèrent) - ce qui signifie l’usage du levier. Je considère que l’usage du levier par des investisseurs amateurs est généralement à déconseiller parce que (i) ils ont une exposition boursière excessive pour leur tolérance au risque, (ii) ils ne diversifient pas suffisamment leur portefeuille et (iii) ils ont une mauvaise maîtrise psychologique des événements, notamment par une mauvaise compréhension macro. J’essaie de remédier à ces 3 problèmes dans ma gestion : (i) mon patrimoine est bien diversifié, (ii) mon portefeuille boursier est ultra-diversifié (800 lignes), et (iii) par mon travail, j’ai a priori une meilleure lecture macro que la moyenne (notamment dans l’anticipation des actions des banques centrales). Cela m’a bien servi lors du krach de février/mars 2020. Dans ces conditions, je pense pouvoir m’autoriser un peu de levier - sans excès (actuellement environ 1,2 sur le portefeuille global). Si les indices montent trop vite à mon goût, je réduirais le levier à 1,1, voire à 1 en cas de risque de bulle. Je pense qu’un investisseur doit utiliser ses avantages concurrentiels, et que la façon de mettre à profit mon avantage (supposé) dans la compréhension macroéconomique, c’est l’usage flexible du levier. Ne pas le faire aurait un coût d’opportunité pour moi.

4) l’ultra-diversification du portefeuille : l’une de mes spécialités professionnelles est la gestion du collatéral des banques centrales (qui ne prêtent aux banques que contre des actifs éligibles fournis en garantie). Lorsque l’on juge du risque global d’un "pool" d’actifs éligibles, on va notamment regarder la diversification de ce pool. Un broker comme IB, lorsqu’il prête à ses clients via la marge, fait la même chose. De ce point de vue, l’extrême diversification de mon portefeuille m’offre un avantage concurrentiel par rapport à la plupart des investisseurs : la résilience de ma capacité d’utilisation de la marge doit être supérieure à celle d’un portefeuille peu diversifié, en cas de krach ou de grosse correction. A nouveau, c’est un avantage que j’essaie d’exploiter.

5) la nécessaire compartimentalisation du patrimoine : je cite cet argument en dernier, mais c’est le plus important à mes yeux - il suffirait à lui seul à justifier mon choix stratégique. Mes fonds € ont leur utilité propre, sans aucun lien avec mon portefeuille boursier. La raison d’être fondamentale de ces fonds €, c’est d’offrir une couche de patrimoine "sécurisé", qui me permettra de continuer à mener différents projets de vie et de conserver une certaine autonomie financière quand bien même mon portefeuille boursier irait à zéro. En économie comme dans la vie, shit happens : je suis sûr qu’il y avait d’excellents stock-pickers en Grèce en 2010, qui investissaient avec profit sur les bonnes entreprises de leur pays. Tout leur talent ne leur aura pas épargné un -90% sur leur portefeuille : c’est comme ça, c’est la vie. Cela peut également tout à fait m’arriver, même sur un portefeuille diversifié internationalement. Il est hors de question que mon patrimoine se résume à un "pari" par essence incertain sur des actifs risqués, les actions. Bien sûr, les fonds € présentent d’autres risques, mais ils ne sont pas nécessairement corrélés au risque d’un possible désastre boursier. Donc mes fonds € me sont très précieux, et devoir les mobiliser un jour pour "sauver" mon portefeuille boursier, s’il subissait une déroute, serait un grave échec de gestion pour moi.

Je considère donc mes fonds € et mon portefeuille boursier comme strictement séparés - car servant à des buts très différents (la sécurité et la capitalisation/l’enrichissement, respectivement). Pour autant, je réfléchis bien sûr aussi en termes de worst case scenario, quand je compare les niveaux de mes fonds € et de mon utilisation de la marge. Cela m’aide d’ailleurs à gérer mon portefeuille boursier de façon plus offensive - donc mes fonds €, outre leur faible rendement direct, ont un "rendement caché" bien plus important, car ils contribuent indirectement à la performance de mon portefeuille boursier (fonds € -> sécurité -> sérénité plus grande dans la gestion boursière -> meilleure maîtrise psychologique).

Ce principe de compartimentalisation du patrimoine me semble essentiel, et au-delà de la gestion patrimoniale, il faut à mon sens aussi compartimentaliser sa vie, plutôt que de faire du "all-in" : perso, après avoir traversé des accidents de la vie très douloureux, j’applique la stratégie de l’artichaut : je ne vais pas faire un burnout parce que mon job m’écrase, ou déprimer à cause d’une séparation, car ces composantes, certes importantes, de ma vie, ne sont que des feuilles de mon artichaut : son cœur (l’homme, avec sa vie et sa dignité, qui sont sacrées et précieuses, quoi qu’il arrive) reste préservé. La compartimentalisation de mon patrimoine est la déclinaison de cette approche de la vie.

Bref, vous l’aurez compris, le choix d’utilisation de la marge et non des fonds € dans le cadre de ma gestion boursière se justifie par la taille (actuelle et surtout future) de mon portefeuille, son extrême diversification, le fait que je m’éloigne de la stricte gestion passive quand j’essaie de tirer parti, via une utilisation réactive et flexible du levier, de mon avantage concurrentiel présumé dans la lecture macroéconomique, et mon profil psychologique d’"artichaut" (compartimentalisation). Évidemment, tous ces paramètres peuvent être très différents d’une personne à l’autre.

3) Vente de titres : @VerbalKint : Je ne vends que très rarement, typiquement lorsque j’y suis "obligé", du fait d’une OPA (à bon prix), d’une OPR, d’une menace de delisting (cela a été récemment le cas pour ma ligne Luckin Coffee).

Cette approche de buy & hold très strict se justifie à mon sens par le fait que j’investis (i) sur une base fondamentale, (ii) sur des entreprises de croissance (ou avec un certain potentiel de croissance), pour les accompagner sur le très long-terme, (iii) de façon extrêmement diversifiée, et (iv) en constituant progressivement chacune de mes lignes. De ce point de vue, une vente serait soit superflue, soit signerait un échec de cette stratégie.

