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#3501 25/01/2018 16h50

Membre (2013)
Réputation :   185  

InvestisseurHeureux a écrit :

Lionel a écrit :

Par ailleurs, même si ce deal ne m’enchante pas, je le trouve assez brillant de la part de Lampert (ça me rassure quelque part) et c’est toujours mieux qu’un défaut…

Sans vouloir tirer sur l’ambulance, car manifestement vous allez trouver peu de membres pour aller dans votre sens, je ne vois pas ce que vous trouvez brillant ?

Je suis de l’avis de Lionel, je trouve la manœuvre brillante… pour les créanciers (dont il fait partie)! Mais pour les minoritaires non détenteurs de dette, c’est assez déplaisant (du moins de ce que j’en comprends).

Cela n’engage que moi mais jusqu’à présent je trouvais Lampert aligné sur les intérêts des minoritaires et détenteurs d’actions. Le deal Seritage avait certes nécessité de remettre la main au pot, mais on était aux côtés de EL et Berkowitz. La dernière manœuvre ne va à mon goût plus dans ce sens…


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#3502 25/01/2018 16h58

Membre (2013)
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Je ne trouve pas ça particulièrement brillant. Et au contraire, je pense qu’il essaye de sauvegarder le plus longtemps possible les minoritaires. Il aurait pu déclarer BK tout de suite et tout rafler, non ? Au lieu de cela, il orchestre la liquidation hors process faillite et garde des minoritaires avec lui.

Mais bref, tout ceci est bien dommage vu l’espoir placé dans cette action.

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#3503 25/01/2018 17h56

Banni
Réputation :   6  

InvestisseurHeureux a écrit :

Lionel a écrit :

Par ailleurs, même si ce deal ne m’enchante pas, je le trouve assez brillant de la part de Lampert (ça me rassure quelque part) et c’est toujours mieux qu’un défaut…

Sans vouloir tirer sur l’ambulance, car manifestement vous allez trouver peu de membres pour aller dans votre sens, je ne vois pas ce que vous trouvez brillant ?

Sears ne peut simplement pas rembourser ses dettes, donc EL propose de les transformer en convertibles, alors que le cours de Sears est au plus bas ever.

Prochainement, il y aura donc une dilution massive des minoritaires, tandis que lui-même augmentera un peu plus sa main-mise sur ce qui reste de l’entreprise.

Merci
Mais alors devrais-réaliser ma perte? Rester les bras croisés ?

Dernière modification par Lionel (25/01/2018 18h01)

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#3504 25/01/2018 20h30

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Reitner a écrit :

Je ne trouve pas ça particulièrement brillant. Et au contraire, je pense qu’il essaye de sauvegarder le plus longtemps possible les minoritaires. Il aurait pu déclarer BK tout de suite et tout rafler, non ? Au lieu de cela, il orchestre la liquidation hors process faillite et garde des minoritaires avec lui.

Ce n’est pas si évident.

Depuis le début de ce sujet, il y a bcp de spéculation sur les intentions ou les qualités d’EL et Berkowitz. On a vu ce que ça a donné pour Sears Canada, sur lesquels ils étaient également investis et a priori initiés.

Berkowitz en 2016 avait osé parler de "pertes volontaires"…

Il faut se souvenir aussi des titres Sears qui ont été rachetés entre 2005 et 2011, sous le commandement d’EL et pour un total de près de $6 Md à un cours moyen de $103 (source).

Aujourd’hui, il est question de convertir une partir de la dette en actions alors que le cours de Sears cote quasi 30 fois moins qu’au moment des rachats (avec quelques scissions toutefois).

Lionel a écrit :

Mais alors devrais-réaliser ma perte? Rester les bras croisés ?

Je ne peux pas prédire l’avenir, mais renforcer comme vous l’envisagiez initialement relève de la roulette russe, comme vous l’ont indiqué les autres intervenants.

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#3505 25/01/2018 21h56

Banni
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Encore thanks à tous pour les conseils avisés.
Je suis en pleine réflexion. Je vais attendre le rapport annuel et le lire attentivement avant de prendre une décision.

Dernière modification par Lionel (25/01/2018 21h57)

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#3506 25/01/2018 22h25

Membre (2012)
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Ce qui est marrant dans tout ça, c’est que Lampert ose parler de retour à la profitabilité.

"Enhancing Our Liquidity and Accelerating Our Return to Profitability"

Lampert vient de rincer les actionnaires de SHLD, et il continue les discourts sur "débloquer la valeur" ou je ne sais quoi.

Je ne vois pas quelle crédibilité on peut lui donner à présent.
Il va redresser la boite? Super. Mais les actionnaires "historiques" ne seront plus la pour en profiter.

La question que je me pose est la suivante: est il en train de "faire semblant" et de gagner du temps, pour laisser à Seritage le temps de se développer hors Sears?  Sait il que Sears est il déjà mort? Shop your way semble être un fantome (si ça marchait ils communiqueraient dessus)

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#3507 26/01/2018 00h02

Banni
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Les pièces du puzzle nous parviennent au fur et à mesure malheureusement…
En tous cas, à première vue, les actions ont de la valeur et de l’avenir. Sinon quel intérêt à convertir ses propres obligations en actions (il a deja le contrôle) si la banqueroute était envisagée?

Dernière modification par Lionel (26/01/2018 00h12)

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#3508 26/01/2018 00h48

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Lionel a écrit :

En tous cas, à première vue, les actions ont de la valeur et de l’avenir.

Quand il procédait à 6Mds de dollars de rachats d’actions en 2005-2010 à un cours moyen supérieur à 100$, on pouvait aussi se dire ça oui…

Peut-être devriez vous demander conseil à ceux qui vous ont conseillé d’acheter du SHLD ?

