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[+4]    #1 22/07/2012 22h32

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Loin du bruit et de l’agitation, passer quelques semaines à la campagne a décidemment du bon. Je profite de l’occasion pour vivre, lire, penser, au calme – et comme je comprends Warren Buffet quand il décida de travailler à partir de son Nebraska natal, au lieu de Wall Street !

Certains s’en sont aperçus (cf. mon post précédent sur Peter Lynch) mais ce week-end j’ai décidé de sortir les classiques. Sur ma terrasse baignée de soleil, après un bon barbecue et une bonne bouteille partagés en compagnie de ma famille, avec pour seule distraction le chant des oiseaux, je me plonge dans l’anthologique Market Wizards, premier du nom, paru en 1989.

Pour ceux qui ne connaissent pas le concept de la série, l’auteur Jack Schwager s’entretient à bâtons rompus avec les meilleurs traders de l’époque dans des discussions où tout y passe - techniques, stratégies, philosophies, expériences, succès, erreurs, vie personnelle.

En relisant l’interview du légendaire Jim Rogers - qu’on ne présente plus, ou alors peut-être est-il temps pour vous de faire chauffer Wikipedia - je me suis dit qu’un  tel trésor ne pouvait me passer entre les mains sans être partagé avec les fidèles lecteurs du forum – d’autant que ces derniers semblent apprécier ces initiatives traductionnesques.

IH, je vous envoie sans plus tarder ma note d’honoraires. Et maintenant, commençons sans plus tarder. Ci-dessous, le héros.



L’interview date d’avril 1988.

Vous venez de réaliser une superbe performance avec votre pari sur le DAX (NDLR : l’index allemand). Pourquoi étiez-vous si bullish sur l’Allemagne à l’époque où vous avez initié la position ?

Le bull market avait commencé en 1982. Plus important, l’Allemagne n’avait pas connu de bull market depuis 1961. Le marché n’avait fait qu’évoluer à l’horizontale depuis cette date, alors que l’économie allemande, elle, avait explosé. Il y avait donc de la valeur en Allemagne, c’était certain. Quand il y a de la valeur et que le prix est bas, je me penche sur le dossier.

Mais selon cette théorie vous auriez aussi bien pu acheter l’index dix ans plus tôt ?

Absolument. Mais si j’ai acheté en 1982, et non en 1971, c’est parce que cette fois il y avait un catalyseur. Vous avez toujours besoin d’un catalyseur avant qu’un grand tournant ne s’amorce. Ici, c’étaient les élections. J’étais certain que les socialistes allaient être éjectés une bonne fois pour toutes ; et que les chrétiens démocrates, dont le programme clairement libéral était essentiellement orienté vers le business, allaient gagner.

Vous aviez donc un très haut degré de conviction?

Comme à chaque fois que j’investis. Sinon, je préfère ne rien faire. La plupart des gens, pour une raison que j’ignore, ne peuvent pas rester sans rien faire. Il faut toujours qu’ils jouent !

Attendez-vous toujours que la situation se joue selon votre plan ? Ne vous arrive-t-il jamais de penser « Ok, ce marché va surement monter, je vais tenter le coup pour voir » ?

Ce à quoi vous faites allusion est le plus sûr chemin vers la ruine. Non, mon métier est très différent. J’attends vraiment d’avoir seulement à tendre le bras pour ramasser. Cela n’arrive pas souvent, croyez-le bien. Mais quand cela arrive, je ne rate pas ma chance. Regardez les gens qui perdent, ils disent toujours « maintenant que j’ai perdu, je dois trouver un moyen de me refaire ». Non, ils ne devraient pas trouver un moyen de se refaire… Ils devraient attendre que l’immanquable se présente. Mais c’est beaucoup plus difficile qu’il n’y parait!

Trader aussi rarement que possible, en quelque sorte ?

Je ne suis pas un trader. Je ne sais même pas ce que veut dire ce mot. Mon métier est de pêcher dans un tonneau. Vous comprenez ça ?

Plus ou moins. Tous vos investissements sont-ils basés sur l’analyse fondamentale ?

Oui. Parfois, les charts du Bureau de Recherche des Matières Premières m’indiquent un catalyseur. Les charts peuvent révéler la panique ou l’hystérie. Mais ce n’est qu’une première étape. Si je vois l’un ou l’autre sur un chart, alors je m’intéresse aux fondamentaux du dossier.

Avez-vous un exemple?

Il y a deux ans, j’ai commencé à vendre à découvert le grain de soja après que le cours soit monté d’un coup à $9.60. L’idée m’était venue après un diner accompagné de traders, durant lequel ils n’avaient cessé de fanfaronner sur les raisons qui les avaient poussé à acheter du grain de soja – essentiellement, parce que le cours montait depuis plusieurs mois. Rentré chez moi, je ne pouvais l’expliquer, mais je savais que je devais shorter le grain de soja. Shorter l’hystérie.

Comment faites-vous pour reconnaitre l’hystérie ?

Apres une hausse sensationnelle, vous voyez le cours se déplacer par petits bonds horizontaux.

Comme le marché de l’or en 1979-1980 ?

