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#26 14/11/2011 09h29

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placementapapa31 a écrit :

Pouvez-vous résumer en quelques mots les conséquences à tirer de cette doctrine de Bernake?

En quelques mots ?
Bernanke a écrit ce texte en 2002, quatre ans avant qu’il n’arrive à la FED, c’était donc à cette époque qu’il fallait agir smile

Le contenu dit :
- la FED a une planche à billets
- la FED peut mettre les taux à 0 aussi longtemps qu’elle le veut
- la FED a un arsenal de création monétaire dont le marché ne soupçonne pas l’ampleur
Par conséquent, une déflation n’arrivera jamais aux US.

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#27 14/11/2011 12h09

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Zebear a écrit :

placementapapa31 a écrit :

Zebear a écrit :

en attendant la confiance disparait et les tx d’intérêts montent donc au ciel, rendant l’inévitable monétisation de plus en plus dramatique a prévoir.

Pensez-vous à cet article de Sargent?

http://www.mpls.frb.org/research/QR/QR531.pdf

Qiui si j’ai bien compris nous dit : à trop tergiverser pour éviter un peu d’inflation après c’est pire.

Sargent est évidemment un économiste de tout premier plan (moi non, je vous le dis tout de suite). Je me réfère de façon très simple au modèle de macroéconomie qu’on m’a appris à l’école et qui est adopté par à peu près tous les économistes depuis sa création (1958 si je me souviens bien), c’est à dire le modèle d’offre et de demande globale, encore appelé AS/AD.
Oui, votre analyse intuitive est relativement juste, c’est très difficile de vous expliquer sans schéma (pourtant, avec, ce serait très très simple à voir, c’est vraiment rageant!)
Tout est une question de court et moyen terme. Actuellement, ce qui est inquiétant, ce n’est pas tant la solvabilité des états à court terme, mais l’anticipation de celle-ci par tout le monde: on a peur d’un défaut, d’un effondrement, de catastrophes, du coup, quand on a de l’argent, on le garde en liquidité, on ne consomme pas afin de garder pour les mauvais jours (qu’on estime proches) et on n’investit rien (trop risqué) -’est ce qu’on appelle incorrectement en Francais la ’trappe à liquidité’, traduction de cuisine du ’liquidity trap’ de Keynes. D’où les commerçants qui ne vendent plus grand chose et doivent baisser leur prix, puis baisser leur production, et un peu plus tard fermer les usines, et virer tout le monde. On voit ici le problème du court-long terme:

-à court terme, les prix baissent (déflation). Finalement, on injecte plus de monnaie, les Etats dépensent de l’argent, et la pompe repart (et puis les créanciers vont s’asseoir sur leurs obligs d’Etat qu’on rembourse avec une partie des billets créés pour rembourser la dette, ni vu ni connu, mais avec tact).

-si on ne fait rien à court terme, dans le long terme, il y a moins de capacité de productions à court terme (les usines ferment, etc.). Là, c’est plus problématique, la création monétaire et budgétaire stimule la demande, mais il n’y a pas assez de production à court terme. Donc le commerçant, il augmente les prix. D’où inflation. C’est un peu ce qu’on nous prépare en fait…

ça c’est de la réponse!

Je vais prendre le temps de l’analyser avec mes apports perso et je répondrai un peu plus tard. Il doit y avoir moyen de trouver un schéma pédagogique du modèle en question.

Juste un mot : citant Hervé Juvin, je dirai que CETTE fois, dans un marché financier globalisé, il est possible que les détenteurs d’obligations (et j’en suis via les AV), ne soient pas si facile à exproprier que d’habitude! (dans l’Histoire, quoi)

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#28 14/11/2011 12h12

Membre (2011)
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Nikki a écrit :

placementapapa31 a écrit :

Pouvez-vous résumer en quelques mots les conséquences à tirer de cette doctrine de Bernake?