Dernière modification par Geronimo (26/01/2018 00h54)

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#3509 26/01/2018 01h02

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Lionel a écrit :

Les pièces du puzzle nous parviennent au fur et à mesure malheureusement…
En tous cas, à première vue, les actions ont de la valeur et de l’avenir. Sinon quel intérêt à convertir ses propres obligations en actions (il a deja le contrôle) si la banqueroute était envisagée?

Une armée, même battue, organise sa retraite…peut être cherche -t-il simplement à gagner du temps. Si faillite, vu le bilan de Sears les obligations valent 0 et les actions valent 0. Convertir ressemble à un :Pile je gagne(Du temps, ou de l’argent si Sears se redresse…) face je ne perds pas plus que ce que j’aurais perdu si faillite. Peut être son passé d’arbitragiste qui ressort…


Dear Optimist, Pessimist and Realist. While you were arguing about the glass of water. I drank it. -The opportunist

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[+13]    #3510 26/01/2018 04h28

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Dans une certaine mesure, vous avez peut-être raison, GreenLock, mais à mon avis il y a une (ou plusieurs) subtilité(s) dans la conversion de dettes proposée par Sears : l’échange ne concerne pas seulement des titres non-sécurisés, mais aussi des titres sécurisés.

Que se passe-t-il lorsque des titres sécurisés sont convertis en actions ? Les actifs qui garantissaient les titres de dette sont libérés, ce qui augmente la valeur liquidative des actions… à moins qu’ils ne soient mobilisés au bénéfice du prêteur en dernier ressort : Eddie Lampert.

Pour illustrer ce mécanisme, prenons un exemple théorique très simple :

1) L’Entreprise Entourloupe a 100€ d’actifs (c’est leur valeur de marché et valeur comptable), financés par 40€ de capital (10 actions au total) et 60€ de dettes non sécurisées (obligations non garanties). En cas de liquidation, on repaie d’abord les créditeurs (60€), puis les actionnaires se partagent la valeur résiduelle des actifs mis en liquidation, donc 40€. La valeur liquidative des actions Entourloupe est donc 40€ / 10 = 4€ / action.

2) Imaginons maintenant que l’on propose aux détenteurs d’obligations non garanties une conversion complète en actions, et qu’ils l’acceptent. L’impact sur les actionnaires initiaux va dépendre des termes de la conversion :
a) Si la conversion se fait à un prix de 4€ par action, on convertit les 60€ de dettes en 15 actions, il y a désormais 25 actions au total : la valeur liquidative des actions détenues par les actionnaires initiaux demeure 4€ / action (même s’ils ne détiennent plus que 40% du capital).
b) Si la conversion se fait à un prix de 2€ par action, on convertit les 60€ de dettes en 30 actions, il y a désormais 40 actions au total : la valeur liquidative des actions détenues par les actionnaires initiaux tombe à 100€ / 40 = 2.5€ par action (ils ne détiennent plus que 25% du capital).

3) Autre scénario : Imaginons que l’Entreprise Entourloupe est financée par 40€ de capital, 40€ d’obligations non garanties et 20€ d’obligations garanties par des actifs de l’entreprise :
- Si les 20€ d’obligations garanties sont garanties par 20€ d’actifs, la valeur liquidative des actions demeure 40€ soit 4€ / action : les détenteurs d’obligations garanties récupèrent les 20€ d’actifs fournis en garantie, puis les détenteurs d’obligations non garanties sont payés sur la liquidation de 40€ d’actifs, et enfin les actionnaires se payent sur la liquidation des actifs résiduels (40€).
- Si les 20€ d’obligations garanties sont garanties par 40€ d’actifs (soit une décote de 50%, justifiée par l’incertitude sur la valeur réelle des actifs), la valeur liquidative des actions tombe à 20€ soit 2€ / action : les détenteurs d’obligations garanties récupèrent les 40€ d’actifs fournis en garantie, puis les détenteurs d’obligations non garanties sont payés sur la liquidation de 40€ d’actifs, et enfin les actionnaires se payent sur la liquidation des actifs résiduels (20€), en faisant l’hypothèse (audacieuse) qu’on réussit à vendre les actifs à leur valeur comptable.

4) Imaginons maintenant, à partir de la situation 3)b), que l’on propose à la fois aux détenteurs d’obligations garanties et non garanties une conversion complète en actions (on se rapproche du scénario de Sears). Si l’échange réussit, les 40€ d’actifs qui avaient fournis en garantie aux détenteurs d’obligations garanties sont libérés, ce qui augmente la valeur liquidative des actions :
- En supposant que la conversion de toutes les dettes (garanties et non garanties) se fait sur la base d’un prix de 2€ par action, (40+20)/2 = 30 nouvelles actions sont créées, ce qui certes dilue les actionnaires initiaux dont la part du capital passe à 10/40 = 25%, mais augmente (par rapport à la situation 3)b)) la valeur liquidative de leurs actions à 2.5€ / action, grâce à la "libération" des actifs qui avaient été fournis en garantie. (on se retrouve dans la situation 2)b)).

