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[+3]    #1 18/01/2015 11h54

Membre (2011)
Top 20 Immobilier locatif
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Une petite histoire qui m’a bien fait marrer. Elle n’est pas nouvelle mais tout le monde ne la connait peut être pas.

Un investisseur américain se promène au bord de l’eau dans un petit village côtier mexicain. Un bateau rentre au port, contenant plusieurs thons. L’Américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualité de ses poissons et lui demande combien de temps il lui a fallu pour les capturer.
« Pas très longtemps », répond le Mexicain.
« Mais alors, pourquoi n’êtes vous pas resté en mer plus longtemps pour en attraper plus ? » demande le banquier.

Le Mexicain répond que ces quelques poissons suffiront à subvenir aux besoins de sa famille. L’Américain demande alors : « Mais que faites-vous le reste du temps ? »
« Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir je vais au village voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J’ai une vie bien remplie.»

L’Américain l’interrompt : « J’ai un MBA de l’université de Harvard et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter un plus gros bateau. Avec l’argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez en acheter un deuxième et ainsi de suite jusqu’à ce que vous possédiez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec l’usine, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, Los Angeles, puis peut être New York, d’où vous dirigeriez toutes vos affaires. »

Le Mexicain demande alors : « Combien de temps cela prendrait-il ? »
- 15 à 20 ans, répond le banquier.
- Et après ?
- Après, c’est là que ça devient intéressant, répond l’Américain en riant. Quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions.
- Des millions ? Mais après ?
- Après, vous pourrez prendre votre retraite, habiter dans un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme, et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis.

Mots-clés : blague


Left the Rat Race in 2013

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#2 18/01/2015 12h36

Membre (2011)
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Merci

Je la connaissais mais j’ai toujours plaisir à la relire , c’est bien pour réfléchir à la finalité de la vie.

Aujourd’hui dans  une monde où l’argent est roi , difficile de trouver une destination où vivre sans argent est possible en conservant un minimum de confort et de sécurité personnelle.

Philippe


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#3 18/01/2015 12h38

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Très bon.

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#4 18/01/2015 12h55

Membre (2011)
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Je la connaissais aussi (ou devrais-je dire "elle était encore dans ma mémoire malgré mon âge avancé…"), mais elle est toujours aussi bonne…..
Et ceci dit, je profite de cette excellente idée d’avoir ouvert une rubrique ’blagues’ pour raconter mon histoire favorite, que vous ne connaissez peut-être pas, vu que je ne la raconte que 2 fois par an, depuis 50 ans:

Pas de pitié pour les Sans-Papiers….!

Depuis 20 ans un touriste peu imaginatif partait en vacances à la même période, dans la même ville et descendait toujours dans le même hôtel.

Aussi la 21ème année l’hôtelier est-il tout étonné de ne pas revoir son fidèle client.

Et en allant faire ses courses au marché, sur qui tombe-t-il ? ………..sur son "fidèle client".. !

L’hôtelier : « Vous m’avez fait peur. J’ai cru qu’il vous était arrivé quelque chose. Mais pourquoi n’êtes-vous pas revenu chez moi ? Y a-t-il eu quelque chose qui vous a déplu la dernière fois.. ? »

Le client : « Heu…, hé bien oui…, la dernière fois le water est tombé à court de papier hygiénique… ! »

L’hôtelier : « Mais enfin…,…il suffisait……,
vous avez une langue quand même… ! »

Le client : « Euh, une langue.., oui…, bien sûr…,
mais je ne suis pas contorsionniste….. ! »

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#5 18/01/2015 14h36

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Oui excellente la blague du pécheur !
J’adhère à cette philosophie, pourquoi vouloir toujours plus?
Aujourd’hui je me considère "rentier" avec 2k nets mensuels de revenus fonciers.
Avec une vie raisonnable et raisonnée c’est largement suffisant pour être heureux.

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#6 19/01/2015 22h17

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Ce que je trouve marrant surtout, c’est qu’on est tous d’accord avec cette philosophie, mais qu’on aime quand même bien racheter un p’tit bateau ou deux ;-) . Enfin, juste de temps en temps, et uniquement pour être sûr de pouvoir se reposer … plus tard …


rêver sa vie ou vivre ses rêves …

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#7 19/01/2015 22h32

Membre (2014)
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Le besoin d’accumuler des richesses, ça nous rassure smile
Le contraire semble contre nature, c’est plus fort que nous.