Je m’explique en reprenant ces 4 points essentiels de ma stratégie :

(i) Si on investit sur une base fondamentale, alors on doit laisser la thèse fondamentale le temps de se concrétiser : je suis toujours sceptique quand je vois des investisseurs dire qu’ils choisissent une valeur pour ses fondamentaux avant de la revendre quelques semaines plus tard… Si je choisis une entreprise, c’est que je pense qu’elle va réussir pas le prochain trimestre, mais les prochaines années et décennies. Donc ma période de détention doit être cohérente avec cette approche.

(Une hypothèse implicite ici est que les marchés sont relativement efficients - perso je ne considère pas que j’ai une aptitude supérieure au marché pour juger si une action est sur- ou sous-valorisée - donc la seule fluctuation du cours n’entraînera pas chez moi une décision d’achat ou de vente.)

(ii) Si on investit sur des entreprises de croissance, alors on doit leur laisser le temps de grandir : si j’investis dans des entreprises jeunes avec un fort potentiel de croissance, je sais d’avance que "ça risque de secouer", et c’est bien normal. Leur potentiel de croissance est par essence incertain, il peut y avoir des déceptions, des rebondissements. C’est en partie pour cela que j’investis de façon aussi diversifiée. Mais fondamentalement si j’ai choisi une entreprise de croissance, c’est que je pense qu’elle va créer de la valeur ces prochaines années/décennies, donc de petits accidents de parcours ne vont pas fondamentalement changer ma thèse et déclencher une vente (en revanche, ils peuvent me conduire à ne pas renforcer une ligne).

(iii) L’ultra-diversification du portefeuille en simplifie énormément la gestion psychologique : avec 800 lignes, le risque idiosyncratique est presque entièrement dilué. Ainsi, si l’une de mes entreprises connaît un échec majeur, mettant en doute fondamentalement ma thèse d’achat, les conséquences pour mon portefeuille resteront très limitées et je ne serais pas forcé de vendre ni même d’alléger ("l’allègement" se faisant de façon automatique, par la baisse du poids de la ligne dans le portefeuille, du fait de la baisse du cours et en l’absence de tout renforcement). Je reconnais néanmoins que cette approche peut avoir un (petit) coût d’opportunité, si ma thèse d’achat est vraiment détruite - je n’exclus donc pas un "nettoyage de printemps" de ces lignes sans espoir, par exemple tous les 2 ou 3 ans. (Mais je parle d’une fraction vraiment réduite de mon portefeuille, peut-être 1 ou 2% du portefeuille global - je reviendrai sur ces lignes "désespérées" dans un autre message.)

(iv) La constitution progressive des lignes permet de prendre en compte la nouvelle information fondamentale, ce qui permet de limiter le poids des lignes pour lesquelles la thèse d’achat s’est effondrée. Mon investissement initial sur une valeur sur laquelle je n’ai pas une forte conviction est typiquement de 1k€, et je vais attendre d’avoir suffisamment d’informations fondamentales positives avant de renforcer. Je suis très exigeant dans mes renforcements à la baisse, et pour l’heure, sur 800 lignes, j’ai commis peut-être maximum 2 ou 3 erreurs de ce type (des renforcements à la baisse prématurés ou non justifiés). Cela permet aussi de limiter le besoin de vente des lignes en échec (avec toutefois la même remarque que (iii) sur le petit coût d’opportunité de cette approche).

Bref, mon buy & hold assez strict est indissociable de l’extrême diversification de mon portefeuille, de mon horizon d’investissement de très long-terme, de mon focus sur des valeurs de croissance et de mon côté "gagne-petit" (petites lignes constituées progressivement). Si j’avais un portefeuille plus concentré, plus riche en valeurs matures, cycliques ou value, mon approche serait différente. D’ailleurs, je m’interroge sur la place des valeurs cycliques (j’en ai quelques-unes, notamment en France) dans mon portefeuille - clairement elles sont peu adaptées à mon mode de gestion.

Dernière modification par Scipion8 (28/08/2020 22h05)

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#741 28/08/2020 21h48

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Scipion8, à supposer que vous décidiez de passer au statut de rentier demain, comment consommeriez vous votre capital boursier pour vivre?

Vente progressive des valeurs qui ont la plus forte PV ou celles ayant le moins de potentiel(processus qui demanderait énormément de temps d’analyse) ?

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[+2]    #742 29/08/2020 20h40

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@Swantonbomb : Je ne privilégie pas la vente de mes actions en phase de consommation/rente, car ce serait détruire le seul moteur de mon patrimoine dans cette situation (n’ayant plus alors l’autre moteur de l’épargne professionnelle).

Par ailleurs, cela me forcerait à choisir quelles actions vendre, ce qui serait assez pénible dans mon cas (bien plus que pour un portefeuille 100% ETF, par exemple) :

- la taille moyenne de mes lignes reste petite pour le moment : 800 lignes pour une taille brute de portefeuille de 1,2M€, soit seulement 1,5k€ par ligne en moyenne

- mes lignes sont calibrées selon mon degré de conviction, donc les lignes les plus faciles à alléger (mes plus grosses lignes) sont précisément celles que je ne veux surtout pas vendre

- je ne voudrais pas non plus réorienter mon portefeuille vers des valeurs (matures) de rendement, généralement bien moins performantes (en termes de total return) que les valeurs de qualité et de croissance que j’ai majoritairement en portefeuille

Donc si je devenais rentier demain et que je souhaitais garder à peu près le même niveau de dépenses annuelles (environ 25-30k€ / an), j’utiliserais plusieurs sources complémentaires pour financer mes dépenses :

1) les dividendes sont la source la plus évidente, mais dans mon cas elle est assez limitée, car mes PEA sont jeunes (2017) et mon navire-amiral, mon CTO américain IB, est peu capitalisant du fait de sa forte orientation croissance (et de toute manière je préfère que ses dividendes servent à absorber le coût de la marge). Je ne peux donc compter dans l’immédiat (c’est d’ailleurs actuellement le cas, dans une période d’inactivité professionnelle forcée) que sur les dividendes de mon seul portefeuille (un peu) distribuant, mon CTO France (274k€), qui me verse environ 10k€ / an. A ces dividendes s’ajoutent les produits de mes fonds € (332k€) et de mon PEL (86k€), soit 332*1,85% + 86*2,5% = 8,3k€ / an.