Oui, c’est d’ailleurs à ce moment précis que j’ai commencé à vendre l’or à découvert, aux alentours de $675 l’once.

C’était $200 trop tôt !

Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas un trader. Je suis toujours soit en avance, soit en retard, mais ça ne fait rien, car je suis prêt à attendre le temps qu’il faudra.

Ce devait tout de même être effrayant. Vous n’avez jamais douté ?

Si, bien sûr.

Mais vous êtes malgré tout resté ferme sur votre position ?

J’étais convaincu d’avoir raison. L’hystérie était trop évidente, et l’hystérie ne peut jamais durer. Si vous avez le courage de tenir bon, parier contre l’hystérie est une spéculation sûre.

Ceci signifie-t-il que vous allez systématiquement à l’inverse de ces situations d’hystérie ?

Non, pas forcément. Les situations d’hystérie attirent mon attention, mais cela ne signifie pas que j’agis pour autant. Début 1980, je savais que le prix de l’or était surévalué. Paul Volker avait été nommé président de la réserve fédérale et avait fixé comme objectif la lutte contre l’inflation. Je ne doutais pas de sa sincérité. En octobre 79, lorsque la FED a changé sa politique de contrôle des taux d’intérêt pour se concentrer la croissance de la masse monétaire, le marché n’y croyait pas, et l’or continuait de monter. Face à une telle situation, les marchés étaient trop hystériques pour vraiment réaliser ce qu’il se passait alors. C’était mon catalyseur.

Les marchés seraient-ils aveugles ?

Absolument. Lorsqu’une tendance forte est lancée, qu’elle soit à la hausse ou à la baisse, les participants ne prêtent plus attention aux évènements – ils sont trop omnibulés par ce qui se passe alors.

Donc, ce n’est pas parce que le marché ignore un évènement que cet évènement n’est pas important ?

Exactement ! C’est mieux ainsi d’ailleurs. Plus le marché est irrationnel, plus l’opportunité qui se profile pour des gens comme moi s’annonce monumentale.

Avez-vous un autre exemple ?

Octobre 1987. C’est une drôle de coïncidence, mais le 19 octobre [jour du krach historique, NDLR] est le jour de mon anniversaire. A la fin 1986, j’avais justement prédit que nous allions vers l’une des pires paniques financières de toute l’histoire. Je savais que ça allait arriver, mais je ne savais pas quand ça allait arriver. Ce fut vraiment un merveilleux cadeau d’anniversaire !

Comment saviez-vous qu’il y aurait une telle panique financière ?

Il suffisait d’ouvrir les yeux. L’argent coulait à flot. Toutes les bourses du monde étaient à des plus haut historiques. Vous étiez abreuvés toute la journée de ces histoires de golden boys à peine sortis de l’école qui  gagnaient des millions en quelques heures. C’était tout simplement irréel. Ça ne pouvait pas durer !

Vous vendiez à découvert, ou vous achetiez des « puts » ?

Je vendais à découvert. Je ne pratiquais plus les options. Les options sont un aller simple vers la ruine. La SEC a publié plusieurs études qui confirment toutes la même chose, l’une après l’autre : 90% des actions expirent à perte ! Pourquoi parier, quand on a 9 chances sur 10 de perdre ?

Quand avez-vous couvert vos positions ?

La semaine du 19 octobre. C’était la panique. Si vous vous rappelez bien, tout le monde pensait alors que ça en était fini des banques, des bourses et de la finance.

Avez-vous couvert en voyant l’hystérie s’inverser, de l’euphorie a la panique ?

Oui. C’était clair comme de l’eau de roche. De toute façon, si c’était vraiment la fin du monde,  je n’aurais jamais récupéré mon argent. J’aurai eu à prendre mon fusil pour trouver de quoi manger. Donc, j’ai pris tout ce que j’avais et je suis allé contre la foule. J’ai racheté tout ce que j’ai pu, en pleine panique. 

Vous n’aviez plus aucun short ?

Non. Vu le catastrophisme de l’époque, sauf si le monde touchait vraiment à sa fin, alors tout ne pouvait que remonter en flèche.

De nombreuses personnes blâment le krach de 1987 sur le dos des ordinateurs, du trading haute fréquence . Qu’en pensez-vous ?

Les gens qui soutiennent de telles théories sont incultes et ne comprennent rien. Mais vous savez, les gens qui perdent de l’argent ont toujours besoin d’une excuse pour se justifier. En 1929, on blâmait les appels de marge, les vendeurs a découvert, le gouvernement et même les Juifs. Au lieu de blâmer la terre entière, ces gens devraient apprendre leur métier. Je me rappelle que la semaine avant le krach d’octobre, Alan Greenspan avait annoncé publiquement que le déficit commercial se réduisait, que les choses étaient sous contrôle. Deux jours plus tard, les chiffres ont été rendus publics, et ils étaient les pires de l’histoire ! Si ceux qui ont tout perdu le 19 octobre avaient ouvert les yeux et les oreilles, ils auraient eux aussi pu prendre la juste mesure de la catastrophe qui les guettait.

Avez-vous déjà défié l’hystérie, et perdu ?