En quelques mots ?
Bernanke a écrit ce texte en 2002, quatre ans avant qu’il n’arrive à la FED, c’était donc à cette époque qu’il fallait agir smile

Le contenu dit :
- la FED a une planche à billets
- la FED peut mettre les taux à 0 aussi longtemps qu’elle le veut
- la FED a un arsenal de création monétaire dont le marché ne soupçonne pas l’ampleur
Par conséquent, une déflation n’arrivera jamais aux US.

Donc on n’a pas agi à cette époque (2002), mais après (2008 et suivantes) ? Etait-ce trop tard? (vous dites "il fallait agir", voulez-vous dire qu’il est trop tard?)

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#29 14/11/2011 12h29

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Zebear a écrit :

Je crois que vous trouveriez les 15% de chômage beaucoup moins tenable si vous étiez inclus dedans…

J’ai zéro crédit, ma voiture est une AX diesel de 23 ans d’âge et 450 000 km dont je fais l’entretien, je cultive mes légumes, j’achète d’occasion plutôt que neuf à chaque fois que je peux, je change de contrat d’assurances tous les 3-4 ans dès que le prix commence à décoller (cause pratique de "yield management" des compagnies), je traque tous les coûts, je n’ai pas d’écran plat géant, pas de piscine, pas de gadget électronique à obsolescence programmée, je viens de démissionner de la fonction publique, j’excerce en tant que vacataire libéral pour des revenus modestes, et je suis en train d’établir un plan d’épargne LT dertiné à financer les études de mes enfants, et enfin mon budget de fonctionnement mensuel est de 800 euros.

Donc, non, je ne craint pas le chômage, et le chiffre de 15% de chômage qui sera issu durablement de la rigueur nécessaire ne me concerne pas, en effet.

Je suis avec la plus grande attention les manoeuvres macroéconomiques car je n’ai nullement l’intention, tout comme les Allemands et les Nordiques, de me faire exproprier pour financer de la redistribution à crédit, de la consommation à crédit, et les inégalités de revenus qui se sont creusées justement à cause de cette consommation à crédit, le tout destiné à se faire élire aux élections depuis 30 ans.

Dans ma famille on a de la mémoire, la mémoire des escroqueries politique. On a donné des louis d’or en 14 "pour sauver la France", on nous a remboursé en monnaie de singe après la guerre. Dans les années 30 une parente avait une rente foncière viagère de 10 000 euros, qui n’en valait plus que 250 en 1960 (le débiteur venait apporter la somme en espèce d’un air railleur, parait-il!)

En observant autour de soi, on constate que beaucoup de gens espèrent secrètement que l’inflation paiera leur crédit… J’ai envie de leur dire : La Grande France, phare du Monde civilisé comme nous savons, ayant suivi comme modèle de "croissance" l’excellent et efficient "modèle grec", elle devra maintenant suivre le non moins efficient modèle grec d’austérité, c’est à dire baisse des allocations diverses et variées, baisse des remboursements de sécu, baisse des salaires des fonctionnaires, baisse des retraites des fonctionnaires, diminution du nombre de fonctionnaires nationaux et territoriaux, coupe nécessaire dans le budget de l’éducation, baisse des prestations chômage, laminage des budgets des ministères à faible création de valeur économique, diminution de l’entretien des infrastructures, laminage des budgets des collectivités territoriales, etc.). Personnellement, j’ai stocké moult boisseaux de haricots secs, et compte sur mon fidèle fourneau à bois pour quand le gaz sera coupé dans les villes…

La cigale et la fourmi


Pour les rêveurs : "Les marchés ne laisseront pas monétiser, et la dette devra être payée jusqu’au dernier centime d’Euro." (Hervé Juvin)

Tiens, Sarkozy a pris 3 points depuis l’annonce de la rigueur de 9 milliards…

Dernière modification par placementapapa31 (14/11/2011 13h29)

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#30 14/11/2011 17h57

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Un bon article sur la rigueur qui vient :

Crise économique et calendrier électoral

Un calcul "à la louche" me donne sous le double effet de la baisse de la dépense publique et du remboursement de la dette privée un PIB de la France inférieur à 1300 Mds aux alentours de 2025.

