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L’allocation d’actifs stratégique et tactique

29/04/2010 - La base de l’investissement patrimonial

THÉMATIQUE DE CET ARTICLE

Quelques exemples d’allocations d’actifs stratégiques et d’allocations d’actifs tactiques pour investir à long terme.

Plusieurs études statistiques sur des fonds de pension ont montré que la performance de ceux-ci s’expliquait essentiellement (on parle de 93,6% !) par l’allocation d’actifs que par le “stock-picking”.

Pourtant l’allocation d’actifs est un sujet peu abordé, on lui préfère la thématique du stock-picking (“Quels sont les 10 actions à détenir en 2010”, “Investissez grâce au PER”…).

J’ai longtemps négligé aussi l’allocation d’actifs, partant du principe que l’investissement en actions étaient le plus rentable à long terme et que j’avais la vie devant moi. La lecture, entre autre, du livre Les placements de l‘épargne à long terme m’a ouvert les yeux en montrant statistiques historiques à l’appui, que sur une décennie, il y a 10% de chance d‘être perdant en étant investi 100% en action, même dividendes réinvestis. Le risque est totalement nul sur une période de … trente ans !

Et les statistiques historiques avaient vu justes, puisqu’avec la crise financière, 1999-2009 a été une de ces décennies perdantes.

D’autre part, si quand on a quelques mois de salaire en bourse, il est gérable mentalement d‘être 100% actions, ça n’est plus vrai avec un patrimoine financier de plusieurs années de revenus. Quand du fait de la volatilité on “gagne” ou “perd” deux mois de salaire en une journée, je peux vous dire que l’on ne dort pas très bien la nuit.

Si vous suivez le blog depuis le début, vous avez une idée du montant que je “gère” et celui que je veux atteindre.

Exemples d’allocation d’actifs stratégique

Elle dépend de votre capacité à supporter la volatilité et de votre horizon d’investissement.

Il y a de nombreuses études statistiques qui s’appuient sur les corrélations historiques des principales classes d’actifs pour en tirer une allocation idéale. Cependant les corrélations changent dans le temps et certaines études (ou logiciels informatiques d’optimisation) utilisent des indices coupons non réinvestis, donc leur pertinence est toute relative.

Un grand classique est celle-ci :


Elle sert de base à de nombreux fonds de pension. La part obligataire sert à diminuer significativement la volatilité et il y a surpondération en actions car leur performance est historiquement meilleure.

Les allergiques à la volatilité peuvent complètement se passer des actions, avec ce type d’allocation, pertinente aussi pour les retraités :


La partie immobilier pouvant être investie en biens directs ou en SCPI.

Avant la crise 2008-2009, cette allocation a aussi fait merveille :


En effet, les foncières cotées (REIT) ont longtemps affiché d’excellentes performances, une faible volatilité et peu de corrélation avec les autres actions. Cette allocation offrait un rendement supérieur au classique 60/40 avec une volatilité inférieure.

Mais la crise a tout chamboulée et les foncières cotées se sont comportées comme de vulgaires financières et non comme des actifs immobiliers. Une débauche d’endettement et une bulle sur l’immobilier coté (et non coté !) en est la cause.

Les grosses fortunes ont tout intérêt à se diversifier encore plus, par exemple comme ceci :


D’une manière générale, appliquer “stupidement” l’adage ne pas mettre ses oeufs dans le même panier et utiliser une large diversification “naive” (avec équi-pondération des classes d’actifs) s’avère pertinent.

En effet, une sur-optimisation d’après des critères de corrélations historiques a toute les chances d‘être décevante dans le futur, puisque les corrélations entre actifs ne sont pas constantes, la crise 2008-2009 a été là pour nous le rappeler.

Regardez la “meilleure” allocation produite par cette étude d’un spécialiste en allocation d’actifs en Décembre 2007 :


Il s’agit de l’allocation D, qui contient 31% de foncières cotées, 20% d’immobilier, 24% de capital-risque, 8% de sociétés non cotées et 10% d’actions des marchés émergents. Le rendement attendu était de 8,19% avec un beta de 0,44 (soit deux fois moins volatile que du 100% actions pour un rendement quasi-identique : donc le beurre, l’argent du beurre et la crémière !).

Ni obligations, ni d’actions des pays développés : le faible beta est obtenu, car les actifs étaient décorrélés sur la période historique considérée.