Bien sûr ! C’est arrivé à deux reprises. La première, quand je me suis essayé aux options. La deuxième, quand j’investissais sur des compagnies que je ne comprenais pas.

Qu’avez-vous appris ?

Que le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable.

Pensez-vous que l’on puisse vivre une panique financière sans avoir de récession ?

Oui, c’est déjà souvent arrivé. En 1937 par exemple. En 1987 je ne m’inquiétais pas d’une récession parce que le dollar s’affaiblissait encore et toujours, et parce que qu’ainsi de nombreuses industries américaines allaient très bien s’en sortir – comme l’acier, l’agriculture, les mines et le textile.

Donc, malgré une chute du marché, l’économie peut tenir le cap ?

Oui. Sauf si les politiciens y ajoutent leur grain de sel.

En faisant quoi par exemple ?

En haussant les taxes et les barrières douanières. Entre autres. Les politiciens sont tellement bons pour foutre un pays par terre ! L’histoire n’est pas avare d’exemples. En bout de ligne, on peut même dire que ça ne rate jamais ! Ils trouvent toujours le moyen de foutre leur pays par terre!

Etant donné l’ampleur de nos problèmes actuels de déficit [En 1988, nous sommes en pleine crise du budget US, un peu comme en Europe de nos jours, NDLR], que pourraient faire les politiques pour réduire ce dernier ?

Je vais vous donner un exemple, mais je pourrais vous en donner cent ! Le gouvernement dépense chaque année 5 milliards de dollars pour soutenir le prix du sucre, afin que les américains l’achètent a 22 centimes le kilo, alors que sur le marché mondial il ne coute que 8 centimes le kilo. Cinq milliards ! Nous serions bien mieux si le gouvernement disait a chaque propriétaire de plantation sucrière « nous vous donnons $100,000 par an pour le reste de votre vie, une Porsche et un appartement à Miami si vous vous retirez du business ! ». Tout le pays se porterait mieux, et nous autre consommateurs payerions moins pour le sucre. Mais juste pour faire tenir les intérêts d’une corporation et s’assurer ses voix, le gouvernement est prêt à toutes les absurdités !

[…]

S’ensuit une discussion assez technique sur le marché des bons du trésor américain et l’exemple britannique – mes excuses, mais c’est vraiment trop rébarbatif à traduire.

[…]

Puisque nous évoquons les différents types de scénarios monétaires, avez-vous une opinion au sujet de l’or ?

En 1934 le prix de l’once était établi à 35$. Par la suite la production a décliné chaque année jusqu’en 1980. La production diminuait car il n’existait aucune incitation à miner davantage. Durant ces 45 années de baisse successive de l’offre, la demande a lentement mais sûrement continué à monter, particulièrement dans les années 60’ et 70’ quand a commencé la révolution de l’électronique. Demande qui monte, offre qui baisse, vous connaissez la suite. Avant que les années 70 ne commencent, j’étais certain que nous aurions un formidable bull market. Même avec l’inflation a 0%, vous auriez eu ce bull market, juste à cause des lois de l’offre et de la demande. C’était aussi simple que cela. Mais la situation a radicalement changé dans les années 80. Rien de mieux que de tirer le prix de l’or de 35$ à 875$ l’once [NDLR, en 1981] pour amorcer une nouvelle ruée vers l’or. La production est remontée année après année à partir de 1980. Précisément le moment où j’ai revendu ! Pour ce qui est du futur, je ne crois pas que l’or sera la meilleure couverture contre l’inflation durant les années 90.

Voulez-vous dire que l’or est la couverture de l’inflation du passé (en anglais, « do you mean that gold is yesterday’s inflation hedge ») ?

Les généraux ont toujours une guerre de retard. Les gérants de portefeuille investissent toujours dans le dernier bull market. L’idée que l’or est « a great store of value » (traduction ?) est absurde. Il y a eu de nombreuses périodes dans l’histoire durant lesquelles l’or a perdu de son pouvoir d’achat – et parfois pour plusieurs décennies.

Dans une situation de panique ou de révolution, on pourrait s’attendre à voir le prix exploser ?

Au début oui. Mais pas pour longtemps, car un système monétaire établi sur de nouvelles bases serait vite remis en place.

Qu’achèteriez-vous pour vous prémunir d’une situation de chaos total ?

Une ferme à la campagne, et un fusil.

Au fait, et j’aurais dû vous poser la question avant, mais comment en êtes-vous venu à  ce métier ?
   
Par hasard. En 1964, alors étudiant, j’ai décroché un job d’été dans une firme de Wall Street par l’intermédiaire d’un ami. Je n’y connaissais rien  à l’époque. Je ne connaissais pas la différence entre une action et une obligation. La seule chose que je savais à propos de Wall Street, c’est que c’était quelque part dans New York et qu’il s’y était passé quelque chose de fort déplaisant en 1929. Après ce job d’été, je suis parti à Oxford. Pendant que les autres faisaient la fête, je lisais le Financial Times.

Et après Oxford ?

Je suis parti à l’armée. En 1968, quand j’en eus fini, je suis retourné à Wall Street. J’investissais tout ce que je pouvais. Ma première épouse me disait « il nous faut une télé ». Je répondais « Pourquoi une télé ? Mettons l’argent sur le marché, et nous pourrons avoir dix télés ».