5) Imaginons maintenant que l’entreprise Entourloupe (toujours 100€ d’actifs) est financée par 40€ de capital, 30€ d’obligations non garanties, 20€ d’obligations garanties (sécurisées par 40€ d’actifs soit une décote) et 10€ de prêts bilatéraux "en dernier ressort", sécurisés par 20€ d’actifs (c’est le cas de Sears aujourd’hui : Lampert / ses fonds prêtent de façon sécurisée à Sears, à des taux très élevés et sans doute des décotes également élevées sur les actifs pris en garantie). L’entreprise propose une conversion complète en actions aux détenteurs d’obligations et non garanties.
- Avant la conversion, et en faisant l’hypothèse audacieuse que les actifs seront liquidés à leur valeur comptable, la valeur liquidative des actions est 100€ - 20€ (actifs pris par le prêteur en dernier ressort) - 40€ (actifs pris par les détenteurs d’obligations garanties) - 30€ (paiement des détenteurs d’obligations non garanties) = 10€, soit 1€ / action.
- Après la conversion (à un prix de disons 2€ par action) : il y a (30€ + 20€) / 2 = 25 nouvelles actions, soit 35 actions au total. Leur valeur liquidative est 100€ - 20€ (actifs pris par le prêteur en dernier ressort) = 80€, soit 80€ / 35 = 2.28€ / action, soit une nette hausse.
- Désormais le prêteur en dernier ressort a accès aux 40€ d’actifs qui ont été libérés par la conversion des obligations garantie. Supposons que la liquidité d’Entourloupe continue à se dégrader, et qu’après la conversion, le prêteur en dernier ressort doit augmenter ses prêts sécurisés à Entourloupe, passant de 10€ à 30€, toujours avec une décote de 50%, soit 60€ d’actifs pris en garantie. La valeur liquidative des actions passe alors à 100€ - 60€ = 40€, soit 40€ / 35 = 1.14€ / action : on reste au dessus-du niveau avant conversion, mais surtout le prêteur en dernier ressort a réussi à "capter" davantage d’actifs d’Entourloupe. Et si les prêts en dernier ressort continuent à augmenter, la valeur liquidative des actions peut passer en-dessous de 1€ / action (niveau avant conversion), mais le prêteur en dernier ressort, lui, capte toujours davantage la valeur réelle d’Entourloupe : ses actifs "liquidables".

Dans le cas de Sears, le prêteur en dernier ressort est aussi actionnaire et manager : il s’appelle Eddie Lampert, et je ne pense pas prendre de risques en disant qu’il a dû calculer sa "valeur de sortie" dans tous les scénarios, et il en a conclu que la conversion proposée des dettes était à son avantage (comme dans l’exemple théorique ci-dessus). Il a le contrôle sur la valorisation des actifs, le niveau des prêts en dernier ressort accordés à Entourloupe  Sears, le choix des actifs mobilisés en garantie, les décotes appliquées. Ni les actifs mobilisés en garantie pour ces prêts, ni les décotes appliquées ne sont publiées, à ma connaissance.

A mon sens, prendre position aujourd’hui sur Sears, c’est un peu comme accepter une invitation de Tony Soprano à une partie de poker avec lui dans son charmant cottage isolé, au bord du lac, en lui laissant la sélection de ses cartes, des vôtres, le choix des boissons et de la température de la salle, le tout sous le regard bienveillant d’Igor, son garde du corps de 130 kg, et de sa batte de baseball. Je ne dis pas que c’est impossible de gagner, mais disons qu’il faut un certain niveau de confiance.

Plus sérieusement, pour prendre position sur Sears aujourd’hui, il faut à mon avis pouvoir répondre positivement, avec un niveau de confiance suffisant, aux 2 questions suivantes :
1) Sears va-t-elle réussir sa "transformation" ?
2) Les intérêts des actionnaires minoritaires sont-ils aujourd’hui alignés (en tout cas au moins partiellement) avec ceux de l’actionnaire majoritaire, manager, détenteur d’obligations, et prêteur en dernier ressort, Eddie Lampert (et ses fonds) ?

C’est une erreur fondamentale à mon avis de s’engager sur Sears en n’étudiant que la première question.


De loin, Sears ressemble quand même beaucoup à une lessiveuse, qui aura rincé, vague après vague, les actionnaires minoritaires, attirés par la seule réputation de Lampert. Perso, je lui ferais plus confiance pour optimiser ses intérêts dans tous les scénarios que pour redresser Sears ou préserver les intérêts des minoritaires.

Dernière modification par Scipion8 (26/01/2018 04h52)

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#3511 26/01/2018 09h05

Membre (2013)
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Merci Scipion8 pour cette vulgarisation. J’ai une question, selon vous, pourquoi Eddie Lampert ne déclarte-t-il pas banqueroute ? Pas besoin de s’embêter à laisser des miettes aux minoritaires comme cela, non ? Bref, qu’en pensez-vous ?

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#3512 26/01/2018 09h42

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Scipion8 a écrit :

Dans le cas de Sears, le prêteur en dernier ressort est aussi actionnaire et manager : il s’appelle Eddie Lampert

C’est même encore plus compliqué que cela, puisqu’EL est actionnaire de la foncière Seritage qui détient aussi un patrimoine immobilier avec une valeur potentiellement significative, mais majoritairement loué à Sears et qui nécessite d’être redéveloppé pour prendre toute sa valeur.

Donc dépatouiller les intérêts des uns et des autres dans tout ce smilblick…

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#3513 26/01/2018 09h43

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Reitner a écrit :

J’ai une question, selon vous, pourquoi Eddie Lampert ne déclarte-t-il pas banqueroute ? Pas besoin de s’embêter à laisser des miettes aux minoritaires comme cela, non ? Bref, qu’en pensez-vous ?

Tout dépend si vous pensez à une banqueroute chapitre 7 ou chapitre 11.

Là pour l’instant il organise lui même la banqueroute chapitre 11 sans avoir besoin de la supervision d’un juge.

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#3514 26/01/2018 12h06

Banni
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Merci beaucoup scipion8
Vos explications sont très instructives et votre capacité à synthétiser une situation aussi complexe est impressionnante.
En revanche, je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que la question 2 n’est plus aussi critique si la transformation (question 1) réussie, étant donné les profits qui en résulteraient vs le niveau de capitalisation actuel (les ratios des entreprises digitales sont très élevés).