Imaginez comme celui qui a eu cette allocation sur-optimisée s’est fait massacré en 2008-2009 !

Exemples d’allocation tactique

Au sein des classes d’actifs, il faut diversifier aussi.

Par exemple, la partie obligataire peut se diviser en :

  • Obligations d’Etat à court terme et monétaire
  • Obligations d’Etat à long terme
  • Obligations d’Etat indexé à l’inflation
  • Obligations d’entreprise
  • Obligations d’Etat émergents
  • Fond euro

La partie actions peut (doit ?) être diversifiée :

On peut aussi ajouter des critères de tailles de capitalisation boursière et types de sociétés (valeur, croissance, rendement…).

Le portefeuille du site montre un exemple de diversification. Le sujet est aussi largement abordé dans le livre à paraître en Septembre.

Maintenant je sais que la diversification peut paraître pour de la paresse intellectuelle. Avoir un patrimoine concentré, c’est croire en ces idées et c’est une façon de viser le “jackpot” (pour les chanceux ou les plus malins !). Les autres y laisseront leur patrimoine.

L’expérience m’ayant prouvé que je n‘étais ni malin, ni chanceux, je m’en tiens maintenant à la stratégie “prudente”, avec une large diversification.

---------

C’est quand la mer se retire que l’on voit ceux qui se baignent nus.” – Warren Buffett

 

8 commentaires

Commentaire
1) Boris
29/04/2010
Cela fait maintenant six mois que je suis votre blog avec grand interêt, l'allocation d'actif est très importante mais pour quelqu'un comme moi qui commence dans la vie active et souhaite se créer un patrimoine, par où dois-je commencer?
Réponse de Philippe
Philippe
29/04/2010
Bonjour,

Je n'aime pas trop le rôle de conseilleur. :-)

Ce que je vous propose c'est d'inaugurer le forum en posant votre question dans la rubrique "allocation d'actifs" pour bénéficier d'une discussion collégiale.

Précisez votre age, votre profession, capacité d'épargne, patrimoine actuel et situation familiale.

Utilisez un pseudonyme pour vous inscrire sur le forum et rester anonyme.
Commentaire
3) tellib
01/05/2010
Bonjour Philippe,

Je suis ton blog avec assiduité
J'ai lu que tu allais sortir un livre, ca m'intéresse beaucoup.
Tu peux nous en dire plus : quels seront les grands chapitres du livre ?

Merci et encore bravo pour ton blog

Daniel
Réponse de Philippe
Philippe
01/05/2010
Bonjour,

C'est un livre à mi-chemin entre le développement personnel et l'éducation financière avec en toile de fond la génération d'une rente.

Je donnerai le sommaire etc quand on sera à quelques semaines de la parution, là c'est encore trop loin. :-)
Commentaire
5) tellib
01/05/2010
merci Philippe

Les 2 sujets m'intéressent donc je pense que je serai l'un de vos premiers acheteurs.

Autrement vous avez trouvé facilement une maison d"édition ?


Daniel
Réponse de Philippe
Philippe
03/05/2010
En fait c'est une petite maison d'édition qui m'a fait une proposition après lecture du blog. Je n'étais pas demandeur. :-)
Commentaire
7) NoName98
06/08/2010
Pour compléter votre étude que je partage et au vu des graph publier sur le site "Epargne Long"

lien

Il est intéressante de constater que du fait des 2 crises de 2000 et 2008, sur 15 Ans le profile 30% actions / 70 % oblig ont exactement la même performance que le profile 70% actions / 30 % Obligation (la volatilité en moins pour le 1er).

Sur 20 Ans le profile 30% actions / 70 % oblig devient même largement gageant.

Comme personnellement je pense que nous sommes rentrer dans un monde de "bulle" le profile défensif semble donc à privilégier pour une épargne en vue de devenir rentier.
Réponse de Philippe
Philippe
06/08/2010
Bonjour,

Merci pour le partage.

Par contre, justement j'en tire la conclusion inverse. La période de 20 ans a été historiquement hyper-favorable aux obligations et est dernière nous. Les obligations d'Etat ne rapportent + rien et cumulent les risques : "faillite" des Etats (qui n'arrivera pas, les obligations seront justes renégociées) si déflation et perte de valeurs réelles si hyper-inflation. Et si rien de cela arrive, la hausse des taux aura raison d'elles.

C'est maintenant au contraire qu'il faut surpondérer les actions...

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