Dernière modification par placementapapa31 (14/11/2011 18h14)

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#31 15/11/2011 15h26

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Quote Nikki

La FED est experte dans ce domaine, c’est loin d’être une première mondiale.
Ca va faire bientôt 10 ans que je me répète, mais ce texte est le texte fondateur des politiques monétaires modernes :
http://www.federalreserve.gov/boardDocs … efault.htm
Je me demande pourquoi on ne le fait pas lire aux étudiants en éco/finance et pourquoi on interroge pas les gens sur le sujet aux entretiens d’embauche pour les postes d’opérateur de marché/gérant taux, etc…
Je viens de voir que quelqu’un a même créé une page wikipedia d’explication de texte :
http://en.wikipedia.org/wiki/Bernanke_doctrine

Quote zebbear
Je me réfère de façon très simple au modèle de macroéconomie qu’on m’a appris à l’école et qui est adopté par à peu près tous les économistes depuis sa création (1958 si je me souviens bien), c’est à dire le modèle d’offre et de demande globale, encore appelé AS/AD.
Tout est une question de court et moyen terme. Actuellement, ce qui est inquiétant, ce n’est pas tant la solvabilité des états à court terme, mais l’anticipation de celle-ci par tout le monde: on a peur d’un défaut, d’un effondrement, de catastrophes, du coup, quand on a de l’argent, on le garde en liquidité, on ne consomme pas afin de garder pour les mauvais jours (qu’on estime proches) et on n’investit rien (trop risqué) -’est ce qu’on appelle incorrectement en Francais la ’trappe à liquidité’, traduction de cuisine du ’liquidity trap’ de Keynes. D’où les commerçants qui ne vendent plus grand chose et doivent baisser leur prix, puis baisser leur production, et un peu plus tard fermer les usines, et virer tout le monde. On voit ici le problème du court-long terme:

-à court terme, les prix baissent (déflation). Finalement, on injecte plus de monnaie, les Etats dépensent de l’argent, et la pompe repart (et puis les créanciers vont s’asseoir sur leurs obligs d’Etat qu’on rembourse avec une partie des billets créés pour rembourser la dette, ni vu ni connu, mais avec tact).

-si on ne fait rien à court terme, dans le long terme, il y a moins de capacité de productions à court terme (les usines ferment, etc.). Là, c’est plus problématique, la création monétaire et budgétaire stimule la demande, mais il n’y a pas assez de production à court terme. Donc le commerçant, il augmente les prix. D’où inflation. C’est un peu ce qu’on nous prépare en fait…

Je suis en train de réfléchir sur tout ça.

Avant tout, pensez-vous qu’on peut dire que les deux questions soulevées par Nikki et Zebbear sont complètement liées? Je m’explique : peut-on dire que la FED, elle, contrairement à la BCE, applique les pol monétaires "modernes" (doctrine de Bernanke, plus analyse de Sargent "si on monétise pas vite après c’est pire"), et que la BCE, refusant de le faire, se trouvera obligée de le faire de toute façon plus tard, avec des résultats inflationnistes bien pire (à relier entre autre au modèle AS-AD)

J’ai également sous la main un peu de matériel sur l’indexation des salaires, pb qui me semble indispensable de prendre en compte si on parle d’inflation. A moins que ce pb soit déjà inclu implicitement dans le modèle AS AD (production = revenu)

Dernière modification par placementapapa31 (15/11/2011 15h31)

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#32 05/07/2019 11h21

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Bonjour,

Quand la France emprunte négativement, qui lui prête ? Le savez vous ? Avez vous un article m’indiquant un bon chemin ? Quel intérêt d’avoir sans risque un taux d’intérêt négatif ? N’importe quel compte courant ne ferait pas mieux l’affaire ?

Merci d’éclairer ma lanterne un peu palote.