Que faisiez-vous alors?

J’étais junior analyst.

Vous étiez sur quelles actions ?

Mécanique industrielle et agences de publicité.

Vous investissiez dans ces actions ?

J’investissais dans tout.

Avec réussite ?

Je suis entré sur le marché début août 1968, pile poil au plus haut. J’ai perdu beaucoup, mais il me restait un peu. En janvier 1970, j’étais convaincu que nous aurions un bear market ; j’ai pris tout ce que j’avais et j’ai acheté des puts. En mai, j’avais triplé mon capital. En juillet, j’ai commencé à vendre à découvert. En septembre, j’étais ruiné ! (« Wiped Out », NDLR). Ces deux premières années étaient géniales ; j’étais passé du statut de génie à celui d’abruti.

Donc vous étiez de retour au point zéro en Septembre 1970 ?

Oui. J’ai raclé les fonds de tiroir et je suis revenu sur le marché. Je n’en avais vraiment rien à faire des télés et des sofas. Ma femme m’a quitté. J’étais l’entrepreneur personnifié. Tout ce que je trouvais, en temps, en argent et en énergie, je le mettais dans le marché.

Vous n’investissiez alors que dans des actions ?

Non, dans tout. Obligations, actions, monnaies, matières premières.

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à tant de marchés ?

Je m’intéresse à tout depuis le premier jour. Et J’ai toujours eu du flair pour les fluctuations de monnaies. Quand j’étais étudiant à Oxford, je savais qu’ils allaient bientôt dévaluer la Livre. Et effectivement, c’est arrivé – mais un an plus tard. Comme d’habitude, j’étais un peu trop tôt.

Après votre déroute de Septembre 1970, comment vous êtes-vous remis en selle ?

Mes premières pertes m’ont beaucoup appris. Depuis, et je n’aime guère m’en vanter, je n’ai commis que peu d’erreurs.  J’ai vite appris à ne rien faire – à moins de savoir parfaitement ce que je faisais. J’ai appris qu’il valait mieux ne rien faire et attendre de maitriser un concept et un prix si parfaitement que, même si vous avez tort, vous n’allez pas trop en souffrir.

Avez-vous eu des années dans le rouge après vos premières déconvenues ?

Non.

Comment avez-vous rencontré George Soros ?

En 1970, je travaillais pour lui à Arnhold & Bleichroeder.

Et vous avez commencé le Quantum Fund ensemble?

Nous sommes partis de A&B parce qu’on ne nous autorisait pas à toucher de commission sur nos trades. Soros était le senior partner, moi le junior partner. Le jour où nous avons commencé, il n’y avait que lui, moi, et une secrétaire.

Que faisiez-vous au Quantum ?

Nous investissions dans tout – tout ! Long et short, en Amérique et dans le monde.

Comment vous partagiez-vous le travail ?

George était le trader, moi l’analyste. Je venais avec l’idée, lui avec l’éxécution. Quand nous n’étions pas d’accord, nous ne faisions rien. Ceci dit, ça n’arrivait vraiment pas souvent. Je déteste dire ça, parce qu’investir avec le consensus est généralement une catastrophe, mais Soros et moi étions essentiellement tout le temps d’accord l’un avec l’autre.

Comment évaluiez-vous le risque de chacune de vos positions ?

Nous ne le faisions pas. Nous nous contentions de couper nos positions les moins attractives pour sauter sur les opportunités qui se présentaient.

C’est original.

Certainement. Même aujourd’hui, je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui procède ainsi. Mais George avait une maitrise tout à fait exceptionnelle du trading.

Mais comment faites-vous, maintenant que vous êtes « retraité » [Rogers est un investisseur indépendant qui aime se présenter comme un « retraité », NDLR] ou même à l’époque où vous étiez au Quantum , pour suivre tant de marchés à la fois ?

J’ai passé tant d’années à intégrer toute ce que je pouvais – tout, livres, magazines, études, recherches, etc. que j’ai pu développer un grand sens de la perspective sur de nombreux marchés. Quand j’enseigne, les étudiants sont souvent stupéfaits devant mon niveau de connaissance historique de la finance. Je connais tous les bull et bear market de l’histoire depuis le 18eme siècle. Je crois que c’est ça, qui me permet de suivre tant de marchés  à la fois. Car les marchés, justement, ont toujours été identiques, et ils seront toujours identiques. Les délires et fantasmes sont à chaque fois les mêmes. Des peurs paniques aux euphories hystériques, toujours les mêmes !

J’imagine que le grand krach de 1987 est une parfaite illustration de votre théorie ?

Bien sûr. C’était l’hystérie, tout le monde pensait que les prix allaient monter pour toujours. La théorie de l’époque, c’est qu’on allait manquer d’actions, que l’offre d’actions allait s’épuiser parce qu’il y avait trop d’argent [il rit]. Quelques mois plus tard, il y avait pléthore d’actions mais pénurie d’argent !

L’hystérie est-elle toujours la même ?