2) l’extraction de valeur de mon portefeuille IB via le maintien d’un levier constant : ce portefeuille IB (titres 666k€ - marge 180k€ = taille nette 486k€) a actuellement un levier de 1,370. Au fur et à mesure que les indices montent, les titres s’apprécient et (à utilisation constante de la marge) le levier baisse naturellement. Par exemple, sur une année "normale" où les indices/les titres s’apprécie de 5% (soit +33k€ à 699k€), le levier passerait à 699/(486+33) = 1,346. Pour maintenir un levier constant (à 1,370), je pourrais donc augmenter mon utilisation de la marge de x, avec : 699/(486+33-x) = 1,370, soit x = 9k€ / an. Évidemment, cette capacité d’extraction de cash d’un portefeuille à levier constant grandit avec la taille du portefeuille.

Soit une rente "naturelle" d’actuellement 27k€ / an, qui en tendance doit croître naturellement bien plus rapidement que l’inflation. Cette approche permet de préserver entièrement la composition du portefeuille, donc sa performance, mais elle a 2 inconvénients majeurs : (i) la capacité d’extraction dépend fortement de la performance du portefeuille et (ii) cette approche suppose que le levier initial soit approprié dans des environnements changeants.

Outre ces inconvénients, les dividendes et l’extraction de valeur du portefeuille via le maintien d’un levier constant ne couvriraient pas entièrement (si je devenais rentier demain) mes besoins, si je devais améliorer mon niveau de vie ou avoir une famille (50k€ / an ?). Il me faudrait donc rechercher des financements complémentaires (ce qui me prendrait probablement quelques mois), les principales pistes étant :

3) un crédit Lombard adossé sur mes portefeuilles non leveragés : je pourrais utiliser mes portefeuilles français et européen (532k€), non leveragés, comme garanties pour l’octroi d’un crédit Lombard. Ce crédit me permettrait notamment de compenser une capacité insuffisante d’extraction de mon portefeuille IB, si les indices étaient orientés à la baisse. Mais j’ignore si ce serait possible avec ma banque actuelle (La Banque Postale) et j’imagine que cela m’obligerait à transférer chez la banque concernée l’ensemble de ces titres - assez embêtant.

4) la mise en location de l’un de mes biens immobiliers, pour environ 500€ / mois soit 6k€ / an. Cela nécessiterait un arrangement familial avec mes parents, qui ont l’usufruit de certains de ces biens - donc le loyer leur appartiendrait, mais nous pourrions simplement redéfinir le partage des charges pour faire baisser mon point neutre.

5) la vente de terrains : j’ai des terrains dont la valeur potentielle est d’environ 150k€. Je pourrais les vendre et replacer les produits de cette vente dans des valeurs de rendement, créant une rente additionnelle d’environ 150*4% = 6k€ / an, ou bien une poche d’ETF.

6) le rachat partiel de mes fonds € pour renforcer mon portefeuille de rendement : Je pourrais retirer par exemple 140k€ de mes fonds € (332k€ actuellement rémunérés à 1,85%) pour acheter des valeurs de rendement, pour une rente additionnelle d’environ 100*(4%-1,85%) = 3k€ / an.

En cumulant toutes ces sources (ou une partie), je pourrais obtenir sans trop de souci une rente croissante de 40 à 50k€ / an, largement suffisante pour couvrir mes besoins actuels - et en préservant le moteur de mon enrichissement par la bourse. Mais je préfère évidemment ne pas me retrouver dans cette situation, et continuer à œuvrer pour obtenir une rente "naturelle" (les mesures (1) et (2)) confortable d’environ 50k€ / an. Cela devrait me prendre encore 1 ou 2 ans, je pense.

Dernière modification par Scipion8 (29/08/2020 20h43)

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#743 29/08/2020 20h53

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Excusez moi cette question mais du coup à quoi servira cette énorme poche capitalisante si vous ne comptez jamais y toucher même en phase de rente?
Je ne comprends pas pourquoi avoir autant d’argent qui croit si ce n’est pour jamais l’utiliser.

Même si je comprends bien que toutes les autres "poches" suffiront à assurer vos dépenses annuelles

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[+3]    #744 29/08/2020 21h54

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@Vanounouille : Effectivement, ma perspective sur la rente diffère de l’approche traditionnelle où l’on vise la consommation du capital sur l’horizon de vie. Pour ma part, je n’envisage pas la consommation du capital (ou en tout cas, de mon capital actuel).

Pour 3 raisons essentielles :

1) la liberté : bien plus qu’à des besoins consuméristes, ma construction patrimoniale vise à obtenir une liberté réelle : faire ce que je veux de mon temps et de mon énergie. Ce besoin de liberté, en toute probabilité, ne va jamais disparaître : à 50, 70 ou 90 ans, comme à 40 ans, je voudrais être libre. Un patrimoine important est une façon d’être libre, j’en aurai besoin plus tard comme aujourd’hui.

2) le confort (matériel et psychologique) : je trouve l’approche traditionnelle de la consommation sur l’horizon de vie assez stressante, car (i) elle suppose que les besoins matériels ne vont pas croître (ou en tout cas pas significativement) et (ii) elle expose l’épargnant au "risque" de vivre plus longtemps que prévu ! Pour moi, ma construction patrimoniale doit au contraire me permettre éventuellement d’améliorer mon train de vie au fil des ans, et doit m’épargner le "souci" de vivre trop longtemps. Donc mon objectif est d’avoir une rente croissant naturellement plus rapidement que l’inflation (donc sans consommer (excessivement) le capital).