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#33 05/07/2019 11h37

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A mon avis, ce sont des institutionnels, qui doivent réglementairement détenir un % de leurs actifs sur des avoirs avec des caractéristiques (notation, type d’émetteurs, …) que les OAT de la France respectent.

Ce ne sont pas des particuliers pour lesquels un "compte courant" est une alternative.


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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[+1]    #34 05/07/2019 11h54

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Bonjour,

Le site de l’Agence France Trésor vous fournira des informations intéressantes, notamment sur la détention des titres. Voir aussi le bulletin mensuel de l’AFT, qui offre une bonne synthèse.

Les émissions des titres du Trésor (Obligations Assimilables du Trésor / OAT, Bons du Trésor à taux Fixe / BTF) se font par 2 techniques d’émission :
- les adjudications auprès de Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT), des banques agréés qui se chargent ensuite de redistribuer les titres auprès de leurs clients et d’animer le marché secondaire
- plus exceptionnellement, la syndication, c’est-à-dire l’émission auprès d’un "syndicat" spécifique (ad hoc) de banques

La Banque de France et l’AFT recueillent des statistiques sur la détention des titres par les investisseurs "finaux" (données au 1er trimestre 2019) :


Ce sont donc majoritairement des investisseurs étrangers qui détiennent la dette publique française, ce qui est une marque de confiance et une bonne nouvelle quand les taux sont négatifs (cela signifie qu’il y a un transfert monétaire net de l’étranger vers la France).

Néanmoins, le taux de détention par les étrangers n’a cessé de baisser, et par ailleurs, le fait que nous soyons "dépendants" des investisseurs étrangers pour refinancer notre dette signifie que nous sommes vulnérables à des perceptions négatives sur la signature de l’Etat français, par exemple en cas de choc politique dans notre pays.

Détention par les non-résidents des titres de la dette négociable de l’État


Le fait que les taux soient négatifs sur les titres à court-terme du Trésor français reflète (i) le très bas niveau du "taux sans risque" sur l’euro (défini par la BCE via son taux directeur, à 0%, et son taux de la facilité de prêt marginal = le taux de rémunération des réserves excédentaires des banques, à -0,40%) et (ii) la forte demande mondiale pour des actifs "sans risque" (ou à faible risque) : malgré la hausse continue de sa dette publique en pourcentage du PIB (98,4%), la France demeure l’une des meilleures signatures souveraines pour les investisseurs.

Enfin, un placement bancaire (dépôts, certificats de dépôts, obligations bancaires) est considéré comme plus risqué qu’un placement souverain. En effet, le souverain a une capacité de taxation illimitée sur les agents économiques domestiques, y compris les banques. Donc le souverain a (a priori) la meilleure qualité de signature du pays. Par ailleurs, les banques sont des entreprises à fort levier et avec des bilans et des risques complexes : ces risques doivent être compensés pour l’investisseur par une rémunération plus élevée sur un placement bancaire que sur un placement souverain.

Dernière modification par Scipion8 (05/07/2019 11h57)

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#35 05/07/2019 12h14

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Très intéressante réponse détaillée comme d’habitude de Scipion, Je lis…

Vous indiquez que l’intérêt d’acheter de l’emprunt d’état réside dans le risque quasi nul de défaillance.

Mais n’est ce pas surprenant de considérer qu’on préfère acheter un quasi non risque à une valeur supérieure à ce qu’elle rapportera dans un univers encore en croissance ? Autrement dit, les assurances et les banques/institutions françaises et étrangères imaginent qu’il y a plus de probabilité à faire faillite qu’à gagner de l’argent ?

Comment calcule-t-on un risque de -0.11% sur un montant placé ? Est ce que cela signifie que le niveau de risque coûte si cher ? Il s’agit d’un calcul probabiliste sans doute extrêmement complexe à imaginer entre les défaillances et la non croissance mondiale ?

Je reste très perplexe sur un risque que l’on préfère avéré (puisqu’on perd de l’argent) par rapport à un risque potentiel dans notre univers économique où la crise de croissance n’est pas (encore) là.
Cela signifie pour moi un signe extrême de dégradation de confiance dans l’économie par ceux qui achètent de la dette ou faut-il en faire une autre interprétation qui m’échappe ?