Dernière modification par Lionel (26/01/2018 12h20)

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[+1]    #3515 26/01/2018 13h08

Membre (2014)
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Pryx a écrit :

Lampert propose aux créanciers d’échanger des obligations 1- due en 2018 contre des obligations convertibles en action due 2019 (200 actions / 1000$ de pair). Le coupon pourra être payé en action c’est ce que je comprends par l’expression "with interest on such notes to be payable in kind at the Company’s option"

Non, le "Payment In Kind" (PIK) est le paiement de coupons d’obligations par émission d’autres obligations identiques.
Il y a un fort parallèle avec le paiement de dividende en actions.
C’est typiquement utilisé par des entreprises en difficulté, puisque normalement tout l’intérêt des obligations est d’être (raisonnablement) sûr de recevoir des espèces sonnantes et trébuchantes.

Je ne recommande certainement pas d’acheter SHLD (actions/options/obligations).
Mais il me semble que la dilution n’est un problème que si l’entreprise survit… et qu’elle est sans doute aussi une condition de la survie de l’entreprise.

Quant à s’aligner sur Lampert : il est impossible d’avoir exactement la même répartition que lui, mais certaines obligations SHLD se transigent bien, notamment les 8% à échéance 2019. Si ça en intéresse certains !

J’ai des options SHLD (hors la monnaie et qui expireront sans doute à 0 !) et des obligations.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

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#3516 26/01/2018 13h24

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namo a écrit :

mais certaines obligations SHLD se transigent bien, notamment les 8% à échéance 2019. Si ça en intéresse certains !.

Si c’est in fine pour la conversion en actions, mieux vaut acheter directement des actions à 2.78$…

Edit : que dis-je, 2,49$ !

Dernière modification par Geronimo (26/01/2018 20h39)

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#3517 26/01/2018 16h32

Membre (2013)
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Bonjour Namo,

Retour précieux sur la traduction (+1).
Toutefois si c’est pour être payé en obligation elle même convertible, à l’échéance cela revient à être payé en action, mais votre précision est intéressante.

Concernant SHLD, de ce que je comprends c’est que les obligations seront convertibles A L’ECHEANCE.
Vous avez raison de préciser que si il y a dilution c’est bien à l’ECHEANCE, donc si l’entreprise survit jusque là ET que son cours de bourse soit supérieure au prix de la conversion.

Sauf si elle dépasse 10$ entre temps j’imagine et dans ce cas il y a aura remboursement anticipé, mais dilution pareil.

Finalement, c’est pour les minoritaires une nouvelle intéressante, car soit l’entreprise va très mal et dans ce cas il n’y aura pas de dilution, et chacun prend sa perte lors de liquidation;

Soit l’entreprise vivote jusqu’à l’échéance et c’est remboursé en cash voir en action si c’est intéressant.

Soit l’entreprise se relève telle un phoenix et dans ce cas, les minoritaires sont dilués mais finalement c’est un gain assez inattendu puisque très improbable donc ca restera une bonne nouvelle.

Si on se place du coté de Lampert.
Pourquoi faire ce genre de manip si il sait que l’entreprise est morte ou en soins intensif voire paliatif.

Si il fait cela c’est qu’il croit vraiment à la renaissance d’un phoenix et qu’il compte bien en profiter, et finalement cela parait légitime, puisque sans son argent frais depuis 2 ans  voire plus qu’il prête certes avec un taux important mais finalement il prête alors que personne n’oserait le faire. C’est donc lui qui fait "survivre" la boutique.
Cette dilution ressemble plus à une prime pour sa témérité.

C’est donc un signal que je trouve fort (si on accorde un once de rationalité à Lampert).

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#3518 26/01/2018 18h32

Banni
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GreenLock a écrit :

Si faillite, vu le bilan de Sears les obligations valent 0 et les actions valent 0. Convertir ressemble à un :Pile je gagne(Du temps, ou de l’argent si Sears se redresse…) face je ne perds pas plus que ce que j’aurais perdu si faillite. Peut être son passé d’arbitragiste qui ressort…

Il me semble que les créanciers récupèrent une partie de la valeur résiduelle en priorité sur les actionnaires en cas de banqueroute.

Dernière modification par Lionel (26/01/2018 18h33)

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[+2]    #3519 26/01/2018 19h16

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Reitner a écrit :

J’ai une question, selon vous, pourquoi Eddie Lampert ne déclarte-t-il pas banqueroute ? Pas besoin de s’embêter à laisser des miettes aux minoritaires comme cela, non ? Bref, qu’en pensez-vous ?

D’abord un avertissement : Sears n’est pas du tout le genre d’entreprise qui m’intéresse pour mes investissements boursiers (même il y a quelques années quand sa situation n’était pas aussi dramatique), donc je suis son évolution de loin, et je ne prétends pas bien connaître le dossier, particulièrement compliqué. Par mon travail, j’ai l’habitude des problèmes de liquidité des banques, et des prêts en dernier ressort (je conseille des banques centrales notamment sur la mise en oeuvre de solutions de prêt en dernier ressort : Emergency Liquidity Assistance, ELA = apport de liquidité d’urgence). Sears traverse de gros problèmes de liquidité, qui présentent des similarités avec les situations, qui me sont familières, de banques en difficulté de liquidité.

Depuis quelque temps, Sears ne survit que grâce à des prêts collatéralisés (à taux élevés) par Eddie Lampert ou ses fonds. On peut considérer qu’en dehors de ces prêts par son CEO et actionnaire, Sears a perdu accès au marché : ces prêts peuvent donc être considérés comme des prêts en dernier ressort.