La poche capitalisante ne serait pas plus inutile que la poule aux œufs d’or quand elle pond ! Consommer le capital ce serait tuer cette poule. Au contraire, je vise à en extraire de la valeur progressivement (par les dividendes et par l’extraction de cash via la marge, à levier constant) : je récolte les œufs.

3) la transmission : pour l’instant je n’ai pas d’enfants, mais j’ai 4 neveux. A un âge vénérable, j’aurai sans doute aussi le désir d’aider des projets qui me sont chers. Je préfère faire cela par une rente croissante dépassant mes besoins qu’en touchant ce capital. Si j’étais très riche, je voudrais sans doute mettre en place en fondation pour financer des projets à perpétuité, plutôt que de voir le capital dilapidé après ma mort.

Ma définition d’une rente satisfaisante matériellement et psychologiquement est donc plus ambitieuse que la rente classique visant à la consommation du capital sur l’horizon de vie. Mais elle n’est pas non plus déraisonnable : même avec mon patrimoine actuel (pas exceptionnel et loin d’être optimisé), on peut sans doute déjà générer une rente intéressante et croissante à perpétuité.

Par ailleurs, cette approche de la rente conduit à mon sens à un stock-picking supérieur, car elle oblige à raisonner en total return, sur le très long-terme, alors que l’objectif d’avoir une rente importante à court-terme (dividendes) conduit à sélectionner des valeurs matures peu performantes.

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Favoris 1   [+6]    #745 14/09/2020 00h37

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Bonsoir,

Je viens d’achever la nouvelle mouture de mon screener maison. Il est très différent des précédents, car j’ai changé de source (cette fois-ci j’ai utilisé Morningstar, et non plus l’analyse fondamentale de Binck/ZoneBourse et Yahoo Finance, comme dans mes screeners précédents) et de paramètres. Ce message a pour but une présentation rapide de ce screener, sans rentrer dans l’analyse et la stratégie orientée vers le stock-picking, qui seront les sujets de messages suivants, au fur et à mesure que j’avance dans l’exploitation de ce nouveau screener.

Paramètres du screener :
- capitalisation boursière (en millions $)
- beta : calculé sur une période de 5 ans (ou moins, selon la disponibilité des cours) [NOUVEAU]
- positions short en pourcentage du flottant [NOUVEAU]
- performance totale (total return = évolution du cours de l’action + dividendes reçus) sur l’année en cours (YTD), 1 an, 3 ans, 5 ans et 10 ans : Morningstar m’a fait gagner beaucoup de temps sur ce critère car jusqu’à présent il me fallait reconstituer l’historique des dividendes pour chaque action
- croissance moyenne annualisée sur une période de 3 ans du chiffre d’affaires, du résultat opérationnel, du résultat net et du résultat par action après dilution (diluted EPS)
- ratios de valorisation : P/CF (capitalisation sur cash-flow), P/S (capitalisation sur chiffre d’affaires), PER, VE/EBITDA, PEG (PER sur croissance)
- earning yield courant et moyen sur 5 ans [NOUVEAU]
- rentabilité des capitaux investis (ROIC) courant et moyen sur 5 ans [NOUVEAU]
- dividend yield
- buyback yield [NOUVEAU]

Couverture du screener :
- 1333 entreprises, dont notamment les 100 premières capitalisations mondiales, l’intégralité du S&P500 et du CAC40, et toutes les entreprises américaines de capitalisation > 4 milliards $
- Capitalisation cumulée : 48 500 milliards $
- 1097 de ces entreprises sont (partiellement ou totalement) américaines (couverture exhaustive des big caps, couverture partielle du riche segment des capitalisations de 1 à 4 milliards $)
- 101 entreprises sont européennes (dont tous les membres du CAC40 et la plupart des grosses capitalisations européennes)
- 90 entreprises sont de pays émergents (ADR)
- Je suis actionnaire de 442 de ces entreprises, dont 400 aux USA.

Ce screener est donc fortement orienté vers les USA, à la fois parce que c’est mon principal marché cible, et du fait de la nature de la source utilisée (Morningstar.com). D’ailleurs toutes les données (notamment les total returns) du screener sont exprimées en dollar, que les entreprises soient américaines ou non, donc il s’agit de la perspective d’un investisseur $ (les total returns € peuvent différer du fait de l’impact du taux de change).

Sans rentrer dans l’analyse à ce stade, quelques graphiques pour illustrer une cartographie rapide de cet univers d’investissement. Dans tous ces graphiques, la taille des bulles représente la capitalisation boursière des entreprises. Je précise qu’il ne s’agit que de représentations pour illustrer cet univers - prière de ne pas faire dire à ces graphiques plus que cela…

Sans surprise, on note que les entreprises qui ont le mieux performé ces 3 dernières années sont souvent celles dont la croissance de l’activité a été la plus dynamique (mais évidemment, les investisseurs d’il y a 3 ans ne pouvait savoir avec certitude quelles entreprises enregistreraient les plus fortes hausses de chiffre d’affaires…) :

Une part significative de cet univers d’investissement a des ratios de valorisation élevés, par exemple un ratio VE/EBITDA > 20. Évidemment, c’est en partie le produit d’une forte performance de ces actions (notamment valeurs de croissance) ces dernières années :

Le gros de ces valeurs ont des ROIC entre 0% et 20%. Les performances (passées) semblent peu corrélées avec le ROIC (actuel - il serait plus intéressant de regarder les ROIC d’il y a 3 ans), notamment du fait des valeurs d’ultra-croissance (typiquement faible ROIC / forte performance).