Bien à vous,


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#36 05/07/2019 13h09

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Je comprends bien que des taux négatifs dans un monde en croissance ne soient pas forcément intuitifs.

Pour l’expliquer, il faut raisonner en termes d’allocation des actifs des investisseurs : tous les investisseurs du monde - institutionnels, fonds souverains / banques centrales, entreprises, ménages - ont des cibles d’allocation d’actifs : ils investissent une portion x% de leurs actifs dans des actifs risqués à haut rendement et une portion (1-x)% de leurs actifs dans des actifs considérés comme sans risque (ou à très faible risque). L’objectif de la portion x%, c’est la performance, à des fins de capitalisation ou de rente, par exemple ; l’objectif de la portion (1-x)%, c’est seulement la préservation du capital.

Pour un ménage français, par exemple, les x% seront investis en actions sur un PEA, en SCPI etc., et les (1-x)% sur des livrets garantis et des fonds € (comprenant une forte proportion de titres d’Etat français).

De même, les grands fonds souverains ou banques centrales du monde (je parle de banques centrales ayant des réserves de change immenses, majoritairement en $ mais partiellement en €), vont investir x% en actifs risqués, comme des actions, des obligations corporate, des obligations souveraines de pays émergents, etc., et (1-x)% en actifs "sans risques", principalement des titres d’Etat américains et européens, et (avec un risque encore plus bas) des dépôts auprès d’autres banques centrales (Banque des Règlements Internationaux, Banque de France…).

Si on globalise, si on agrège tous les investisseurs du monde en un seul investisseur, cet investisseur souhaite investir (1-X)% des actifs mondiaux de façon absolument sécurisée, avec un objectif de préservation du capital et non de rendement.

Les banques centrales influencent fortement le taux de rémunération de ces actifs sans risque (ou à faible risque) en fixant le "loyer de l’argent", le taux sans risque : c’est le taux qui rémunère un agent économique pour se priver de l’argent aujourd’hui et le récupérer demain, sans aucun risque et avec une absolue certitude.

Dans la zone euro, ce loyer de l’argent, ce taux sans risque, est négatif : il est principalement influencé par le taux de la facilité de prêt marginal de la BCE (-0,40%). Par le QE, la BCE a délibérément injecté dans le système bancaire, donc dans l’économie, plus de liquidité que le système bancaire, donc l’économie, n’en ont besoin. C’est-à-dire que les banques de la zone euro ont dans les mains plus de liquidité qu’elles ne le voudraient, car la BCE, par le QE, a remplacé une partie de leurs actifs (titres) par du cash (on pourrait comparer cela au gavage d’oies). Et une banque X peut difficilement se débarrasser de sa liquidité excédentaire auprès d’une banque Y, car la plupart des banques sont en excédent de liquidité.

Par le simple jeu de l’offre et de la demande, le prix de la liquidité, c’est-à-dire le loyer de l’argent, a fortement baissé. Il est même devenu négatif depuis que la BCE applique un taux négatif aux réserves excédentaires détenues par les banques. Pour les banques, le cash est devenu une "patate chaude" dont la détention est coûteuse. Cela influence de proche en proche l’ensemble des agents économiques, à commencer par les Etats : la liquidité est devenue tellement abondante que les Etats "rendent service" aux banques en leur permettant de placer une partie de leur liquidité sur des titres d’Etat à court-terme (BTF). En compensation de ce "service", les investisseurs en BTF payent à l’Etat français une rémunération sous forme d’un taux négatif - mais moins négatif que le taux imposé par la BCE aux réserves excédentaires (-0,40%).