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Favoris 1   [+1]    #8 20/01/2015 08h20

Membre (2013)
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Elle est probablement connue de beaucoup d’entre vous et pas directement liée au rentier, mais je remonte pour ceux qui ne l’auraient jamais lu cette histoire "soit disant vraie" :

Une femme a écrit a un cabinet conseil en investissements pour demander des conseils en vue d’épouser un homme très riche (salaire annuel supérieur à 500 000 euros). La demande est loufoque :

"Je suis une belle jeune femme de 25 ans, bien élevée et j’ai de la classe. Je souhaite me marier avec un homme qui gagne au moins un demi-million de dollars par an. Avez-vous dans vos fichiers les adresses de quelques hommes célibataires (veufs ou divorcés) qui gagnent 500.000 dollars ou plus ? Peut-être aussi que des épouses d’hommes riches peuvent me donner quelques conseils ?

J’ai déjà été fiancée à des hommes qui gagnent de 200 à 250 000 dollars pas plus…mais 250 000 dollars ce n’est pas suffisant pour que je puisse vivre dans les beaux quartiers de New-York. Je connais une femme, dans mon cours de yoga, qui s’est mariée à un banquier. Elle vit dans Tribeca, et pourtant elle n’est ni aussi belle que moi, et pas même intelligente. Mais alors, qu’a-t-elle fait que je n ai pas fait ? Comment puis-je atteindre son niveau de vie ?
"

Voici la réponse du banquier :

"J’ai lu votre courrier avec une grande attention, et après avoir longuement étudié votre demande, c’est avec grand soin que je me suis livré à une analyse financière de la situation.

Premièrement, je ne vous fais pas perdre de temps puisque moi-même je gagne plus de 500 000 dollars par an. Laissez moi résumer simplement les faits. Vous mettez votre beauté physique et je mets l’argent. Malheuresement (pour vous), ceci est une bien mauvaise affaire.

Il est certain que votre beauté va s’étioler et va un jour disparaître, alors qu’en même temps, mes revenus et ma fortune continueront très probablement de croître. Ainsi, ‘en termes économiques’, vous êtes un passif qui subit une dépréciation et je suis un actif qui produit des dividendes. Vous subissez donc une dépréciation, mais comme celle-ci est progressive, votre valeur diminue de plus en plus vite !

Soyons plus précis: Vous avez aujourd’hui 25 ans, vous êtes belle et sans doute le resterez vous durant les 5 ou 10 années à venir. Mais chaque année un peu moins, et quand vous vous comparerez à une photo prise aujourd’hui, vous constaterez combien vous avez vieilli. Cela signifie que vous êtes aujourd’hui dans la ‘phase de croissance’, c’est donc le bon moment pour être vendue mais non pour être achetée.

En termes économiques, celui qui vous possède aujourd’hui à intérêt à vous avoir en "Trading position" (position de vente) et non dans "buy and hold" (acheter et conserver). Cest pourtant ce que vous offrez.

Par conséquent, toujours en termes économiques, le mariage (qui est un "buy and hold") avec vous n’est pas une bonne affaire à moyen ou à long terme. En revanche, la location pourrait être, en langage commercial, une affaire raisonnable que nous pouvons discuter. Je pense que si vous fournissez la garantie "bien élevée, avec de la classe et merveilleusement belle", je pourrais très probablement être le locataire de cette "produit". Cependant, je souhaite faire, ce qui est une pratique habituelle en affaire, un essai. C’est à dire un "test drive" avant de concrétiser l’opération.

Pour résumer : comme le fait de vous acheter est une mauvaise affaire pour cause de dévaluation croissante, je vous propose une location d’une durée pendant laquelle le matériel est dans un bon usage.

En attendant de vos nouvelles, je prends congé.
Cordialement,
Un millionnaire
"


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[+1]    #9 20/01/2015 09h52

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La crise avec la fable des ânes

Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village. Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait. Les paysans le trouvaient un peu étrange mais son prix était très intéressant et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les derniers ânes existants. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans huit jours et il quitta le village.

Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 € l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le prix qu’ils l’avaient vendu et pour ce faire, tous empruntèrent.

Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au cou, ruinés.

Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune.

Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous se trouvèrent proches du surendettement.

Voyant sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car elles avaient connu les mêmes infortunes.

Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes décidèrent de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale… On repoussa l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des ânes.

Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères Marchés.

Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne électorale des maires sortants.

Cette histoire n’est toutefois pas finie car on ignore ce que firent les villageois. Et vous, qu’auriez-vous fait à leur place ? Que ferez-vous ?