Quand une banque centrale met en oeuvre sa fonction de prêteur en dernier ressort (et si elle le fait de façon intelligente, suivant les bonnes pratiques qu’on essaie de diffuser dans le monde), elle doit se retrouver, du point de vue financier, dans un pari du type "pile, je gagne ; face, t*u perds". Une banque centrale fournissant de la liquidité d’urgence à une banque en difficulté doit se prémunir contre des pertes dans les 2 principaux scénarios :

- si l’apport de liquidité d’urgence aide à sauver la banque, cela doit être une opération lucrative pour la banque centrale : les taux appliqués à l’ELA sont beaucoup plus élevés que ceux d’opérations normales de politique  monétaire ;

- si la banque ne peut être sauvée, la banque centrale doit pouvoir éviter toute perte (et même faire un profit) si elle a pris suffisamment d’actifs de la banque en garantie (notamment tous les actifs de bonne qualité) et si elle leur a appliqué des décotes très conservatrices. Evidemment, quand la banque centrale capte tous les actifs de bonne qualité comme collatéral, la valeur liquidative des créances non garanties et des actions chute de façon brutale (quasiment à zéro, en général) - ce qui explique la grande discrétion des banques centrales quand elles doivent fournir de l’ELA : la banque centrale maintient généralement une stricte confidentialité sur le fait qu’elle fournit de l’ELA à une banque, sur le montant de l’ELA, et a fortiori sur le collatéral qu’on a obligé la banque à fournir, et sur les décotes imposées.

A ma connaissance les banques centrales de la zone euro ont évité toutes pertes sur leurs opérations d’ELA pendant la crise, grâce à l’application de ces bonnes pratiques.

J’ai tendance à penser que Lampert applique les mêmes principes lorsqu’il accorde des prêts collatéralisés à Sears - à la limite, il est possible qu’il ait calibré le collatéral et les décotes de façon à être dans une situation de quasi indifférence :

- Scénario 1: si Sears se rétablit, évidemment il gagnera beaucoup par les actions qu’il détient ;

- Scénario 2: si Sears fait faillite, il pourra bénéficier avant tous les autres créanciers (et a fortiori les actionnaires) de la liquidation des actifs de bonne qualité de Sears, s’il s’est débrouillé pour les avoir comme collatéral de ses prêts en dernier ressort : évidemment, être des 2 côtés de la transaction doit bien aider pour cela (pour une banque centrale fournissant de l’ELA, c’est un peu différent, on ne laisse pas le choix à la banque, on lui fait immédiatement signer un document qui l’oblige légalement à se plier à toutes les demandes de la banque centrale, notamment sur les actifs devant être mobilisés comme collatéral).

Le secret entretenu sur le collatéral mobilisé et les décotes appliquées, la conversion proposée des obligations garanties (libérant des actifs sans doute de bonne qualité), me font penser que Lampert a mis en place une stratégie de "captation" des actifs de bonne qualité de Sears (à l’image de ce que je recommande aux banques centrales de faire pour l’ELA, pour sauvegarder les deniers publics), d’"extraction" de la valeur.

Outre le collatéral, l’extraction de la valeur de Sears par Lampert - de façon totalement opaque - se fait aussi par les taux très élevés de ses prêts à Sears, et peut-être aussi par sa rémunération comme CEO (mais si j’ai bien compris, il se fait rémunérer en actions, donc ce dernier point est plus incertain).

2 raisons plausibles pour lesquelles Lampert ne précipite pas la banqueroute (pour en venir précisément à votre question, Reitner) :
1) peut-être considère-t-il que le Scénario 1 (le rétablissement de Sears) n’a pas une probabilité assez faible pour déclarer immédiatement la faillite : pourquoi se priver de cet upside potentiel ?
2) plus le temps passe, plus Lampert doit pouvoir extraire de la valeur de Sears (diminuant ainsi la valeur liquidative des autres créditeurs et actionnaires) ; il est possible que la conversion des obligations garanties et non garanties en actions soit un élément de cette stratégie d’extraction de la valeur. Donc il est sans doute profitable pour Lampert de repousser la matérialisation du Scénario 2.

Evidemment, je peux me tromper, mais il y a quand même beaucoup d’éléments troublants laissant penser que les minoritaires ne sont pas dans une situation avantageuse (euphémisme). D’ailleurs je m’étonne que la SEC n’impose pas à Sears une plus grande transparence sur ses actifs mobilisés comme collatéral - une information clairement critique pour tout actionnaire et créditeur de Sears.

Lionel a écrit :

j’ai l’impression que la question 2 n’est plus aussi critique si la transformation (question 1) réussie, étant donné les profits qui en résulteraient vs le niveau de capitalisation actuel (les ratios des entreprises digitales sont très élevés).

Quand on applique des multiples de valorisation (PER, VE/EBITDA etc.), on applique en fait de façon indirecte la méthode des DCF (Discounted Cash-Flows). Cette méthode de valorisation fondamentale suppose un horizon long (voire infini), sur lequel on estime la capacité d’une entreprise à générer des profits ou des dividendes.

Dans des pays à faible taux d’intérêt (comme les USA ou l’Europe, particulièrement en ce moment), la "valeur terminale" de la valorisation DCF (la part de la valeur de l’entreprise qui repose sur des projections à long terme) est particulièrement importante.

C’est pourquoi il est inapproprié, à mon avis, d’utiliser des multiples de valorisation classiques pour évaluer Sears - une entreprise qui fait face à une situation de liquidité désespérée critique et qui, par conséquent, présente un risque de faillite à court terme très élevé.

A la limite, on pourrait théoriquement appliquer des multiples de valorisation sectoriels à Sears, et réduire la valeur théorique ainsi établie par une "décote d’illiquidité" (50% ? 60% ? plus ?). Mais ce n’est sans doute pas une très bonne idée.

A mon sens, la seule façon sérieuse d’évaluer Sears dans les circonstances actuelles est une approche d’évaluation de la valeur de liquidation des actifs disponibles (c’est-à-dire non mobilisés comme collatéral dans des obligations garanties ou dans les prêts collatéralisés octroyés par Lampert). Malheureusement l’information nécessaire pour ce faire (l’identité et la valorisation "fidèle" des actifs mobilisés ou au contraire disponibles) n’est pas disponible publiquement, à ma connaissance. (En revanche, Lampert, lui, peut effectuer cette évaluation de Sears, car il a toute l’info.)

Comme mentionné par IH, toute tentative de valorisation est rendue encore plus difficile par la structure complexe du groupe.

