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[+4]    #1 16/01/2016 17h01

Membre (2015)
Réputation :   23  

Je vais donc me lancer sur une petite analyse sur Saft, un fabricant français de batteries industrielles. L’entreprise est côté à la bourse de Paris avec une capitalisation de €600M en date du 15 Jan 2016. Le prix d’une action est de €22.6 et le float (outstanding shares) total est de 27,554,393 actions (1.4% détenu par le management et des salariés, 5% en auto-détention, 8.5% par Harris Associates- une filiale américaine de Natixis AM, 4.13% par la caisse des dépôts et consignations).

L’entreprise attire mon attention depuis son avertissement en Oct 2015 (on y reviendra) qui cause une chute instantanée de 25% (de 31 à 23 euros). Entre Oct 2015 et Dec 2016, l’action a repris pour terminer vers 29 euros mais elle a chuté depuis pour terminer ce jour à son plus bas depuis 2 ans vers 22-23 euros (aucune nouvelle n’est sortie). Ce niveau est intéressant car, même si je ne suis pas fan de market timing par analyse technique (n’empêche que ça marche des fois), il présente effectivement un niveau de plancher- un point d’entrée.

Récente évolution de l’entreprise: à la suite de son divorce avec Johnson Control en 2011, Saft a utilisé la somme payée par Johnson Control pour réduire considérablement ses dettes, distribuer des dividendes et investir. En fin 2014, dans son rapport annuel, rubrique Perspectives, Saft s’attendait à une croissance de l’ordre de 5% (même ordre dans les années précédentes) et une marge EBITDA de 15..8%. En Oct 2015, dans un avertissement, Saft se dit s’attendre à une croissance faible (voire nulle) et une marge EBITDA de 14.5%- la cause étant la faiblesse du marché pétrolier américain. Le marché l’a de suite sanctionné et on connait la suite depuis.

Pour répondre à deux questions fondamentales: est-ce que l’entreprise va survivre d’ici 10 ans et est-ce qu’elle va croitre ? C’est oui et oui pour Saft. Saft fournit les batteries pour l’attendrisseur Philae ainsi que pour l’armée américaine, c’est pour dire à quel point la technologie de batteries de Saft est appréciée. Avec la demande de stockage d’énergie en augmentation, les beaux jours de l’entreprise sont encore devant à mon avis.

Bon assez de rhétorique. Saft fabrique des batteries et ses activités sont divisées en deux: IBG pour les batteries industrielles et SBG pour les batteries spécialisées (customized).

IBG pour Industrial Battery Group fabrique/vend des batteries pour le secteur de transport (train TGV, avion ..) et de bord stationnaire (dit de secours, c’est là son exposition au secteur pétrolier). Saft estime que deux tiers de la flotte d’avion civil et militaire sont équipées de ses batteries (page 13 du rapport 2014). Le CA de l’IBG est de 320.5M en 2012, 367.9M en 2013 et 415.4M en 2014. En 2014, IBG contribue à la hauteur de 61% du CA de Saft. La marge EBITDA dans cette division est faible à 10-11%.

SBG pour Specialty Battery Group fabrique/vend des batteries de spécialité (électronique civile, espace, marine, militaire). Cette division conçoit des batteries en design avec ses clients (sur mesure en quelque sort). Le contrat récent de l’ordre de 10M avec l’armée américaine en témoigne. La marge EBITDA y est plus élevée, de l’ordre de 23%. Le CA du SBG est de 277.5M en 2012, 256.3M en 2013 et 262.5M en 2014.

Le coût des batteries dans les composants n’est pas élevé mais si des batteries tombent en panne, tout le système peut s’écouler. C’est là que réside l’avantage compétitif de Saft. Pensez à votre ordinateur, vous achetez un Macbook à 1000 euros avec batteries inclus mais si vous regardez le prix d’une batterie de rechange sur Amazon c’est 60 euros soit 6% du coût, mais si jamais la batterie ne marche plus, c’est très très embêtant (vous achetez un portable pas un fixe).

Je crois que l’exposition de Saft au secteur pétrolier est temporaire et ça n’affecte pas les fondamentaux (on va en parler dans une minute) de l’entreprise. La compétition est rude (fabricants asiatiques de bas coût) mais Saft ne mise pas (totalement) sur le prix mais sur sa capacité technologique: l’entreprise investit en moyenne de 9% de son CA par an pour la R&D.