Le ROIC moyen sur 5 ans est peut-être une donnée plus pertinente que le ROIC courant, car il permet notamment d’atténuer l’impact de la crise du COVID-19 sur la rentabilité des entreprises (du point de vue d’un investisseur de long-terme, la rentabilité de long-terme est sans doute plus importante que la résilience à la pandémie) :

On peut utiliser ces graphiques pour mettre en relief telle ou telle sous-partie de l’univers d’investissement, par exemple ici les valeurs du CAC 40 : on voit que certaines se défendent plutôt bien en termes de performance boursière & fondamentale, mais les meilleures sont loin des titans que sont les GAFAM :

On voit que l’activité de vente à découvert touche autant des valeurs en pleine déroute (VAD de type "charognard", si je puis dire, sans porter de jugement de valeur) que des valeurs peut-être surévaluées après de très beaux parcours boursiers (VAD contrarian) :

Le beta est peut-être intéressant pour cibler des valeurs plus ou moins défensives, même si son lien avec la performance totale semble incertain (toujours la même remarque : ce serait plus intéressant de voir le beta d’il y a 3 ans sur ce graphique) :

On peut utiliser ces graphiques pour identifier des "zones" à explorer pour du stock-picking ciblé. Par exemple, pour un investisseur avide de dividendes mais exigeant (comme il devrait l’être !) sur la profitabilité :

On peut faire aussi du tri sur Excel en associant divers filtres, par exemple si je souhaite des entreprises (i) proposant un dividend yield d’au moins 3% : cela peut conduire à une sélection adverse d’entreprises matures peu performantes, voire risquées (dividende insoutenable). J’ajoute donc (ii) un filtre croissance sur la croissance annuelle du chiffre d’affaires > 6%, (iii) un filtre rentabilité sur un ROIC moyen sur 5 ans > 5%, et (iv) un filtre performance sur une performance totale annualisée sur les 3 dernières années > 5% (ce dernier filtre élimine bcp d’entreprises de rendement, dont la performance ces dernières années a été souvent mitigée). Voici ce que ça donne (dans cette liste je suis actionnaire de Broadcom et Algonquin) :

Après ce rapide survol, je commencerai l’analyse proprement dite dans mes prochains messages sur cette file, avec 2 axes : (i) définition de différentes stratégies (associations de filtres) et listes de stock-picking, et (ii) analyse de ma performance (les 442 entreprises dont je suis actionnaire dans cet univers).

Je précise si besoin en était que ce genre d’outil ne doit servir qu’à une exploration préliminaire d’un univers d’investissement, et que chaque dossier doit être étudié plus en détail au fur et à mesure que l’on affine les short lists d’entreprises potentiellement intéressantes. (Travail dont je rendrai compte ici, bien sûr.)

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Favoris 2   [+3]    #746 14/09/2020 12h45

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Je commence ici l’exploitation de mon nouveau screener maison. Je vais utiliser successivement différents filtres, en commençant par des filtres simples, puis en utilisant des combinaisons de plus en plus complexes de filtres. (Franchement, je ne suis pas convaincu que des combinaisons complexes de filtres marchent mieux, au bout du compte, que des filtres simples, mais enfin essayons.)

Je commence par un filtre simple sur la performance de long-terme : il s’agit du total return annualisé (évolution du cours de l’action + dividendes reçus), sur des horizons de 10 et 5 ans.

Sur un horizon de 10 ans, voici la distribution des performances totales annualisés de mon univers de screening (1333 entreprises représentant actuellement une capitalisation globale de 48 500 milliards $) :

La performance totale moyenne annualisée sur 10 ans est remarquable (+12,8% / an) mais cela s’explique à la fois par une période d’observation très favorable pour les marchés boursiers (en 2010 les marchés actions US sortaient à peine du krach de 2008) et par un biais du survivant (si l’on considérait les plus grosses capitalisations de 2010, certaines parmi les plus fragiles ont disparu dans l’intervalle des 10 ans).

Voici la liste des 120 meilleures performances totales, sur cette période de 10 ans, dans cet univers de screening (assez exhaustif aux USA, bcp moins en Europe). Les entreprises dont je suis déjà actionnaire sont indiquées en bleu :



Plusieurs remarques :

- Évidemment, l’avertissement habituel sur le fait que les performances passées ne préjugent pas des performances futures s’impose. Peut-être que certaines des entreprises de cette liste ont connu leur âge d’or sur la dernière décennie et déclineront à l’avenir.

- Néanmoins, à mon sens ce simple filtre de performance de long-terme fait ressortir efficacement des entreprises de grande qualité, dont l’avantage concurrentiel (moat) se traduit par un chiffre d’affaires dynamique et une profitabilité forte et durable. C’est ce genre de résultats qui me fait (beaucoup) douter de la supposée "inefficience" des marchés, ou en tout cas de leur supposée micro-inefficience (le fait que les marchés seraient parfois aveugles aux fondamentaux des entreprises). A mon sens la performance de long-terme est un signal pertinent dans un exercice de screening.

- Certes, dans ce groupe, on note la présence d’entreprises d’ultra-croissance, avec un profil parfois risqué et des valorisations optimistes (Tesla, LendingTree, Lithia Motors, des biotechs etc.). Mais aussi des entreprises leaders incontestées sur leur marché, avec un avantage concurrentiel évident, dans des secteurs pas forcément "technologiques" : Sherwin-Williams, Rollins, Pool Corp, Boston Beer etc. opèrent dans des secteurs relativement matures, ont démontré la supériorité de leurs produits sur la durée et enrichissent en silence leurs actionnaires, à un rythme de 10 ou 15 points de pourcentage supérieur à l’indice… Des valeurs incontournables à mon sens dans des portefeuilles orientés croissance, dont la diversification sectorielle peut être menacée par le poids croissant de la technologie !

- Mes valeurs préférées sont celles qui associent ce moat évident et durable et un potentiel de croissance technologique, comme Thermo Fisher.

- Malheureusement, une seule entreprise européenne dans ce classement des champions de la création de valeur de long-terme : ASML. Et cela ne s’explique pas seulement par la sous-représentation des valeurs européennes dans cet univers de screening. Il est difficile de trouver des valeurs européennes qui composent à 25-30% sur une durée aussi longue…

Sans surprise, les entreprises qui créent le plus de valeur sur la durée pour leurs actionnaires sont le plus souvent celles qui ne distribuent pas de dividendes (ou peu), car elles peuvent investir leurs profits dans des projets internes beaucoup plus profitables. On peut néanmoins trouver des entreprises combinant un profil "distribuant" et une bonne performance de long-terme (les bulles bleues indiquent des valeurs que j’ai déjà en portefeuille, les bulles jaunes les autres) :

Plusieurs remarques :

- Le dividend yield indiqué ici est le dividend yield courant : il serait plus pertinent de regarder le dividend yield il y a 10 ans pour étudier le lien entre performance de long-terme et politique de distribution des entreprises.