Plus fondamentalement, quand on évalue une entreprise, il faut à mon sens bien distinguer 3 choses (c’est une distinction classique pour les banques, mais je pense qu’il est bon d’y réfléchir aussi pour des entreprises industrielles) :
1) la solvabilité: le capital est-il suffisant pour absorber les pertes sur les actifs ? Si ce n’est pas le cas, un recours à des augmentations de capital est probable, diluant les actionnaires existants ;
2) la liquidité : l’entreprise a-t-elle le cash et/ou les actifs liquides nécessaires pour faire face à ses obligations de paiement ?
3) la profitabilité : l’entreprise génère-t-elle structurellement des bénéfices ?

Il faut bien comprendre qu’une banque (ou autre entreprise), même solvable, même profitable, peut parfaitement périr d’un problème de liquidité. Un exemple théorique simple : une banque bien capitalisée (capital = 10M€), profitable, détenant pour seuls actifs des biens immobiliers d’excellente qualité, mais très illiquides, d’une valeur de 100M€, qu’elle finance par des dépôts de 90M€, peut périr immédiatement d’un simple retrait de dépôts de 1M€, car elle n’a pas le cash ou les actifs liquides pour y faire face.

(Evidemment, je simplifie et je caricature : dans la pratique, une banque solvable et profitable doit a priori avoir accès au marché pour se financer, donc être liquide. Donc les 3 dimensions ne sont pas décorrélées, même si cela peut arriver notamment en périodes de crise sur les marchés.)

Aujourd’hui, le risque essentiel pour Sears est un risque de liquidité : c’est le risque de la "mort subite". Quand on parle de "transformation", on parle d’un processus d’amélioration graduelle de la profitabilité et de la qualité des actifs (donc de la solvabilité) - mais même si cela réussit (ce qui est incertain), cela ne protège pas Sears des risques à court terme sur sa liquidité.

Dernière modification par Scipion8 (26/01/2018 19h27)

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#3520 27/01/2018 20h10

Banni
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Scipion8,
En appliquant un ratio de 7 (entreprise rentable mais sans plus et sans perspective de croissance), la capitalisation actuelle équivaudrait à des profits d’environ 40 M$. À mettre au regard de revenus autour de 10 000 M$ (soit une marge ridicule < 0.5%).
Donc clairement, si la partie retail de Sears redevient profitable avec son nouveau modèle CAPEX light , c’est un potentiel multi-bagger au cours actuel.

Autre chose: actuellement j’ai l’opportunité d’abaisser mon PRU d’environ 75% (15.5€ à 4€). En face, le niveau de dilution maximum potentiel représente environ -65%. Par ailleurs cette dilution est une excellente nouvelle pour la société elle meme car elle permettra de réduire significativement la dette financière, ameliorant ainsi la santé financière de l’entreprise. J’ai quand même le sentiment, que ceux qui croient en l’avenir de Sears et qui peuvent espérer réduire leur PRU de beaucoup plus de 65%, devraient arbitrer en faveur d’un renforcement. Il devient de plus en plus évident que Lampert empêchera Sears de faire faillite et que la situation opérationnelle se dégrade de moins en moins (d’ailleurs le % SGA et le % GM ont commencé à aller tous les deux dans le bon sens fin 3T17 pour la première fois depuis 5 ans).

Dernière modification par Lionel (28/01/2018 00h57)

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[+5]    #3521 28/01/2018 05h14

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Bonjour Lionel,

"Les opinions sont comme des clous ; plus on tape dessus, plus on les enfonce." (Alexandre Dumas)

Je ne vais donc pas essayer de vous contredire. D’autres que moi ici connaissent bien mieux le dossier Sears que moi et vous ont déjà fourni (depuis décembre 2016, j’ai remonté la file) des conseils de bon sens (Geronimo, PoliticalAnimal et autres).

Je me contenterai donc de soumettre à votre réflexion quelques considérations ayant trait notamment aux biais psychologiques dans l’investissement boursier :

1) La "transformation" de Sears, on en parle depuis longtemps ; ceux qui ont investi sur cette promesse l’attendent toujours, tout en accumulant leurs pertes. Je ne vois pas quel nouvel élément déterminant changerait la dynamique très négative dans laquelle Sears est engagée.

2) Convertir ses dettes en actions ou en dettes à plus longue maturité, ce n’est jamais très bon signe. Cela signifie généralement que l’entreprise a un problème de liquidité grave : c’est le cas de Sears.

3) Les marchés boursiers actuels sont très porteurs pour la prise de risque : aux niveaux de valorisation actuels (notamment aux USA), les investisseurs professionnels sont à l’affût des rares "bonnes affaires", notamment des entreprises en recovery. Manifestement, Sears n’est pas perçue par les professionnels comme un dossier valide de recovery : à ma connaissance, on ne voit pas de fonds professionnels rentrer sur ce dossier, alors qu’ils pourraient être attirés par la chute du prix de l’action. C’est un signal d’alerte qu’un investisseur amateur devrait prendre en compte, à mon avis, particulièrement sur un dossier aussi complexe.

4) Prendre des décisions d’investissement sur la base du PRU est un biais psychologique bien connu, et une erreur fondamentale. Des petites voix vous disent manifestement deux choses : (a) "tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu", et (b) "il y a une opportunité de faire baisser significativement mon PRU". Ces deux idées fausses mènent beaucoup d’investisseurs amateurs à des pertes importantes, en renforçant sans cesse une position qui plonge dans l’abîme (car, oui, une entreprise ça peut disparaître, et Sears me semble, personnellement, sur cette voie). Pour contrer ces biais psychologiques, je vous conseille un exercice mental très simple : considérez que votre position sur Sears est close, reconnaissez que vous avez fait une perte (c’est bien le cas, comptablement), et faites le deuil de cette perte ; ensuite, regardez le dossier d’un oeil neuf, et décidez si vous voulez investir dessus, et si oui, à quel niveau ; comparez ce niveau à votre position actuelle (importante dans l’absolu) et ajustez-la en conséquence.