Parlons de son bilan. En date du dernier rapport financier, Saft a €191M de cash versus €238M de dettes brutes, soit 47M de dette nette. Sa book value est de 528M, sa valeur nette tangible (book net des intangibles) est de 527.9 - 197.4 (intangibles) - 124.7 (goodwill) = 205.8M.
Le cash conversion cycle de Saft est de 50 jours environ.

Son EBITDA était de 102.5M en 2012, 92.5M en 2013 et 104M en 2014. EBITDA 2015 estimé à 106M en utilisant la marge de 14.8%.
Son EBIT était de 69.8M en 2012, 54.5M en 2013, 64.4M en 2014.
Le FCF était de 1M en 2012, 6M en 2013 et 45M en 2014. TTM FCF est de 61M. Il faut savoir que le FCF était faible en 2010-2013 car Saft investissait dans ses usines à Jacksonville aux USA. Le cycle d’investissement massif étant terminé, on peut s’attendre à ce que les CapEx annuels tombent vers leur niveau habituel vers les 30M, donc une remontée de FCF.

Sa valeur entreprise actuelle est de 600 + 47 = 647M.

Saft distribue un dividende de .78 euro par action, soit avec un float de 27,554,393 actions, cela donne €21.5M, entièrement couverte par le FCF.

Au prix actuel, l’entreprise est évaluée par le marché à 3x sa VANT, EV/EBITDA de 6.1x, EV/EBIT de 9x, EV/FCF de 10.6x. Ses multiples sont faibles intrinsèquement et relativement par rapport à ses comparables (EnerSys, Arotech ou encore le gigantesque Johnson Control). Le PER actuel est de 10.

Saft envisage de dépenser une somme de 60M pour racheter ses actions. Elle le peut très bien car même si ces 60M soient de la dette qui paie à 5% par an par exemple, son multiple dette nette/EBITDA est largement inférieur à 3x qui est la limite de covenant bancaire.
Saft détient déjà 5% de lui-même. Avec €60M et au prix actuel, Saft peut retirer 10% du flottant. Supposant que l’année 2016, Saft gagne la même somme comptable qu’en 2014 et en 2015, soit environ 40M de net income, avec 15% du flottant de mois, le résultat par action est mécaniquement dopé de 17.6%. Le marché, me semble-t-il, sous-estime cette petite ingénierie financière.

Avec un PER à 15, ce sera un potentiel de 50%, soit au cours actuel, un target price de €34 par action.

N/B: j’ai acheté les titres de Saft au cours de 23.1 euros. Je pourrai vendre mes actions à tout moment sans notification antérieure.

Message édité par l’équipe de modération (17/01/2016 10h55) :
- modification du titre ou de(s) mot(s)-clé(s)

Mots-clés : batteries, rachat d'action, saft


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#2 16/01/2016 20h31

Membre (2015)
Réputation :   5  

Merci pour cette analyse.

Je l’avais regardé un peu de loin en fin d’année.
La raison, j’ai l’occasion de travailler avec eux au travers de mon boulot.
Elle est en pleine expansion. Sur le site de Poitiers, où j’ai eu l’occasion d’aller, de gros investissements sont prévus (extensions de bâtiments, investissement en outils de production/labo/recherche).

Dernière modification par Pinsuti (16/01/2016 21h41)

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#3 26/01/2016 17h38

Banni
Réputation :   284  

Le titre a un peu rebondi depuis la création de ce fil : il passe de 22,6 à 24,52€.

C’est vrai que la SAFT n’est pas chère, qu’elle possède un savoir-faire avéré et a su se positionner sur des technologies de niche.

En revanche, il faut avoir à l’esprit qu’elle trouve ses origines dans l’ancienne CGE, empire industriel d’Ambroise Roux puis de Pierre Suard, témoignage d’une époque révolue où les patrons étaient des capitaines d’industrie et non des puits sans fond à stock options et retraites chapeau…Si la SAFT doit finir comme Alcatel ou Alstom, ex-fleurons de la CGE, mieux vaut se tenir à l’écart.