Du moins suit-elle toujours le même cycle. Le sommet est atteint quand les gens pensent que le marché va monter pour toujours – alors les prix deviennent irrationnels, décorrélés de la réalité, et on arrive à la fin du cycle. Un nouveau cycle commence, mais dans le sens inverse.

Que pensez-vous du marché Japonais ?

Je vous garantis que le marché japonais va connaitre une chute majeure, à mon avis dans un an ou deux [prophétie qui s’est avérée exacte, NDLR]. Je pense que le Nikkei va chuter d’au moins 80%.

Ceci signifie-t-il que vous vendez le Nikkei à découvert ?

J’hésite. Bien que je sois convaincu de l’imminence d’un effondrement, je dois être très vigilant, car les Japonais peuvent changer les règles du jeu à tout moment. Je ne sais pas si vous avez entendu parler du marché des actions Koweitien durant les années 1980-1981 ? A cette époque, au Koweit, vous pouviez acheter les actions avec un chèque postdaté. Vous pouviez n’avoir que 10 dollars sur vote compte, mais acheter pour 10 millions de dollars d’actions, avec un chèque postdaté émis par une société de courtage indépendante. Tout le monde le faisait ! C’était un exemple évident d’hystérie.  Pourtant, je ne l’ai pas vendu à découvert, et j’ai eu raison – parce que quand le système s’est effondré, le Koweit a changé les règles du jeu, et je n’aurais jamais pu rapatrié mon argent. Quad un gouvernement change les règles du jeu pour se protéger, ça ne peut pas être bon pour Jim Rogers. N’imaginez pas qu’un gouvernement se laisse dépouiller aussi facilement.

Mais que peut-il bien faire ?

Geler la monnaie ("freeze the currency", NDLR). Interdire les rapatriements de capitaux. Dévaluer massivement. Dieu seul sait ce qui leur passera par la tête !

Pourquoi avez-vous quitté le Quantum fund ?

Quand je suis arrivé à NYC en 1968, j’étais un garçon pauvre d’Alabama. En 1979, j’avais plus d’argent que je pensais qu’il n’en existait à la surface du globe. Et puis, nous étions devenus gros. Nous avions 50 employés, et ils me donnaient des migraines avec leur demandes de congés, d’augmentation, etc. Je n’étais pas intéressé par tout ça. J’étais intéressé par l’investissement, par comprendre le monde. En 80, j’ai ramassé mes billes et je suis parti.

Un souvenir particulièrement dramatique de votre temps a Quantum ?

L’été 71. Nous étions long Japon et short US. Un dimanche soir, Nixon annonce la fin de la convertibilité or du dollar. J’étais quelque part sur ma moto, loin de la ville. Je suis arrivé le lundi matin au bureau sans avoir lu la presse. Ce même matin le Nikkei était down 20% et le Dow Jones up 20%. Nous perdions beaucoup, par les deux bouts. C’était la panique à bord.

Qu’avez-vous fait ? Vous avez liquidé ?

Impossible ! Qui aurait acheté ? Dans une telle situation, ce que vous devez faire c’est vous assurer que votre raisonnement initia était correct. C’est ce que nous avons fait, et oui nous étions corrects. Alors, nous avons conservé nos positions et nous avons attendu.

Donc vous avez conservé votre position en dépit d’une perte papier importante ?

Exactement. Une perte sur le papier n’est pas une perte dans la réalité.

Mais étiez-vous vraiment sûr de votre coup ?

Oui. La décision de Nixon n’était qu’une autre étape dans la dissolution des accords de Bretton Woods. L’Amérique était en déclin et le dollar avec elle. Le rally suite à une déclaration politique ne serait que de courte durée. La tendance de fond était trop forte.

Etes-vous en train de dire que lorsqu’un gouvernement prend une mesure contre une tendance, vous devriez vendre à découvert (« you should short », NDLR) juste après le rally qui suit l’annonce de la mesure ?

Exactement. Ceci devrait d’ailleurs être gravé dans l roche – investissez toujours dans le sens inverse de la banque centrale. Quand une banque centrale tente de redynamiser une monnaie, vendez la monnaie à découvert.

Quelle est la fallacie la plus répandue chez les traders?

Que le marché a toujours raison. Je peux moi au contraire vous assurer que le marché à toujours tort !

Quoi d’autre ?

Suivre la tendance (« Follow the trend », NDLR] est une ineptie. Vous devez au contraire aller au contraire des marchés. Vous devez apprendre à penser par vous-même. Vous devez comprendre que l’empereur est nu, mais qu’on ne lui dit jamais. La plupart des gens ne peuvent se résoudre à un tel positionnement. Celui qui croit que la tendance est son amie est sur le chemin de la ruine. Vous pouvez peut-être gagner un peu d’argent ainsi – mais ce sera toujours un peu, et vous ne pourrez jamais le conserver.

Pourtant, votre style est d’accompagner une tendance sur plusieurs années, en dépit des évènements ponctuels. Ce que vous dites n’est-il pas contradictoire ?

Non, ma technique est différente. J’achète souvent trop tôt, en contrarien. La tendance ne devient mon amie que sur la fin. Je la vends bien avant d’avoir eu a la suivre.

Quelles sont vos règles ?