5) Vous avez déjà pris position sur le succès de la "transformation", il n’est pas besoin à mon avis de renforcer votre position déjà importante. Si vous faites une plus-value par rapport aux cours actuels (ce qui me semble difficile), je serai le premier à m’en réjouir pour vous et à vous féliciter ici. Mais à mon avis, vous êtes dans la situation d’un spectateur qui continue à regarder le film dans la salle de cinéma, alors qu’elle se remplit de fumée, les flammes commencent à l’envahir, et la plupart des autres spectateurs sont déjà sortis. Conserver votre position, c’est déjà accorder beaucoup de confiance à Sears et Lampert.

6) Je sais que vous n’avez investi que de l’argent dont vous n’avez pas directement besoin, mais pour une position aussi risquée que Sears, je vous conseille de limiter votre exposition à 5% du portefeuille (pour moi, ce serait plutôt 1%, étant d’un naturel prudent).

7) Si j’ai bien compris votre profil, vous êtes jeune et investisseur débutant. A votre place, je considèrerais les pertes sur Sears comme un coût de formation, j’essaierais d’en tirer de bonnes leçons (relisez les conseils de bon sens que d’autres que moi vous ont donné depuis décembre 2016), et je passerais à autre chose : même aux niveaux élevés de valorisation, il y a plein d’autres dossiers où vous pourriez à la fois apprendre, vous "divertir" et, idéalement, gagner de l’argent. Si vous aimez l’investissement value, JeromeLeivrek, par exemple, a un blog intéressant. Il faut éviter de se faire "hypnotiser" par un dossier, en oubliant qu’il y a plein d’opportunités plus intéressantes pour apprendre et gagner de l’argent.

Dernière modification par Scipion8 (28/01/2018 06h57)

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[+1]    #3522 29/01/2018 01h05

Banni
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Scipion8
Merci sincèrement pour le temps que vous prenez pour répondre et partager vos compétences ici.
Je vais peut être vous surprendre, mais je suis d’accord avec 100% de ce que vous dites. Il existe de nombreux biais dans la démarche d’investissement boursier et j’en ai certainement beaucoup en tant que débutant depuis bientôt 2 ans.
je comprend aussi que mon propos puisse surprendre dans un contexte de chaos boursier. Mais voilà, l’evolution du cours en Bourse de Sears ne m’inquiète pas vraiment (je vois ça simplement comme l’effet des ventes d’actions de personnes qui ne souhaitent plus etre actionnaires de Sears et de celles qui souhaitent plus généralement sortir de cette industrie en crise) et la situation de Sears est très critique depuis plusieurs années (y compris quand j’ai investis). Ce que je retiens depuis la sortie du Q3 c’est 2 choses: une stabilisation des metrics opérationnels que je suis (en particulier %GM, %SGA, Revenu/store) d’une part, et une réduction de la dette financière d’autre part (en contrepartie de cette fameuse dilution). Je suis également conscient que Sears, ce n’est pas que du retail, car elle possède beaucoup d’autres d’actifs que ses boutiques. Donc j’essaye d’être le plus rationnel possible en m’appuyant sur les éléments concrets en ma possession pour pouvoir prendre des décisions que je pourrai assumer.
Je me trompe peut-être, mais peut-être pas. Qui sait? Et s’il était certain que Sears fera faillite alors la Bourse serait vraiment trop facile. Il suffirait de shorter tous les boites avec beaucoup de dettes, pas de profits, un chiffre d’affaires qui décline et un financement par émission d’actions pour devenir riche.
Concernant l’avis des professionnels, je ne m’y attarde guère, il semblerait que les fonds ne puissent pas toujours acheter ce qu’ils veulent (contraintes de fonctionnement et externes,…)….
Bon je croise les droits quand même et attend le rapport annuel avec impatience (à sortir en avril comme l’année dernière?)
Merci en tous cas pour vos inputs vraiment très instructifs.

PS: Pour info, ci-dessous une check-list qui me sert à identifier les sociétés à éviter. Sears ne remplit pas la majorité des critères selon moi:

1. C’est une IPO ou la société est jeune (on peut légitimement se questionner sur la solidité et la pérennité de son business model)
   
2. Je ne comprends pas bien les produits et services que proposent l’entreprise ou comment elle les vend
   
3. Le besoin pour les produits ou services qu’elle vend peut disparaître
   
4. Une société qui réalise plus de 25% de son chiffre d’affaires avec un seul client
   
5. Assèchement du carnet de commande (backlog)
   
6. La marge nette de la société est en forte baisse.
   
7. Le business comprend des risques géopolitiques (siège social, dirigeants, entités opérationnelles sont situés dans un pays les actionnaires n’ont pas de droits), est soumis à une réglementation contraignante ou l’environnement syndical est litigieux
   
8. Le business repose sur les épaules de quelques personnes (quid en cas de départ de ce personnel clé?)
   
9. Le prix est trop élevé: prix très supérieur à son plus bas historique, PB (ou PTB) > 1.5, PER (ou P/FCF)> 15, VE/EBITDA>6 (ou VE/(EBITDA-CAPEX) > 10)
   
10. Une dette élevée (ou qui augmente progressivement) ou mal structurée (échéances de remboursement rapprochée)
   
11. Il n’y a pas beaucoup  de cash qui rentre au bilan
   
12. Il n’y a pas d’actions planifiées par l’entreprise pour maintenir ou améliorer ses marges bénéficiaires
   
13. CA/Stock (rotation des stocks) plus faible que ses concurrents (un stock qui ne tourne pas ne génère pas de revenus)
   
14. CA/Créances plus faible que ses concurrents (l’entreprise n’arrive pas à encaisser l’argent issu de ses ventes)
   
15. Mauvaise gestion opérationnelle (hausse du BFR)
   
16. Non maitrise des coûts  (hausse des SG&A)
   
17. Un secteur cyclique en haut de cycle (PER apparait souvent très bas et le ROE très haut)
   
18. Le management n’a pas de  participation significative dans le business (pas d’alignement de leurs intérêts avec ceux des actionnaires minoritaires) ou vend régulièrement ses actions
   
19. Les initiés vendent de gros blocs d’actions.
   
20. L’entreprise procède à des acquisitions douteuses qui n’ont pas de liens directs avec son principal secteur d’affaires.
   