A noter également que la SAFT est clairement une valeur technologique : elle doit donc supporter des CAPEX de R&D importants et récurrents pour maintenir son avantage concurrentiel. Lorsque ces investissements en R&D ne débouchent pas sur des technologies de rupture, c’est tout simplement du cash "brûlé" (cf exemple de Soitec) au détriment des actionnaires. En l’espèce, la technologie de rupture pourrait être une nouvelle génération de batterie crédibilisant l’usage de la voiture électrique ou du bateau électrique, mais rien à ce jour ne laisse prévoir l’émergence de pareille technologie. Au contraire, la baisse des prix du pétrole ne va pas inciter les armateurs à privilégier les bateaux électriques.

Enfin, il faut souligner que SAFT est un fournisseur important de nos armées ; à ce titre l’Etat s’opposera toujours à une prise de contrôle par un tiers dont il estimerait qu’il peut nuire à ses intérêts. Il serait donc vain d’espérer une bataille boursière pour le contrôle de la SAFT. En revanche, être un fournisseur stratégique de l’Etat ne garantit pas contre les risques de faillite : en cas de difficultés, l’Etat s’attacherait uniquement à la préservation du savoir-faire industriel, mais en aucun cas à la sauvegarde du patrimoine des actionnaires.

En conclusion, il me semble que la SAFT est une "boîte d’ingénieurs" avec les avantages et inconvénients que cela sous-tend ; une avancée technologique majeure pourrait faire flamber le titre, mais il est difficile de la prévoir sans être "insider".

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[+1]    #4 09/05/2016 09h04

Membre (2015)
Réputation :   23  

Total annonce le rachat de Saft pour 950 millions d’euros, à 36,50 euros par action, soit une prime de 38,3% par rapport au dernier cours coté

Quelque chose de bien se passe des fois.


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#5 14/05/2016 00h05

Membre (2015)
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Moi je félicite James29 qui, s’il n’est pas initié, a eu un flair remarquable, a croire que les patrons de Total l’ont lu.
En tout cas ceux qui l’ont écoutés et suivis ont mérités leur plus value.

D’ailleurs, je voudrais poser une question à vous tous connaisseurs,
je suis actionnaire(déficitaire) de Faiveley depuis sept2016, j’attends avec impatience que l’américain wabtec réalise son achat mais l’union européennen’a pas encore accepté,et avec la réactivité de l’administration de(pas un mais 27 pays) retarde sa décision du coup je suis scotché.
wabtec a promis de racheter à 100, moi je l’ai payé 96, et à ce jour c’est tombé à 90..que puis je faire à par attendre déc2016 que l’ue dise oui ou non, ou comme maintenant,il repousse leur décision à plus tard..?
Merci de m’éveiller..Merci.

Dernière modification par mike81 (14/05/2016 00h25)

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#6 14/05/2016 00h28

Membre (2015)
Réputation :   238  

J’étais rentré sur SAFT début Janvier parce que ça sortait sur un screener, mais ait revendu début Avril, parce que  l’action semblait faire du surplace sad
PV de 3€/action, si j’avais patienté ça en aurait 10 de plus.

De la vertu de la patience.

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#7 14/05/2016 21h53

Banni
Réputation :   284  

mike81 a écrit :

m’éveiller.

Voilà de quoi passer une nuit blanche :

PEA : où placer les liquidités de son PEA ? (2/2)

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#8 14/05/2016 23h47

Membre (2015)
Réputation :   23  

Bonjour,
Ne le prenez pas mal mais je me méfie un peu des opportunités d’arbitrage (d’après You can be a stock market genius, c’est assez dangereux), faute d’une connaissance suffisante des contraintes juridiques/anti-trust ..

Fait récent: Halliburton était tellement sûr qu’il pouvait acheter Baker Hughes sans problème qu’il a mis une caution de $3.8 B sur la table. Il a fini par payer ce qui est dû.

J’ai liquidé ma position de Saft à EUR 37.4. Un coup de chance, j’ai été prêt à les vendre à EUR 34.

P/S: j’ai également perdu un-demi de ma plus-value en liquidant ma ligne d’Eutelsat après le profit warning. "Comme on dit en Asie, les choses que vous recevez du ciel, vous les rendrez à la terre".


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