Pour nous retrouver tous sur la place du village samedi 15 octobre 2011 (journée internationale des indignés), faites déjà passer cette histoire à votre voisin…
Maintenant examinons ce qui ne colle pas dans cette histoire. Le marché y est décrit comme un être vivant et pensant qui a des intentions. Il agit comme le feraient deux frères qui se sont mis d’accord entre eux pour rouler les pauvres villageois. Or le marché n’est pas un être vivant. Il est la résultante de millions de décisions individuelles. Le marché ne peut rien "promettre". Deux individus peuvent promettre, les hommes de l’Etat, peuvent promettre, mais certainement pas le marché !  Cet organicisme, courant chez les étatistes, leur fait commettre ici une énorme erreur de raisonnement.
Car puisque le marché ne peut pas promettre, toute la fable des ânes tombe à l’eau.
Mais alors pourquoi les paysans se sont-ils endettés pour acheter des ânes toujours plus chers ?  Car si des millions de tractations ont été réalisées en croyant que le prix des ânes allait continuer de monter cela veut dire qu’il y avait une cause extérieure, un signal ou une incitation forte capable de  tromper tout ce monde.

Voici donc la version libérale de la fable des ânes :

Le Maire d’un village et une partie de son conseil municipal s’étaient mis en tête de réguler la possession des ânes sur leur commune. La mairie s’était donc octroyée le monopole de l’élevage d’ânes et vendait les bêtes aux paysans à un prix fixé par ses soins.

Certains paysans étant trop pauvres pour acquérir leur âne, le Maire, qui pensait à sa réélection, décida qu’il fallait les aider. Il pria donc avec insistance son ami banquier d’accorder des prêts avantageux aux paysans les plus pauvres. Sachant que l’argent de la commune et des impôts transitait par sa banque, le directeur ne pouvait pas refuser. Il accorda donc, des prêts de 100 € aux paysans les moins capables de les rembourser.

Le banquier était un peu inquiet des risques que le Maire lui faisait prendre car il n’avait que les ânes pour garantie. Mais constatant le succès de cette première opération, le Maire se dit que les réticences du banquier disparaîtraient si le prix des ânes augmentait. Comme il détenait le monopole de l’élevage il maintint le nombre de nouveaux ânes proposés à la vente en dessous de la demande. Le prix des ânes se mit à grimper, d’abord à 150 €, puis à 200 €. Même s’ils n’arrivaient plus à payer leurs échéances, les paysans pauvres pouvaient toujours revendre leur âne pour rembourser leur prêt en faisant une plus-value confortable.

Tout le monde au conseil municipal était convaincu de la sage politique du Maire  Un nombre croissant de paysans pauvres accédaient à la propriété des ânes. La banque reçut des félicitations officielles pour sa politique non discriminante.

Lorsque le cours de l’âne atteignit 500 €, le nombre de défaut de paiement devint trop important et de nombreux ânes, saisis par le banquier, se retrouvèrent sur le marché, provoquant la chute des prix de l’animal. Après quelques mois l’âne valut 80 € . Les paysans préférèrent voir leur âne saisi plutôt que de continuer à payer trois ou quatre fois son prix, ce qui mit la banque au bord de la faillite.

Le Maire et le conseil municipal décrétèrent que la banque avait été imprudente et cupide. Ils publièrent un communiqué dans lequel ils affirmaient que la bulle ânière était due à la spéculation, conséquence d’une dérèglementation bancaire.  Une faillite de la banque aurait eu des conséquences dramatiques pour toute l’économie locale, le Maire fut donc obligé de la renflouer précipitamment. Soucieux de paraître contrôler la situation,  il décida aussi de relancer l’économie du village en prêtant de l’argent à certains riches artisans de la commune, lesquels devinrent ses fervents supporters.

Malheureusement la commune était déjà extrêmement endettée. Les Maires successifs avaient dépensé sans compter pour acquérir le vote des villageois. Cette dernière et énorme dépense fit déborder le vase. Les villageois travailleurs et économes qui avaient prêté à la commune commencèrent à douter de sa capacité à les rembourser. Pour rassurer de nouveaux prêteurs et éviter de payer des intérêts plus élevés, le Maire dut s’engager, la mort dans l’âme, à réduire les dépenses.

Pour protester contre cette situation des villageois se déclarèrent "indignés" et organisèrent des manifestations au nom des paysans pauvres qui avaient perdu leur argent, leur âne et leur travail.

Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que ces indignés sont en fait des employés municipaux qui tirent l’intégralité de leurs revenus du déficit communal.

Très généreusement l’opposition municipale a promis d’augmenter leurs effectifs et leurs salaires en taxant les artisans et fermiers les plus prospères ainsi que la banque.