- La baisse du cours fait monter mécaniquement, toutes choses égales par ailleurs, le dividend yield.

- Un dividend yield supérieur à 5-6%, dans le contexte de marché actuel, indique le plus souvent des craintes des participants du marché sur la soutenabilité du dividende. Donc l’avertissement sur les performances passées vs. futures est encore plus pertinent ici.

- Beaucoup des actions US avec un fort dividend yield et une performance totale de long-terme correcte sont à mes yeux inappropriées pour un investisseur européen, du fait de leur forme légale (limited partnership) et contraintes fiscales (formulaire K-1).

Je répète cet exercice de screening avec un filtre simple de performance en ajustant la période d’observation à 5 ans : cela permet une élargissement de l’échantillon grâce à l’entrée d’entreprises créées ou lancées en bourse dans la période 2010-2015 (notamment de nombreuses valeurs technologiques). Ce raccourcissement de l’horizon d’observation peut éventuellement réduire la qualité du signal sur la soutenabilité et la solidité du moat, mais en contrepartie cela peut permettre d’évacuer des entreprises dont l’âge d’or se termine peut-être.

Voici la distribution des performances totales annualisées sur un horizon de 5 ans :

Voici la liste des 120 meilleures performances totales, sur cette période de 5 ans, dans cet univers de screening :



On note une présence européenne un peu plus importante, avec Sartorius (la mère allemande de l’excellente Sartorius Stedim), Logitech, Teleperformance et Adidas.

Dernière modification par Scipion8 (14/09/2020 12h59)

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Favoris 3   [+5]    #747 14/09/2020 19h08

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Je continue mon exploration, toujours avec un focus sur le facteur performance (avant de passer à d’autres facteurs - croissance, value, dividendes etc. - dans de prochains messages).

D’abord, un coup d’oeil sur la distribution des performances totales annualisées sur des horizons plus courts que dans mon précédent message : 3 ans et 1 an :


Avec ces maturités plus courtes, on se rapproche d’une logique momentum (notamment sur la période de 12 mois). Je n’en suis guère fan, car ma gestion est essentiellement buy & hold et fondamentale, avec un horizon de très long-terme.

Mais pour l’exercice, j’attribue à chaque valeur de mon univers une note de performance (de 0 à 100) à chaque horizon (1 an, 3 ans, 5 ans et 10 ans), selon son rang en termes de performance sur ces différentes périodes d’observation. A partir de ces 4 notes, je calcule (i) une note globale de performance (simple moyenne des 4 notes), (ii) une note de performance avec un biais momentum (pondérations de 40% pour la perf à 1 an, 30% pour la perf à 3 ans, 20% pour la perf à 5 ans et 10% pour la perf à 1 an), et (iii) une note de performance avec un biais de long-terme (pondérations de 10% pour la perf à 1 an, 20% pour la perf à 3 ans, 40% pour la perf à 5 ans et 30% pour la perf à 10 ans). Les entreprises trop jeunes pour avoir des notes à 5 ou 10 ans sont pénalisées par l’absence de notes, mais cette pénalisation est délibérée dans le cadre de cette approche où je me focalise sur des entreprises qui ont un historique suffisant de surperformance.

Voici les 120 meilleures valeurs de mon univers selon la note de performance avec un biais momentum (les valeurs que j’ai déjà en portefeuille sont indiquées en bleu et mes positions et PV/MV sont également précisées) :



Peu partisan du momentum dans ma gestion, je préfère évidemment étudier les 120 meilleures valeurs selon la note de performance avec un biais de long-terme :



Naturellement, je suis déjà actionnaire de la plupart de ces entreprises, avec des résultats globalement satisfaisants, mais aussi quelques beaux plantages résultant souvent d’un timing malchanceux lors de mes achats (PaySign -58%, eHealth -49%, Quidel -27%, Napco Security -30%, Repro-Med -22%, Dyadic -19%, Zynex -18%, Abiomed -18%) - ce qui illustre le risque des approches de suivi de tendance.

Afin de réduire ce risque, je combine donc mon filtre performance avec des filtres fondamentaux :

a) croissance annuelle du chiffre d’affaires (calculée sur 3 ans) > 10% : ce filtre élimine des valeurs dont la hausse du cours reflète davantage des espoirs (parfois irréalistes) qu’une attractivité réelle des produits ou services proposés

b) ROIC moyen sur 5 ans > 10% : ce filtre élimine des valeurs de croissance qui n’ont pas encore fait leurs preuves en matière de rentabilité

c) positions short < 5% du flottant : ce filtre élimine beaucoup de valeurs qui sont peut-être surévaluées. Je préfère utiliser ce filtre sur les positions short qu’un filtre classique sur les ratios de valorisation, car je considère que si une entreprise est surévaluée, alors il doit y avoir une proportion suffisante de participants de marché rationnels et capables d’en tirer parti via une vente à découvert

d) note de performance avec un biais de long-terme > 75 (sur 100)

Voici la sélection que l’on obtient avec ces filtres complémentaires :

J’aime beaucoup cette sélection, qui me semble bien plus solide que les sélections précédentes purement fondées sur les performances passées (à plus ou moins long-terme). Sans surprise, je suis déjà actionnaire de la plupart de ces entreprises, avec de bons résultats d’ensemble et aucun plantage majeur.

On retrouve dans cette liste 4 de mes principales positions de conviction, déjà complètes : Amazon, Microsoft, Mastercard et Visa. Dans cette belle liste, je prévois de renforcer notamment Adobe, Amedisys, Monolithic Power Systems, MSCI, Align, Intuitive Surgical, KLA Corp, Intuit, Edwards Lifesciences, Sherwin-Williams, Teledyne, Applied Materials…

On retrouve aussi dans cette liste LVMH et ASML - peut-être les 2 plus belles valeurs européennes, aussi candidates pour des renforcements dans mon portefeuille.