Acheter la panique, vendre l’hystérie. Soyez avertis que tout change, et très vite. Ne soyez pas hostiles au changement. Vous devez être flexible, jamais buté sur un système ou une idéologie. Ne jamais rien faire a moins de parfaitement savoir ce que l’on fait est primordial. Attendre l’opportunité parfaite, c’est la clé du succès.

Vous trompez-vous parfois ?

Très rarement. Mais c’est parce que je ne prends que 2 ou 3 décisions par an.

Seulement?

Je ne joue pas. Tout simplement, je ne joue pas.

Pourquoi si peu de gens sont aussi bons que vous l’êtes ?

Je ne sais pas. Regardez, quand vous voyez l’agriculture américaine toucher un plus bas, alors quoiqu’il se passe dans le monde – à moins que le monde cesse de manger – vous ne pouvez pas vous tromper. L’agriculture américaine est si compétitive, que si vous touchez un plus bas, ça ne peut que remonter ! Le pire qu’il puisse vous arriver, c’est d’acheter trop tôt !

Quoi d’autre vous rend unique ?

Je suis flexible. Je n’ai pas de limites. Je suis ouvert à tout, prêt à spéculer sur l’huile de palme malaisienne comme sur General Motors.

Quel est votre avis au sujet de l’analyse technique ?

Je n’ai jamais rencontré un technicien riche (« i’ve never met a rich technician », NDLR). A part, bien sûr, les techniciens qui vendent leur systèmes graphiques à des zozos assez crédules pour les acheter.

Mais vous m’avez pourtant dit que vous-même vous utilisiez les charts?

Oui, je les regarde chaque semaine. Je m’en sers pour comprendre ce qu’il se passe dans le monde.

Vous n’utilisez pas d’indicateurs, ou de figures techniques ?

J’ai essayé les intestins de poulet et j’ai obtenu de meilleurs résultats.

Vous dites que les marchés sont les mêmes aujourd’hui qu’en 1970, 1960, 1950 ?

Les marchés sont strictement les mêmes depuis qu’existe la loi de l’offre et de la demande ; c’est-à-dire, depuis toujours. Le marché des actions en 1980 est comme le marché des actions en 1880.

Un dernier mot ?

Investir avec succès ne demande vraiment rien d’autre que du bons sens. (« Good investing is really just common sense », NDLR). Mais c’est épatant comme peu de gens en ont, du bon sens.

Dernière modification par thomz (22/07/2012 22h51)

Mots-clés : crise, français, interview, jim, rogers

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#2 22/07/2012 23h21

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Merci pour cette traduction, c’est vraiment excellent.
Il a quelques similitudes avec un des plus gros spéculateurs : Jesse Livermore, que j’adore.

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#3 23/07/2012 16h00

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En tout cas, l’initiative tombe à pic!

-3.20% sur le CAC aujourd"hui.

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#4 23/07/2012 16h09

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Merci Thomz pour cette sympathique traduction!

Thomz a écrit :

L’idée que l’or est « a great store of value » (traduction ?) est absurde.

A mon sens, ce qui le traduit le mieux est un "réservoir de valeur".

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#5 23/07/2012 16h19

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thomz a écrit :

En tout cas, l’initiative tombe à pic!

-3.20% sur le CAC aujourd"hui.

Le tout c’est de savoir définir si le -3.2% est le fruit d’une situation de panique ou la simple correction d’un mouvement haussier de 15 jours très étonnant …


Parrain pour : American Express, Fortuneo, Binck.

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#6 23/07/2012 17h20

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espenlind a écrit :

Le tout c’est de savoir définir si le -3.2% est le fruit d’une situation de panique ou la simple correction d’un mouvement haussier de 15 jours très étonnant …

Pour contempler l’horizon, il faut relever la tête du guidon. Ci-dessous, le MSCI France depuis 2002.

Nous revenons au niveau de 2008, donc clairement à une situation de panique.



Jim Rogers a écrit :

La semaine du 19 octobre 87? C’était la panique. Si vous vous rappelez bien, tout le monde pensait alors que ça en était fini des banques, des bourses et de la finance.

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#7 23/07/2012 17h35

sergio8000
Invité

Cher Thomz,

Si je partage volontiers le constats que les indices européens sont raisonnablement pricés, je trouve que le raccourci 2008 = panique est un peu rapide. L’Europe n’a pas connu une crise économique comme celle qu’ont connu les USA, et l’économie européenne n’a pas touché le fond comme l’a fait celle des USA à cette période là. L’Europe n’est pas encore, à mon avis, en phase de guérison. Il y a d’abord des actions à prendre du côté des gouvernements et des réformes structurelles à démarrer. La Grande Bretagne a amorcé quelques réformes pour attirer les entrepreneurs et relancer la consommation, mais est-ce que ce sera suffisant (bon, au moins, ils ont tenté quelquechose) ? Je n’ai pas encore vu d’action constructive dans les pays de la zone Euro.

Bien entendu, je vous accorde sans aucun problème que, considérant les taux d’intérêts etrêmement bas, il n’y a de toute façon aucune alternative viable au marché actions, aussi bien en Europe qu’aux USA… Ainsi, notre conclusion est la même : "il faut y aller !" bien que je suis loin d’être certain que l’Europe ait touché le fond.