21. Pas de retour aux actionnaires (absence de réserve d’actions et pas de versement de dividendes)
   
22. Accroissement constant du nombre d’actions en circulation (l’entreprise se finance par émissions d’actions ou il y a beaucoup d’instruments convertibles en actions: options, actions privilégiées, obligations, warrants).
   
23. Un plan de pension déficitaire (fair value of plan assets at end of year < projected benefit obligation) => ne contient pas suffisamment d’actifs pour assurer le paiement futur des pensions aux salariés (engagements)
   
24. Il y a déjà eu des dépréciations (impairment) du goodwill (les acquisitions auraient donc été historiquement réalisées à des prix trop élevés)
   
25. Le volume de transaction journalier moyen est faible (une liquidité de 10 fois le montant de votre transaction, ainsi si vous investissez pour un montant de 1000€, la liquidité moyenne journalière doit-être au moins de 10 000€).

Dernière modification par Lionel (29/01/2018 01h27)

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[+1]    #3523 29/01/2018 12h38

Membre (2013)
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Bonjour Lionel;

Je suis moi même actionnaire de SEARS et j’espère que SEARS va s’en sortir, toutefois… selon vos propres critères :

1) OK SEARS est centenaire, mais bon que penser de sa transformation, c’est finalement une nouvelle boite ? (SYW par exemple ou des sommes folles sont englouties). Soyons gentils et disons que ce critère est validé.

2) Pas validé, pouvez-vous me décrire en détail les activités ?

3) Pas validé, le besoin de disparaitra pas, mais la façon de les consommer peut-être

4) Validé, on est dans le retail, même si ce critère est pertinent, il n’est pas forcément le plus sensible. Si le MOAT existe et que le client est fiable.

5) Pas validé, ici on s’apparente plus à un exode des clients

6) Pas Validé au carré

7) Pas validé, pensez-vous serieusement que seule la géopolitique vous prive de vos droits ? l’intégrité des dirigeants est plus importante.

8) Pas validé

9) Non applicable, critère trop limitatif et peu pertinent selon moi

10) Sans commentaire, pas validé

11) Sans commentaire, pas validé

12) Pas validé, avez vous un plan détaillé sous la main ?

13) Pas validé, les stocks augmentent au regard du CA selon mes dernières lectures, à regarder sur long terme plutot que sur un seul trimestre

14) Pas vraiment applicable dans le retail ou les gens payent comptant (Content ? smile )

15) Pas validé, je vous rappele que le retail est censé être à BFR négatif !

16) Pas validé, le CA baisse plus vite que ne baisse les SGA, j’ai écris la dessus je pense que c’est lié à la transformation, mais c’est un fait, pour l’instant on est trop haut !

17) Non applicable sur vos seuls critères, mais on peut dire que c’est cyclique, donc pas Validé

18) Pas validé, le management est plus créanciers qu’actionnaires actuellement.

19) Berkovitz vend, il a été au board, qu’en penser ?

20) Pas vraiment applicable, mais bon le business SYW est-ce vraiment une bonne idée ?

21) Sans commentaire, pas validé

22) Sans commentaire, pas validé, paiement du CEO en actions, dilution à venir…

23) Pas validé

24) Pas validé

25) Ok c’est pas une nanocap illiquide, mais bon est-ce bien un critère !

A mon sens revoyer avec un esprit critique si Sears est toujours éligible à vos propres critères !

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[+1]    #3524 29/01/2018 17h14

Membre (2015)
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L’avantage avec Sears, c’est que chaque jour de réflexion supplémentaire vous permet d’acheter l’action à un meilleur prix.


« Investing is simple. It's the financial industry that works hard to make it complex. » Robert Rolih

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#3525 29/01/2018 18h15

Membre (2011)
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Je ne sais pas ce qu’il en sera du cours, mais je ne vois pas de catalyseurs (à part spin off) cette année.

Les pertes vont progressivement se réduire à mesure que les magasins ferment mais au vu de la vitesse de réduction il faudra attendre au moins 2019 pour espérer arrêter le cash burn.
Les 103 magasins qui vont fermer  entre mars et avril ne vont pas impacter les résultats annuels publiés en mars ni ceux du Q1 publiés en mai 2018 car seuls les coûts associés immédiats seront visibles (frais de licenciement  - severance fees) sans les bénéfices.
Le Q2 publié en août verra ces bénéfices mais ils seront de toute façon insuffisants car la baisse des coûts sera aussi associée à une chute des ventes (du retail et des filiales) alors qu’une partie des charges est fixe.

Du coup, à moins d’autres fermetures, les premiers signes d’améliorations ne devraient être visibles par le marché que dans les résultats du Q3 publiés fin novembre 2018 puis dans ceux du Q4 publiés en mars 2019.

Evidemment ça ne prédit rien du cours de bourse cette année car il est difficile de savoir ce qui a déjà été anticipé par le marché et les réductions de pertes peuvent être aussi bien être vues comme une amélioration que comme une confirmation de la plongée vers la faillite (les ventes s’effondrent, les pertes continuent, la NAV se réduit, le nombre de magasins diminue,  il n’y a plus de prêteurs, les fournisseurs s’en vont…).

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Dernière modification par gilgamesh (29/01/2018 18h17)

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