Philippe


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[+2]    #10 20/01/2015 22h44

Membre (2014)
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Merci Philippe30 pour ce bon moment de lecture ! J’espère juste que vous êtes bien plus rapide que moi pour taper sur un clavier …

Pour apporter ma petite contribution, je m’en vais vous narrer une petite histoire vécue, rejoignant un peu la philosophie évoquée les post précédent :

Perdu (volontairement) dans un petit village au fin fond de la vallée du Drâa, dans le Sud Marocain, nous voulions rallier le lendemain un village encore plus perdu. Pour avoir une idée de la durée du trajet, nous demandions au premier villageois le temps qu’il fallait pour aller à ce fameux village, car il était inutile de raisonner en kms sur les pistes locales .

_ " Combien de temps pour aller au village, SVP ?"

Un brin hésitant, il me répond 30 kms.

_ " oui, mais ça prends combien de temps ?"

Toujours plus hésitant, il me répond 3 heures . J’avais estimé le temps à peu près à 1h30 . Nous décidions de demander à un second badaud . L’ exact scénario se reproduisit , avec comme réponse 35 Kms puis, après deux réitérations pour convertir à l’échelle temps, il me répondit 1 Heure. Interloqué et un brin amusé, nous demandions à un troisième homme la même question . Même cause même effet :

_ " 25 KMS"

_ "oui , mais en temps ?"

_ " heu …. ben … Peut-etre 30 kms …"

Devant mon insistance, il fini par me dire … 2 heures ! Devant un tel flot de précisions, nous décidions de prévoir large, et finissons l’après-midi en nous baladant dans les alentours.

Avant la tombée de la nuit, nous rencontrons un berger . Nous discutons un peu, nous l’aidons à ramasser du bois, et il nous propose de faire un feu pour goûter ses cotelettes d’agneau . (Il en était très fier, la plupart des bergers du coin ne possédant que des chèvres, beaucoup plus adaptées au biotope local …)

Après plusieurs heures de discussions ( il maitrisait parfaitement le francais, chose moins courante pour un berbère) , je lui réitérais ma questions :

_ "Combien de temps ?"

Il fronça les sourcils . Je lui répétais .

_ "environ 30 kms"

J’explose de rire . Il se demande bien pourquoi . Et , après avoir de nouveau insisté sur la notion de temps, il me répliqua le plus naturellement du monde, en re-fronçant les sourcils :

_ " c’est quoi le temps ?"

Cette phrase m’a littéralement glacé le sang. Je pense être resté plusieurs secondes bouche bée. En un instant, j’eu l’impression que ma vie était basée sur des données foncièrement erronées . Cet homme venait d’effondrer l’un des fondements de mon quotidien, rythmé par d’innombrables tâches à accomplir avant de pouvoir accorder quelques heures à Morphée, afin de pouvoir recommencer toujours plus fort, toujours plus vite le lendemain …

Voyant bien ma circonspection, il semblait intrigué . Je tenta de lui expliquer à quel point il venait de me dérouter, et après 10 minutes d’un monologue pseudo-psycho-philosophique de ma part, il paracheva son oeuvre en me mettant une main sur les épaules :

" _ Tu sais mon ami,chez nous,un vieux proverbe berbère dit : "un homme pressé est déjà mort …"

Il venait de me tuer une seconde fois. Cet échange de quelques secondes, ce regard, ce ton resteront à jamais gravé.

De retour à l’usine, quand le réveil sonna à 4 heures du matin, j’ai ressassé cet instant durant de nombreuses semaines, et plusieurs fois par jour . Pourquoi ? Pour qui ? Ne suis-je pas dans l’erreur ? Me limiterais-je donc à être juste un produit de la société, un numéro inerte et sans fondement, noyé dans la turpitude d’une masse lobotomisée par le système ?

Mes retours de voyage sont toujours un peu difficile, prenant avec effroi le contraste de nos vies et celle de milliards de personnes, qui se définissent elles-même comme parfaitement heureuses, sentiment qui nous parait vague et galvaudé à l’heure du "tout est possible"…

Quel leçon ai-je tiré de cette histoire ? Probablement aucune . Je cours , toujours, toujours plus vite, toujours plus efficient , pour pouvoir me reposer … demain …


rêver sa vie ou vivre ses rêves …

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#11 21/01/2015 18h27

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grand21 a écrit :

" _ Tu sais mon ami,chez nous,un vieux proverbe berbère dit : "un homme pressé est déjà mort …"

J’ai été plusieurs fois au Maroc dans l’Atlas et dans le désert à moto tout terrain. Plusieurs personnes que j’ai croisé m’ont citées ce proverbe.
D’autres m’ont dit, "Tu as une montre, moi, j’ai le temps".

Dernière modification par Bluegrass (21/01/2015 18h28)

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#12 21/01/2015 20h20

Membre (2014)
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Très sympa la blague sur le pêcheur mexicain !

J’ai beaucoup aimé votre histoire vécue aussi grand21.

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