P.S. : mes considérations maro-économiques n’influencent en rien ma statégie d’investissement, et je décorelle complètement les deux. J’ai simplement une certaine curiosité pour le sujet.

 

#8 23/07/2012 18h06

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sergio8000 a écrit :

je trouve que le raccourci 2008 = panique est un peu rapide. L’Europe n’a pas connu une crise économique comme celle qu’ont connu les USA

Pardon camarade, mais le CAC est passé de 6618 ("premier jour" de la crise) à 2519 points ("dernier jour de la crise"), autrement dit l’indice a perdu presque les deux tiers de sa valeur.

Le Dow Jones lui est passé de 14 000 à 7000 points, dans le même intervalle, soit une perte équivalente à la moitié de sa valeur. Idem pour le SPX.

D’un point de vue purement technique donc, le marché français était dans une situation de panique supérieure aux indices US.

Quant à la crise économique, je suis en désaccord avec vous. Le chômage et la récession sont bien pires en Europe qu’aux USA. La seule différence, c’est que la "vague" a mis quelques mois de plus à nous atteindre, comme d’habitude.

sergio8000 a écrit :

mes considérations maro-économiques n’influencent en rien ma statégie d’investissement

Idem.

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#9 23/07/2012 18h14

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thomz a écrit :

Nous revenons au niveau de 2008, donc clairement à une situation de panique.

Je n’en suis pas convaincu.
Qu’est ce qui empêche le marché d’aller plus bas qu’en 2008 ?
Et les small/micro/nano caps ne sont pas balancées par dessus bord comme ce fut le cas.
Les titres des journaux reflètent l’inquiétude et la déprime, pas encore le désespoir.

Sauf peut-être en Espagne où ça part clairement en vrille. Dommage que je ne lise pas l’espagnol, on doit commencer à trouver des pépites dans les décombres.

Sinon, super boulot, plusieurs citations à afficher sur les murs, j’ai d’ailleurs commandé le bouquin, ainsi que celui de Peter Lynch !

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[+1]    #10 23/07/2012 18h21

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Sinclair a écrit :

Qu’est ce qui empêche le marché d’aller plus bas qu’en 2008 ?
Et les small/micro/nano caps ne sont pas balancées par dessus bord comme ce fut le cas.
Les titres des journaux reflètent l’inquiétude et la déprime, pas encore le désespoir.

Oui, bien observé.

Et comme vous aimez les citations,

Charles Dow a écrit :

There are three phases in a bear market.

The first represents the abandonment of hopes upon which stocks were purchased at inflated prices;

The second reflects selling due to decreased business and earnings.

And the third is caused by distress selling of sound securities, regardless of their value, by those who must find a cash market for at least a portion of their assets.

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#11 04/10/2012 02h46

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Merci pour la traduction.

Jim Rogers a écrit :

Donc, malgré une chute du marché, l’économie peut tenir le cap ?

Oui. Sauf si les politiciens y ajoutent leur grain de sel.

En faisant quoi par exemple ?

En haussant les taxes et les barrières douanières. Entre autres. Les politiciens sont tellement bons pour foutre un pays par terre ! L’histoire n’est pas avare d’exemples. En bout de ligne, on peut même dire que ça ne rate jamais ! Ils trouvent toujours le moyen de foutre leur pays par terre

ca me rappelle quelque chose….

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#12 10/11/2012 13h35

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J’ai adoré cette interview qui recèle quelques pépites (le marché devient aveugle, l’or n’est pas nécessairement une valeur refuge).

En ces temps d’incertitude (il me semble), est-ce qu’on sait quelles sont ses préconisations en termes d’investissement ?

EDIT: Voici ce que je viens de trouver sur Wikipedia:

In December 2007, Rogers sold his mansion in New York City for about 16 million USD and moved to Singapore. Rogers claimed that he moved because now is a ground-breaking time for investment potential in Asian markets. Rogers’s first daughter is now being tutored in Mandarin to prepare her for the future. He is quoted as saying: "If you were smart in 1807 you moved to London, if you were smart in 1907 you moved to New York City, and if you are smart in 2007 you move to Asia." In a CNBC interview with Maria Bartiromo broadcast on May 5, 2008, Rogers said that people in China are extremely motivated and driven, and he wants to be in that type of environment, so his daughters are motivated and driven. He also stated that this is how America and Europe used to be. He chose not to move to Chinese cities like Hong Kong or Shanghai due to the high levels of pollution causing potential health problems for his family; hence, he chose Singapore. He has also advocated investing in certain smaller Asian frontier markets such as Sri Lanka and Cambodia, and currently serves as an Advisor to Leopard Capital’s Leopard Sri Lanka Fund.[11] However, he is not fully bullish on all Asian nations, as he remains skeptical of India’s future - "India as we know it will not survive another 30 or 40 years"

Ok je peux comprendre.

In May 2012 he remarked during an interview with Forbes Magazine that "there’s going to be a huge shift in American society, American culture, in the places where one is going to get rich. The stock brokers are going to be driving taxis. The smart ones will learn to drive tractors so they can work for the smart farmers. The farmers are going to be driving Lamborghinis. I’m telling you. You should start Forbes Farming."