Les taux négatifs ne reflètent donc pas des anticipations d’un désastre, mais (1) la forte demande mondiale pour des actifs sans risque dans un objectif de préservation du capital et (2) l’excès mondial de liquidité dans les grandes devises mondiales ($, €, yen) résultant (délibérément) des QE effectué par les grandes banques centrales. L’objectif de cette injection forcée de liquidité dans l’économie étant de réduire le risque de déflation et de soutenir le niveau des prix à la consommation (cf.ce discours par Philip Lane, nouveau chef économiste de la BCE).

Effets estimés des mesures non-conventionnelles de la BCE sur la croissance

Effets estimés des mesures non-conventionnelles de la BCE sur l’inflation


Note :
- TLTRO = Targeted Longer-Term Refinancing Operations = opérations ciblées de long-terme d’injection de liquidité
- NIRP = Negative Interest Rate Policy = taux d’intérêt négatif sur la facilité de prêt marginal de la BCE (actuellement -0,40%)
- FG = Forward Guidance = communication / engagement de la BCE sur le maintien de taux bas sur longue durée
- APP = Asset Purchase Programme = QE

Dernière modification par Scipion8 (05/07/2019 13h09)

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#37 05/07/2019 15h34

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Scipion8 a écrit :

(…)
Ce sont donc majoritairement des investisseurs étrangers qui détiennent la dette publique française, ce qui est une marque de confiance et une bonne nouvelle quand les taux sont négatifs (cela signifie qu’il y a un transfert monétaire net de l’étranger vers la France).
(…)

D’accord pour la marque de confiance mais pas d’accord du tout sur la réalité du transfert.

Les souches anciennes ne sont pas en taux négatifs, hors, ce sont celles si qui sont les plus possédées par les investisseurs étrangers.

Puisque la proportions d’investisseurs étrangers baissent avec le temps, c’est que ces nouveaux acheteurs (donc des obligations à taux bas/ négatifs) sont… majoritairement… français !


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#38 05/07/2019 16h06

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@Blackfalcon : La proportion des investisseurs étrangers est certes en baisse mais ils continuent à participer massivement aux émissions nouvelles, dont celles à taux négatif, donc il y a bien un transfert monétaire en faveur de la France sur ces émissions (pas forcément globalement). La rotation du stock de la dette publique française est relativement "rapide" (tout est relatif, bien sûr) : la durée de vie moyenne est actuellement de 8 ans et 27 jours. (Elle a augmenté ces derniers temps : c’est a priori assez logique / opportuniste de la part du Trésor français d’allonger la maturité de ses emprunts dans une période où la liquidité est surabondante.)

Par ailleurs il faut prendre avec des pincettes le graphique sur la baisse de la proportion des investisseurs étrangers dans la détention de la dette publique française : un facteur majeur pour cette évolution est le QE de la BCE, qui "évince" les autres investisseurs. Au titre du QE, l’Eurosystème détient 419 milliards € de dette publique française, soit 23% de l’encours.

Je ne suis pas certain de la façon dont la Banque de France / l’AFT traitent statistiquement ces achats de l’Eurosystème : s’ils considèrent qu’il s’agit entièrement d’achats par des résidents, évidemment cela change beaucoup l’interprétation de la baisse des non-résidents.

Il y a partage des risques (risk-sharing) au sein de l’Eurosystème sur le portefeuille de QE : donc il est incorrect à mon sens de considérer la Banque de France comme propriétaire des titres français, la Bundesbank comme propriétaire des titres allemands, etc. Il faut au contraire appliquer la clef de répartition du capital de la BCE (20,4% pour la France) à l’ensemble des titres achetés par l’Eurosystème au titre du QE. Donc sur les 419 milliards € de dette publique française achetés par le QE, les résidents (la Banque de France) ne détiennent que 20,4%, soit 85 milliards €, et les non-résidents 334 milliards €. Je doute fort que ce soit le traitement statistique qui ait été choisi.

En tout cas, par transparence, la BDF / l’AFT devraient plutôt afficher le pourcentage détenu par l’Eurosystème, comme catégorie supplémentaire du "camembert" sur la détention de la dette publique.

Dernière modification par Scipion8 (05/07/2019 16h13)

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