Old Dominion Freight Line, Cintas et Cognex, dont je ne suis pour l’heure pas actionnaire, sont des candidats crédibles pour de nouvelles lignes. Je les ai laissés de côté pour l’instant pour des raisons plus ou moins rationnelles (des analystes peu enthousiastes, par exemple), mais a priori elles me semblent solides par leurs fondamentaux et leurs performances de long-terme, et utiles pour diversifier (encore plus) mon portefeuille. Je laisse de côté Techtronic (valeur de Hong Kong) et DLH (micro cap) pour l’instant.

L’utilisation complémentaires de filtres fondamentaux et de filtres performance peut ainsi permettre d’affiner une sélection pour obtenir à la fois une bonne performance ajustée du risque et un profil d’entreprises conforme aux préférences de l’investisseur. Dans mes prochains messages, je laisserai un peu de côté les filtres performance pour me focaliser sur les filtres fondamentaux (croissance, value, rendement etc.).

Dernière modification par Scipion8 (14/09/2020 19h24)

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#748 15/09/2020 19h53

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Bonsoir Scipion,

Puisque vous utilisez désormais le ratio "positions short < 5% du flottant" pour orienter vos choix, comment gérez vous le fait que ce dernier nécessite une mise à jour quasi quotidienne, sachant que je crois comprendre que vous rentrez ces données manuellement tandis que d’autres ratios que vous utilisez ne nécessitent "qu’une " mise à jour au plus trimestrielle?

Bien à vous

Dernière modification par Selden (15/09/2020 19h53)

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[+5]    #749 15/09/2020 20h13

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Plusieurs mouvements dans mon portefeuille, en France et aux USA :

En France, il s’agissait d’investir des dividendes perçus et de dégager des liquidités pour le paiement des impôts et taxes le mois prochain (je n’ai toujours pas de revenus professionnels, le mois prochain j’espère).

- Sur le CTO France (mon seul portefeuille avec une orientation "rendement"), j’ai liquidé mes lignes Le Bélier (MV -8%), Devoteam (+36%) et Microwave Vision (+141%), ces 3 entreprises étant en situation d’offre ou de pré-offre publique. Je n’ai pas d’avis tranché sur le prix de ces offres, mais je souhaite que mon argent travaille, donc je me débarrasse de ces lignes. J’avais aussi envisagé de liquider Oeneo (post-offre, +27%), Gaumont (OPR-able, -26%) et NRJ (OPA-able depuis des lustres, -33%), toujours pour réduire le coût d’opportunité de ces lignes "mortes", mais pour l’instant je les garde encore.

Après avoir retiré les liquidités dont j’ai besoin, j’ai investi le reste sur BNP Paribas, Aéroports de Paris et Covivio Hôtels, renforçant des lignes déjà présentes dans mon portefeuille. Contrairement à la majorité des participants de marché (semble-t-il), je ne crois absolument pas aux effets durables sur la pandémie sur le tourisme, en particulier en France, et par ces 2 dernières valeurs j’investis dans des secteurs aujourd’hui massacrés. Des pandémies, il y en a toujours eu, et il y en aura bien d’autres, ça ne va pas empêcher le monde de tourner…

- Sur le PEA, j’ai renforcé ma petite ligne Société Générale : un pari contrarian. Je ne suis pas particulièrement optimiste pour le secteur bancaire européen dans un environnement de taux durablement bas, mais j’apprécie professionnellement la SocGen et je parie qu’elle surmontera ses difficultés actuelles.

- Sur le PEA-PME, j’ai liquidé mes valeurs en situation de pré-offre publique - Envea (+28%), Groupe Open (-15%), EasyVista (-15%) : toujours la même logique de réduire le coût d’opportunité d’argent immobilisé. Avec les produits de ces ventes, j’ai renforcé mes lignes Esker (une belle small cap de croissance), Thermador (bon rendement), Delta Plus, SII (du value higgonsien - c’est-à-dire de bonne qualité…), et Haulotte (un autre pari contrarian sur une valeur cyclique). J’aurais voulu acheter Freelance.com, mais elle n’est pas éligible au PEA-PME, ce qui ne me donne pas franchement la meilleure impression sur son management…

Aux USA (mon portefeuille IB), j’ai tiré parti la semaine dernière de la petite respiration de marché pour acheter de nouvelles valeurs, que j’avais dans mon viseur de longue date :

- 2 blue chips solides que j’avais injustement oubliées : Amgen et Verisk Analytics

- 2 valeurs de Buffett : Kroger et Barrick Gold

- 2 valeurs chinoises de croissance : Bilibili et Daqo New Energy

- 3 nouvelles valeurs d’ultra-croissance : Crowdstrike (renforcement), Bill.com et Guardant Health

- 2 valeurs "vertes" (merci à CroissanceVerte pour sa couverture de ce secteur !) : Sunrun et Sunnova

Ces achats sont financés par la marge IB - ce qui m’embête un peu car j’étais en train de réduire progressivement mon levier. Il me tarde de retrouver une épargne professionnelle confortable afin de pouvoir tirer parti des opportunités de marché sans prendre trop de risques. Malheureusement, la pandémie ralentit considérablement toutes les procédures administratives avec mon employeur, au point que je n’exclus pas d’accepter temporairement une offre de poste pour l’UE (à Bruxelles) pour mettre un terme à cette attente interminable.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Peut-on encore trouver des valeurs peu onéreuses dans le contexte actuel de marché, notamment aux USA ?

Pour essayer de répondre à cette question, j’utilise aujourd’hui mon nouveau screener maison, en me focalisant sur l’earnings yield - le rendement total que peut attendre un actionnaire, sur la base des derniers résultats de l’entreprise.