Bon là par contre il va loin… :-)

Dernière modification par ReadMeImFamous (10/11/2012 13h51)

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#13 17/01/2014 10h22

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Bonjour,
j’ouvre une file Jim Rogers pour partager ce qui dit et fait cet investisseur mythique (je suis un grand fan)
Cette semaine, j’ai eu le privilège d’être invité à Londres à la conférence du fonds Skagen, avec Jim Rogers, comme speaker. Voici ses idées d’investissements.

La Chine: des changements très positifs en cours
Le marché actions n’a pas bien performé ces dernières années. Mais lors de la session plénière du parti communiste chinois, une décision clé a été prise « C’est le marché qui doit déterminer en dernier ressort la prise de décision ». Par exemple, le système de santé chinois (a peu près inexistant) va être ouvert au marché.
Un programme massif d’investissement va être fait dans plusieurs secteurs: la santé, les chemins de fer, le marché des changes, l’énergie, le tourisme, la pollution, le ecommerce,… Selon Jim Rogers, il est possible qu’il y ait des problèmes à court terme, mais sur un horizon d’investissement de 10 ans, la performance devrait être au rendez-vous.

Le Japon: un avenir sombre mais un rebond possible à court terme
Jim Rogers est pessimiste sur le Japon. D’ailleurs le marché actions n’a toujours pas retrouvé ses niveaux d’il y a 20 ans. Mais si Abe continue à faire marcher la planche à billets, beaucoup d’argent va continuer à chercher à s’investir. Pour Jim Rogers, c’est la route vers le désastre et la destruction de la monnaie pour les prochaines décennies. Mais à court terme, l’effet pourrait être positif.
Pour jouer ce thème, Jim Rogers s’est positionné sur Nippon Telephone and Telegraph. Il pense que les japonais commenceront par investir sur des grandes entreprises très connues du grand public comme NTT. En effet, en janvier 2014, le gouvernement a pris la décision de permettre aux investisseurs particuliers d’investir en actions en étant exonérés d’impôts. Selon Jim Rogers, à chaque fois qu’un gouvernement a pris une décision similaire, cela a entraîné une hausse des marchés actions.

La suite de l’article avec ses points de vue sur l’or, les compagnies aériennes ou la dette américaines, c’est ici : Jim Rogers: ses investissements en 2014 | Investir et devenir libre

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[+3]    #14 06/02/2014 20h32

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Je poste une interview que Jim Rogers a eu la gentillesse de m’accorder.
Il revient sur sa philosophie d’investissement, son expérience et aussi sur ses placements du moment.
Et aussi des conseils pour ceux qui veulent réussir leurs investissements.
Jim Rogers interview exclusive: ?Si vous deviez faire seulement 25 investissements dans votre vie, vous deviendrez probablement très très riche? | Investir et devenir libre
Bonne lecture !
Tanguy

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#15 16/11/2014 12h27

Banni
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Jim Rogers: America Is the Largest Debtor Nation in History. Invest in Russia

In this interview it he takes a strongly bullish view of Russia and criticizes US policy towards Ukraine and Russia, which he sees as a disastrous failure, merely driving the Russians and the Chinese closer together.

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#16 14/02/2015 18h21

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Il est intéressant de ressortir aujourd’hui un extrait de cette interview :

Etes-vous en train de dire que lorsqu’un gouvernement prend une mesure contre une tendance, vous devriez vendre à découvert (« you should short », NDLR) juste après le rally qui suit l’annonce de la mesure ?

Exactement. Ceci devrait d’ailleurs être gravé dans l roche – investissez toujours dans le sens inverse de la banque centrale. Quand une banque centrale tente de redynamiser une monnaie, vendez la monnaie à découvert. -

Qu’entendait il par "redynamiser une monnaie"?
Rendre une monnaie plus forte?

Aujourd’hui les banques centrales sont en train de détruire leurs monnaies par des QE.
Comment alors interpréter Jim Rogers dans une telle situation?

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#17 15/02/2015 14h06

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Oui Franckielestore  j’avais la même réflexion que vous en lisant cette partie de l interview.
Je ne suis pas sure d’interpréter correctement les propos Jim Rogers sur cette idée.

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#18 15/02/2015 14h45

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Franckielestore a écrit :

Qu’entendait il par "redynamiser une monnaie"?

Doper sa vélocité, autrement dit relancer le crédit et les investissements.

A cette fin, le meilleur moyen est (1) de ne pas rémunérer les dépôts et (2) de diluer la monnaie, pour l’obliger à sortir et s’investir dans l’économie.

Enfin, en théorie.

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#19 16/02/2015 19h20

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Je ne comprend pas, on investit alors dans le même sens que la BC? On vend la monnaie pour acheter de l’immo, des actions …

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#20 16/02/2015 19h52

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Dioup a écrit :

Je ne comprend pas, on investit alors dans le même sens que la BC? On vend la monnaie pour acheter de l’immo, des actions …

Oui, tant que les taux BC resteront au plancher.

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