La distribution des earnings yields de mon échantillon (représentatif du marché mondial, et surtout US) suggère que le marché actuel est cher : l’earning yield médian n’est que de 2,6% - une compensation du risque pris par l’actionnaire que l’on peut juger bien faible (même s’il faut considérer l’impact exceptionnel - mais temporaire - de la pandémie sur la capacité bénéficiaire des entreprises) :

Je commence par un filtre simple sur les earnings yields : voici les 120 meilleurs earnings yields dans mon univers de screening : on note une forte présence des banques, assureurs, foncières - des secteurs qui ont beaucoup souffert du COVID-19. Des entreprises françaises comme BNP Paribas, Orange ou Sanofi, ne paraissent pas chères sur la seule base de ce critère. Les entreprises que j’ai déjà en portefeuille sont indiquées en bleu, et mes positions et PV/MV sont détaillées.



Afin d’améliorer la qualité et de réduire le risque de cette sélection, je combine ce premier filtre sur l’earnings yield (>6%) en ajoutant 2 autres filtres sur la croissance du chiffre d’affaires (croissance annualisée calculée sur 3 ans > 6%) et sur les positions de vente à découvert (<5% du flottant), pour éliminer les dossiers les plus risqués (un risque perçu par le marché pouvant se traduire par un earnings yield temporairement élevé). Voilà ce que ça donne :



Cette 2e sélection me paraît de meilleure qualité que la 1ère, et avec une meilleure diversification sectorielle. Je l’affine à nouveau en introduisant un 4e filtre sur la performance totale de long-terme (en reprenant le système de notations sur la base des performances à 1, 3, 5 et 10 ans, présenté dans mon précédent post sur cette file). Je demande une notation de performance de long-terme d’au moins 50 (sur 100). Voilà ce que l’ajout de ce critère donne :

Perso, cette dernière sélection me plaît beaucoup plus : ce sont des entreprises de qualité, mais pas trop chères. Dans cette liste, je prévois de renforcer mes positions sur des banques (JPMorgan), assureurs (Progressive, Anthem, Humana) et équipementiers médicaux (Boston Scientific, Align) américains. Le point d’entrée sur le secteur américain de la construction immobilière en mars/avril était exceptionnellement attractif : j’ai alors acheté Lennar et je suis déjà en PV de +80%, ; j’aurais pu (ou dû !) acheter aussi PulteGroup et KB Home - en tout cas ce secteur reste attractif à mes yeux. J’ai de longue date Synnex sur ma watchlist "value", même si je n’ai pas encore franchi le pas. Je connais professionnellement StoneX (ex-Intl FCStone), qui propose des services financiers aux banques de pays émergents ; elle est aussi sur ma watchlist.

Bref, le marché américain semble dans l’ensemble cher, mais on peut encore y trouver des entreprises de qualité à des prix raisonnables.

@Vkyng : A la fin de ce travail d’exploration, je proposerai une liste de 100 valeurs à mes yeux attractives, en différenciant les stratégies (par exemple 25 valeurs de qualité, 25 valeurs de croissance, 25 valeurs de rendement et 25 valeurs "value"). Pour l’instant je dois encore multiplier les angles de recherche et les combinaisons de filtres avant de proposer cette liste.

@Selden : C’est tout ce screener (effectivement construit manuellement) qui a une date d’obsolescence assez rapprochée (disons quelques semaines, quelques mois tout au plus). C’est pour cela que je me dépêche de l’exploiter et que je posterai sans doute quotidiennement sur le sujet ces prochains jours. Je fais ce genre de travail une fois par an, en gros, car effectivement ça demande un gros effort.

Le ratio des positions short en pourcentage du flottant évolue bien sûr au cours du temps, mais il n’est (à mon sens) pas aussi volatil que vous le suggérez : perso, j’observe une certaine stabilité, en tout cas dans les ordres de grandeur. Par exemple, Tesla est une valeur qui attire la VAD, alors que personne (ou si peu) n’ose parier contre Microsoft ou Amazon : c’était vrai il y a 2 ans, il y a un an, il y a 6 mois, ou maintenant. En effet, quand le cours d’une valeur massivement shortée décolle (comme cela a été le cas cette année pour Tesla), beaucoup de vendeurs à découvert se font "brûler" et doivent capituler, mais ils sont généralement remplacés par de nouveaux vendeurs à découvert, qui constituent leurs positions short à des niveaux plus élevés.

Cela dit, l’évolution au cours du temps du ratio des positions short en pourcentage du flottant est un indicateur intéressant, que je n’ai pas inclus (pour des raisons de commodité) dans mon screener maison, mais que je regarde avant d’acheter une valeur. Une augmentation importante de ce ratio, même s’il reste en-dessous de mon "seuil d’alerte" de 5%, me poussera à regarder plus attentivement le dossier, voire à réduire la taille de ma ligne.

Dernière modification par Scipion8 (15/09/2020 21h27)

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#750 16/09/2020 09h38

Membre (2019)
Top 20 Année 2022
Top 20 Portefeuille
Réputation :   360  

INTJ

Bonjour Scipion,

Tout d’abord félicitations pour votre suivi, toujours aussi intéressant …
Une question toutefois: vous vendez quelques valeurs en situation d’offre publique, parce que vous souhaitez que votre argent travaille … soit ! Mais ce qui vous enrichit, c’est l’activité des sociétés dans lesquelles vous êtes investi, non ?

Devoteam et consorts continuent de travailler, et (espérons le) de créer de la valeur ?
Le fait que le cours de bourse soit bloqué artificiellement à un niveau de X ou Y pendant quelques mois, ne change rien à l’affaire, si vous restez convaincu du potentiel de ces sociétés à long terme ?

La seule justification que je verrais pour vendre, serait si vous estimez que le prix est significativement au dessus de la valeur et que du coup vous arbitrez vers une autre valeur que vous jugez moins chère ou avec un meilleur potentiel, or vous dites ne pas avoir d’avis tranché sur ces offres, ce que je comprends comme "ne pas savoir si le prix est cohérent ou très au dessus de la valeur".

Pouvez vous m’expliquer plus en détail votre raisonnement, si ça ne vous dérange pas. C’est un peu intéressé car j’ai deux valeurs en commun: Easyvista et Envea, mais je suppose que la réponse peut intéresser d’autres membres :-)

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